Cela faisait environ une semaine que j’étais dans le coma. J’étais probablement la seule qui n’avait pas su survivre à cet accident d’autobus… Je suis faible. Robbyn s’en était sorti avec seulement un bras de fracturé et d’autre avec des entorses ou des blessures moins grave… Moi, j’avais la possibilité de ne jamais me réveiller. Et peu de personnes étaient venues me voir pendant mon petit séjour à l’hôpital.
J’avais vu Maël, sa sœur et ma famille passer… Enfin, voir est un grand mot. Ils me parlaient, ou je les entendais parler… et respirer. Maël me parlait souvent, particulièrement de sa peur d’amener les enfants me voir ou encore de sa peur de me perdre… J’avais une famille mais aucune possibilité de bouger et de parler, de voir, de sentir… Je ne pouvais aucunement les aider à vivre, comme toute mère devrait faire.
Je suis faible. Je ne peux même pas voir mes bébés, ni même mon mari… Non, fiancé. À cause de ce camion, j’ai raté la plus belle journée de toute ma vie, ou l’une d’entre elles. J’avais manqué mon mariage et je sais que Maël aussi était déçu… Bordel. Pourquoi moi ? Pourquoi est-ce qu’il y a que moi à qui ça arrive ? Peut-être que Dieu voulait me punir de quelque chose… de ne pas me réjouir entièrement de ma vie. Je ne pouvais pas partir…
J’étais seule dans la chambre. Je déteste être seule, parce que le silence me donne l’impression que je vais mourir. Et si je mourrais ? Qui s’occuperait de mes bébés ? Maël n’arrivera jamais à dormir tranquillement… et je ne veux pas qu’il s’en occupe avec Jordane et leur bébé Adam. Merde… Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas. J’ai peur…
Une infirmière entre, Dieu merci. C’est la plus gentille des infirmières. Elle me parle, me complimente, agis comme si j’étais encore « vivante » et non le légume que je suis. Je ne sais pas si elle a déjà vécu le coma mais elle sait comment m’approcher. Elle me masse les mains et les jambes, après avoir brossée mes cheveux, en prenant le soin de me dire que Maël allait venir me rendre visite bientôt. J’étais contente, j’avais besoin de compagnie.
Bordel, ce que c’était long…beaucoup trop long à mon goût, assez long pour me décourager. Je dormais mal, vraiment très mal depuis une semaine, j’avais en permanence des cernes sous les yeux et même mes élèves, qui savaient que normalement, je n’aurais pas dû assurer mes cours puisque j’étais censé être deux semaines en voyage de noce, avaient compris, au vue de ma présence que quelque chose s’était passé. Ils n’osaient rien dire, il ne foutait pas le bordel, ils écoutaient et me regardaient avec leur regard débordant de compassion, chose que je haïssais le plus au monde. J’allais souvent chez ma sœur, celle-ci ne pouvait pas tellement se déplacer à cause de son problème avec sa grossesse : son placenta était mal accroché à sa paroi utérine, alors si elle bougeait trop, elle risquait de faire une fausse couche ou d’accoucher trop tôt. J’avais passé Thanksgiving avec elle et ce midi encore j’avais mangé chez elle avec les enfants.
Les enfants…ils avaient de plus en plus de mal à comprendre la situation. Qu’est-ce que je pouvais bien leur dire de toute façon ? Micah, pleurait sans arrêt le soir, réclamant que sa mère vienne lui dire bonsoir, et plus il pleurait, plus il avait mal au cœur, et plus ça empirait… J’avais essayé d’expliquer à Nina que sa maman était malade, mais même si elle était bien intelligente, elle demeurait trop jeune pour comprendre tout ce que cela impliquait. Alors je ne dormais pas…la nuit, je me levais souvent pour Leia, qui ne faisait toujours pas ses nuits et j’étais certain qu’elle sentait aussi l’absence de sa mère.
J’avais eu l’idée de faire dormir les jumeaux avec moi, et ça marchait, j’arrivais à faire des petits morceaux de nuit tous les jours, mais ça ne suffisait pas à effacer la fatigue sur mon visage. J’avais rencontré Adam…pas pour faire de la peine à MJ, vraiment…plutôt pour m’aider à surmonter tout ça. J’avais réellement besoin de m’accrocher à quelque chose, à toute personne qui était liée à moi et même si j’envoyais un bon nombre de mes amis bouler, le fait de savoir qu’ils étaient là me suffisait. Je ne voulais pas de leur pitié, oh ça non, j’avais assez subis ça plus jeune.
