Ahren fit claquer son Zippo, la flamme du briquet éclaira brièvement ses yeux bleus puis disparut dans un bruit sec. Le bout de la cigarette rougeoya le temps qu’il inspire puis il expira la fumée grisâtre, doucement. Il était assis sur les marches du perron. Il n’avait d’ailleurs même pas pris la peine d’en allumer la lumière. Il n’en avait rien à foutre. Ca n’aurait été qu’une raison de plus pour ses voisins débiles et pédants d’essayer de l’espionner à son insu. Il n’avait rien à cacher mais il n’aimait pas non plus que les gens se mêlent de ce qui ne les regardait pas.
Il expira à nouveau la fumée de sa cigarette. Il ne faisait pas très chaud dehors mais il ne sentait rien, malgré le fait qu’il soit sorti en débardeur sans prendre la peine d’enfiler un sweat. Il n’allait pas attendre longtemps de toute manière, il le savait. Et quand bien même ce serait le cas, il n’aurait aucun mal à faire remonter la température très vite après. Il ne se faisait pas de soucis pour ça. Il était là parce qu’il attendait quelqu’un. Cette nuit promettait d’être intéressante au plus haut point.


Facebook n’était pas son terrain de chasse favori. A vrai dire, il ne l’utilisait jamais. Il trouvait ça beaucoup trop surfait. Puis pour convaincre et séduire les gens, il préférait le réel, le bon vieux tête à tête. Il était absolument imparable à ce jeu-là alors pourquoi s’en priver ? Mais aujourd’hui, il avait revu son jugement à la baisse. Il était devant son pensé à glander quand ce mec avait à nouveau fait une incursion sur son mur. Ce mignon petit brun qui faisait des apparitions furtives de temps à autre. Intéressant. C’était le sentiment qu’il en avait en le voyant. Mais il ne le connaissait pas. Juste son nom Eliott. Mais il avait décidé qu’aujourd’hui, ce joli petit poisson n’allait pas lui glisser entre les doigts. Il l’avait donc abordé. Le joli petit brun avait une copine. Rien qui n’ait jamais retenu Ahren à vrai dire, c’était limite le contraire ; il aimait les défis et les challenges. Mais Eliott semblait avoir beaucoup plus de remords. C’est à force de cajoleries et de promesses plus enjôleuses les unes que les autres qu’il avait enfin réussi à le faire céder. Ca n’avait pas été une mince affaire, il était assez fier de lui pour ça. Alors il l’attendait devant la maison. Baby n’était pas là ni personne d’autre alors il pouvait bien faire ce qu’il voulait dans la maison. Et puis Eliott n’avait pas voulu qu’il vienne le chercher chez lui alors il prenait son mal en patience, en fumant sa clope. Il savait qu’il viendrait, tôt ou tard. Il savait qu’Eliott en avait envie autant que lui, même s’il avait beaucoup plus de remords et de retenu mais lui était très doué pour vider la tête des mecs dans ces moments-là, ou des filles d’ailleurs. Alors lorsqu’il promettait une nuit mémorable, ce n’était pas des paroles en l’air. Il allait vraiment le faire. Pour le meilleur ou pour le pire.

Des phares au bout de l’allée. Il levait les yeux. Une voiture se gara devant le portail. Il écrasa sa clope, l’envoya voler dans le pot d’une fleur pourrie et hideuse, puis se leva pour descendre la dernière volée de marche. Il posa la main sur la poignée du portail et attendit que le jeune homme se dresse devant lui avant de l’offrir. Ahren sourit. Il sourit de ce sourire qui le caractérisait si bien : plein d’assurance, teinté de tentation et de provocation. Il s’effaça pour le laisser passer puis referma le portail derrière lui.

« T’es venu finalement. Je commençais à perdre espoir. »

Il rit et, une main dans son dos, il le mena à l’intérieur de l’immense maison. La nuit ne faisait que commencer lorsqu’il ferma la lourde porte derrière eux.

J'étais là, assis devant mon ordi comme un crétin, immobile et ne sachant pas quoi faire. J'avais eu une sorte de conversation avec un mec que je ne connaissais même pas, et il m'avait demandé de passer chez lui. J'étais mitigé, parce qu'il avait beau me plaire, j'avais Charlotte aussi et je l'aimais. Bon, elle n'était pas censée l'apprendre, mais tout finit par se savoir. Ma culpabilité serait tellement énorme que je finirais par m'exclure ou lâcher le lourd secret qui pèsera sur ma conscience, que ce soit à mon frère ou directement à Charlotte. Un secret qui ferait l'effet d'une bombe. Je restais donc assis et tournoyais sur ma chaise tout en écoutant ce que Kasia faisait à travers le mur pas parfaitement insonorisé. Et Kasia allait sûrement le voir si je partais, moi qui ne partais presque jamais. Ce sera cramé, c'était sûr et certain. Je soupirais, rivais mes yeux sur l'écran et retournais voir le profil du jeune homme sur Facebook. Une petite bouille d'ange, des paroles convaincantes. Je me mordais la lèvre et passais ma tête entre mes mains. Peser le pour et le contre ne servirait à rien, c'était déjà fait. Faire pile ou face ? Je cherchais une pièce de monnaie sur le bureau. Pile j’y vais, face j’y vais pas murmurais-je doucement afin que Kasia n’entende rien. Je lançais la pièce, la posais sur ma main sans la regarder puis posais mon regard sur elle. Décisive. Une petite pièce qui pourrait changer ma vie, quelle ironie. J'enlevais doucement ma main et regardais le résultat. Face, j'y vais pas.. Je la fixais et changeais finalement d’avis. J’allais y aller, je voulais voir ce que c’était avec un mec, je voulais m’éclater, je voulais déconner un peu et voir ce mec.

Je lui disais brièvement que j’arrivais sur Facebook, veillant à ce que Kasia ne traîne pas dans les parages et fermais et effaçais la conversation avant de me rendre dans l’entrée de la maison. Là, j’y prenais un bon manteau moutonné et une écharpe noire car les nuits se faisaient fraîches ces temps-ci à San Francisco, bien que le climat y soit relativement agréable au cours de l’année. Je sorti et marcha quelques mètres, le téléphone à la main, mes lèvres remuant face au combiné afin de demander un taxi. Je commençais à être congelé lorsque le taxi arriva enfin, un réel soulagement. La voiture se gara devant une maison, et j’apercevais le jeune homme sur son perron. Je m’approchais du conducteur, lui donnais un billet valant plus que la somme que j’avais à payer et descendais de mon véhicule. Je sortais une clope de ma poche, l’allumais, et marchais jusqu’au jeune homme, consumant lentement mon tabac. Il m’attendait là à son portail, me l’ouvrit avec un sourire de parfait charmeur et manipulateur. Je ne disais alors rien pour le moment, le laissais poser sa main dans mon dos et m’entraîner chez lui. Il croyait que je n’allais pas venir, il avait raison car il m’avait fallu énormément de courage et de temps pour finalement me décider. Je le regardais avec le même sourire que le sien et lui répondais Je croyais qu’espoir était ton deuxième nom ? J’aimais sa voix, une voix à faire craquer. J’entrais chez lui, regardais très furtivement son environnement et n’étais pas le moins du monde gêné ni impressionné étant habitué depuis ma tendre enfance à vivre dans de magnifiques et vastes habitations et défaisais mon écharpe pour laisser la chaleur me réchauffer.

