Le week-end tirait à sa fin. Celui-ci avait été long et pénible. Entre Ciara qui me plantait la pour aller s’amuser avec une de ses nouvelles conquêtes et Robbyn qui me faisait la gueule depuis quelques jours maintenant, j’étais dégouté. D’ailleurs, qu’est-ce qui lui prenait d’agir comme ça avec moi ? Un jour c’était bien, l’autre non, un jour c’était blanc et celui d’après noir. Honnêtement je ne savais plus quoi penser de tout cela et pour tout vous dire, il commençait sérieusement à me manquer. Nos petits conflits avaient eu raison de nous et j’étais réellement déçu.
Enfin bref. Le soir venu, je m’étais confortablement installer sur mon canapé, pc sur les genoux et avais entrepris de faire ma petite tournée facebook. Les gens causaient de chose vraiment ridicule et pour pas changer, j’avais décidé de publié une merde sur le cul histoire de faire réagir les plus pervers d’entre nous. Enora répondit à l’appel et contre toute attente, Robbyn aussi. La discutions avait vite fait de tourné au ridicule, pour prendre fin assez rapidement sur des notes d’encouragements vis-à-vis de mon meilleur ami qui devait bosser une partie de la nuit.
J’étais assis la, à fixer la liste de mes contacts disponible et fini par prendre mon courage à deux main pour aller lui parler. J’avais vraiment envie de le voir, et espérait du fond du cœur qu’il accepte que je lui rende une petite visite au club, mais comme toujours, la discutions ne se déroula pas comme prévu. Après de longues minutes à discuter, nous avions convenu qu’il passerait me voir après le boulot, histoire de reparler de tout ça. Lorsqu’il quitta pour aller se chercher à manger, j’éteignis mon ordinateur, enfila mes chaussures et me rendit à son lieu de travail, pour aller lui porter la clé de mon appartement et revins directement chez moi pour me reposer un peu. Dieu sait que je n’allais pas tarder à me faire réveiller par ce putin de réveille de merde.
Lorsque cinq heures arriva, la sonnerie de mon portable m’éjecta hors de mon profond sommeil et me fit ouvrir les yeux brusquement. Je n’avais pas pour habitude de me réveiller et à cette heure et je dois avouer que j’étais un peu paniqué. Je regardai à droite et puis à gauche, pour finalement apercevoir Robbyn qui se tenait assis à mes côtés. Sa présence m’apaisa tout de suite. Je refermai donc les yeux quelques secondes, et fini par me redresser doucement dans mon lit.
« Hey … Ça va ? Ça fait un moment que t’es là ? » Je lui souris et repris « Pas trop fatigué ? … »
Qu'est-ce que je fiche ici, moi? Je sais pas. À chaque fois qu'il s'agit de prendre une décision en ce moment, je suis incapable de faire un choix. Je lui fais du mal, n'est-ce pas? Oui, il l'a dit lui-même. je lui fais du mal, il ne me cache pas ce qu'il ressent. Ce qui me retenais à chaque fois, c'était cette petite voix dans ma tête... ce fichu espoir qu'on a tous de voir son compagnon se "réveiller" et venir vous voir un jour avec les bras grands ouverts. "Hé, c'est bon Robbyn, je suis là maintenant, je vais m'occuper de toi, arrête de te poser des questions." Andrew, je sais plus quoi penser. Ce que tu penses de moi, c'est quoi? Un pote avec qui s'amuser pendant que t'es jeune et de qui tu finiras par t'ennuyer dès qu'une fille débarquera dans ta vie? Mais c'est pas ça que je veux, moi... c'est pas ce que je veux. Tu penses qu'il y a que les filles qui veulent entendre "j'veux passer ma vie avec toi"? Sors un peu de ma tête, au moins quand je suis avec Yuri, s'il te plaît.
Cela faisait un quart d'heure que j'étais rentré dans l'appartement vide en faisant le moins de bruit possible, et exactement treize minutes vingt-cinq que j'étais assis sur le lit où dormait le jeune homme à qui appartenait la chambre. Impossible de décrocher les yeux de son visage endormi, impossible de bouger non plus... je restais simplement là, comme un pauvre crétin, à regarder un gars qui ignorait totalement ma présence. Le silence ambiant me laissait largement la place pour réfléchir à la situation actuelle, et plus le temps passait, plus je me disais que c'était d'un type comme ça que je voulais. Est-ce que je l'aimais? Oui, bien sûr, c'était même la première personne en dehors de Mary Jude qui était parvenue à me faire voir autre chose que mon petit-ami. Il me rappelait qu'il y avait autre chose qu'Andrew dans cette ville, et... et il était tellement gentil. Il m'écoutait quand je lui parlais, il s'est impliqué comme aucune autre de mes connaissances quand je lui ai dis que j'avais un temps de vie encore plus limité qu'avant à partir de maintenant. Il... il était à peu près tout ce qu'on pouvait désirer dans une relation amoureuse, et moi je lui disais "non", "peut-être", "je sais pas". J'suis vraiment con, hein? Un jour, il voudra même plus me parler parce que je l'aurai usé au maximum. J'suis désolé Yuri...
