Voilà trois jours que je savais que je ne pourrais pas mettre au monde un bébé. Si vous saviez la sensation, le sentiment que j’ai ressenti quand on me l’a annoncé. Moi qui croyait n’être qu’enceinte, ça avait été une belle surprise ! Je me sentais tellement mal. Encore à cet instant, alors que je me rendais à la fête foraine, j’avais la rage au ventre. En plus, il existait un bon nombre de causes liées à la stérilité, et il fallait –évidemment- que je tombe sur une des causes qui n’étaient pas reconnues par les scientifiques. Après tout, comme m’avait dit la gynécologue, 10% des stérilités étaient inclassables. Je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi-même de toute façon, si je n’avais pas consommé trop de drogues ces cinq dernières années, si mon frère n’avait pas été tué, je suis sûre que je serais en mesure de pouvoir faire un enfant. J’avais peut-être trop « craché » sur le fait de tomber enceinte, et tout retombait sur mes épaules, comme un mauvais sort ! J’étais une jeune femme qui tenait à sa dignité, et elle s’était envolée en une prise de sang, trois examens et des paroles. J’étais impuissante.

J’avais proposé à Charlotte de venir passer la soirée avec moi. Il fallait absolument que je sorte de chez moi, que je me change les idées. La journée de mardi, je l’avais passé entre ma chambre et ma salle de bain. J’étais restée toute la journée en pyjama. Je pense que cette fête foraine me ferait du bien. Charlotte m’avait parlé d’un groupe qui passait ce soir, les … Je ne me souvenais même plus de leur nom mais apparemment ils étaient mignons et faisaient de la bonne musique. Autant passer la soirée à faire les groupies tiens ! Nous nous étions données rendez-vous devant l’entrée à 9 :00 pm. J’y étais enfin arrivée. J’avais hâte qu’elle arrive, j’avais hâte de rigoler avec elle, de crier à tout bout d’chant des woah… oh yeah ! , j’avais hâte de reprendre goût à la vie ce soir ! Je ne savais pas encore si je lui parlerais de mon problème, personne ne savait à part mon petit-ami, et mon meilleur ami. J’avais trop honte. Charlotte, dépêche-toi de venir, avant que mes pensées m’enfoncent à nouveau dans de morbides et sombres envies.

Ah, mes cheveux, comment j'aimais ma tignasse. La pauvre, elle en avait vue de toutes les couleurs, je me demandais même si je n'allais pas finir chauve dans quelques temps! N'empêche, que j'aimais me distinguer de la mode, de toutes ses filles blondes, ou brunes et puis au moins on pouvait me repérer à plusieurs mètres, chose très utile quand on fait un mètre soixante comme moi. Je plissais des yeux, pour essayer de voir la jolie brune qu’était Charlotte. Non… Personne, mais où était-elle ? « Salut ! » De Dieu ! Je venais de sursauter comme je ne sais pas quoi et instinctivement je mis une main sur ma poitrine. Mes yeux verts se posèrent sur mon amie qui venait d’arriver. « Tu m’as fait peur ! » Dis-je avant de lâcher un petit rire. J’hochai la tête pour répondre à sa question. « Ça va, ça va et toi ? » Mentir c'était mal. Elle me répondit dans l’immédiat et je pris son bras dans ma main pour l’amener vers le lieu où se passerait le concert. Il ne fallait pas qu’on se perde de vue, il y avait pas mal de monde, pas mal de pétasses aussi, qui venaient sans doute que pour le physique des musiciens. Tout le monde sait qu’en général les musiciens sont intéressants à regarder. C’était le mythe des musiciens. En exemple, mon petit-ami. Il faisait de la musique et … Mon Dieu ce qu’il était terriblement mignon ! C’est pour dire, je me sentais moche à côté de lui. Dès que je le voyais je ne pouvais m’empêcher de dire que la nature l’avait bien gâté. Et son corps… Bon il fallait que j’arrête de fantasmer sur Drake deux secondes, ou j’allais finir par mouiller dans ma culotte, ahaha. Dans tous les cas, si j’aurais été voir un concert de mon copain, j’aurais déjà mis K.O ces filles en chaleur. J’étais une fille particulièrement jalouse, même si aux premiers abords ça ne se voyait pas. Quand à Drake, il était possessif. Je n’aimais pas tellement quand il me disait que j’étais à lui, j’avais l’impression d’être comme prisonnière à lui, mais dans d’autres circonstances, quand j’étais défoncée et que j’étais prête à faire l’amour avec lui, cette phrase avait le don de m’exciter. Bref, je ne parlerais pas de ma vie sexuelle ici.