Ahren rit. C’est vrai, il avait effectivement dit ça un peu plus tôt dans la soirée sur Facebook. Eliott n’avait fait que lui renvoyer la monnaie de sa pièce. Il se contenta d’hausser les épaules en allumant la lumière. Le jeune homme n’avait pas l’air impressionné et c’était tant mieux. Ahren n’avait pas toujours vécu dans ce luxe et il s’en fichait un peu comme d’une guigne. Il en serait fier quand cette fortune émanerait de son travail à lui et pas du fruit d’un mariage de sa mère. A la lumière des lampes, il prit brièvement le temps d’étudier le jeune homme. Il était encore mieux qu’il ne l’avait soupçonné. Comme quoi, Facebook peut avoir du bon aussi. Il lui tendit une main, réclamant ainsi son manteau, celle qui ne tenait pas sa cigarette bien sûr. Elle continuait de fumer paisiblement dans sa main gauche.

« Je te débarasse, Babe ? On est d’accord que je ne parle que de ton manteau et ton écharpe pour l’instant, ok ? »

Il sourit à nouveau en s’emparant du manteau. Il s’empara et le pendit au porte-manteau puis il fit signe à Eliott de se suivre et se laissa lourdement tomber dans le canapé en soupirant. L’avantage de payer un canapé hors de prix c’est qu’il était d’une qualité incomparable. Il lui arrivait souvent de s’y endormir. Mais pour l’heure, il n’avait pas vraiment l’intention de dormir dedans. Enfin chaque chose en son temps. Il posa le cendrier sur l’accoudoir et se tourna vers Eliott en tirant une bouffée. Il semblait nerveux, partagé entre les remords alors qu’il n’avait encore rien fait et l’envie de faire justement quelque chose. C’était amusant. Assez… adorable. Il avait rarement rencontré un garçon si… innocent. On aurait dit une fille, s’en était presque attendrissant. Pour le peu qu’Ahren pouvait s’attendrir sur quelqu’un d’autre que Baby. Mais il trouvait ça attendrissant.

Il tira une dernière bouffée de sa cigarette quasi entièrement consumée puis l’écrasa méthodiquement dans le cendrier. Il se passa les mains sur la cuisse avant de se tourner vers Eliott pour de bon, une jambe remplie et le coude appuyée sur le dossier du canapé. On aurait dit une petite souris apeurée, c’était assez drôle. Il tendit doucement la main vers lui et fit glisser son dos sa joue.

« Tu es venu alors ? Tant mieux… A moi de ne pas te le faire regretter. Mais tu as l’air d’avoir tellement peur. C’est moi qui te fait peur ? »

Il sourit en coin sans pour autant dégager son doigt de la peau du jeune homme. Elle était douce, comme la peau d’une fille. Et brûlante. Cette comparaison l’amusait. Il n’avait pas l’habitude de comparer comme ça les hommes aux femmes. Il était bi mais il avait appris à faire la part des choses. Sa relation avec les femmes n’était pas la même que celle avec les hommes. C’était deux choses différentes et c’était très bien ainsi. Mais Eliott lui faisait penser à une petite biche sans défense. Il aimait ça, ça l’attirait. Il se rapprocha un peu plus sans quitter le jeune homme du regard.

« Tu veux boire quelque chose ? »

J’étais tellement nerveux, faisant évidemment tout pour ne pas paraître comme si je l’étais réellement, que j’en oubliais d’éteindre ma cigarette. J’étais donc là, comme un imbécile, à laisser s’envoler et se consumer les précieuses particules de tabac. Bon, ce n’était pas comme si j’étais à une cigarette près mais quand même, et puis ce n’était pas tellement respectueux. Je n’aimais pas vraiment manquer de politesse. Quelle ironie, comme si je n’allais pas manquer de politesse et surtout de respect à Charlotte. Ahren, oui j’avais tout de même retenu son prénom et j’étais persuadé de n’être pas prêt à l’oublier quoi qu’il arrive ce soir, se mit à rire et alluma la lumière. C’était beaucoup mieux que la pauvre petite lueur presque inexistante qu’impliquait ma cigarette. Je regardais donc autour de moi, aucunement surpris par l’environnement du jeune homme ayant moi-même la possibilité de vivre dans un environnement similaire bien que ce ne soit pas ce que je souhaitais pour le moment. Ahren n’était pas surpris de me voir réagir ainsi, tant mieux je ne voulais pas spécialement parler de mon histoire ou de ma famille. Ahren connaissait-il mon frère ? Khris me tuerait s’il apprenait ce que j’étais sur le point de faire. En y réfléchissant bien, c’était un bon moyen pour commencer ma série de conneries visant à avoir un impact sur mon frère. Il y a un début à tout, et c’était l’occasion. Peut-être qu’Ahren et Khris travaillaient ensemble. Je me demandais alors comment Ahren pouvait détenir une telle maison. Plutôt la drogue ? Tout ça ne renforçait finalement pas la confiance que j’avais en la situation.

S’il me débarrassait ? Il parlait bien sûr de mon écharpe et de mon manteau d’aviateur, et je ne voyais pas vraiment ce qu’il pouvait me débarrasser d’autre bien que je comprenais qu’une allusion se glissait là, mais je faisais comme si ce n’était pas le cas et le regardais en simulant un petit rire. Babe, il m’appelait babe. Ca me perturbait, il paraissait si à l’aise, comme si c’était une habitude. C’était comme avec Khris, il les attirait, les piégeais et les affichais enfin sur son tableau de chasse. Ça me dégoutais de penser comme ça, ça me répulsait d’être un trophée sur un tableau de chasse, je ne voulais pas de ça, ce n’était pas moi.

