On avait amené Evelyn aux urgences juste après sa tentative de suicide. Il n'y avait pas trente six milles façons de pondre un diagnostic vu son état. Catatonie. Evelyn Thomspon de son nom de jeune fille Zimmer avait tenté de mettre fin à ses jours pour de quelconques raisons demeurées inconnues. Personne ne comprenait, personne ne savait. Au départ, ne sachant pas qui était la jeune femme, les médecins se sont posés la question de son identité mais bien connue d'un service et fichée dans l'ordinateur, ils avaient vite fait le rapport. Un acte de mariage enregistré la veille dans la ville de Las Vegas avait permis de joindre son mari qui restait le numéro à appeler si jamais elle venait à avoir quelque chose. L'homme était aussi selon certains son garde du corps. Mais le numéro n'étant plus attribué, ils n'ont pas cherché à comprendre et ont laissé tomber. On avait emmené Evelyn dans une cellule capitonnée bien que dans l'état où elle se trouvait, elle ne pouvait plus faire de mal que cela soit à elle-même ou aux autres. Son médecin était ensuite venu, avait fait des analyses qui étaient toujours en cours. Une nuit complète. On essayait de lui parler, de comprendre mais elle restait là, assise, à fixer le mur sans ciller, bouche entrouverte, cheveux défaits et mine déconfite. Son frère était venu en courant, demandant ce qui avait pu se produire. « On ne sait pas, avait répondu les médecins. » Personne ne savait ce qui c'était passé dans la tête de la jeune femme. Elle si vivante, elle qui sortait à peine la tête de l'eau. Mais que se passait-il dans sa tête au juste ? Personne ne le savait.
Evelyn quand à elle demeurait stoïque. Malgré le fait qu'elle soit dépressive, perdue, elle restait belle à sa manière. Une étrange aura émanait d'elle et on pouvait voir ses pupilles bouger comme si elle cherchait les fantômes. « Elle reviendra quand elle aura fait ce qu'elle avait à faire. » Un combat permanent se livrait dans la tête de la jeune femme. Vivre ? Mourir ? Devait-elle revenir parmi les vivants ? Pour ses enfants ? Pour son mari ? Mais où était-il celui-là ? Ah oui c'est vrai. Personne ne savait où le joindre. Son frère surprit de la nouvelle ne comprenait pas. Comment ça sa sœur s’était mariée ? Sur un coup de tête ? Il ne resta pas longtemps. C'était inutile. Doucement elle dérivait au loin. Se repassant les images de son bonheur perdu avec Calvin, de son départ à Los Angeles. La vie avait semblé si simple là bas. Loin de tout, loin de lui. Lentement, elle se sentit dériver la sensation de bien être et d'abandon. Quand tout d'un coup, quelqu'un entra dans ce qui semblait être sa chambre. « Il y a quelqu'un pour vous Madame Thompson. » Elle ne tourna pas la tête. Elle ne cilla pas. Qu'il entre donc. Se rendrait-elle seulement compte de sa présence ?
Cassez moi la gueule. Frappez moi. Brisez moi. Laissez mon sang couler. Emportez moi en enfer. Explosez moi la cervelle. Me battre. Quand la drogue et l'alcool ne suffit plus il ne reste que ça. Gladiateur des temps moderne. Après avoir détruit le peu qu'il restait de la famille Thompson j'étais parti me faire exploser la tronche. A tout dire je ne rêve que d'une chose, que j'finisse par recevoir un mauvais coup, que ma mémoire flanche, que j'oublie tout une bonne fois pour toute. Détruire.
