« Félicitations Monsieur et Madame Winters, c'est une fille ! » Une fille, la première de la famille. Je ne précise pas la joie de mes parents à cet instant là. Une joie du côté de mon père qui paraissait tout de même fausse. A cet instant précis, personne n'imaginait ce qui se tramait. Personne, sauf mon père.

L'enfance est la période de l'insouciance. On découvre le monde à notre manière, on s’émerveille pour un rien, une mimique et on part en fous rires. Des moments à la fois simples et enrichissants. Le début de la vraie vie. Beaucoup souhaite retomber à leur plus jeune âge pour pouvoir goûter de nouveau à cette joie inconditionnelle. De mon côté, j'étais très bien avec mon temps. Je grandis même un peu trop vite. Outre le fait d'avoir de très bons résultats scolaires, mes parents mettaient un point d'honneur sur notre éducation. Tout avait si bien commencé pourtant... Mais quand vient l'adolescence, tout recommence. Le monde qui nous entoure nous paraît complètement étranger, on a soif de nouvelles conquêtes et surtout, de nouvelles expériences. On atteint nos limites pour ensuite aller au-delà en l'espace de quelques secondes seulement. Oui, quelques malheureuses secondes peuvent changer à tout jamais une vie. C'est fou quand même. C'est flippant je dirais même. Mais c'est ainsi. Quand on veut profiter de l'instant présent, on en assume les conséquences. Chose que j'ai eu du mal à faire à cette époque. Etant naïve et très influençable, je me pliais aux moindres désirs de mes amis, histoire d'être dans le « mouvement », disait-on. Une série d'épreuves, des épreuves qui permettront de dire si oui ou non on mérite de faire parti de tel ou tel groupe d'individu. Lorsqu'on réussit, c'est l’ascension sociale. En revanche, lorsqu'on échoue, on se retrouve au fond du fond du trou. (GLEEEEE) Moi, dans tout ça, j'étais suspendue à une branche, qui n'allait pas tarder à se casser. Non pas parce que je n'avais pas de vie sociale. Justement, j'en avais une qui me poussait à faire des choses impensables. Au jour d'aujourd'hui, ce n'est plus choquant, surtout lorsqu'on a vingt-deux ans, mais quand on a seulement quatorze ans, ça a un tout autre effet. Un effet aussi bien sur soi-même que sur son entourage. A trop boire, fumer, ou en touchant à la drogue, on ne se contrôle plus. C'est comme si on était pris dans un tourbillon infernal, un tourbillon duquel il est quasiment impossible de sortir. Et puis, niveau réputation, mes parents ne s'attendaient pas du tout à ça. Jusque là, j'étais la petite fille parfaite. Celle qui était à la fois belle et intelligente, l'espoir de toute une famille. Même si ma relation avec Aurelia, ma sœur, n'était pas des plus belles, elle m'a toujours couvert. Que ce soit aussi bien pour des affaires de drogues sous le matelas ou alors des petites virées en pleine nuit. Je lui rendais service à ma manière. Nous aimons toutes les deux être bien habillées. C'est pourquoi nous avions l'habitude de nous prêter des vêtements de temps en temps.

Deux mille neuf ▬ Los Angeles n'était plus assez bien pour moi. Il fallait que je change d'air, que j'élargisse mes horizons, une nouvelle fois. C'est pourquoi du jour au lendemain, je décidai de mettre les voiles, laissant mes parents, ma sœur ainsi que mon frère derrière moi. Je sais que c'est étrange comme comportement, mais j'ai l'impression que toute notre vie n'est construite que sur un mensonge. Un mal être que je n'arrive pas à estomper. Cette chose reste à l'intérieur de moi. Dans ce cas, si c'est pour vivre tourmentée toute ma vie, autant en changer radicalement. De toutes façons, mes parents seront plutôt heureux de se débarrasser d'une fille comme moi. J'étais assez populaire là-bas, ce qui n'était pas au goût de mes parents. C'était surtout la manière dont je me suis hissée au sommet qui ne leur a pas plu. Petit à petit, je devenais de plus en plus forte. Je parvins au bout de quelques années à trouver ma personnalité, celle qui me correspondait. Les nuits arrosées, la décadence et dépassement des limites étaient ce que j'appréciais le plus. Au fort caractère, j'arrive toujours à obtenir ce que je souhaite. En plus de cela, je ne me laisse pas faire : quand on me provoque, je réplique. San Francisco m'avait l'air bien. J'aimais trop la côte Ouest pour changer littéralement d'endroit. Etudiante en droit depuis deux ans maintenant, je souhaiterais intégrer la célèbre Université de Berkeley, là où j'étudierais le commerce international. Ma candidature fut bien évidemment prise, et pour tout ce qui était financier, j'avais le droit à des bourses. N'était-elle pas belle la vie ? En tout cas, ce que je vais découvrir dans cette si grande ville va être au-dessus de ce que je pouvais m'imaginer !