« Maman, où il est papa ? » « Je l’ignore ma chérie … » « Il rentrera bientôt ? » « Je ne pense pas … » « Pourquoi ? » « Sloveigh, je t’en supplie, arrête de poser des questions sur ton père … » « Mais … Tu dis toujours qu’il va revenir mais ça fait des jours et des jours et il n’est toujours pas là … Il me manque » « À moi aussi ma puce … » « Alors, pourquoi tu l’appelles pas pour lui demander de revenir ? » « Sloveigh mon cœur … Je suis vraiment désolée … » « Pourquoi tu pleures maman ? » « Ton père ne reviendra pas ma chérie … Il est mort …. »
Quelques mots qui eurent pour effet d’anéantir la petite fillette de neuf ans à peine, si jeune, si innocente. Il était mort si subitement. Il avait toujours été un héros pour Sloveigh et puis un jour tout s’est arrêté. Elle ne savait pas, elle n’a jamais su ce qu’avait tué son père. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il était mort. La petite Sloveigh avait connu neuf ans de bonheur avec ses parents. Famille simple, fille unique, elle avait toujours reçu énormément d’amour. C’était un petite fille tellement heureuse, qui aurait cru qu’un jour, son magnifique sourire disparaitrait sous une si grande tristesse ? Les jours, les semaines, les mois et bientôt les années, ne changèrent rien à la peine de l’enfant. Elle n’arrivait pas à oublier son père, cet homme qui avait été si longtemps une partie si énorme de ce monde, cet homme dont elle avait encore tellement besoin et qui ne serait plus jamais là, ni pour elle, ni pour sa mère. Ha sa pauvre mère, si déchirée par la mort de son époux, abattue par cette perte dont elle ne s’est jamais remise. Elle regarda sa fille grandir en silence, incapable de l’aider, incapable de lui dire que tout allait bien se passer, que les choses allaient s’améliorer, tout simplement parce qu’elle n’y croyait plus. Et, les années continuèrent de défiler, sans s’arrêter, sans se soucier des habitants de la petite terre, sans se soucier de Sloveigh et de sa mère …


« Qu’est-ce qui se passe ici ? » « Mademoiselle calmez vous et restez dehors ! » « Mais c’est chez moi ici, vous allez pas m’empêcher d’entrer chez moi ! Qu’est-ce qui se passe on s’est faites cambrioler ? Où est ma mère ?! » « Mademoiselle O'Gallaway je présume ? » « Mais oui ! Vous attendiez à voir qui ? Le père noël ?! » « Calmez vous, je dois vous parler … » « Me parler ? Pourquoi ? Où est ma mère ?! » « Mademoiselle, suivez moi … » « S’il vous plait, je veux juste que vous me répondiez, où est ma mère ? » « Je suis désolé Mademoiselle … » « Désolé ? Pourquoi ? Où est-elle ? » « Elle est … décédée … »
Une phrase qui tomba comme la pire des sentences. Sloveigh avait quatorze ans, elle rentrait des cours et voilà qu’on lui apprenait que sa mère était morte. On lui appris aussi qu’elle s’était donné la mort. Elle avait toujours su que sa mère souffrait en silence depuis la mort de son père, mais elle n’avait jamais pensé qu’elle irait jusque là. Sa très chère maman. La dernière personne qu’elle avait encore dans sa triste existence. Elle se sentait si nulle de n’avoir su l’aider. Si elle avait été à la hauteur, sa mère aurait trouver en elle la force de survivre. Pourtant, elle avait tout abandonné, elle l’avait abandonné elle. La jeune femme était extrêmement triste, elle aimait tellement sa mère et pourtant, au fond d’elle-même, elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir. Elle avait était tellement lâche pour ne pas rester avec elle, tellement égoïste en décidant de partir en laissant sa fille seule dans ce monde de fou. Et la voilà envoyée chez sa grand-mère, au fin fond de l’Irlande, une petite ville, ou plutôt une petite maison, entourée de pleines immenses, sur une falaise contre laquelle s’écrase sans cesse la mer et comme seule compagnie, sa grand-mère et des moutons ! La ville est un peu plus loin, de quoi la faire marcher tout les matins pour atteindre le collège ! Génial. Cela dit, la jeune femme à toujours beaucoup apprécier sa grand-mère, dernière survivante autour d’elle, elle ne pouvait que la remercier de ne pas la laisser tomber ! Et pourtant, ce fut elle qui la quitta, pour partir faire ses études bien loin de son Irlande natale. San Francisco, un nouveau départ dans la vie de la jeune femme.