Il était assez tard, Emi me proposa de garder les enfants le temps que j’aille à l’hôpital, je savais qu’ils ne seraient pas dur à vivre pour elle et que ça faisait aussi du bien à ma sœur qui se sentait inutile à cause de ses problèmes de santé. Je m’étais arrêté chez un fleuriste acheter des fleurs pour remplacer celles fanées que j’avais déjà apporté pour décorer la chambre de ma femme, ou du moins, de celle qui aurait dû l’être… Quand j’arrivais dans la chambre, une infirmière était en train de masser les mains et les jambes de la jeune femme, elle avait toujours les yeux clos…c’est drôle, j’espérais toujours la voir éveillée même si je savais que si ça avait été le cas, j’aurais reçu un appel de l’hôpital. L’infirmière me sourit légèrement en me voyant, je ne pus lui rendre son sourire, c’était assez difficile de faire ça ses temps-ci, même à mes propres enfants…sourire. Je remplaçais les nouvelles fleures dans un bocal posé sur sa table de chevet et je m’asseyais sur une chaise près de son lit après avoir déposé un baiser sur son front et lui avoir murmurer un « bonjour » hésitant, ne sachant pas trop si elle m’entendait ou non.
L’infirmière fini par partir et je sortais de mon sac un petit cahier, dans lequel j’écrivais à MJ tous les jours, je griffonnais pendant quelques minutes tout ce qui me passait par la tête et je refermais le cahier sur sa table de chevet en soupirant. J’étais vraiment exténué…combien de temps cela allait-il encore durer ? Je rapprochais la chaise du lit pour pouvoir prendre sa main inerte dans la mienne et j’allumais la télé, histoire d’avoir quelque chose à faire en attendant que les infirmières me dégagent de la chambre d’ici quelques heures parce que les visites seront terminées. Je caressais sa main avec mon pouce, mes paupières étaient lourdes, j’essayais de me concentrer la télé quand tout à coup…
Il est arrivé. J’ai entendu la porte se refermer alors que l’infirmière était toujours à mes côtés. C’était surement lui… Je ne sais pas exactement ce qu’il faisait mais je pouvais l’entendre marcher à travers la pièce. L’infirmière m’expliquait que c’était bel et bien lui et qu’il m’avait apporté des fleurs. Elle me les a si parfaitement décrits : c’était des roses rouges, qui venait remplacer les fleurs fanées. Elles étaient jolies, selon elle et ajoutais en riant que ce n’est pas son mari qui aurait fait ça pour elle.
Après quelques minutes, elle décida enfin qu’il était temps de nous laisser seul. Elle quitta la pièce après m’avoir dit au revoir et donné l’heure qu’elle sera là de nouveau demain. Maël était donc à côté de moi, assis sur une chaise. Je pouvais l’entendre griffonner sur du papier, comme il le faisait à tous les jours… Je me demandais ce que c’était.
Il ouvrit la télévision après avoir refermée son bouquin, ou un truc dans le genre. Il prit ma main, sans parler… Pourquoi ne disait-il rien ? J’espérais que ça ne reste pas longtemps comme ça… J’avais besoin d’entendre sa voix… De l’entendre dire comment il allait, comment les enfants vont, comment ça se passe à la maison et au travail… Pourquoi était-il si silencieux ? Comment de temps est-ce que je suis comme ça ? Était-il désespéré ?
J’avais envie de pleurer mais je n’avais aucune force… J’étais enfermée dans mon propre corps sans la seule possibilité d’ouvrir les yeux. C’était si facile, avant, de bouger le petit doigt. Comme quoi on ne profite jamais entièrement de qui on est et comment on existe. Aujourd’hui je donnerais tout pour pouvoir toucher, parler et voir à nouveau. Mais je suis immobile, pas moyen de caresser sa main, de lui dire que je l’aime, de l’embrasser ou même, juste le regarder.
Je voulais. J’essayais tellement fort… mais mon corps ne voulait pas suivre. Jusqu’à ce que je sente un spasme dans ma jambe, qui m’aidait à la bouger doucement.