Détruire. Plus qu'un don. Un mode de vie. Keenan, Chloë, Robbyn & maintenant Evelyn. D'autre exemple ou ces 4 suffiront ? Soupire. L'hôpital, les consultations sont dans une demi-heure et pourtant j'suis déjà là à attendre. Attendre toujours attendre. J'avais passé ma vie à attendre. Et au final, personne n'était jamais venu. Toujours seul. Mais toujours là quand ils avaient besoin de moi. Toujours. Le médecin passe dans la salle d'attente, il me fixe un instant et propose de me recevoir de suite puisque « Il faut recoudre ça avant que ça empire. » J'aurais pu l'envoyer chier, après tout mon arcade avait fini de saigner il y a un moment, sauf qu'il fallait que je sois un minimum présentable devant Eve' déjà qu'elle me reconnaissait pas, j'pense pas que mon visage tuméfié arrangera quelque chose. Au moins quand je ressors du cabinet j'ai le visage propre, quant aux tâches de sang sur mon t-shirt y'a rien à y faire, faudra faire avec. Le médecin finit par me reconnaître alors qu'il enfonce une aiguille dans ma peau, le mari de la femme en catatonie, au moins s'ils n'avaient pas encore rangé les Thompson dans la catégorie ''fous à problème'' voilà qui était fait. L'opération dure moins de 15 minutes, en ressortant j'profite qu'il ai le dos tourné pour me diriger vers la chambre d'Eve. Tout blanche, stérile, comme si cette environnement allait l'aider à sortir de sa torpeur. Dans mon esprit, l'idée de l'enlever et de la ramener à la maison semble plutôt bonne sauf qu'en pratique compte tenu de mon dos qui me paralyse c'était même pas la peine d'y penser. Soupire. J'ose même pas rentrer dans sa chambre. J'la regarde juste à travers la fenêtre de la porte. Perdue. Elle est complétement perdue.
Je tique, commence à sentir la colère prendre possession de mes poings. Putain mais .. Qu'est ce que j'suis censé faire ? J'suis pas un putain de phare MERDE ! I DON'T FUCKIN' KNOW WHAT TO DO ! Et ça me rend dingue putain ! CA ME REND DINGUE. 3 jours que j'viens ici. 3 PUTAIN DE JOURS QUE J'PASSE A LUI RACONTER TOUT ET N'IMPORTE QUOI ! Pas une seule amélioration. Pas une seule. Le poing claque contre le mur. L'impuissance. Pire sentiment qui soit. Une infirmière se précipite dans le couloir après ma crise, elle me connaît, sur son visage de la pitié prend forme. Sa voix est pleine de compassion, je ne peux m'empêcher de la haïr. « Elle reviendra monsieur Thompson. Quand elle l'aura décidé mais elle reviendra. » Je sais. Je sais. Mon regard toujours fixer sur ma femme, j'entends l'infirmière approchait, elle pose sa main sur mon bras toujours collé au mur, je tressaillis, loin de sentir la menace, elle finit par attraper ma main tout en me signalant que si j'continuais à frapper dans les mur c'était la fracture assurée mais qu'est ce que j'en ai à foutre de tout ça. Ma santé, ma vie, mes sentiments. Nobody gives a shit alors pourquoi je devrais m'en faire pour moi ? Pourquoi elle essai de se montrer compatissante cette conasse ? J'lui ai rien demander, tout ce que je veux c'est qu'on me dise quoi faire pour ramener ma femme.
Une minute plus tard, j'entre dans la chambre accompagné de l'infirmière, elle repart après avoir annoncé à Eve' que quelqu'un était là pour elle. Puis rien. Juste rien. Après deux pas je me retrouve face à elle. Je m'accroupis, essai de capter son regard, en vain. J'pose ma main sur sa joue, l'appelle encore et encore et encore. Rien. Une heure passe, j'me suis assis à coté d'elle, j'lui raconte la journée d'hier, j'essaie encore de lui rappeler ces enfants, le point où elle leur manque, sa comédie musical, j'ai même rapporter des photos. Mais rien. Je m'excuse pour mon attitude, essaie de la redemander en mariage, j'lui dis que j'l'aime, que j'ai besoin d'elle, tout en tas de connerie niaises qu'elle aurait adoré mais rien... Toujours rien.