Une fois qu’Ahren posa mon manteau il me proposa de le suivre dans le salon d’un geste de la main que je compris immédiatement. Je le suivais sans broncher et sans piper mot. Le jeune homme s’affala dans son grand canapé avec un soupir, je m’asseyais normalement dessus et ne disait toujours rien, le regardant fumer sa cigarette pendant que terminais la mienne et l’écrasais dans le cendrier. Il en fit de même et me détaillait du regard avant d’engager la discussion. Il était là, complètement détendu alors que j’étais au contraire complètement replié sur moi-même. Il devait trouver ça bien marrant d’ailleurs. Il prit l’initiative de balader un doigt sur ma joue délicatement tout en me faisant part de sa satisfaction. J’étais venu finalement, mais je me demandais si je ne commençais pas à regretter. Ahren me terrifiais en fait, et ce qui allait suivre aussi. On aurait dit … Un chasseur et sa proie, c’était tout à fait ça. Le chat et la souris, le maître et l’élève. Je ne repoussais pas sa geste, gardant mon sang-froid et mon angoisse pour moi. Il me faisait peur, et il m’intimidait beaucoup. On aurait dit un pervers et que j’allais me faire violer. La chaleur montait à mes joues, j’espérais ne pas rougir. Ah oui j’ai l’air d’avoir peur ? Ma voix se faisait plus hésitante, et je devinais que la réponse était évidemment oui. Dis, j’serai évidemment qu’un trophée de chasse de plus sur ton tableau non ? J’évitais de le regarder, il me perturbait de trop, et je ne savais plus trop où me mettre non plus. Le jeune homme me proposa une boisson, je lui répondais oui sans hésitation, le moment serait sûrement retardé.

« Ah oui j’ai l’air d’avoir peur ? »
« Hmm, disons… intimidé. Tu es intimidé. Ca te va mieux comme ça ? »
Il était amusant. Est-ce qu’il croyait vraiment qu’il pouvait mentir comme ça, sans qu’il ne remarque rien et surtout de manière si peu convaincante ? En effet, il avait besoin de cours de mensonges. Et il serait ravi de les lui donner. Il se rapproche encore un peu d’Eliott mais doucement cette fois. Visiblement, il n’était pas rassuré par son attitude alors il allait changer. Le but n’était pas de l’effrayer. On ne trouve jamais le plaisir dans la peur, à part si bien sûr on était assez dérangeant ? Il ne l’était pas à ce point. Il aimait que l’autre soit un peu intimidé mais pas plus. C’était largement suffisant. Il fit glisser son pouce sur la lèvre inférieure du jeune homme tandis qu’il ajoutait :

« Dis, j’serai évidemment qu’un trophée de chasse de plus sur ton tableau non ? »

Ahren arrêta son geste un moment, leva les yeux vers lui en gardant le silence. Que voulait-il ? Que cherchait-il ? Il ne pouvait pas décemment chercher une relation sérieuse avec lui, si ? Il avait sa copine, il n’avait cessé de le répéter. Alors pourquoi se soucier de ça ? Parce qu’il était sensible. Comme une biche délicate. C’était… séduisant. Comment avec son caractère de merde pouvait-il être ainsi attiré par quelqu’un d’aussi pur qu’Eliott ? C’était difficile à comprendre mais visiblement c’était le cas. Il creuserait la question plus tard, il avait mieux à faire. Il se saisit de la cigarette du jeune homme qu’il jeta négligemment dans le cendrier.
« J’ai pas de tableau de chasse mais tu le sais non ? Personne n’en saura rien. Qu’est-ce que tu cherches Eliott ? »

Il avait murmuré sa dernière phrase, son visage s’était doucement rapproché de celui d’Eliott, il n’en était plus très loin. Doucement, sa main se posa sur sa nuque et il embrassa Eliott. Il ne voulait pas l’effrayer, ce n’était qu’un léger baiser pour commencer. Puis il y mit un peu plus d’ardeur, sans précipitation tout du moins, pour ne pas l’effrayer, comme s’il était une délicate petite chose qu’il ne devait pas briser dans sa précipitation. Il l’attira alors contre lui, sur ses genoux, pour le sentir encore plus contre lui, sentir le poids de son corps dans ses bras. Sa main n’avait pas quitté sa nuque et l’autre s’était aventuré sur sa hanche. Pour finir, il se servit de sa bouche pour ouvrir celle de d’Eliott et sa langue se lança à l’aventure de la sienne, la caressant sensuellement. Ses doigts s’infiltrèrent dans ses cheveux tandis que l’autre avait entrepris de glisser sous son haut et il attendit, continuant de l’embrasser en attendant de voir comment le jeune homme allait réagir. Il avait l’air plutôt coopératif jusqu’à preuve du contraire. Il se trompait rarement sur ce genre de chose, pour ne pas dire jamais.

Bon, mon air faussement rassuré n’avait visiblement pas fonctionné. A croire que je n’étais pas fait pour être comédien, pas encore du moins. J’étais intimidé ? Si c’était mieux comme ça ? Carrément, j’étais carrément intimidé, et peut-être même au fond mort de trouille. Je n’étais pas convaincant, je le savais, et je me sentais désormais comme piégé, comme si Ahren lisait en moi comme dans un livre ouvert. Ce n’était pas très compliqué vous me direz étant donné l’état d’angoisse où je me trouvais actuellement et qui devait certainement être plus que visible. Je n’arrivais pas toujours à contrôler mon sang froid, et ce genre de situations était inclus dans les situations les plus stressantes que j’avais jusqu’ici rencontré. J’allais revivre une deuxième première fois ce soir, si j’en avais réellement le courage, et je savais pertinemment que si je continuais à réagir comme ça, à dégager une telle méfiance et ressentir une telle angoisse ainsi qu’un tel manque de sécurité, alors nous ne réussirions pas à faire quoi que ce soit. Deuxième crainte ressentie. Il fallait réellement que j’arrête de trop réfléchir, élaborer des tas de scènes et d’hypothèses différentes c’était tout à fait moi, et il fallait que je me change, que je change ce défaut parmi tant d’autres. Trop réfléchir ne me servait à rien et finissait par embrouiller mon esprit.

Ahren se rapprocha doucement de moi et glissa un doigt sur une la partie inférieure de ma lèvre. Je le laissais faire, ne bronchais toujours pas. Je ne bronchais certes pas, mais j’avais eu le culot, si l’on peut appeler cela du culot, de l’interrompre dans sa petite parade séductrice. Cette question m’avait turlupiné toute la soirée, je ne pouvais pas ne pas m’assurer d’être certain de sa réponse. Loin de là que j’avais envie que cette relation plus que particulière devienne plus sérieuse, j’avais déjà Charlotte et Ahren le savait déjà. Mais bien entendu j’avais tellement vu Khris, mon grand-frère, agir comme tel, se taper des filles et n’en faire qu’un tableau de chasse, que je ne voulais pas être une victime comme toutes ces filles avaient pu l’être. Je ne voulais pas être piégé, je ne voulais pas être une proie qu’on oublie du jour au lendemain, qu’on se fait juste parce qu’on est en manque et qu’on balaye d’une main. Je ne demandais pas ça, je ne demandais pas une relation d’amour, je ne savais donc pas vraiment ce que je voulais réellement. Ahren arrêta son geste et me regarda, son sourire moins flagrant que précédemment, le silence pendu à ses lèvres. Il affirma par la suite qu’il n’avait pas de tableau de chasse, et sérieusement j’avais du mal à le croire, pourquoi m’avoir demandé de venir comme ça alors, pourquoi aller si vite ? C’était forcément ça, j’étais une victime de ses désirs et des miens par la même occasion. De toute façon, il devait certainement dire que non car il savait pertinemment que s’il répondait par l'affirmative je m’enfuirais peut-être en courant. Il me demanda ce que je cherchais, il était tout aussi perdu que moi à l’entente de ma question, et surtout interrogateur. Je regardais ses yeux psychédéliques avant de fuir son regard en baissant les yeux. Laisse tomber. dis-je sur un ton neutre avant de répéter ces quelques mots en soupirant presque. En me donnant sa réponse il se rapprochait dangereusement de moi sans tout de suite se trouver à quelques millimètres de moi.