Après quelques minutes d'attente, j'avais fini par tendre un bras vers le jeune homme pour toucher son visage du bout des doigts avant de me redresser à nouveau, puis de me coucher, et de me rasseoir plus tard. J'aurais pu faire ça pendant des heures. C'était simple, il ne me parlait pas, il ne me regardait pas, je n'avais donc pas à affronter les sentiments dans ses yeux. Enfin bref... après un moment, le réveil a fini par sonner, et Yuri s'est enfin tiré de son sommeil plus ou moins violemment. Ca réaction me fit sourire.
Hey … Ça va ? Ça fait un moment que t’es là ? Pas trop fatigué ? … Un peu fatigué, mais ça va... tu peux continuer à dormir, hein.
Je me suis allongé près de lui en croisant les bras devant moi pour poser la tête dessus un instant plus tard.
Lorsque j’ouvris les yeux, je dois avouer que j’étais un peu perdu. En même temps, ce n’est pas tous les jours que j’avais la chance de me réveiller à cinq heures du matin avec Robbyn à mes côtés. De quoi avais-je l’air ? Est-ce que j’avais bavé ? Valait mieux ne pas penser à cela sinon … enfin. Je fini par me sortir de cet état végétatif et me redressai dans mon lit. Lui il était la assis, sourire aux lèvres. Par où devais-je commencer ? Attaquer directement ou …
Comme toujours j’optai pour la méthode douce. Je ne voulais pas le brusquer, surtout qu’il avait bossé une partie de la nuit, je n’avais pas à lui faire subir mon surplus de questionnement en prime. Pourquoi en étions-nous arriver là mon dieu. Tout était tellement simple avant… Mais avant quoi ? À quel moment exactement avions nous réaliser que nous ne nous laissions pas indifférent ? Que nous avions plusieurs points en commun lui et moi? À vrai dire, je n’en avais aucune idée, les choses c’étaient faites d’elles-mêmes, sans que nous n’ayons demandez quoi que ce soit. La preuve, nous avions joué carte sur table depuis le début. L’entente étant qu’il n’y aurait rien de plus entre nous que de l’amitié. Rien de plus right ? Enfin bref, la n’était pas la question.
Lorsqu’il me dit que je pouvais me rendormir si j’en avais envie, je le dévisageai quelques instants. Il se foutait de ma gueule là ou quoi ? J’avais pris la peine de mettre mon réveil matin exprès pour pouvoir lui parler et lui, lui il me sortait ça tout bonnement comme un ange. Eh bah non, il n’allait pas s’en tirer comme ça, pas cette fois. Oui je sais je suis susceptible, et alors ? Il m’avait suffisamment fait le coup au court des derniers jours, ce soir il ne prendrait pas la fuite ça c’est moi qui le dit.
« Non c’est bon, je compte pas me rendormir merci »
Je lui souris et me décalai légèrement histoire de lui faire un peu de place à côté de moi, lorsque que je compris que c’est ce qu’il avait en tête. Il s’installa donc confortablement, et fini par poser sa tête sur ses avants bras. Je le regardais sans rien dire, disons que tout cela était plutôt inhabituel. D’autant plus que la question qui suivi, me prit par surprise. Un rêve ? Est-ce que j’avais rêvé ? Bonne question.
« Euh, non je crois pas… j’ai pas l’habitude de rêver… Pourquoi cette question ? »
Je ne savais plus ou me mettre, quoi penser. Est-ce que je devais m’allonger moi aussi ? Non certainement pas. Alors qu’il me répondait, je sorti de mes draps pour aller m’enfiler un jeans, et vint me rasseoir dans mon lit. Pourquoi j’avais fait ça ? Pour me protéger sans doute.
« Ce club… ça dit quoi ? C’est plaisant ? Y’a de l’ambiance ? Tu fais quoi exactement comme boulot ? »
Ça en faisait des questions d’un coup … mais sous haute tension, j’agissais toujours de la sorte. Questions pour question, Change pour change. Avec tout ça, j’avais même oublié mes bonnes manières.
Hola, il était stressé le pauvre. Ca me faisait même culpabiliser qu'il ait prit la peine de se réveiller à cinq heures juste pour moi quand je voyais l'état dans lequel il se mettait. Je devais paraître carrément HS à côté de lui, là, tout détendu ou presque... et c'est ce qui me poussa à me rasseoir rapidement lorsqu'il se leva en évitant de trop le suivre du regard (même si en étant de dos il devait pas forcément me voir faire ça).