Evelyn, où es-tu partie ? C'est vrai, c'est la question que certains se posaient. Sa famille passait la voir tout le temps. Son mari, son père, ses demi-sœurs et son frère. Robert projetait d'appeler sa famille adoptive, on avait refusé d'amener les enfants alors que les infirmières pensaient que ça serait une bonne idée mais voir leur mère comme ça. C'était cruel même pour des enfants en bas âge. C'était là où on se forgeait des opinions et ils étaient tous d'accord pour dire qu'Evelyn ne voulait pas ça. Était-ce la faute de Sonic ? De Robbyn ? Non. La réponse était simple. Elle voulait le rejoindre. Cette pulsion morbide qui faisait qu'elle voulait mettre fin à ses jours pour rejoindre son amant perdu. Le seul selon elle. Certes, la jeune allemande avait trop de fierté pour le dire, elle se leurrait complètement. S'enfonçant dans les méandres d'une dépression, et sa maladie n'arrangeait rien. Son cerveau était en train de la lâcher petit à petit, jamais elle ne s'en sortirait. Est-ce qu'elle le savait ? Oui, surement. Est-ce qu'elle se rendait compte de sa présence dans la pièce ? Non. Et puis, Evelyn s'en fichait. Elle repassait tant de fois la scène voulue dans la tête. La rousse se revoyait deux ans en arrière, la dernière fois où elle a touché le bonheur du doigt. A ses côtés. Calvin, reviens. Elle ne cessait de le hurler dans sa tête et la scène macabre repassait dans sa tête. Personne ne pouvait comprendre. L'amour a en mourir. La jeune mariée était en train de se laisser mourir, elle ne mangeait plus, elle vacillait légèrement. Une main caressa sa joue. Oh Sonic, j'aurai tellement aimé t'aimer toi aussi. Voilà ce qu'elle pourrait lui dire. Mais la vérité est qu'on ne pouvait pas aimer deux personnes à la fois. C'était impossible. Son mari avait besoin d'elle mais qui s'en souciait ? Plaisir égoïste. J'ai envie de me montrer égoïste cette fois-ci Sonic. Je ne t'aimerai jamais. J'ai envie de partir. Qui pouvait se soucier d'elle ? De temps en temps, elle changeait de position, elle se prenait le ventre entre les deux mains. Comme ci, elle savait. Mais était-ce possible ? On ne savait pas. Les médecins faisaient des analyses, toujours plus. A la demande de la famille. « Ramenez moi ma fille / sœur / femme. » Et toujours cette même réponse. Le temps, elle reviendra quand elle aura le temps. Mais non, ils avaient tous besoin d'elle maintenant. On ne se rend compte que quelqu'un est indispensable que quand il est parti. Qui se souciait d'Evelyn quand elle était là ? Mise à part ses enfants ? Les gens se plaisaient à la blesser, à la malmener. Elle n'en pouvait plus. Elle craquait. Si seulement Eve était encore capable de sentiments, on verrait une larme couler le long de sa joue. Cesses donc de me mentir Sonic, je n'ai pas envie de revenir. Je ne reviendrai pas.
Mais et si le destin en avait décidé autrement ? Et si Dieu avait dit : reviens mon enfant. Ta place n'est pas encore avec nous. La délivrance d'Evelyn se tient dans les mains de ce médecin qui traverse le couloir, qui toque à la porte et entre pour trouver le jeune couple face à face. « J'ai une annonce à vous faire. Nous tenons quelque chose. » L'assistance écoute, que cela soit les infirmières qui sont curieuses de voir cette étrange patiente ne pas revenir à elle. C'est vrai, elle a tout. Un beau mari – bon un peu amoché – une belle famille, la réussite. Mais le bonheur lui faisait défaut. Seulement est-ce que la notion de bonheur existerait si tout le monde était tout le temps heureux ? Non. Non bien sûr que non. Le silence est palpable dans la pièce et le médecin consulte une dernière fois les papiers. « Nous avons tout retourné dans tous les sens et les analyses ont révélé quelque chose aujourd'hui. » Mais accouches abruti, qu'attends-tu ? La vierge. Tout le monde est pendu à ses lèvres, sauf la patiente qui vacille un peu plus. « Félicitations Monsieur Thompson. Votre femme est enceinte. »
Tic. Tic. Tic.