Doucement mais sûrement finalement. Avant de s’approcher définitivement de moi il posa sa main sur ma nuque délicatement. Je savais ce qu’il allait se passer après, je basculais dans la malhonnêteté à ce moment. Ses jolies et délicates lèvres se posèrent sur les miennes, et je ne le repoussa pas. C’était mal, très mal finalement, mais tant pis. Au début le baiser se faisait presque tendre, délicat, aucun geste brusque. Certainement pour me rassurer, et finalement ça marchait même si un mon cœur fit un bon par surprise. Surprise qui n’en était pas une en fait. Une légère pression se fit sentir sur ma nuque, j’en profitais pour m’installer sur ses genoux devinant bien évidemment que c’était l’intention. Une de ses mains se baladait dans mes cheveux, l’autre commençait à parcourir ma hanche, ma peur se dissipait doucement. Je devinais que ça n’allait pas être de longue durée, le plus compliqué était à venir. Une fois installée, je glissais mes jambes autour de sa taille et était tout proche du corps entier d’Ahren. Sa bouche incitait la mienne à s’ouvrir, j’obéissais docilement n’étant pas contre et laissais la rencontre de nos deux langues se faire. Je jouais délicatement avec la sienne tandis que sa main qui se baladait sur ma hanche se glissa sous ma petite chemise noire presque moulante, je ne la retirais pas et la laissais où elle était estimant qu’elle était très bien là. Je ne quittais pas les lèvres du beau brun et passais à mon tour mes deux mains sous son T-Shirt. J’avais bien l’intention de l’enlever tout de suite et j’incitais Ahren à m’aider bien que ne voulant pas arrêter ne serait-ce qu'une seule seconde ce petit moment.

Sitôt que leurs lèvres s’étaient scellées, Eliott ne s’était plus fait prié. Cela fit sourire intérieurement Ahren. Il était finalement venu à bout de ses réticences alors, et c’était tant mieux. Il avait entouré sa taille de ses jambes et le jeune allemand l’avait définitivement plaqué contre lui à l’aider de sa main ferme. Elle épousait à merveilles les courbes de sa hanche et de son ventre. A contre cœur, il renonça à ses lèvres chaudes le temps que le jeune lui ôte son t-shirt. Il en profita pour le débarasser très vite de sa chemise, ses doigts dansant sur les boutons. Il la jeta ensuite au hasard, sans vraiment s’en soucier, impatient de retrouver ses lèvres. Car c’était ce qui commençait à se traduire : de l’impatience, la soif de son contact. Les bras enserrés autour de la taille d’Eliott, Ahren dévorait sa bouche, son menton, la peau de son cou, le haut de sa poitrine… Puis il refaisait le chemin en sens inverse. Il se débarrassa de ses chaussures, débarrassa Eliott des siennes (coûte cher ce canapé quand même hein !) et l’allongea doucement sur le dos. Il quitta ses lèvres brièvement, lui sourit, fit glisser ses doigts sur sa peau nue. Il suppléa bientôt sa bouche à ses mains. La peau du jeune homme était chaude, ça lui arracha un sourire. Progressivement, il descendait, doucement jouait de temps à autre de sa langue ou de ses dents sur la peau du jeune homme. Mais pas trop fort, il avait promis de ne pas laisser de traces, quoiqu’il arrive. Ses mains, elles, étaient occupées à débarrasser Eliott du fourreau étroit de son jean, ce qu’il parvint à faire sans trop de mal. Celui-ci tombait au seul, comme le cadavre de leurs hauts. Les mains d’Ahren remontèrent, il caressa le corps du jeune homme du regard avant de les planter dans les yeux d’Eliott. Un sourire s’imprima à nouveau sur son visage.

« Tu es prêt pour le début de l’exercice ? » Il n’attendit pas la réponse, il n’en attendait pas de toute façon. Sa main glissa sur le boxer sombre du jeune homme. Il avait l’air déjà pas mal en forme, ce qui lui arracha un sourire. Doucement il fit glisser ses doigts un à un dessus. « La règle est simple, Babe. » Il déposa un baiser sur ses lèvres et continua sans les décoller. « Je vais poser une question et tu vas devoir mentir le plus crédiblement possible. Ready ? »

Il plongea sa main dans le caleçon du jeune homme, saisit son membre dans sa main et commença son va-et-vient. Ses lèvres étaient toujours sur celles d’Eliott, elles les avaient entrouvertes et sa langue jouait avec la sienne. Sa main, indépendant de l’action du reste de son corps, continuant son œuvre. Ahren fit glisser sa langue le long de la mâchoire de son partenaire. Il leva à nouveau les yeux vers lui et murmura :

« Alors, ça te plaît Eliott ? »

Mes jambes entouraient fermement la taille d’Ahren. Il ne pouvait pas s’échapper, moi je le pouvais encore et finalement ce n’était pas ce que je désirais réellement. Le jeune homme m’incita par un geste ferme de la main à s’approcher complètement de lui. Je me retrouvais alors entièrement collé à Ahren, poitrine contre poitrine. Mes lèvres ne quittaient pas celles du beau brun, je voulais les garder contre moi, j’aurais pu rester une éternité positionné comme cela contre lui avec ses lèvres contre les miennes. Je n’étais pas habitué à passer de tels moments avec Charlotte, avec elle l’on restait en général doux l’un envers l’autre lorsqu’on dépassait le stade des baisers, ainsi c’était comme un nouveau monde qui s’ouvrait pour moi, un monde différent de tout ce que j’avais pu connaître, presque une révolution. Les mains du jeune homme se posèrent sur ma taille, mon ventre et s’y plaçaient parfaitement, des mains presque faites pour s’emboiter sur moi. Ahren quitta mes lèvres, à mon plus grand regret bien que ce ne soit que l’espace d’un relativement court instant (c’était du moins ce que j’espérais), afin de m’aider à retirer son T-Shirt. Je m’y appliquais et le jetais un peu au hasard par terre avec hâte afin de retrouver la bouche de mon partenaire. Cependant le jeune homme semblait bien plus occupé à défaire ma chemise (je regrettais d’ailleurs d’avoir mis une chemise et non quelque chose de plus simple à retirer) et observais en patientant, un sourire aux lèvres, les petits mouvements de doigts qu’il effectuait autour des boutons. Je le soupçonnais de vouloir me faire languir et en profitais à mon tour pour embrasser le haut de sa nuque le temps qu’il enlève ma chemise, histoire de lui faire comprendre qu’il fallait se dépêcher un petit peu. Après tout s’il n’avait pas le droit de laisser de marques visibles sur moi il ne m’était probablement pas interdit de lui infliger certaines marques à mon tour. Un joli petit suçon dans la nuque lui allait si bien, comme une marque de propriété.

