Deux mois que Joyce et Eliàs avaient rompu leurs fiançailles. Les réactions dans leur entourage avaient été des plus diverses. Certains se réjouissaient de la nouvelle : Le père Arnault préférait savoir sa benjamine avec un jeune homme ayant un bel avenir tout tracé plutôt que l'un des serveurs aperçu à une réception. D'ailleurs, au début de sa relation, Joyce avait surpris une conversation téléphonique où son père ne misait pas gros sur l'histoire de sa fille et il était persuadé que c'était passager. Il n'était pas le seul à être satisfait de leur séparation. Lorsque les faits se sont ébruités à l'université, une brunette était directement aller à la rencontre de Joyce pour l'informer qu'elle comptait tenter le coup avec Eliàs. D'autres voulaient connaitre à tout prix les détails de leur rupture : quand ? qui a rompu ? pourquoi ? Les commentaires allaient bon train : "Je suis persuadé qu'il l'a trompé." - "Elle a préféré sa famille à son mec, c'est obligé que ça soit ça". - "Il en aime une autre, c'est clair" - "De toute façon, tu veux qu'on parie ? Dans 3 mois, elle est avec Noham. Elle l'a jamais oublié". Joyce ne prêtait pas attention à toutes les rumeurs sur leur compte. Elle préférait avancer plutôt que connaitre les avis des personnes de leur promo, de leurs connaissances communes ou autres proches de l'ancien couple.
Malgré ce qu'on pourrait croire, ils agissaient en adulte et continuaient de se fréquenter. Même si les tensions étaient palpables et qu'on pouvaient suivre des échanges animées via des réseaux sociaux, Joyce et Eliàs faisaient un effort surhumain pour entretenir une nouvelle forme de relation et mettre leur rancune de côté. Bien sûr que Joyce s'en voulait, elle aurait dû lui dire la vérité quant à ses activités nocturnes mais elle avait besoin de son indépendance et de ne rendre aucun compte, pas même à son fiancé. La native de Chypre l'avait trop fait par le passé à tout raconter à Noham et vivre totalement sous son emprise et uniquement pour lui. Chaque relation lui avait donné une sorte de leçon, elle tirait une morale de chacune de ses histoires.
Les deux anciens fiancés passaient la soirée ensemble. Pour Joyce, il était primordial qu'elle conserve tout de même un lien avec son ex. Il avait partagé deux ans de sa vie et elle ne pouvait se résigner du jour au lendemain à le sortir définitivement de son existence. Ils avaient le même cercle d'amis, suivaient les mêmes cours, se retrouvaient aux entrainements. Il était impensable de ne pas le croiser au moins une fois dans la journée.
Ils finissaient la soirée dans la chambre de Joyce pour ne pas déranger Leopold ou Donovan qui n'allaient certainement pas tarder à rentrer. Elle tenait réellement à préserver une bonne entente entre eux malgré leur rupture récente. Alors qu'elle s'était absentée pour répondre au téléphone à sa soeur, Joyce laissa Eliàs dans sa chambre. Quelques instants après, elle finit par le rejoindre, prête à poursuivre la soirée qui avait relativement bien commencé malgré une atmosphère pesante, la peur de mal agir ou d'avoir des gestes déplacés. C'est en entrant qu'elle aperçut son ex avec ses analyses médicales entre les mains. Surprise, elle réagit violemment en fonçant vers lui et en récupérant son bien. Mais je t'en prie, fais comme chez toi ! Je capte pas ton délire, ça t'arrive souvent de fouiller ?
Se retrouver ici, dans cet appartement, et plus précisément cette chambre, était vraiment… inexplicable. Il ne savait comment réagir, comment se comporter, il avait eu tellement de réflexe avant, il avait passé des nuits ici durant deux ans, et il y a encore deux mois, il se sentait comme chez lui ici parce qu’elle y vivait. S’installer ensemble, voilà de quoi ils parlaient suite aux fiançailles. Après tout, c’était normal, c’était comme la suite logique à leur relation, même si le plus logique aurait d’abord été de vivre ensemble puis de se fiancé, mais ils ne faisaient pas vraiment les choses dans l’ordre. Ils faisaient tout à leur façon, selon leurs envies, selon leurs désirs. Ils parlaient même que Eliàs vienne juste emménager avec eux, gardant Donovan comme colocataire. Après tout, Eliàs savait la relation qu’entretenait les deux jeunes gens, qu’ils étaient vraiment très proche et puis ils avaient arrêté de dormir ensemble et toutes ces choses dès que Joyce s’était mise en couple avec le jeune Oliver. Donovan avait respecté leur relation qui devenait de plus en plus sérieuse, tout comme l’avait fait Noh’ également.