La jeune femme se laisse tomber en avant dans les bras de Sonic et inspire un grand coup. Retour à la vie. Doucement, elle se laisse aller dans ses bras. Dieu que la chaleur humaine lui avait manqué. Le mot la fait tiqué. Enceinte. Quoi ? Personne ne comprend. Personne. Elle se lève d'un bond et colle son médecin au mur dans un hurlement de rage. Le mur capitonné ne fait pas de mal au pauvre homme et les infirmières se jettent sur elle pour la maintenir loin de lui, se rendant compte qu'elle l'étrangle. Il la cloue alors au sol et elle se débat comme une diablesse. Le docteur s'agenouille alors devant elle. « Bienvenue parmi nous, Madame Thompson. » Madame ? Elle tique à nouveau. C'est vrai. Je suis mariée, pense-t-elle. Non, non ce n'était pas un cauchemar. Elle était belle et bien enceinte de Sonic Thompson. Forcément, ce qui se passe à Vegas n'y reste pas cette fois-ci. L'abruti s'approche un peu plus et elle lui décoche un coup de pied dans le visage. Un craquement sonore se fait alors entendre. « Vous m'aviez dit que j'étais stérile, crache-t-elle à son visage. » Puis, la rousse tourne sa tête vers son époux. Les larmes montent alors. « Je n'en veux pas Sonic. Je n'en veux pas. » Crise de panique à nouveau, le personnel la relâche et elle va se réfugier dans les bras de son époux en répétant qu'elle n'en veux pas, en pleurant, en plantant ses serres dans le dos de celui à qui elle avait dit oui quatre jours auparavant. Rassures moi, le suppliait-elle silencieusement, dis moi que tout ira bien. Dis moi que tu prendras soin de moi cette fois-ci. Que tu me essaieras de m'être fidèle. Mens moi Sonic, mens moi.
Blanc. Tout est blanc, elle comme sa chambre. Où es-tu passé ma flamboyante rousse ? Explique moi ce qui se passe, j'comprends pas, j'comprends plus, j'veux pas comprendre. Ma bouche continu de déversé ds paroles auquel je crois à peine, mon esprit s'envole, loin d'ici. J'veux pas de cette réalité, j'peux pas accepté qu'Evelyn soit dans cet état. Fuir. Se serait tellement bon de s'enfermer dans une cage doré là maintenant. Une bouteille de Jack ou une bonne dose d'héro' m'aiderait probablement à tenir. Il fut un temps où j'aurais affronté la réalité, un temps où j'l'aurais enlevé, un temps où mon cerveau aurait trouvé une solution en moins de 10 secondes. Et maintenant ? Voilà où j'en suis maintenant. A chercher une échappatoire. Ah Eve … On va si bien ensemble. Deux ombres. Regarde toi, t'es devenu le hollandais volant personnifié ma belle. Un vaisseau fantôme, le corps fonctionne mais l'esprit … L'esprit il est loin de tout. Jusqu'où t'es descendu chérie ? Jusqu'où je vais devoir creuser pour te retrouver ? Est ce qu'on va y arrivé Eve ? Donne moi juste un signe. Je t'en supplie. Juste un signe. Les yeux se ferment, la tête se perd dans la chevelure rousse. Et silence. Je sais pas si mes mots ont dépassé mes pensées ou si je suis resté de marbre durant un moment. Je m'en balance. Même son odeur a disparu, tout ce qu'elle sent c'est le désinfectant. C'est peut être ça l'idée au fond, la désinfecter de tout. Désinfecter ces émotions, désinfecter sa mémoire, désinfecter son cœur brisé, désinfecter tous ces mauvais souvenir et la laisser stérile de tout. Pire qu'un zombie.