Finalement mon attente fut récompensée et Ahren revint à mes lèvres pour me donner un baiser plein de fougue. Je le lui rendais, bien évidemment, n’attendant depuis quelques longues secondes plus que cela avec impatience, et laissais Ahren balader sa bouche entre mes lèvres jusqu’à ma poitrine. Je ne pouvais m’empêcher de le regarder faire avec un air amusé et une petite envie de rire, légèrement penché en arrière et appuyé sur mes mains pour ne pas empêcher ses baisers et hypothétiquement le frustrer. Il en profita pour enlever ses chaussures, et les miennes au passage ce qui me rendait davantage à l’aise. J’étais un peu moins à l’aise lorsqu’Ahren bascula les positions et donc lorsque je me retrouvais alors sous lui. Ce n’était même pas une question d’être à l’aise, c’était une question d’être déçu de ne pas pouvoir l’avoir fait languir à mon tour comme j’aurais aimé le faire, possibilité que j’aurais eu si j’étais resté sur ses genoux. Dommage. Je ne bronchais pas pour autant et gardais le sourire, c’était presque impossible de toute manière de ne pas garder le sourire dans une telle occasion. Je le laissais m’embrasser le long de mon corps, sentant une chaleur indescriptible me monter à la tête et se diffuser dans mon corps. Je sentais sa langue, ses dents contre ma peau. Tututu doucement honey, sinon c’est le fouet disais-je en plaisantant lorsque je sentais ses dents dans ma peau. Pas de marques, surtout pas. Moi j’avais le droit, mais pas lui.

Ses mains commencèrent à nouveau à caresser délicatement mon corps pour finalement s’arrêter sur mon jean. Il s’attela à le faire glisser hors de notre champ d’horizon. Je me retrouvais donc là, soumis, en boxer sous Ahren, et décidais de l’imiter et de défaire sa ceinture puis son pantalon afin de mieux le sentir contre moi. Finalement le jeune homme en décida autrement et je n’eus pas le temps d’appliquer mes projets, malheureusement si je puis dire étant donné que je ne connaissais pas encore la suite des évènements, et après avoir détaillé mon corps d’un regard alléché et avoir transpercé mes yeux de son regard, Ahren me proposa de commencer le fameux exercice destiné à m’apprendre à mieux mentir. Ce n’était pas gagné d’avance. Je hochais la tête sans bruit, coopératif bien qu’Ahren n’ait pas attendu une réelle réponse de ma part et ne me laissait finalement pas vraiment le choix, et restais déçu à l’idée de penser que notre étreinte allait être stoppée prématurément. Je n’avais pas pensé une seule seconde que les deux choses pouvaient être associées et ce de manière assez … intense. Sa main glissa sur mon petit boxer noir, et je ne voyais pas au début le lien entre l’exercice et ce qui se cachait sous mon boxer mais laissais faire le jeune homme. Ahren était quasiment allongé sur moi lorsqu’il posait sa main sur mon boxer. Il se rapprocha de mes lèvres, m’embrassa à nouveau et sans se décoller d’elles m’expliqua brièvement les règles de l’exercice. Je murmurais contre ses lèvres un simple Ok pour lui montrer que j’avais bien compris ses consignes. Sa main glissa à l’intérieur de mon boxer, je fus presque surpris sur le coup, et se mit à caresser mon membre dans un mouvement de va et vient. Au même moment il se mit à m’embrasser langoureusement avant de faire glisser sensuellement sa langue le long de ma mâchoire tout en me demandant si alors tout cela me plaisait. Et j’étais censé mentir à cela ? Ouhlala l’exercice s’annonçait particulièrement complexe. Est-ce que j’avais une punition si l’exercice n’amenait pas de résultats ? J’espérais presque que oui. Je penchais la tête doucement vers la droite pour laisser une plus vaste étendue de caresses à Ahren et répondais, la gorge presque serrée pour retenir un quelconque bruit ou soupir de plaisir un : Tu t’y prends mal Ahren c’est trop désagréable, arrête. Je posais une main sur le haut de sa poitrine et tentais de le repousser légèrement. Mensonge sur mensonge, Ahren s’y prenait en réalité presque comme un Dieu et j'espérais qu'il n'allait pas arrêter et qu'il allait stopper mon bras. Je devinais bien évidemment que j’avais encore beaucoup de progrès à faire, que ce soit sexuellement ou au niveau du mensonge. Finalement, j’aimais bien cet exercice c'était assez ... plaisant.

« Tu t’y prends mal Ahren c’est trop désagréable, arrête. »

Ahren ne put retenir un sourire moqueur. C’est marrant, non content de pas paraître très convaincant, son corps n’avait pas l’air d’accord mais alors pas du tout avec ce que lui venait de dire. Au référendum, il était sûr et certain de l’emporter à la majorité mais là n’était pas le but. Pire que ça, il avait posé sa main sur son torse pour entreprendre de le repousse mais c’était tellement peu convaincant, il avait tellement peu de volonté dans son geste qu’Ahren n’eut pas vraiment besoin de le résister à la pression : elle était quasi inexistante. Néanmoins il jugea utile de se coller encore d’avantage contre le jeune homme tandis que sa main accélérait légèrement la cadence. Il se pencha à son oreille et, tout en lui mordillant le lobe, lui demanda :

« Qu’est-ce que tu dis ? J’ai pas entendu. Tu pourrais pas répéter ça plus fort ? »

Tandis que sa main continuait son affaire, l’autre se glissa sous l’élastique du même boxer qu’il entreprit de lui ôter. Disons qu’Eliott devait commencer à se sentir à l’étroit à l’intérieur. Alors, en bonne âme charitable, il entreprenait de le libérer. Bah ouais, pas du tout intentionné, tout bonnement altruiste le petit Bauer.
Une fois le dernier vêtement d’Eliott ôté, il l’observa à nouveau en silence alors que toute sa peau nue s’exposait à sa vie, pâle dans la lumière faible de l’allogène. Il fit glisser sa main droite sur ses côtes, fit jouer sa langue sur ses tétons, ses pectoraux, son ventre, il revint finalement à ses lèvres pour l’embrasser avec délectation.