« Docteur ? Vous avez mes résultats ? » « En effet mademoiselle O’Gallaway … » « Vous faites une tête bizarre … C’est si mauvais que ça ? » « Cardiomyopathie hypertrophique » « Pardon ? » « Maladie cardiaque génétique en gros … » « Génétique ? Quelqu’un d’autre à ça dans ma famille ? » « Personne n’est décédé subitement d’une insuffisance cardiaque ? » « Mon père est mort quand j’étais enfant, mais j’ignore de quoi … » « C’était peut être ça … » « C’est vraiment dangereux ? » «  Oui, il s’agit d’une mutation génétique, qui entraine une modification des protéines du myocarde.» « Soyez sincère, je vais mourir docteur ? » « Il existe des traitements mademoiselle O’Gallaway, mais la maladie ne disparaitra pas. » « Traitement à vie ? » « C’est toujours mieux qu’un arrêt cardiaque … » « Je suppose oui … Et, si jamais j’ai des enfants, ils l’auront aussi ? » « Pas forcément … »
Une nouvelle qui tombait comme ça, bien sûr, elle ne s’y attendait pas, elle était malade, on lui avait dit de passer des examens à l’hôpital et elle apprenait qu’elle avait une maladie cardiaque irréversible, mortelle et génétique ! Bien sûr, elle allait suivre le traitement, elle n’avait pas envie de mourir, pas maintenant, elle était bien trop jeune, elle était encore étudiante en criminologie, elle rêvait encore au grand amour, à la vie de famille, avoir des enfants, des petits-enfants ! Et tout ce qu’elle avait aujourd’hui, c’était une maladie qui pouvait la tuer à tout moment ! Elle aurait pu retourner chez elle, retrouver les quelques personne qui en Irlande tenait à elle et leur dire ce qui lui arrivait et pourtant, ce soir là, elle eu sa grand-mère au téléphone, et quand elle lui demanda comment elle allait, elle répondit « bien », comme si de rien était. Elle n’avait pas l’intention de dire quoi que ce soit, elle ne voulait pas l’inquiéter, ni elle, ni ses amis alors, il était bien plus simple de nier l’évidence, et de vivre au jour le jour, en évitant un maximum la compagnie d’autrui, sait on jamais, si elle devait mourir demain, elle préférait de pas blesser trop de monde, perdre un proche, elle savait trop bien à quel point cela pouvait faire mal.


« Je te sers quoi ? » « Une Tequila s’il te plait … » « Encore ? » « Oui, encore. » « Quatrième ? » « T’es barman ou policier ? » « Okay, bourre toi la gueule, au moins, tu arrondis mes fins de mois ! » « Parfait alors ! » « En effet » « Et dépêche toi un peu » « Ça va, arrête de râler » « Plus j’ai d’alcool dans le sang, plus je suis chiante ! » « Bah alors je vais te servir une limonade sinon, j’suis sûr que quelqu’un finira par se pendre si t’es encore plus chiante » « Ferme la et sert moi cette tequila ! » « Tiens, la vla ! » « Merci bien ! » « Sinon, ça va ? » « Ouiiii ! Pourquoi ça n’irait pas ? » « J’en sais rien … Comme ça » « Et toi ? La vie tout ça … Tout va bien ? » « Ouais » « Parfait ! Aller à la tienne ! » « Bois pas cul …. Sec … Trop tard … » « Aller rempli moi ça encore ! »
Une soirée pas si lointaine que ça au bar, en compagnie de son barman préféré - ou pas - Blake ! Une soirée dont elle ne se souvient sans doute pas à l’heure actuelle, tant elle avait bu. Certes, elle était complètement ivre, une soirée pour oublier ses problèmes sans pour autant les révéler au grand jour. Ce qu’elle aurait aimé c’est le faire parler un peu de lui chose impossible ! Et même si elle avait réussis, de toute évidence, elle ne se souviendrais même pas de ce qu’il aurait pu lui dire, le fait qu’elle avait peut être rencontré son alter égo masculin ! Un solitaire, tout comme elle, voir même plus qu’elle, la bonne affaire tiens donc ! Curieuse, elle voudrait en apprendre plus sur ce type, même si elle a la net impression de ne pas pouvoir le supporter !