histoire

Difficile de dire qui je suis, qui je ne suis pas. D’un point de vu philosophique, je suis ce qu’on appelle une personne légèrement troublée par des sentiments passés. D’un point de vu normal, je suis uniquement un gars dérangé. Enfin non. Je n’en sais rien, en vérité.
Je ne me suis jamais prostitué, je n’ai pas vendu de la drogue. Quel intérêt à mon histoire ? Aucun, au revoir, vous pouvez partir. Vous le pensez vraiment ? Allez, rester, je vais vous lire l’histoire du philosophe qui tue les gens. Vous verrez, c’est drôle.

La famille, ça passe après. Enfin, pas pour tout le monde, pour moi, ça passait après. Enfin, peut-être que ça passait avant. Je ne sais plus trop en fin de compte. Bref, je continue. Donc en cette douce nuit d’hiver, à New-York, ma tendre ville d’origine qui ne me manque pas tant que ça, j’ai découvert ce que personne ne souhaiterait découvrir en ce bas-monde. Liquide de couleur rouge/pourpre que l’on nomme couramment sang, les doigts fins d’une belle jeune femme tenant une arme à feu. Non, je n’étais pas visé. En vérité, personne ne l’était vraiment sauf elle-même. Je m’explique. Car oui, je fais du suspens sur mon secret. Si c’est pas impressionnant ! Je sais, je ne devrais pas. Mais entre temps, cela ne rend-il pas l’histoire plus attrayante ? Non. Je reprends tout ça sérieusement.
Habituellement, pour un enfant normal, les parents sont des héros et le seul but de l’enfance est de leur montrer les jolis coloriages que l’on a faits à l’école. Pour ma part, j’ai préféré garder tout cela pour moi. Et de toute façon, mon père était bien trop occupé à travailler dans une usine où il allait laisser sa vie, et ma mère quant à elle écrivait des livres, horribles à mes yeux, sur un petit garçon magicien. Vous voyez Harry Potter ? Et bien non, elle ne l’a pas écrit. Et à vrai dire, je ne sais pas le nom du personnage qu’elle a inventé, et je m’en fiche bien. Passons. Dans un coup de folie, ce que l’on pourrait appeler le « Tiens, si tu me prenais violemment sur la table pour me faire un bébé ? », mes parents ont décidé de m’apporter un petit être qui allait rendre ma vie encore plus ridicule qu’elle ne l’était. Et ils ont eu le bonheur, au bout de neuf mois, de me montrer le visage de la petite Rose, fraîchement sortie du vagin de ma mère. Une sœur quoi. Rien de plus à dire ? Elle était pénible, comme toutes les petites sœurs : « Killian, tu joues à la poupée ? », « Dis, Kill, on va dans le jardin ? »… Vous voyez ce que je veux dire ? Une sœur normale toujours entrain d’emmerder son grand frère. Ah, faites des gosses, qu’ils disent !
Et là, c’est le drame. Oui, je dis ça comme dans les émissions de télé. Ça rend la chose moins triste, ou du moins, à mes yeux. Mes parents étaient sortis à une soirée de je ne sais pas trop quoi pour la sortie du livre de ma mère pour qu’elle donne la moitié de son argent à une association de protection des moutons, ou alors pour un bal de charité comme on voit dans les films. J’étais avec un ami… Kieran ? Austin ? On s’en fiche, je ne le vois plus. Ah, à l’époque je partais de chez moi sans avoir peur qu’un flic me court après dans la rue ! Ouais, bon, je continue. Rose devait rentrer à la maison pour regarder les un truc ridicule sur le mannequinat à la télévision. Mais il faut croire qu’elle ne captait pas la chaîne et elle s’est occupée autrement. Et quand je suis rentré, bah lisez quelques paragraphes au dessus. Elle était là, même pas souriante, allongée sur le sol, une jolie marque sur le crâne, une balle de je ne sais pas combien de millimètre enfoncée dans son cerveau, ou peut-être l’a-t’elle transpercé. Immobile, sans respiration. Elle aimait bien jouer, mais j’ai vite compris que c’était loin d’être un jeu, ou du théâtre. Je suis tombé par terre, les mains frôlant son visage sans le toucher, une envie de la prendre dans mes bras et de lui dire que j’aurai du être là. Mais je suis trop faible pour ce genre de chose. Je me suis contenté de partir dans ma chambre et lire la lettre qu’elle avait posée sur mon lit, pour me dire les classiques « Oh, tu ne sais pas à quel point je t’aime mon frère, mais je n’en peux plus. ». Et je trouve toujours le moyen de dire ça avec humour et en imitant sa petite voix. Fou ? Arrêtez, j’essaye de prendre ça en riant pour éviter de pleurer.
Je n’ai pas pris la peine de laisser une lettre, moi, quand je suis parti, les manches retroussées vers ce connard qui à forcé Rose à se suicider. Comment j’ai su que c’était lui ? Eh, part de mystère. Bon d’accord, c’était le seul gars qui l’emmerdait au lycée, ça vous va ?! Bref, je suis arrivé non loin de chez lui, l’ai coincé dans une rue, et n’ai pas demandé d’explications. Et puis, pour arranger la chose, j’ai effacé les traces. Comment ? J’ai mes méthodes, et je les garde pour moi, on sait jamais. En rentrant chez moi, ma mère m’a regardé avec des yeux énormes et mon père a compris que j’avais fait une erreur. Enfin, que j’avais arrangé la chose, voyez ça comme vous le voulez. J’ai fait mon sac, n’ai pas pris la peine de faire une bise à mes parents et suis parti, comme ça. Je ne suis même pas allé à l’enterrement de ma sœur. La voir dans son propre sang m’a largement suffit.
Au revoir New-York, bonjour San Francisco ! Tu trouves un appart’, et hop, tu recommences une vie. Et rien de tel que les études pour vous trouver un bon métier. Et là, en bon philosophe que je suis, je deviens professeur à l’université, je fais des conférences pour les gens. Certains appellent ça la belle vie. Mais intérieurement, je souffre. Voir le visage de ma sœur uniquement dans son sang me fait comprendre que j’aurai du l’aimer plus que ce que je ne l’ai aimé. Et pour tout dire… je garde encore une photo que nos parents avaient fait de nous deux, enfants, assis sur le canapé du salon. Et elle me manque.

Et puis là, tout change, depuis peu. Mais c’est trop compliqué et je suis fatigué, on verra ça plus tard ?

caractère

Reconnu pour mes talents de philosophe, vous pouvez penser que je suis un homme sain de corps et d’esprit (j’en doute) et ouvert à toutes relations. Mais… mais d’après le psychologue qui tient vraiment à me voir pour une raison qui m’est encore obscure, je suis dérangé, fou, bipolaire ? Non ! Schyzo ? Non plus. Un mélange des deux ? Non plus. Et je suis quoi alors ? Bah je ne sais plus. D’après Mister Spencer (ouais, le nom du psy), j’ai des troubles simples, des sautes d’humeurs, une envie irrésistible de tout casser et une tendance suicidaire. Mais vous comprendrez bien qu’avec ce qu’à fait ma sœur… je ne vais pas m’amuser à me suicider. Enfin passons. Vous verrez bien si vous me parler, mais pas pendant mes présentations, je reste toujours sage. Etrange non ?
Mais enfin, ne vous inquiétez pas. Derrière ce visage de clown, ou du moins l’impression que vous avez de moi, je suis quelqu’un de sérieux et passionné. Gentil et… attentif ? Faut pas rire non plus, juste un petit peu. Enfin c’est compliqué. Et je dis toujours « enfin ». Enfin, vous verrez bien.