Puis il arrive. Lui. L'homme aux réponse. L'homme à la blouse blanche et au 10 années d'étude. Tous ces types ayant le complexe de dieu, ça fait tellement longtemps que j'peux plus les encadrer, ça en devient risible. « J'ai une annonce à vous faire. Nous tenons quelque chose. » . Les oreilles se dressent, les yeux cherche le regard du médecin quand les doigts se referme sur l'épaule de la rousse. Mais bien entendu ce connard doit se prendre pour un présentateur de reality show. « Nous avons tout retourné dans tous les sens et les analyses ont révélé quelque chose aujourd'hui. » Silence. Foutue silence, un sourire étire les lèvres du médecin, et tel un fou furieux en plein délire il balance la bombe sans même vérifié qu'il a le temps de se mettre à l'abri. « Félicitations Monsieur Thompson. Votre femme est enceinte. »
Le corps réagit, rattrape la rousse, caresse son dos, les mots se perdent. « Tout ira bien .. It's okay .. It's okay. » mais l'esprit il hurle. La conscience se déchire, le cerveau explose. Enceinte. Tu te souviens Sonic. La première fois qu'on t'avais dis ça ? Tu te souviens de ton sourire ? Tu te souviens du rire ? Tu te souviens du bonheur ? Pourquoi t'es pas capable de le reproduire maintenant ? Pourquoi c'est des images macabres qui t'envahissent ? Regarde la. Elle. C'est une tigresse. Regarde comme elle l'attaque son médecin. June était destiné à devenir une victime. Elle, elle saura se défendre. Puis s'il lui arrive quelque chose, tu sauras quoi faire. Diable de chevalier. Apocalypse now. Tout brûlera s'il la touche. Tu réveilleras l'enfer alors de quoi tu t'inquiètes ? Expiration. « Je n'en veux pas Sonic. Je n'en veux pas. » La scène reprend son cours normal, les pensée redeviennent clair, mes bras l'enlacent alors qu'elle pleure en répétant inlassablement qu'elle n'en veut pas. Si j'ai mon mot à dire là dedans ? Va savoir. Pour l'instant, se contenter de la réconforter. C'est pas le moment de faire le buter, manquerait plus qu'elle retourne dans son monde. Je tressaillis, ah fallait que tu les plantes tes ongles. Torture physique comme mental. T'es vraiment sûre que tu m'as aimé un jour ou l'autre Eve' ? J'commence à avoir de sérieux doute. Et cette putain de phrase que tu répète. Tais toi. Juste. TAIS TOI PUTAIN. Mes « It's gonna be allright babe, it's okay. » finissent par se perdre dans le torrent de ces j'n'en veux pas. Le médecin s'en va, mais une des infirmière reste, j'reconnais son visage, c'était la même qui s'était occupé de moi il y a de ça deux mois. Elle a dû sentir l'orage arrivé. Il a suffit d'une pression de trop sur mon dos, d'une douleur plus aigu, enfin j'ai beau mettre ça sur le physique c'est surtout ces mots qui m'ont rendu fou. Comment elle pouvait me regarder comme ça ? Comment elle pouvait venir se réfugier dans mes bras ? Comment elle pouvait seulement me considérer comme son mari si sa première pensée face à l'annonce de sa grossesse est qu'elle n'en veut pas ? Soudainement je me recule. La laissant sans appuis, j'la regarde, la dévisage serrait un terme plus exact, mon sang bat dans mes veines, ma respiration plus rapide que prévu. Contrairement à ce que je pensais, je n'hurle pas. Ma voix est étonnement calme.
« Tu n'en veux pas ? Qu'est ce que je suis supposé comprendre Eve par t'en veux pas ? T'as peut être était en catatonie mais t'es quand même en état de réfléchir. Alors s'il te plait. Réfléchis. Je t'obligerais pas à garder ce gosse, mais .. Je resterais pas des années à tes côtés si tu me fais ce coup là. » Silence. Aveux ? « J'étais pas bourré à LV quand j'ai décidé d'être ton mari. » Ouais .. Sorte d'aveux. Elle comprendra surement pas. Probablement qu'elle va s'en foutre. Après tout ça à toujours été comme ça, tout ce que j'ai pu dire, c'est toujours rentré par une oreille et ressorti par l'autre. J'pense pas que ces mots feront exception. Surtout dans son état.