Il parait que les gens dans le coma nous entende, quand on leur parle. Et d’habitude, je parlais à MJ, mais je savais de moins en moins quoi lui dire puisqu’il ne se passait presque plus rien dans ma vie. Qu’est-ce que je pouvais lui dire ? Que nos enfants pleuraient sans arrêts, que je n’arrivais plus à dormir ? Que je n’arrivais plus à sourire ? Je ne voulais pas qu’elle puisse se rendre compte dans quel état notre famille se trouvait, elle était assez dans un piteux état…si encore, elle pouvait entendre tout ce qui se passait autour d’elle. Je ne voulais pas qu’elle se sente toute seule, je voulais qu’elle entende, que je venais la voir tous les jours et que je restais le plus longtemps possible avec elle…peut-être qu’elle aimerait entendre nos enfants aussi… ? Peut-être que je devrais les amener, après tout.. Il fallait que j’y réfléchisse encore un peu.
Je regardais donc la télé, je sentais mes yeux lourds, j’étais fatigué, mais ça n’était vraiment pas l’endroit pour s’endormir, vraiment pas, même si au début je passais mes nuits ici. Je pris la télécommande pour changer de chaine, il n’y avait rien de bien, qu’est-ce que j’allais faire ? J’avais amené un livre que parfois je lui lisais, c’était son livre préféré, c’était même moi qui lui avait offert quand elle avait seize ans pour son anniversaire, je me disais que ça pourrait lui faire plaisir…
Je m’apprêtais à éteindre la télé quand je cru voir les draps bouger. Je clignais des yeux, est-ce que c’était la fatigue qui me jouait des tours ? Est-ce que c’était mon imagination, de la paranoïa ? Je me redressais sur ma chaise en serrant sa main dans la mienne et je déviais mon regard pour la regarder, espérant de voir quelque chose. Les draps bougeaient à nouveau, elle avait l’air de réussir à bouger les jambes…est-ce qu’elle se réveillait ? Je bondis de mon siège en gardant ma main avec la sienne et je passais ma main libre sur sa joue, « MJ… ? », murmurais-je. Est-ce que je devais appeler les médecins, qu’est-ce que je devais faire ? « Je reviens… », je lâchais sa main pour aller rapidement chercher quelqu’un, un médecin, une infirmière n’importe qui. Je trouvais la même infirmière que tout à l’heure qui vint tranquillement dans la chambre. Elle regarda un des écrans – qui avait des sortes de courbes incompréhensibles pour moi – et elle écrivit quelque chose sur le dossier au pied du lit de la jeune femme et elle me dit, avec le sourire qu’elle se réveillait doucement. J’avais un peu du mal à y croire, elle me laissa avec elle et elle me dit qu’elle reviendrait un peu plus tard pour faire quelques examens. Je repris sa main et je m’asseyais sur le bord du lit, j’avais hâte qu’elle ouvre ses yeux… Je me penchais pour embrasser son front, « Bébé réveille-toi… », chuchotais-je..
Il est environ 13 heures 12 et moi, Mary Jude Winters, je m’apprête enfin de me réveiller de mon coma. Une semaine… cela peut vous paraître très peu, mais c’est quand même une semaine à ne pas pouvoir bouger, ni regarder. C’est dur et j’ai peur sans cesse… peut-être que le dernier souvenir que j’aurai de vivre, c’est celle où j’étais assise tranquillement dans le bus avec mon ipod sur les oreilles, et Robbyn qui s’assoit à côté de moi.
On discutait tranquillement… je m’apprêtais à aller chez le coiffeur. Je devais débarquer de l’autobus au prochain arrêt. J’étais à un arrêt près de vivre normalement… J’étais si près du but. Mais faut croire que c’est le destin. Je devais être clouée à ce lit pendant une semaine. Mais mon calvaire prenait fin… Je bougeais les jambes.
MJ… ? J’avais entendu sa voix. J’étais contente. Cela m’encourageait à essayer. Je tentais de débloquer mes orteils, et réussi. Je reviens… qu’est-ce qu’il allait faire ? Non… Ne pars pas ! J’suis au point de me réveiller, là. Je sais que je vais y arriver, je le sens.