« Tu es tellement mignon, Eliott… Ca me donne des idées pas vraiment très catholiques. Tu veux que j’arrête, ou on passe à la vitesse supérieure ? »

Ahren me regarda avec un petit sourire moqueur tandis que j’essayais de le repousser. Une petite moue se dessina sur mon visage tandis que l’action de ma main sur son torse fut annulée par le rapprochement du jeune homme. Nous étions alors totalement collés l’un à l’autre et, alors qu’Ahren entreprenait des mouvements plus rapides sur ma partie intime, il se pencha sur mon oreille et me demanda de répéter tout en mordillant le lobe de celle-ci. Sur le coup je ne répondais rien et me délectais de ce moment puis essayais de continuer à jouer dans son petit jeu. Que voulait-il, que je craque ? Un petit soupir de plaisir se fit entendre et j’aurais voulu me faire taire, Ahren avait déjà un point supplémentaire à son score. Ma réaction suivante fut finalement de lui répondre, avec un ton un peu plus menaçant et une voix plus rauque d’arrêter. Je remis ma tête droite et le fixais droit dans les yeux. Est-ce que cela avait marché ? Visiblement, pas encore étant donné qu’Ahren s’aventura à enlever mon boxer. Ma petite moue fit à nouveau son apparition alors que je me mordais discrètement et de manière peu visible l’intérieur de ma lèvre. Ses lèvres se baladèrent sensuellement le long de mon corps et s’arrêtèrent au niveau de mon ventre, je me mordais un peu plus fort l’intérieur de ma lèvre puis relâchait ma mâchoire pour recevoir le baiser d’Ahren. Il me fit part de ses envies alors relativement claires et me demanda si je voulais aller plus loin ou non. C’était le moment parfait. Ma main droite jusqu’à présent posée dans le dos d’Ahren se plaça entre nous deux et c’est alors que je saisis la sienne jusqu’ici occupée à me faire plaisir. Mon geste arrêta le sien, j’avais réussi la première partie de mon plan.

La deuxième partie de mon plan pouvait désormais commencer. Ahren voulait jouer, il allait jouer pour le coup. Je renversai les positions afin qu’Ahren se retrouve sous moi, de manière à ce qu’il soit dominé et impuissant. Je me mis à cheval sur lui et lui sourit à la fois comme un vrai gosse et comme un petit pervers. Je m’allongeai sur lui et l’embrassais dans la nuque presque comme un sauvage en mordant sa peau, une main parcourant son torse et l’autre posée sur le boxer d’Ahren. J’étais déjà bien chaud mais il l’était peut-être autant. J’enlevais directement et lentement son dernier vêtement et me relevais doucement afin d’observer le corps entier du jeune homme. Je le fixa en suite droit dans les yeux avec un regard séduisant et reculais un peu avant de me pencher près de son membre. Je ne l’avais jamais fait, mais qu’importe il fallait un début à tout. J’étais complètement stressé mais le cachais aisément et paraissais à l’aise. Quelques doigts couraient sur son membre délicatement avant que mes lèvres se posent dessus. J’y déposais un bref baiser et léchais sensuellement et doucement sa verge, m’aidant d’une main, et remontais jusqu’à la partie supérieure de son sexe. Je m’y attardais quelques secondes et y jouais avec ma langue puis me relevais doucement pour revenir à ses lèvres. J’y déposais un simple petit baiser, ma main droite toujours occupée à lui faire doucement du plaisir, et souriais en silence sans me reculer l’espace de quelques microsecondes. Je me releva alors, déposa un baiser sur sa verge et me levais pour m’extirper du canapé. J’étais alors debout, Ahren toujours allongé sur le canapé, et je marchais d’un pas léger et loin d’être tracassé vers la cuisine. J’y ouvrais le frigo et le parcourais à la recherche d’une bière. Je me hissai sur l’ilot central de la cuisine et commençais à boire la bière au goulot en observant Ahren revenir vers moi. Je laissais volontairement un léger ruisseau de boisson alcoolisée couler sur mon torse et buvais d’un air légèrement amusé. Mon plan avait été exécuté à merveille. Qu’allais maintenant faire le beau brun ? Je me le demandais bien, mais j’avais hâte de voir.

Ce qui fit finalement Eliott laissa Ahren sans voix. Il ne s’était pas attendu à ça. Absolument pas. Pas une seule seconde. Mais il n’était pas déçu ou choqué, loin de là. C’était bien mieux comme ça. Sans comprendre trop comment ni pourquoi, il se retrouva sur le dos, sur le canapé et son partenaire le surplombait. Il lui adressa un regard désabusé puis, devinant dans ses mouvements son intention, un sourire vint se nicher sur son visage. Lui qui n’arrêtait pas de parler de l’innocence du jeune homme, il était en train de lui montrer par A+B qu’il pouvait très bien se dévergonder par moment, ce qui ne faisait qu’ajouter encore plus à son charme. Très vite, il se retrouva à son tour complètement nu. C’est qu’il était bien pressé finalement ! Il avait bien caché son jeu, le coquin ! Mais il n’était jamais trop tard pour rattraper le temps perdu. Tout en Eliott, son attitude, son regard, se voulait provocante tout en trahissant un peu de son manque d’expérience. Il n’avait rien qui puisse mieux le mettre en émoi. Cette provocation teintée d’innocence était proprement indécente et il sentait que son corps commençait à réagir agréablement à cette attraction. Ahren sentit ses doigts sur son membre puis ses lèvres. Il ne put réprimer un frisson. Sa langue prit bientôt le relais, le jeune allemand se tint d’une main au dossier du canapé et soupira légèrement. Il avait sous-estimé Eliott, c’était indéniable mais c’était peut-être mieux ainsi. Il avait toujours adoré les surprises. Mais il avait à peine commencé à faire jouer sa langue que déjà, il l’abandonnait. Complètement nu et avec une érection très prononcée, il s’était levé pour rejoindre la cuisine. Ahren l'observa sans comprendre un moment avant d’exploser de rire. Ce mec était vraiment impossible à prévoir.
Il se leva pour le rejoindre dans la cuisine, là où il avait trouvé refuge, assis sur le plan de travail central. Sa bière lui dégoulinait dessus. Il écarta la main la bouteille qu’il posa plus loin puis il lécha la goutte qui descendait le long du corps du jeune homme.

« Je crois qu’il y a quelque chose que t’as pas fini de faire, Babe… » Il grimpa à son tour sur le plan de travail mais lui se tint debout. Il prit la main et l’amena à se mettre à genoux devant lui. « Il me semblait que tu avais quelque chose dans la bouche… »

Il lui servit un regard entendu. Lui aussi avait besoin de… stimulations s’il voulait passer une bonne nuit tous les deux. Il tendit la main vers un des placards et en sortit une bouteille de chantilly. Il l’ouvrit, en mit sur son doigt avant de le mettre dans la bouche d’Eliott. Alors il attendit. Parce que le but n’était pas d’imposer quoi que ce soit à son partenaire mais au contraire de partager avec lui un maximum. C’était la base du plaisir. Un partage inconditionnel. Toujours. Celui qui n’avait pas compris ça, était un loser.