Et pourtant je reste là. Planté face à elle. Prêt à recevoir un autre couteau. Une autre balle. Un coup fatal du genre : J'avorterais. Peu importe ce que tu me diras j'avorterais. J'me prépare. Puisque même si ça arrive il faudra rester debout, rester calme, et être là pour la soutenir. Puisqu'il faut toujours un roc sur lequel on peut s'appuyer.
La catatonie est un syndrome psychiatrique s'exprimant à la fois dans la sphère psychique et motrice. Elle constitue une forme d'expression de la schizophrénie (schizophrénie hébéphrénocatatonique). Le TLFi, définit la catatonie comme une « Forme de schizophrénie caractérisée par des périodes de passivité et de négativisme alternant avec des excitations soudaines. »
Evelyn semblait désemparée. Combien de temps ? Combien de temps était-elle restée dans cet état ? Dans les bras de son mari, elle se sentait revivre. Comment avait-elle pu le laisser ? Quel plaisir égoïste ? Dans sa tête, elle avait été égoïste alors que ce n'était pas du tout son genre. Depuis qu'elle est venue aux États-Unis, elle a toujours fait passer le bien être de ses proches avant le sien et quand elle regarda Sonic pour la première fois après tant d'absence, elle constata qu'il n'avait pas l'air bien. Du sang sur sa chemise, une égratignure, quelques boursouflures au niveau du visage. Qu'as-tu fait Sonic ? Qu'as-tu fait pour être dans cet état ? Mais la contemplation ne dura que quelques temps puisqu'à peine fut-elle revenue à elle, qu'elle sauta sur le médecin appuyant son coude sur la carotide du mec, prise d'un accès de folie. On dit souvent que la catatonie est une maladie schizophrénique qui fait qu'on s'enferme dans un monde imaginaire et qu'on ne veut pas revenir. Peut être que quand le cerveau de la demoiselle – pardon – madame a été reconnecté, les plombs ont sauté. On ignore trop. Mais rugissant comme un animal, elle envoya voler le type par terre. Merci Papa de m'avoir donnée des cours d'autodéfense. Après tout, Evelyn avait failli venir à bout d'un serial killer donc pourquoi un simple médecin lui ferait obstacle ? Peut être parce qu'elle n'était pas seule dans la pièce et que les infirmières se jetèrent sur elle ? Quoi qu'il en soit, les femmes lui sautèrent dessus pour la plaquer au sol et elle poussa un hurlement de bête – à peine inhumain – avant de se calmer. Crise passagère. Après un nouveau grognement, elle se rendit compte de la gravité de la scène.
Te souviens-tu Evelyn la joie que tu as ressenti quand Sonic t'a demandé en mariage ? Te souviens-tu de la hâte que tu avais de consumer votre union ? Te souviens-tu que vous avez oublié l'essentiel ? Que maintenant tu le veuilles ou non, tu vas être mère pour la quatrième fois. Non, non. Tout fit le tour dans sa tête et elle déglutit avec peine avant de se débarrasser de ses fers pour se jeter sur son mari et le prendre dans ses bras, enfonçant ses serres dans le dos de son conjoint répétant qu'elle ne voulait pas de cet enfant. Comme cela devait être humiliant pour Sonic. Que sa femme ne veuille pas de sa progéniture. Il la relâcha après avoir vainement tenté de la réconforter pour la toiser. L'allemande s'effondra sur le sol avant de se relever et de se mettre en position foetale, la tête sur les genoux, admirant Sonic avec un regard de fou. Elle l'écouta parler. Mais tout ce qu'il pourrait dire, elle ne l'assimilerait pas complètement. Une seule phrase retint alors son attention. « J'étais pas bourré à LV quand j'ai décidé d'être ton mari. » Elle redressa alors la tête et la pencha sur le côté, comme si elle comprenait. Puis doucement, Eve se glissa prêt de Sonic et