Après quelques minutes, Maël revint dans la chambre avec une infirmière qui examinait l’électrocardiogramme… Elle annonça gentiment que j’allais me réveiller tranquillement. J’étais contente et cela m’encourageait encore à essayer de plus en plus. La dame quittait la chambre en disant revenir dans quelques temps. Il s’assit à nouveau tout près de moi et prit ma main… Je pouvais ressentir son excitation. Bébé réveille-toi…
Soudainement, tout me semblait si flou, c’était… bizarre. J’avais réussi à ouvrir les yeux, seulement un peu, mais suffisamment pour trouver l’intensité de la lumière trop forte. J’eus du mal à me réveiller, mais j’ai finalement réussi à bouger mes bras et sentir sa main dans la mienne. Mon dieu. Où est-ce que je suis ? Pourquoi est-ce que j’ai si mal à la tête ? Maël… Maël ? Ma… Maël ? j’ouvris un peu plus les yeux. J’étais à la fois contente de le voir, à la fois apeurée parce que je ne me rappelais plus de rien. Qu’est… Qu’est-ce que tu fais ici ? Je déglutis et regardait un peu la pièce. Cela me semblait être, distinctement, une chambre d’hôpital. Comment est-ce que j’étais atterrit ici ?
D’après les médecins, tout n’était pas gagné. Il y avait beaucoup de possibilités…D’abord, la possibilité qu’elle ne se réveille jamais. Peut-être qu’elle était stable pour le moment, mais elle s’était pris un sacré coup à la tête, et une hémorragie pouvait arriver à tout moment, surtout que son cerveau était en « pause ». Ensuite, il était possible qu’à son réveille, tout ne soit pas au mieux. Elle pouvait ne plus savoir bouger, elle pouvait ne plus voir, ne plus savoir parler ou avoir oubliée certaines choses. Mais lorsqu’elle bougea légèrement, mon cœur loupa un battement, et pendant deux secondes, deux petites secondes, une vague d’espoir m’envahis, un sourire se dessina sur mon visage. Bordel…depuis combien de temps je n’avais pas souris ? Depuis combien de temps je n’avais pas ressenti ça ?...longtemps, très longtemps et même si c’était qu’une semaine pour vous, pour moi, ça semblait être une éternité. Et quoi qu’il puisse arriver à son réveille, si elle n’arrivait plus à marcher, à parler, à voir, je serais là, je ne la laisserais pas tomber. Nous traverserons ça ensemble puisque c’est ce que nous voulions nous promettre le week-end dernier…à tout jamais, elle et moi, quoi qu’il arrive.
Moi qui pensais que ça pourrait encore durer des semaines, des mois…peut-être même des années ? J’avais lu sur internet des gens qui disaient qu’une personne de proche était tombé dans le coma et qu’ils attendaient toujours son réveil…qu’est-ce que ça m’avait fait peur…je n’osais même pas imaginer, voir nos enfants grandir et savoir que leur mère était toujours dans le coma, qu’elle se réveille des années et des années plus tard…voir même…jamais… Mais elle était là, ses jambes avaient l’air de bouger, puis ce fut le tour de ses bras, je serais sa main dans la mienne, mon cœur battait à une allure folle. Ses yeux s’ouvrirent tout doucement, la lumière du jour devait l’éblouir, je me rappelais quand je m’étais réveillé de ma greffe de cœur, ma tête me faisait horriblement mal et la lumière du jour n’arrangeait vraiment pas les choses. Pour elle ça devait être encore pire, puisque cela faisait une semaine qu’elle n’avait pas ouvert les yeux. Ma… Maël ? J’hochais la tête en me redressant, je passais ma main libre sur sa joue, il ne fallait pas qu’elle parle de trop, elle devait économiser ces forces, s’était important. Mais elle me reconnaissait, c’était un bon point n’est-ce pas ?
