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Ariel ? Sérieusement ? Tu t’appelles vraiment Ariel ?, s’exclama le jeune homme de seize ans en rigolant devant les yeux exaspérés de l’adolescente. La jolie blonde alors âgée de seulement quinze ans se contenta de hocher la tête tout en portant une cigarette à ses lèvres.
Non mais c’est pas possible. Tu peux pas t’appeler Ariel. Genre, comme la petite sirène ?-
Ta gueule. » déclara la fameuse Ariel en soufflant la fumée de sa clope devant elle.
Qu’est-ce qu’elle pouvait détester son prénom. Il lui avait valu de nombreuses remarques à l’école primaire. Ainsi qu’au collège. Puis au lycée aussi en fait. Et c’était loin d’être de gentilles choses. Au fil des années, Ariel avait pris l’habitude des paroles moqueuses et des surnoms absurdes. Maintenant elle se contente juste d’un regard remplis de reproches, ou de montrer son majeur. A quoi bon gaspiller sa salive pour une bande de petits cons qui n'ont rien d’autre à faire.
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Attends… Tu veux dire que tu lui a touché son… truc ? -
Son quoi ?, demanda la jeune femme en relevant la tête vers son amie.
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Tu sais… Son poireau, sa banane et ses litchis…, Face aux regards d’incompréhension d’Ariel, Layla continua en désignant avec ses mains son entre-jambe.
Tu sais son… son… Son machin quoi ! Un silence plana quelques secondes puis la blonde éclata de rire.
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Son... Son poireau ?!, Ariel repartit dans un fou rire.
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Oh c’est bon. La ferme, lâcha la rousse en soufflant.
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Tu sais Layla, tu peux dire bite. Ou si tu veux être plus poli, tu peux aussi dire son pénis hein, déclara simplement la blondinette en se relevant du trottoir où elle était jusqu’à présent assise.
Sa banane et ses litchis, non mais je rêve. », chuchota Ariel en faisant quelques pas.
Ariel & Layla. Layla & Ariel. Une amitié qui en étonna plus d’un lors de leur rentrée au lycée. Layla était plutôt du genre timide et discrète ce qui était tout l’inverse d’Ariel qui n’hésitait pas à provoquer et à dire à tout le monde ce qu’elle pensait. Elles avaient beau être totalement différentes, leur amitié n’en était que plus forte. Elles se complétaient, en quelque sorte. Inséparables ; jamais l’une sans l’autre, soudées comme deux doigts. Mais ça, c’était jusqu’au déménagement de la famille de Layla lors de leur dernière année au lycée. La Russie. Ils avaient déménagé en Russie. «
Qu’est-ce qu’ils vont bien foutre en Russie ? Ils vont se faire chier là-bas. » était la pensée qui revenait le plus souvent à l’esprit d’Ariel après l’annonce du déménagement. Elle n’avouera jamais que le départ de Layla l’a perturbé, l’a attristé. Elle est bien trop fière pour faire ça. Non mais c’est Ariel Holins, pas Sœur Emmanuelle. Faut pas trop rêver non plus.
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Nous vous écoutons mademoiselle Holins. Allez-y.», déclara le directeur de l'université de San Francisco en joignant ses mains devant lui, sur son bureau.
Ariel le toisa, puis posa son regard sur l'assistante au gros décolleté et à la tête de Barbie assise a coté de Mr. Le directeur-barbant-qui-met-un-postiche-pour-cacher-son-horrible-calvitie. La blonde roula des yeux. Elle en avait déja marre.
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Boooon. Je pense que vous savez déja tout sur mon parcours scolaire donc je vais vous parler de ce qui ne se trouve absolument pas dans votre joli petit dossier, ok ?, demanda Ariel en souriant hypocritement au directeur. Il hocha la tête.
Déjà, chose super importante à savoir : je déteste mon prénom. Je le hais littéralement. Il est moche et super cul-cul. Mes parents étaient sans doute bourrés ce jour-là. Sinon, j'ai 19 ans, je bois, je fume, je couche - oh ca oui..., la californienne afficha un sourire coquin tout en se mordant la lèvre inférieure et continua,
je me drogue - seulement des joints hein - et j'en ai strictement rien a foutre de vos soit disant "merveilleux" cursus, finit Ariel en mimant les guillemets. Mr. Reynolds fixa quelques secondes la jeune femme, les yeux grands ouverts. Il ne s'attendait visiblement pas à ça, et il n'était pas au bout de ses surprises avec cette belle blonde.
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Hum, et bien, ce n'est pas conventionel ce que vous nous dites la mademoiselle Holins...-
Ouais, je me doute. Mais faut changer des fois un peu, c'est bien les changements, vous trouvez pas ?-
Euh...-
Vous savez, changer de partenaire sexuel, changer d'assistante... C'est bien, non ? », lâcha Ariel en affichant une mine innocente suite à son sous-entendu tandis que le directeur virait au rouge tomate.
Une sucette à la bouche, traversant le campus de l’université, Ariel feuilletait rapidement son nouvel emploi du temps et toute la paperasse que lui avait refilé le directeur. En pensant à monsieur Reynolds, la blonde soupira ; c’était devenu trop facile de se faire accepter en fac maintenant, même si on a pas le dossier pour. Les directeurs sont tous les mêmes : de vieux obsédés qui ne veulent pas voir leur vrai visage affiché au grand jour. Donc, bien évidemment, dès que monsieur Reynolds avait compris le manège de la jeune femme, il s’était empressé de bafouiller quelques trucs pour finir par annoncer à Ariel qu’elle était la bienvenue à l’université de San Francisco.
La blondinette releva la tête et observa les horizons. «
Et si je m’amusais maintenant ? » pensa-t-elle en apercevant un groupe de jeunes hommes plutôt mignons et sexy. Ariel se mit à sourire tout en s’approchant des cinq mecs. Cette année à l’université risquait d'être plus que sympa.