J’avais évidemment bien conscient qu’Ahren me prenait pour un petit innocent voire même un gamin, mais il faut toujours se méfier des apparences. J’avais souvent entendu que les moins extravertis en société étaient ceux qui se lâchaient le plus en question de sexualité. Je n’étais pas un sauvage, mais j’aimais tout autant être romantique que d’être taquin ou provocateur. Ce soir je laissais mon romantisme de côté et réservais mon côté provocateur à Ahren. Instaurer un petit jeu sexuel entre nous ne pouvait que faire monter le désir et pimenter un peu l’action. J’avais pris l’initiative d’exciter Ahren avec des caresses sensuelles et quelques baisers bien placés, et il fallait croire que cela avait plutôt bien fonctionné. J’étais au fond extrêmement fier de moi, et l’étais encore davantage en entendant le beau brun laisser s’échapper un petit soupir de plaisir alors qu’il s’accrochait au canapé. J’aimais l’effet que je pouvais produire sur lui. Je n’en avais pas fini avec lui, même si j’en avais fini pour le moment avec mes quelques caresses et petits plaisirs que je lui donnais, et comptais bien continuer à jouer. Jusqu’où pouvait se contenir Ahren ? Cette question m’intriguait, et je comptais bien en connaître la réponse.

Je laissais Ahren seul, allongé sur le canapé et bien excité, alors que j’allais m’installer sur l’ilot de la cuisine une bière à la main. J’entendis Ahren rire jusqu’à la cuisine, je comprenais qu’il prenait bien mon geste et appréciait l’initiative. J’attendais patiemment qu’il me rejoigne, étant presque sûr qu’il le ferait, laissant dégouliner de la bière sur mon petit corps pâle mais suffisamment attractif. Le jeune homme finit comme prévu par me rejoindre et se mit à lécher la goutte clandestine qui glissait sur mon corps avant de monter à son tour sur le meuble central. Contrairement à moi Ahren resta debout et par ses gestes et paroles m’incita à finir ce que j’avais commencé. J’étais à genoux devant lui alors que le jeune allemand essayais d’ouvrir un placard afin d’y attraper une bouteille de chantilly. Une âme d’acrobate, c’était bon à noter. Une fois avoir réussi à attraper cette gourmandise Ahren en déposa sur son doigt et l’introduisait dans ma bouche. Je suçais son doigt tout entier puis reculais et le léchais sensuellement en regardant droit dans les yeux Ahren un sourire provocateur aux lèvres. J’attrapai sa main vide et l’attirais vers moi pour l’allonger sur un côté de l’ilot central. Je refusais de me soumettre à lui à genoux. Je lui volais la bouteille de chantilly et en déposais légèrement sur sa verge. A partir de ce moment je recommençai mes gestes précédents et léchais d’un trait et lentement sa partie intime toujours avec le même regard et l’introduisais finalement dans ma bouche où j’entamais des va et vient tout en le caressant avec ma langue. Je ne m’y attardais pas trop longtemps, l’espace de quelques secondes en fait n’ayant pas l’habitude, et remontais progressivement ma bouche le long de son corps pour m’arrêter à sa poitrine, une main toujours occupé à lui faire plaisir pour compenser le mouvement bref de mes lèvres contre sa verge et l’autre caressant son torse. Je me mis à embrasser ses tétons un instant puis revenais à ses lèvres. Ma bouche se colla contre la sienne et j’encourageais Ahren à ouvrir ses lèvres pour me laisser l’embrasser de manière endiablée. Suite à ce baiser je quittais le corps d’Ahren et me posais à ses côtés, dos à lui et allongé sur le côté. Je tournais la tête pour le regarder avec un sourire charmeur. Je fais la grève maintenant. La bonne blague. J’attendais alors sa réaction en silence, faisant mine de l’ignorer.

Ahren regarda Eliott sucer son doigt avec un sourire de plaisir. Il s’allongea à ses côté, sous la pression du jeune homme à cet effet. Lorsqu’il introduisit à nouveau son engin dans sa bouche il se mordit la lèvre. La chantilly n’était pas une mauvaise idée, loin de là. Il avait une main sur nuque, accompagnant les mouvements de sa tête. Il se demanda si Eliott avait jamais fait ça avant ou pas. Il ferma les yeux. Puis il sentit sa bouche remonter sur son corps. Sa main n’avait pas bougé, continuant ce que sa bouche avait délaissé. Ahren baissa la tête et ils s’embrassèrent. Mais d’un coup, contre toute attente encore une fois, Eliott s’arrêta tout bonnement avec pour toute explication un simple Je fais la grève maintenant. pour toute explication. Pris au dépourvu, Ahren finit pourtant par rire. Eliott était impossible, vraiment. Impossible à anticiper, impossible à prévoir et il aimait ça.
Il se blottit contre lui, une main sur sa hanche, et l’embrassa sur l’oreille, dans le coup, sur l’épaule. Sa main glissa de sa hanche jusqu’à son pénis qu’il recommença à manipuler lentement. Mais cela n’allait pas durer longtemps, il le savait, ils allaient passer à l’étape suivante mais, idiot comme il l’était, il avait oublié le lubrifiant là-haut. Et il n’avait absolument aucune envie de monter le chercher et le redescendre. Aussi, il devait improviser. Qu’est-ce qui, dans la cuisine, pouvait lui servir. De l’huile. Se penchant par-dessus lui, il ouvrit le placard juste en dessous et en sortit la bouteille. Il l’ouvrit, plongea son doigt dedans et murmura à l’oreille d’Eliott :

« Détends-toi… »

Et il introduisit son doigt dans son anus, doucement. Il commença à le faire aller et venir vraiment doucement. Il ne savait pas si c’était la première fois ou pas pour Eliott mais la préparation restait la même. Il fallait qu’il le stimule vraiment s’il voulait pouvoir se ménager un chemin sans lui faire mal. Parfois cela prenait du temps, parfois pas du tout. Cela dépendait des jours, des humeurs, des envies, des gens… Autant de facteurs imprévisibles qui ne rendaient cette étape que plus indispensable. Encore une fois, le but était de prendre du plaisir avec lui, et non pas à ses dépens.

Faire tourner la tête d’Ahren me plaisait énormément, et bizarrement cela le faisait bien rire aussi. Après lui avoir fait à nouveau un petit plaisir comme il me l’avait demandé et ce assez sensuellement, je le laissais à nouveau et le prenait au dépourvu. Il riait, j’aimais sa réaction et savais qu’à sa place j’aurais sûrement été mécontent. Moi, il me fallait absolument tout ce que je voulais quand je voulais et où je voulais, j’avais été élevé comme tel et c’était un réel défaut que j’essayais d’effacer, en vain jusqu’ici. Ahren se rapprocha de moi après que je me sois allongé à ses côtés, dos à lui, et se blottit contre moi. Sa peau chaude contre la mienne était naturellement agréable, ses mains sur mon corps me faisaient frissonner. L’une d’elle glissa sur ma hanche puis sur mon sexe où Ahren entreprit quelques mouvements, je frissonnais à nouveau et fermais les yeux pour savourer le plaisir tandis qu’Ahren embrassais mon oreille, mon cou et mon épaule. Un soupir de plaisir, silencieux, se dégagea de mes lèvres et je devinais qu’Ahren l’avait senti, ma bouche étant presque contre sa peau. Je lui embrassais le creux de la mâchoire et me laissais docilement faire jusqu’au moment où Ahren stoppa son mouvement, et se pencha sur moi le bras tendu vers un tiroir. Que faisait-il ? Je faisais une petite moue et tournais la tête et l’épaule pour observer son visage avant de regarder ce qu’il voulait prendre.