Euh, non je crois pas… j’ai pas l’habitude de rêver… Pourquoi cette question ?
Je me suis contenté de hausser les épaules sans faire de commentaire, il était déjà assez gêné comme ça je pense, et puis vu ce qui s'est passé ces derniers temps, il valait peut-être mieux que je me tienne à carreaux et que je le laisse tranquille. Je suis bien conscient que je lui mettais beaucoup de pression et que je m'en mettais aussi par la même occasion, mais comme on dit, on se refait pas, et va savoir combien de fois Andrew m'a dit que j'étais une agace de service. J'étais tellement habitué à ça que c'était devenu naturel, en fait... il fallait vraiment que je fasse attention dans ce que je disais ou ce que je faisais.
Ce club… ça dit quoi ? C’est plaisant ? Y’a de l’ambiance ? Tu fais quoi exactement comme boulot ?
Euh... j'étais censé parler de quelle partie exactement? "Ouais c'est cool, je m'occupe des putes que Hadryin a engagé pour son Bordel". Certainement pas, on se contentera du minimum pour cette dernière question.
C'est super sympa, les gens sont cool et mettent l'ambiance tout seuls, pis y'a des bons spectacles... moi je suis juste là pour superviser le tout et vérifier qu'il se passe rien de merdique.
Hum... et maintenant quoi? Est-ce qu'on était censé parler de "nous"? Je n'étais pas sûr d'avoir envie de me lancer là-dedans... mais cette fois je ne pouvais pas vraiment me défiler. Après m'être éclairci la gorge, j'ai donc finis par baisser la têtre en jouant avec mes doigts comme si c'était très intéressant. Mon "boulot" ne m'aidait pas toujours à me comporter naturellement avec les gens, et Yuri ne faisait pas exception à la règle... j'avais parfois du mal à ne pas jouer de rôle quand je me retrouvais face à une situation délicate. Déformation professionnelle.
... est-ce que je peux m'excuser pour ces derniers jours?
Je savais pertinemment qu’il n’avait pas envie de parler de tout ça. Ça se voyait. En même temps ce n’est pas pour rien qu’il m’évitait ces derniers jours. Remarque je le comprends, vu tout ce qui se passait dans sa vie dernièrement… Régler ses comptes avec moi devait être le cadet de ses soucis et en y repensant bien, je commençais à en avoir marre moi aussi de toujours chercher à comprendre tout, tout de suite. Surtout qu’avec Robbyn, il ne fallait jamais rien prévoir à l’avance, c’était un mec d’imprévu et c’était parfait comme ça ! J’étais tellement prévisible à côté de lui … et tellement égoïste aussi, il fallait que les choses changent alors autant profiter de cette situation pour grandir un peu.
Je le regardais, sans rien dire. Pourquoi demander plutôt que faire ? Il avait vraiment besoin que je lui indique le chemin à prendre où quoi ? S’il avait envie de s’excuser, il n’avait qu’à le faire, ce n’était pas à moi de choisir pour lui. Après s’il ne regrettait pas son attitude étrange vis-à-vis moi , ça ne regardait que lui. Je n’étais ni dans sa tête, ni dans son cœur pour savoir ce que je représentais réellement pour lui et honnêtement je crois que je perdais peu à peu ma confiance en lui.
Enfin bref, ce long moment de silence eut pour effet de me calmer. Mon stresse et on excitation du moment c’étaient en quelque sorte envoler. Je le regardais toujours, silencieux, il devait sans doute me prendre pour un obsédé, mais je m’en foutais. Pour une fois que c’était moi qui prenait la fuite et non lui. À vrai dire j’avais la chienne, et je n’avais tout simplement plus envie de parler de tout ça.
« T’es beau … »
Voilà tout ce que j’avais trouvé à dire après ces longues minutes passées sans paroles. Malaise … Pour faire diversion, je fis glisser une main dans mes cheveux, et quittai lentement mon lit pour me diriger vers la porte de ma chambre. Une fois devant, je fis un tour sur moi-même et souris.
« J’ai besoin d’un café, tu en veux ? »
Je lui fis un signe de la tête, l’invitant ainsi à descendre à l’étage avec moi. Je n’osais plus parler. Retour à la case départ. Bravo Yuri, restait plus qu’à parler de la pluie et du beau temps maintenant. J’avais le don de comment dire … enfin c’était sans importance. Je terminai ce que j’étais en train de faire, et vint m’installer près de lui avec mon petit air sérieux.
« Tu sais Robbyn, tu fais ce que tu veux … mais ce n’est pas dit que j’aie envie d’entendre tes excuses, et encore moins si tu comptes recommencer une fois que tu seras sorti d’ici … »