Charlotte & moi payâmes l’entrée qui était vraiment peu chère. Seulement 5$ ! « Ça ne te dérange pas qu’on se mette vraiment devant ? » J’avais envie de m’amuser ce soir, quitte à passer aussi pour une groupie en chaleur s’il le fallait. Je voyais déjà un rang de filles en mini-jupes s’être installés devant la scène. Fastoche pour les virer, il fallait leur pincer l’arrière des cuisses, et ça faisait bien mal ça. A côté, j’avais mis mon look de rockeuse comme Anaïs l’avait fait. J’avais pris un tee-shirt de Green Day qui appartenait à Drake - donc en somme il était bien grand - et j’avais mis en dessous une sorte de leggins gris noir avec des motifs panthère, et des vans aux pieds. Bon ça faisait un peu look poubelle aussi, mais ce n’était pas grave, j’aimais bien. « Ça se passe bien avec Eliott ? » Avais-je demandé tandis que nous avancions dans la foule.

Au fond, je pense que Charlotte n'était pas si loin de moins au point de vue moral. Elle avait l'air de vouloir toujours aider les gens, avant même de penser à elle. J'agissais de la même façon. C'était d'abord les autres, puis moi. Pour ne pas penser à mes petits soucis, je faisais comme si de rien n'était, et optais ma légendaire et mythique bonne humeur. Les individus qui me connaissaient pas ou peu, devaient penser que j'étais toujours de bonne humeur 24h/24 et 7j/7. C'était parfait, c'est cette image que je voulais donner de moi, et j’espérais qu'à l'avenir, je n'aurais plus à me forcer à prendre cette image joyeuse lorsque je vais mal. J'aimerais l'avoir naturellement et vraiment tout le temps. Je trouvais ça pénible et pathétique les gens qui se méprisaient sur leur sort, et qui broyaient du noir, tout le temps. Je trouvais cela pathétique mais en même temps j'avais envie de leur donner un coup de main, pour les aider à voir la vie en rose. La vie était bien trop courte, pour se plonger dans un puy noir sans fond.

Je me mis à rire, en entendant la remarque de Charlotte sur les filles. Effectivement, qu'attendez-t-elle réellement? Se faire baiser par un mec en sueur tatoué et percé, qui l'abandonnerait le lendemain? C'était nul, mais j'avouerais que j'avais connu cette période quand j'étais plus jeune. L'époque des coups d'un soir, comme on dit ou alors sex friends. Haha, c'était marrant, mais ça ne manquait pas plus que ça, ma vie de couple avec Kennedy me convenait parfaitement. La brunette fut d'accord pour aller squatter les devants de la fosse. Super! Nous lutions donc pour passer les groupies, les rockeurs, les emos copiés-collés et les gens normaux. Mon amie en profita pour me dire qu'avec Eliott ça se passait bien mais que c'était nouveau. Était-ce sa première relation amoureuse? Ou était-elle comme moi? Mon dernier couple remontait à 3-4 ans, c'était aussi un peu nouveau pour moi de redécouvrir toutes les bonnes choses (et mauvaises) d'un couple. « Avec Drake, ça se passe bien! » Dis-je en souriant, puis j'ajoutai « Je me sens bien avec lui. » J'étais heureuse. Mon regard s'était perdu dans le vague en disant ça, et un sourire béa s'était affiché sur mes lèvres. J'étais sincère, là. « Aïe, connasse tu m'as marché sur le pied! » Je revenais sur Terre, et levais les yeux vers une ... OMG. Je détestais ça, les filles toutes refaites, en clair je n'aimais pas la chirurgie esthétique. J'affichais une face d'étonnement et de dégoût, mes yeux rivés sur sa poitrine gonflée. « Azy, Samantha, on a affaire à des gouines, regarde comment la poil de carotte me reluque les nichons. » J'éclatais de rire. Mais elles étaient grave. « J'espère pour toi, que tu ne t'étoufferas pas avec, et que tu arriveras quand même à atteindre le lit du bassiste. » Dis-je en pointant du doigt le bassiste du groupe qui venait d'arriver sur scène sous une huée de cris hysthériques. « Okay, je te lance un pari la rousse. Celle qui arrive à avoir le beau gosse dans son lit a gagné. » « C'est complètement stupide! » « Les homos sont tous des putains de lâches, de toute façon. » Je serrais les poings, je n'aimais pas les gens qui avaient un problème contre l'homosexualité. Charlotte dit/fait quelque chose, ou je lui arrache ses seins.