Qu’est… Qu’est-ce que tu fais ici ? Je souris légèrement, c’était une drôle de question ça, qu’est-ce qu’elle croyait ? Que j’allais la laisser toute seule ? Avec tous les problèmes de santé que j’avais eu dans ma vie, elle avait toujours été la pour moi, alors c’était normal que je sois là, surtout qu’elle était ma femme…enfin, pas sur le papier, mais c’était tout comme. Maintenant qu’elle était réveillée, nous allions pouvoir remettre le mariage à ce mois-ci et enfin pouvoir recommencer à vivre normalement. Je me penchais pour déposer un baiser sur sa joue, sans lâcher sa main, je lui souris, elle avait l’air un peu perdue, c’était normal. Tu pensais quand même pas que j’allais te laisser toute seule mon amour , répondais-je en souriant. Je me tournais pour prendre un verre d’eau que l’infirmière avait laissée en passant ici, je lui tendais et je lâchais sa main pour la laisser prendre le verre, Bois un peu ça va dessécher ta gorge.. . Je pris la télécommande pour éteindre la télé que j’avais laissé allumer et je me tournais à nouveau vers elle sans arriver à décoller ce sourire de mon visage. Je devais avoir l’air quand même un peu minable, j’avais une mine horrible avec ces cernes sous les yeux et cette mine fatiguée, mais elle était là, et ça me rendait vraiment heureux…
Dieu merci… j’arrivais à bouger mes membres. Doucement, mais surement ! J’avais de mal à me relever, je voulais m’asseoir… Je n’ai rien accomplis, de toute façon, Maël m’en empêchais. Il voulait que je me repose et reprenne des forces. Alors je suis restée allonger sans trop me poser de questions. Qu’est-ce qu’il s’était passé… ? Je ne me rappelais plus de rien. J’avais ce bourdonnement dans la tête, une douleur horrible.
Il s’approcha et me donnait un baiser sur la joue, chose auquel je ne m’attendais pas du tout. Sa main était dans la mienne, ça aussi, c’était assez étrange. Mais je me suis dit qu’il avait eu assez peur et que maintenant que j’étais réveillée, il était content. Enfin. Quelle heure est-il ? On est quel jour ? Quel mois ? Je regardais Maël, tout souriant. Il avait des cernes et il était tout pâle. Tu pensais quand même pas que j’allais te laisser toute seule mon amour mon quoi ? Aie. Ma tête tournait. Je fermais les yeux à nouveau. Est-ce que j’avais atterrit dans une autre dimension ? Dans cette vie, j’ai tout ce que je veux et la vie est belle ? Alors… Alors ça veut dire que…
Il me donna un verre d’eau, j’ouvris les yeux à nouveau et prit le verre. Bois un peu ça va dessécher ta gorge... je le regardais un instant avant d’en prendre une gorgée et de l’avaler. Seulement qu’une. J’avais faim, aussi. Enfin bref… Il éteint la télévision et me regardait à nouveau. Pourquoi était-il si heureux ? Il était si inquiet que ça ? Bon, moi d’abord, si je suis dans mon monde parfait…
Maël… t’es déjà revenu de New York… ? je déglutis et tentais à nouveau de m’asseoir et réussi enfin. Mon père… il est où ? Et maman ? Elle est là elle aussi ? je déglutis. Dans mon monde parfait, mes deux parents étaient vivants et Maël serait revenu de New York. Dans mon monde parfait, les parents de Maël aussi, étaient là. Et tes parents ? Je suppose qu’ils sont dans le couloir avec les miens, en train de discuter. Non ?
Elle avait l’air légèrement…perdu. J’essayais de ne pas m’inquiéter, de me dire que c’était normal. Mais en même temps, elle avait été victime d’un accident, c’était donc normal qu’à un réveil de l’hôpital elle soit un peu…perdu, non ? Enfin, je ne m’inquiétais pas trop, parce qu’elle avait prononcé mon prénom ce qui voulait dire qu’elle m’avait reconnue ! Malgré la mine horrible que j’vais, d’ailleurs. Enfin...elle avait l’air quand même un peu surprise et je le remarquais assez vite. Elle regarda ma main dans la sienne, comme si ça n’était pas…naturel, pareil quand je l’embrassais. C’était assez étrange, mais j’essayais de me convaincre, du mieux que je pouvais, que c’était juste…normal.
Elle prit le verre d’eau mais ne bus qu’une gorgée, lorsqu’elle me le rendit je le posais sur sa table de chevet, je ne savais pas trop quoi dire, je trouvais ça étonnant qu’elle ne me demande pas ce qui s’était passé ou quelque chose comme ça. Personnellement, ma première réaction à sa place n’aurait pas été « eh…qu’est-ce que tu fous là ? », mais plutôt, « qu’est-ce que JE fous là » ! Enfin bref…Je sentais son regard posé sur moi, comme si elle était…surprise de me voir ici. Mais…pourquoi ? Je veux dire…c’était normal, non ? Et encore, j’ai eu de la chance d’être là quand elle s’était réveillé, parce que j’aurais très bien pu être à la maison et elle se serait réveillée toute seule, et sûrement encore plus perdue qu’elle ne l’était.