Regardant autour de lui, il vit qu’il y avait des choses qui avaient changé depuis la dernière fois qu’il y avait mis les pieds. Enfin pas beaucoup mais surtout les photos dans les cadres par ci et par là. Il se demandait même s’il restait une photo de lui quelque part. Il savait qu’il devait sûrement y en avoir au moins une. Que Joyce n’était pas le genre à vouloir oublier le passer, à tout changer, elle le lui avait redit récemment même. Il était assis sur le lit, puis décida de se lever pour se rapprocher du bureau pas très loin, il y avait des choses posées dessus, purement reflexe ou simplement de la curiosité, mais il prit la grande enveloppe et sortir une feuille, il fronça les sourcils en voyant qu’elle venait d’une clinique privée. Il ne put s’empêcher de lire entièrement tout ce qu’il y avait d’écrit dessus et resta sur le cul quand il prit conscience de ce que c’était. Mais n’ayant pas le temps de ranger la feuille, en vrai, il n’y pensait même pas mais voilà que la jolie blonde venait de rentrer dans sa chambre, Eli ne l’avait pas entendu arriver et sursauta presque quand il entendit sa voix derrière lui, puis elle lui prit tout ce qu’il avait dans les mains à une vitesse grand V qu’il ne vu rien venir. Houlà, elle était en colère c’était clair, rien qu’en voyant l’expression de son visage et le ton de sa voix.
« J’’nai pas fouillé, c’était là et… »
Il ne s’énervait, après tout il n’avait pas à l’être, c’était lui qui venait de fouiller enfin non pas de fouiller, mais… ses yeux s’étaient simplement posé dessus et ses mains les avaient prises il n’avait rien contrôlé. Voulant passer une main dans ses cheveux, il eu un peu de mal étant donné qu’il les avait coupé le matin même. Il rangea sa main dans la poche de son jeans et fit de même avec l’autre, l’air « je m’en fiche » alors qu’il n’aimait pas du tout qu’elle soit énervée contre lui. Et pourtant ces derniers temps, ils n’arrêtaient pas de l’être, de se prendre la tête pour ci ou ça, alors qu’ils faisaient tout pour rester amis, pour rester proche mais ce n’était réellement pas facile. Ils devraient être patients tous les deux et faire encore plus d’efforts pour ne pas s’énerver. Mais c’est dure surtout quand la jeune femme sort avec Soh. Eliàs ne peut s’empêcher d’être terriblement jaloux, ou encore de ce Swann dont il a déjà entendu parler souvent mais qu’il fait genre il ne s’en rappelle plus. Il n’a jamais vraiment aimer ce parisien, et puis ils n’avaient rien à voir l’un avec l’autre, complètement des opposés. Soit !
Le jeune Oliver avait toujours son regard posé sur Joyce, il ne savait pas quoi dire ou faire, il venait d’apprendre quelque chose, et ne savait comment le prendre exactement. Il ouvrit la bouche mais rien ne sortit, alors il la referma et réfléchit. Réfléchir à quoi dire, à comment réagir. Il était venu ici au départ, pour passer un bon moment, après tout, il aimait toujours être en compagnie de la belle blonde, ses regards et ses sourires lui manquaient. Mais apparemment, l’année 2011 commençait exactement comment s’était terminé 2010. Par une surprise, une nouvelle, il apprenait une fois de plus quelque chose sur Joyce dont il ignorait l’existence. Il soupira avant de se gratter derrière la tête en sortant sa main droite de sa poche.