posa tendrement sa main sur la joue de celui qui venait de lui faire un drôle d'aveu. « I can't live without you. » Sa phrase ne fut qu'un chuchotis. Un autre aveu. Avec son accent allemand, on ne comprenait pas. Puis la rouquine tourna sa tête vers le personnel médical qui les regardait. Enfin l'unique qui restait et lui fit comprendre qu'elle devait se barrer sinon ça allait chauffer pour son matricule. « Promets moi. Promets moi que si on a cet enfant, je ne serai pas seule cette fois-ci. » Elle se rappelait de son précédent accouchement, de la douleur, de l'annonce du médecin qui lui disait qu'il devait emmener son bébé pour lui faire des analyses. Qui pourrait comprendre ? Sonic l'avait lâché, Robbyn et Enora étaient arrivés bien après mais personne ne lui avait tenu la main. A celui de Matthew, son père avait été là pour elle. Ses parents adoptifs ne l'avaient pas quitté. Mais non, pas la fois précédente. Mélodie était malade, Stuart un cas à problèmes. « J'ai trop souffert pour Mélodie, je ne sais pas si je survivrais à celui-là. » Toujours dans ses bras, elle le regarda dans les yeux. « Et qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas me quitter pour lui cette fois-ci ? Que tu resteras pas avec moi ? » Les larmes lui montèrent une fois de plus aux yeux. Sa séparation avec Sonic avait été douloureuse mine de rien. Elle l'avait aimé. Elle qui en avait douté, elle savait qu'elle n'avait pas fui la ville uniquement à cause de l'humiliation parce qu'à chaque fois qu'elle se retrouvait en sa présence, cela finissait dans le sang ou dans le lit. Lentement, elle approcha sa bouche de celle de son mari et déposa un baiser.
Puis comme blessée, elle partit se mettre dans un coin, enfouissant sa tête dans ses genoux, bras par-dessus. Seul un nom résonnait dans sa tête. Keenan, Keenan. Elle le détestait. Son ami. Ils se connaissaient par l'intermédiaire de Cléo et elle l'avait adoré tout de suite mais comment avait-il pu bordel ? Deux ans après, tout ça lui remontait comme un souvenir à la surface. Eve se sentait à nouveau happé par son monde imaginaire. Alors, elle se leva et courut jusqu'à la vitre pour la frapper encore, encore et encore jusqu'à temps qu'elle cède dans un hurlement. Elle ne pensa pas à son piano, ni au reste, ni à son époux. Elle voulait avoir mal. Alors malgré le fait qu'elle n'avait plus rien à casser, elle continua. Le sang coula mais elle ne persévéra jusqu'à temps qu'une infirmière arrive. Alors, elle se retourna. « Pensez à votre bébé. » Tout était mélangé. Elle avait mal au crâne. La musicienne prit son visage à deux mains, le barbouillant de sang et poussa une complainte déchirante avant de tomber dans les bras de l'infirmière. « Tout est dans le désordre. Je ne sais plus. » Puis, elle alla dans son coin à l'autre bout de la pièce pour se blottir doucement et trembler comme une feuille.
L'infirmière posa sa main sur l'épaule de Sonic. « Votre femme a une maladie neurologique assez importante. Essayez de lui rappeler les récents souvenirs. Le temps que tout se remette en ordre. » Puis elle partit. Pendant ce temps, l'animal roux à l'autre bout de la pièce se frappait la tête contre le mur, les mains ensanglantées sur son ventre. « Je suis complètement folle. Comment pourrais-je éléver Mélodie sans Calvin ? Qui m'aidera ? Personne. Personne. Je suis toute seule. Sonic est parti, Robbyn aussi. Je suis toute seule. » Des flashs. Ceux de son mariage. « Non, je suis mariée. Avec Sonic. Je suis enceinte. De Sonic. Je suis enceinte. » Puis l'allemande releva la tête et regarda autour d'elle. « Qu'est-ce que je fous ici ? »