Maël… t’es déjà revenu de New York… ?. Je la regardais en fronçant les sourcils…New-York ? Mais…de quoi elle parlait au juste ? La jeune femme essayait de s’assoir dans le lit, avec un peu de difficulté alors je l’aidais même si je pensais que ça n’était pas une bonne idée qu’elle use autant ses forces si vite. J’avais hâte de ramener les jumeaux pour leur montrer que maman était là et qu’elle ne nous avait pas abandonnée - ;_ ; -. Mon père… il est où ? Et maman ? Elle est là elle aussi ?.......... Et tes parents ? Je suppose qu’ils sont dans le couloir avec les miens, en train de discuter. Non ? Je me pinçais la lèvre, là ça n’était pas normal n’est-ce pas ? Je me redressais et je prenais à nouveau sa main en la regardant, Ma chérie...tu sais très bien que…mes parents sont morts…et…ta mère aussi…y’a longtemps déjà… . Je caressais sa main avec mon pouce, elle était un peu déboussolée, c’était normal, j’en étais sûr, elle allait se rappeler…je jouais avec sa bague de fiançailles avec mes doigts, toujours sans la quitter du regard, Ca va faire trois ans que j’suis revenu de New-York…tu te souviens ? Les enfants vont avoir hâte de te retrouver tu leur a beaucoup manquée..
Je ne comprenais rien. Tous les éléments de ma vie se sont enfouie dans un volcan et maintenant il est en éruption. Je suis mélangée. Peut-être qu’en fait, je n’étais pas dans mon monde parfait, mais plutôt dans le monde à l’envers.
Je me redressais avec son aide et regardait un peu partout. Où était Andrew, d’ailleurs ? Je déglutis et tournais la tête vers Maël pour lui demander où était ma famille et la sienne. Il semblait étonné, ce qui m’étonnait aussi. Bah quoi ? J’ai pas droit de poser la question ?
Ma chérie...tu sais très bien que…mes parents sont morts…et…ta mère aussi…y’a longtemps déjà…
Je penchais légèrement la tête sur le côté et fronçais les sourcils. Qu…Quoi ? J’eus les larmes aux yeux immédiatement. Comment est-ce que j’ai pu dormir si longtemps ? Comment est-ce que j’ai pu être dans un coma ? Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? Qu’est-ce qui LEUR est arrivé ? Les larmes se sont détachées et se sont mis à couler sur ma joue… Merde. Il me manquait une sale case, là.
Ca va faire trois ans que j’suis revenu de New-York…tu te souviens ? Les enfants vont avoir hâte de te retrouver tu leur a beaucoup manquée..
Je baissais les yeux et le regardait jouer avec une bague en diamant, qui était enroulé autour de l’un de mes doigts. La main gauche, à l’annulaire, plus précisément. Je savais exactement ce que ça voulait dire. Je mis ma main libre sur ma bouche.
J’vais… j’vais m’marier… je déglutis et pris une pause. Il était revenu il y a trois ans ? Les enfants ? Quel enfant ? Et pourquoi il m’appelle ma chérie ? Maël… tu… t’es gay, tu… tu ne me l’avais pas dit ? Depuis quand je suis ta chérie ? j’essuyais mes larmes et lui souris J’suis contente que tu te sois découvert. Mais… de quel enfant tu parles ? T’as adopté ? cela faisait donc trois ans que j’étais dans le coma… en quel année nous étions, alors ?
