Ahren commençait à devenir dingue. Rien de ce qu’il pouvait faire ne parvenait à lui changer les idées, à le mettre « de bonne humeur », absolument rien. Il avait beau se démener comme un beau diable, rien de ce qu’il pouvait faire ne parvenait à l’occuper plus de deux minutes. Il devait absolument tromper l’ennui aussi sûrement que les médicaments trompaient sa maladie. Auquel cas, ceux-ci deviendraient aussi inutiles que de l’aspirine et il entrerait dans une crise absolument mémorable pour tous ceux qui auraient le malheur de croiser son chemin.
Et Baby n’était pas là. Il fallait bien admettre qu’elle était loin d’être étrangère à son état. Seulement, ce n’était pas sa faute, c’était plus fort que lui, il n’arrivait absolument pas à s’amuser quand elle n’était pas là. Cette fille était une plaie béante dans sa poitrine. Elle avait détruit son autonomie et il avait bien l’intention d’y remédier. Peu lui importait d’avoir des amis ou non. Seulement il ne tenait pas du tout à être dépendant de cette fille. Il ne pouvait pas le permettre, c’était impensable.

Clope au bec, taille enserré dans un slim sombre et son blouson de cuir noir sur les épaules, Ahren arpentait les rues californiennes. Il avait besoin de s’oxygéner la tête et de se saboter les poumons à coup de cigarette. Mais peut-être que d’autres coups pourraient lui changer les idées… Il dégaina son iphone sans vraiment y porter attention et envoya un sms rapide à Dubaï. Il était encore ce qui était la meilleure solution s’il ne voulait pas devenir dingue. Il en avait marre de tourner en rond dans la maison comme un lion en cage. Il n’avait rien à faire, personne à voir. Si ce n’est Dubaï. Il était son dernier point d’ancrage avec la réalité. Alors il allait aller le voir. Il ne laissait pas vraiment le choix au jeune homme mais il savait que ce ne serait pas vraiment un problème, que ça n’avait même pas intérêt à en être un à vrai dire sinon Dubaï allait le payer cher, c’était inéluctable. Mais Dubaï était toujours heureux de le voir jusqu’à preuve du contraire. Il n’avait encore jamais assisté au contraire et il savait que le contraire n’aurait jamais lieu. Il n’avait pas lieu d’être.

Il ne tardait pas à atteindre l’immeuble du jeune homme. Il savait qu’il partageait un appartement avec la sœur de Yuri mais il se fichait pas mal de devoir justifier le fait qu’il s’incrustait ouvertement ou non chez les gens. Il ne se justifiait jamais de rien, il ne s’excusait jamais de rien. Il était comme ça, c’était à prendre ou à laisser. Il grimpa les marches à la hâte, rien à foutre de l’ascenseur, et atteint bientôt le palier en question. Il toqua et attendit qu’on vienne lui ouvrir la porte. Il croisa la jolie petite voisine de palier. Il aurait bien visité sa chambre à elle, tiens. Il lui lança un clin d’œil puis s’engouffra par la porte qui venait de s’ouvrir.

« C’est que tu m’aurais presque fais attendre en plus. »