Il sortit du placard une bouteille d’huile. D’après ce que j’avais pu lire sur internet dans les conseils, je devinais qu’Ahren voulait faire passer ça pour du lubrifiant. Sérieusement, de l’huile comme lubrifiant ? J’avais envie de rire tellement je trouvais ça amusant au fond, mais mon expression faciale restait figée. J’étais angoissé à l’idée de penser à ce qui allait arriver d’ici quelques secondes voire minutes. Je laissais Ahren se poser à nouveau derrière moi, l’entendais ouvrir la bouteille alors que mon stress montait à vive allure. Le jeune homme me murmura à l’oreille de me détendre, chose beaucoup plus simple à dire qu’à faire. Je sentis son doigt rentrer en moi, et je fermais les yeux, une expression assez crispée sur le visage. Fort heureusement, Ahren ne pouvait le voir à moins qu’il se penche sur moi pour vérifier que tout allait bien. Je sentais les légers mouvements qu’il effectuait, c’était tellement étrange pour moi. Je n’avais jamais fait ce genre de choses, et même s’il fallait un début à tout et que rien ne pouvait m’arriver j’étais complètement mort de trouille et n’arrivait pas à me détendre. Je me mordais la lèvre de crispation et n’ouvrais pas les yeux. Je n’osais pas reculer pour m’approcher de lui et recommencer quelques gestes à l’aide d’une main pour lui faire plaisir, j’avais peur d’aggraver mon cas et de me faire mal si je faisais le moindre geste. Je restais donc là, à ne rien faire, comme un crétin, presque terrorisé et surtout très crispé.

Eliott était crispé, Ahren pouvait le sentir. Il en déduisait donc que c’était sa première fois et qu’il était mort de trouille. Il fallait qu’il trouve un moyen de l’apaiser, de le mettre en confiance pour qu’il puisse commencer à aimer ça. Il n’y avait pas de quoi avoir peur. Au contraire, c’était en ayant peur qu’il risquait le plus de souffrir. Il allait lui montrer qu’il n’avait rien à craindre, il allait lui apprendre. Ce qu’on ne connaît pas nous fait toujours peur mais Ahren, comme un professeur attentionné, allait lui montrer que sa peur n’avait pas lieu d’être. Il allait lui apprendre.
Il retire son dos et se redressa. Appuyant sur les épaules d’Eliott il l’incita à se mettre sur le dos et à le regarder dans les yeux. Il lui caressa gentiment la joue avec un sourire tendre avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

« Je suis pas là pour te faire du mal, Eliott crois-moi. Fais-moi confiance. Détends-toi, tu vas aimer ça… »

Il lui fit un sourire rassurant et cette fois-ci fit rentrée du doigt, chose qu’il n’aurait pas pu faire si Eliott n’aimait vraiment pas ça ou ne s’était pas détendu. Il lui sourit et l’embrassa à nouveau. Il accéléra un peu sans pour autant y aller trop fort ou enfoncer ses doigts complètement. Il embrasse Eliott sur le torse puis sur le ventre avant de recommencer à s’occuper de son membre avec sa bouche. Il fit des va-et-vient et fit jouer sa langue dessus. Le but : détendre un maximum à Eliott, associé cette sensation à du plaisir dans sa tête, qu’il arrête de la craindre.

« Dis-moi si je te fais mal ou si jamais tu veux que j’arrête. N’hésite pas surtout. »

Il était sincère.

J’avais oublié un petit détail dans mes petites stratégies pour qu’Ahren ne remarque absolument rien de ma crispation : Son doigt en moi. Forcément, si j’étais contracté il devait naturellement le sentir. Je sentis Ahren se décoller de moi, je devinais qu’il avait senti. S’il l’avait senti, alors je devais être beaucoup plus contracté que ce que j’avais pu imaginer jusqu’à présent. C’était tellement bizarre pour moi, je n’avais pas du tout l’habitude et c’est à ce moment que j’imaginais que c’était presque ce que ressentais chaque fille. Alors que je pensais à cela vaguement Ahren se redressa et fit pression sur mes épaules afin que je m’allonge. Je ne cherchais pas à lui résister et m’allonger sur le dos. Je voyais qu’il me regardait, je faisais de même.

Son regard chaleureux, patient et doux m’encourageait silencieusement à me détendre tandis que mes yeux devaient certainement exprimer un minimum de détresse. Ses lèvres se posèrent sur les miennes doucement et Ahren continua à essayer de me rassurer, c’était compliqué pour moi. Bien entendu que je savais qu’Ahren n’était pas là pour me faire du mal et qu’il s’agissait juste de nous faire plaisir à tous les deux, mais ça n’en restait pas moins effrayant. Cependant, je me voyais mal lui dire avec des yeux larmoyants de crispation et les mains tremblantes Ahren, j’ai peur, doucement arrête, et en plus de ça me mettre à pleurer. C’était pathétique à imaginer. Heureusement que je n’étais pas rendu à ce point-là encore.

Ahren me souria à nouveau d’un air patient et rassurant et je me concentrais à faire baisser mon stress et à détendre mes muscles comme me l’avait conseillé le jeune homme. J’arrivais à faire descendre progressivement mon stress en pensant à des choses relaxantes et en fermant les yeux pour imaginer une autre scène. Moment vite interrompu lorsque je sentais à nouveau le doigt d’Ahren en moi. Mes muscles étaient plus détendus, c’était alors plus simple pour Ahren. Le jeune homme devait alors sûrement se sentir plus soulagé. Un doigt ça allait, deux ça allait être plus compliqué mais faisable, et le sexe d’Ahren serait alors d’un complexe inimaginable. Je me répétais de ne pas penser à ça et me focalisais sur l’instant présent. Tout allait bien, ce n’était pas désagréable, même bien au contraire. Ahren accélera doucement son geste et vint déposer quelques baisers sur mon torse avant de recommencer à s’occuper de ma verge. Je soupirais de plaisir et écoutais Ahren me conseiller de lui dire si j’avais mal ou si un problème se présentait. J’acquieçais d’un mouvement de la tête et soupirais un peu plus de plaisir avant de lui dire, après quelques minutes, Vas-y, je suis prêt. Je crois .... Il va sans dire qu’il fallait y aller doucement, très doucement étant donné que je n’étais pas persuadé que tout se passe à merveille sans un cheveu sur la soupe.