« Il était une fois, une belle princesse. Elle n'était pas blonde, ni rousse mais bel et bien brune. Durant son enfance, tout le monde l'appelait Jasmine. Jasmine parce qu'elle en avait la grâce, la finesse, la modestie et ne plaçait jamais un mot au-dessus de l'autre. Cependant, la petite princesse en question n'avait pas de château, la petite princesse en question avait des parents aimants, n'a jamais connu de pépin. La petite princesse avait un nom. Elle s'appelait Amy.
« Amy a toujours été un prénom que l'on pouvait associer aux contes de fées. On l'imagine à la fenêtre de sa tour, comme Raiponce à regarder les histoires émerveillées. Ou alors comme Elizabeth Benneth toujours avec un livre à la main. Je ne suis pas une princesse. Je n'ai pas de palais. Je n'ai qu'une chambre toujours en désordre au dernier étage d'un immeuble parce que mes parents bien que chaleureux n'avaient pas d'argent. Je ne dirai pas que j'ai grandi dans une immense pauvreté. Mais nous n'avons pas roulé sur l'or non plus. J'ai du travailler dur, faire un métier que je n'aimais pas forcément pour arriver à me payer mes études. Je n'ai pas fait le tapin, je n'ai pas été strip-teaseuse, non. J'ai bossé pendant deux ans chez McDonald. Depuis, j'ai les frites en horreur. J'ai comme une sorte de blocage avec.
«  Je suis née le 11 septembre 1991. Date maudite pour une Américaine. J'aurai pu être française, pakistanaise ou même chinoise que cela m'aurait moins marqué mais quoi qu'il en soit, j'ai su qu'à jamais j'en baverai dans la vie. Bien avant ma naissance, ma mère a tenté d'avoir des enfants. Mais les nombreuses fausses couches, sa santé fragile ont fait qu'elle ne tenait pas les garçons. Je suis arrivée comme un miracle au début des années 90, les années boys band. Donc vous pouvez vous douter que j'ai été en quelque sorte chouchouter par ma mère. Femme extrêmement malade, elle n'avait pas de travail et papa, lui, était vigile dans un supermarché. Maintenant il est à la retraite.
« Oui bizarrement, j'ai encore mes deux parents.
«  Je n'ai jamais subi de quelconque traumatisme. Quand j'ai eu treize ans, j'ai commencé à raccommoder mes vêtements avec Maman, avant de les faire à l'âge de quinze ans. Je me suis évertuée à faire de très très nombreux stages à côté de mes petits boulots pour décrocher une bourse. On travaille d’arrache-pied, et on prend le job qui passe. Non pas que je n'aime pas bosser chez Victoria's Secret mais disons que c'est un boulot comme un autre. Et je suis rémunérée. Je n'ai jamais eu de petits amis. Cela ne me dérange pas. Je ne suis pas lesbienne d'accord ? Disons que j'ai juste envie de vivre ma vie, indépendante ? Oui très certainement. Je crois au prince charmant. A l'homme parfait. Même si selon mes statistiques, il a de fortes chances pour être gay.
«  Je crois aux contes de fées. Je pense que tout est inspiré de faits réels. Mais il n'y a pas une seule seconde où je pense qu'un jour mon prince viendra... Il est juste pris dans le métro... C'est tout. »