Le bonheur …
Mot en sept misérables petites lettres, que je n’avais jamais compris avant ces dernières semaines. Dans ma vie ‘avant Evohà’, mon seul bonheur était celui de faire grandir la masse d’argent déjà présente sur mon compte en banque. Et ce, par tous les moyens possibles. Trafique d’armes et de drogues et cambriolages à gogo. Bref … Rien que de l’illicite et du punissable par la loi, évidemment. Mais c’était justement l’adrénaline qui allait avec tout ça et la crainte, aussi minime soit-elle, de me faire attraper, qui était si excitante et qui donnait envie de continuer encore et encore, sans réelle peur de ma part. Il fallait reconnaître que j’étais assez complexe à comprendre, en sachant que l’adrénaline offerte par ces actes, me plaisait plus que de raison mais que, à côté de ça, j’avais un instinct de survie surdéveloppé. Je n’aurai pas eus la moindre hésitation, si j’avais du sacrifier quelqu’un d’autre, pour ma propre peau. Mais ça aussi, c’était avant de connaître la femme qui partageait ma vie depuis plusieurs mois déjà. Pour elle, j’avais énormément changé. Je commettais tout de même bien moins de cambriolages, j’étais présent pour elle, plus posé et, surtout, j’étais prêt à mourir pour elle. Niais ? Sans doute que j’étais en train de le devenir à ses côtés. Mais je savais parfaitement que j’étais encore capable d’être le même qu’avant, avec tous les autres. Il y avait le Peter d’Evohà et l’autre Peter. Un Peter distant, froid, qui ne s’attachait pas, qui ne prenait pas la peine d’être véritablement bon et gentil et j’en passe. Toutefois, Evohà avait sur moi, une influence importante et non négligeable. Sans notre relation, je ne doutais pas que j’aurai été tout bonnement incapable d’être un minimum gentil, avec qui que ce soit. Comment l’être quand, la seule personne qui avait de l’intérêt pour moi, c’était moi-même ? Fort difficile, pour ne pas dire impossible, en effet …

Ainsi, ma vie avait prit une tournure tout à fait normale, avec l’entrée d’Evo, dans celle-ci. D’un regard extérieur, j’étais un homme parmi tant d’autres, avec des activités extra conjugales, une relation amoureuse tout à fait saine et une vie de famille à venir. Bref … Une vie que je n’aurai jamais pu imaginer avoir un jour. Qui aurait pu se douter un seul instant, d’ailleurs, que je pourrai finir par me poser de la sorte ? Il fallait vraiment être un sacré devin pour s’en être douté un seul instant. Tout cela pour dire que j’étais un tout autre homme et que, étrangement ou non, cela me plaisait plus que de raison. Sans doute était-ce tout simplement du au fait que cela me rendait heureux. Et en étant heureux, je ne voyais pas pourquoi j’aurai désiré changer quoi que ce soit à ma vie actuelle. Ainsi, lorsque je me réveillai aux côtés d’Evohà, ce matin là, je ne pus m’empêcher de sourire franchement avant de grimacer de frustration, lorsque je vis l’heure sur le radio réveil posé sur ma table de nuit. Je roulai dans le lit pour me loger contre elle, glissant une main dans son dos pour la serrer doucement contre moi. Je déposai de bref baisers sur son visage, pour la réveiller en douceur, avant de sourire en coin en voyant le sien s’afficher sur son visage encore froissé par le sommeil. Je la regardai se réveiller avec lenteur en caressant lentement ses cheveux, avant de quitter le lit pour aller préparer un petit déjeuner digne de ce nom. L’un des points que nous avions en commun, Evohà et moi, c’était notre grand appétit. L’un comme l’autre, nous aimions manger plus qu’il ne faudrait vraiment. Ainsi, nous passions parfois des heures à manger, avachis dans le lit, tous les deux. Ou encore, devant la télévision, sur le canapé. Deux grosses larves affamées …

Armés de fringues pour nous tenir chaud, Evohà et moi-même, quittions la villa, plusieurs heures plus tard. Comme un couple parfaitement normal, nous filions en ville, chacun pour nos activités personnelles. Pendant que j’irai faire mon sport hebdomadaire, toujours dans la même salle et avec la même partenaire, Evohà ferait un tour en ville jusqu’à ma sortie. Après quoi, je l’emmènerai à la fac pour quelques heures et reviendrai pour la récupérer par la suite. Bref … Une vie de couple, parfaitement normale et saine, selon moi. Une vie que j’aimais plus que de raison, je dirai même. Une fois garé, nous filâmes à pied pour les derniers mètres et pris le temps de la prendre dans mes bras et l’embrasser avec lenteur avant de la laisser filer. Un sourire idiot aux lèvres, je la suivis du regard, jusqu’à ce qu’elle ait disparut de mon champ de vision. Alors que je m’apprêtais à entrer dans le bâtiment, mon téléphone vibra dans la poche de mon jean. Par pur réflexe, je m’arrêtai et restai devant la bâtisse imposante, haussant les sourcils en voyant l’identité de la personne qui m’appelait. Machinalement, je portai el téléphone à mon oreille pour lui répondre. Alors que je me tournai face à la rue, je me figeai quelque peu en apercevant Maxyne. Pourquoi m’appeler alors qu’elle était à quelques pas de moi ? Sans doute ne m’avait-elle tout simplement pas vu. « Peter? Je… Je ne pense pas pouvoir ve… » Avant qu’elle n’ait eut le temps de terminer sa phrase, je m’approchai d’elle en traversant rapidement la rue. Je m’arrêtai net lorsque je vis les larmes sur son visage, rangeant tranquillement mon téléphone sans la quitter du regard. Larmes … Un truc qui me faisait fuir sans la moindre petite hésitation. Je n’étais pas psy, je n’étais pas un confident … J’étais juste un type qui était parfaitement incapable de réconforter qui que ce soit. Même avec Evo je n’étais pas doué pour cela. En voyant Maxyne s’essuyer brièvement le visage, je soupirai intérieurement de soulagement, en songeant qu’elle était sans doute le genre de personne à ne pas supporter de craquer devant autrui. Je l’en remerciais grandement ! « Je… J’ai oublié mes trucs… Enfin euh.. Je ne pense pas pouvoir pratiquer au-aujourd’hui… » Je haussai un sourcil en la détaillant du regard, songeant que quelque chose d’autre clochait. « Si ce n’est que ça, je suis sûr qu’il y a ce qu’il faut à l’intérieur pour toi. Juste pour aujourd’hui. » Lui fis-je remarquer en la détaillant du regard. Des pleurs ? Peut-être plutôt une crève. « T’es sûre que ça va ? T’aurais pas choppé froid ? » Demandais-je ensuite en haussant un sourcil. Je ne m’inquiétais pas véritablement pour elle … J’avais surtout peur de chopper sa crève si c’était ce qu’elle avait.