La situation présente m'amusait et en même temps m'exaspérait. Pour tout dire, ça faisait longtemps que des filles de ce genre - soit des pétasses - ne m'avaient pas embêté ou embêté un de mes amis. C'était plutôt comique. Ce genre de situation, je l'avais au moins déjà vécu lorsque je me trouvais encore au lycée. Il y avait une fille réputée pour faire manger la poussière à tout le monde. C'était un pot de peinture, elle était maquillée comme une voiture volée, portait tout le temps des robes moulantes et décolletés qui donnaient l'impression qu'elle avait du monde au balcon mais en fait ce n'était seulement que du rembourrage. Je l'avais humilié à une sortie de cours, je lui avais sortis ces quatre vérités et par coup de bol, elle avait ensuite arrêter de se jouer la peste. Faut croire qu'à dix-sept ans, j'étais assez convaincante et courageuse, pas comme maintenant, haha.

Je vis Charlotte entrer en scène, prendre une aspiration et parler à ces pétasses.

[…]

Woah, belle répartie pour la brunette ! C’était gentil de me défendre. D’ordinaire, c’était moi qui avait le rôle de défenseuse (si on peut dire cela comme ça) vers mes amis. Je souriais fièrement du style ouais ma pote c’est la plus forte, elle a réussi à vous dégager ! Charlotte avait l’air sur les nerfs et je posai une main sur son épaule « C’est bon, tu as bien fait. Oublie-les.» J’entendis des cris derrière moi, des cris d’excitation, de joie, de surprise. Je pivotai sur mes talons, pour voir que le groupe entrait sur scène. Ils étaient vraiment attendus ! Pour tout dire, je ne connaissais pas trop le groupe, et je n’avais jamais entendu leurs chansons sur le net. Cependant pour jouer le jeu, et bien être dans l’ambiance, je levai mes bras et lâchai des « Yeaaaaah ! »

Dès les premières notes, les premières paroles, je sentais que j'allais apprécier ce groupe. Charlotte et moi étions au niveau du bassiste et du deuxième guitariste, et fallait l'admettre qu'ils n'étaient pas vilains à regarder.



{HJ: désolée mon post pue vraiment le pâté ><

J’avais beau être en couple et heureuse avec mon petit-ami, que tout de même je trouvais que j’avais le droit de regarder un autre garçon tant que ça s’arrêtait à là. Puis bon, j’étais jeune, j’avais le droit d’avoir envie de plaire, non ? Ce n’était pas méchant. Doucement, je commençais à m’agiter au rythme de la musique, secouant mes cheveux roux. Je n’étais pas une super danseuse, enfin pour tout dire je n’avais jamais suivi des cours de danse. Toutefois, sans vouloir me vanter, si je m’appliquais je pouvais me débrouiller à bien me déhancher. Même des fois, il me prenait de mettre la musique à fond chez moi et de m’amuser à me trémousser devant le miroir. Dans ces moments-là, j’étais toute seule – et encore plus depuis que Levanah était partie- mais je trouvais ça trop marrant. En plus, ça me permettait de faire un peu de sport, en plus du roller derby que je faisais une fois par semaine !

Bref, j’avais envie de monter sur scène, haha ! Aller, ces mecs-là avaient l’air sympas, chaleureux, ils étaient nouveaux, il fallait qu’ils fassent monter des gens.

Sérieusement… Je rêvais de faire partie d’un groupe. A l’âge de quinze ans, avec des potes, nous avions eu pour projet d’en monter un, mais il n’avait pas duré longtemps. Seule chez moi, j’écrivais des chansons, travaillais les paroles, ainsi que la musique. J’aimerais qu’un jour les faire écouter, qu’on me fasse des compliments sur un de mes seuls talents.

Je m’amusais à fixer le bassiste. Il me souriait de temps en temps. S’il te plaît, fais-moi monter avec mon amie Charlotte sur scène…




{HJ: c'est affreux D: encore désolée