Elle commençait à pleurer…merde, c’était tant un choc pour elle que sa mère soit morte ? Mais c’était d’autant plus étrange qu’elle parle de mes parents à moi aussi. Car après tout, ni elle, ni même moi les avions réellement rencontrés, j’avais très très peu de souvenirs qui restaient flous dans mon esprit concernant mes parents. Je n’arrêtais pas de me répéter que ça n’était pas grave, qu’elle avait pris un gros coup sur la tête et que d’un moment à un autre, elle allait retrouver ces esprits, car c’était vraiment…légèrement…flippant de la voir comme ça. Il s’était passé tellement de choses depuis que j’étais partie à New-York, aussi bonnes, que de mauvaises choses d’ailleurs…
Elle baissa les yeux sur sa main et elle remarqua sa bague. Je la regardais faire, sans rien dire en continuant de caresser sa main doucement, je profitais de chaque secondes, de sentir ses membres bouger, la voir sourire, pleurer, entendre sa voix…bordel, je n’avais jamais eu aussi peur de la perdre depuis que je la connaissais… Elle amena sa main devant sa bouche, est-ce qu’elle se souvenait maintenant ? Je lui souris, sans la quitter une seule seconde du regard.
J’vais… j’vais m’marier… . J’hochais la tête en souriant et je ris légèrement, elle était perspicace ! Elle s’arrêta quelques instant, je n’osais rien dire, je la laissait se remémorer tout ce qui avait pu lui échapper depuis son réveil. Maël… tu… t’es gay, tu… tu ne me l’avais pas dit ? Depuis quand je suis ta chérie ? Je la regardais avec de gros yeux, et vus son sourire, je ne savais pas trop si elle me faisait marcher ou...si elle pensait réellement ce qu’elle disait. Non.. c’était une blague ?! J’suis contente que tu te sois découvert. Mais… de quel enfant tu parles ? T’as adopté ? Je fronçais les sourcils…non, elle avait vraiment l’air d’être sérieuse. Je resserrais sa main que j’avais toujours dans la mienne et je me pinçais la lèvre, Eh.. MJ…j’suis pas gay qu’est-ce que tu racontes ! Je la regardais et j’éclatais de rire, finalement, c’était assez drôle qu’elle croit ça, j’avais vraiment une tête de gay ? Tu vas te marier.. avec moi…on devait se marier samedi dernier mais t’a eu un accident…et NOS enfants étaient inconsolables tellement tu leur manqué.. J’attendais sa réaction, même si j’essayais de ne pas lui montrer, ça commençait à m’inquiéter et j’espérais qu’elle me faisait une blague..
Je n’avais pas les esprits en place. Me brusquer ou un truc dans le genre, risquait d’empirer les choses. Peut-être que je pouvais devenir hystérique et qu’on me prendrait ensuite pour une folle. Mais non, j’étais juste retourné un peu dans le temps et j’avais également inversé des évènements.
J’allais me marier… Je venais de me rappeler que j’étais censée me marier avec Robbyn. Il voulait qu’on ait une longue vie à deux, un mariage splendide et des enfants merveilleux. La hâte envahie donc mon estomac, j’avais le grand sourire aux lèvres. Je ne savais même pas que j’avais tout faux, en fait…
Eh... MJ… je ne suis pas gay qu’est-ce que tu racontes ! je levais les yeux en riant et lorsque je me suis calmée, je lui souris et haussais les épaules. C’n’est pas grave ! Tu sais que tu peux tout m’dire. lui dis-je calmement. Ça ne pouvait pas être pire… non-seulement je croyais que Maël était Robbyn, mais je croyais l’inverse aussi. Ça ne pouvait vraiment pas être pire. Tu vas te marier... avec moi… on devait se marier samedi dernier mais t’a eu un accident… et NOS enfants étaient inconsolables tellement tu leur manque… je penchais la tête sur le côté. Hein ? Qu’est-ce qu’il raconte ? J’éclatais de rire un bon coup. Putain, qu’est-ce que t’es trop drôle ! Je m’approchais de lui avec le peu de force que j’avais et le pris dans mes bras… ou du moins, j’essayais. Tu m’as manqué pendant que t’étais à New York… tu le sais, ça ?
Je m’allongeais à nouveau et lui sourit. Puis, je fermais les yeux et mis ma main sur mon front. Il y avait un tambour dans ma tête… pourquoi est-ce que ça faisais si mal ? Ouf. Il venait de me dire que j’avais eu un accident… peut-être que c’était vrai, sinon je n’aurais pas dormis aussi longtemps. Arrête de plaisanter. Je sais que ma mère est toujours là et que je ne vais pas me marier à toi. En plus, je n’ai pas d’enfants ! J’le saurais, sinon haha.