« C’est vrai ? » Il avala sa salive tout en ne la quittant pas du regard. « C’est vrai ce qui est dit… tu… tu es malade ? » Rien que le fait de le prononcer lui faisait un effet bizarre. Il avait envie de s’énerver contre elle, de lui dire qu’elle avait été inconsciente de lui avoir cacher depuis toujours cette maladie, alors qu’il l’avait entrainer plus d’une fois dans des délires qui pouvaient en fin de compte s’avérer bien plus dangereux qu’il ne l’aurait imaginé.
Ne pas informer son entourage sur son état de santé avait été un choix de la mère de Joyce. Elle ne voulait pas que sa benjamine puisse souffrir du regard des autres. Une fois qu'on apprenait pour sa maladie, on la prenait en pitié et le comportement des concernés était totalement différent. En grandissant, Joyce avait procédé de la même façon. Elle conservait ses problèmes personnels et faisait toujours bonne figure face à son entourage. Au lycée, ses camarades avaient la sensation que la blondinette avait une existence rêvée : capitaine des cheerleaders, investie au sein de la vie lycéene, en couple avec un sportif, des frères et soeurs unis, un groupe d'amis soudé. Pourtant, la réalité était toute autre. La situation semblait convenir à Joyce qui voulait à tout prix que ses proches aient un comportement spontané avec elle. Déjà que son statut de benjamine avait toujours été un prétexte pour qu'on la surprotège alors si les personnes étaient dans la confidence, elle ne voulait même pas imaginer.
Voir Eliàs avec ses analyses médicales était comme une violation de son intimité. Bien sûr, elle comptait lui dire un jour ou l'autre ; et ce, avant leur union. Joyce n'avait tout bonnement pas trouvé la force d'affronter sa peur face au jeune homme. Plus d'une fois, elle avait voulu le mettre dans la confidence mais elle craignait que le comportement de son fiancé puisse être modifié. Auparavant, il lui proposait constamment de l'accompagner avec son petit frère, Adam. A chaque reprise, Joyce acceptait et prenait plaisir à participer à toutes les activités en omettant ses problèmes cardiaques. Elle passait du temps avec le jeune frère d'Eliàs comme une femme de son âge. Pour Joyce, il était important de vivre normalement et se dépasser en permance. Elle préférait de loin vivre pleinement et jeune que de faire attention à tous ces faits et gestes et gagner en espérance de vie.
Nan, bien sûr, t'as pas fouillé ! |...| Je sais pas si t'es au courant mais on est plus ensemble. T'as aucun droit ici ! Faut arrêter, évolue un peu... Y a plus de fiançailles ! Rien, tout est annulé ! Réveille toi, Eliàs ! Revois tes habitudes. Passe à autre chose ! Comment je regrette de t'avoir invité... Si tu savais.
Joyce y allait fort dans ses propos. Son but n'était en aucun cas de blesser son ex fiancé. Sa réaction était juste en rapport avec l'effet de surprise. Quand elle se sentait totalement dépassée par la situation, son comportement était disproportionné et Eliàs en faisait les frais. Il la connaissait et savait comment elle fonctionnait. Pourtant, ça n'empêchait pas le fait que ses mots pouvaient blessés. En inversant les rôles, Joyce aurait été profondément touchée.
Tu vois, c'est ça ! dit-elle en le pointant du doigt. Ce regard là ! Je le voulais pas et c'est exactement ce que t'es en train de faire. Je vois de la culpabilité, de la pitié peut-être. Tu me regardes différemment et tu te poses un tas de questions. T'as pas le droit de me faire ça... Sors d'ici, s'il te plait !
On ne pourrait pas dire qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle réagisse de cette manière là. Il la connaissait, il savait que quand elle était énervée, c’était un cas. Personne ne pouvait réellement l’arrêter, ou dire quoique se soit sans s’en prendre plein la gueule. Mais elle était comme ça, et avoir fouillé dans ses affaires et avoir découvert ces analyses n’étaient certainement pas la chose à faire et elle avait raison, ils n’étaient plus ensemble depuis deux mois et il devait arrêter les habitudes qu’il avait envers elle. Il n’avait plus son mot à dire sur quoique se soit, il n’avait plus à être dans sa chambre et être curieux au point de lire des choses qui ne le concerne pas au final. Il ne cessait de la regarder, serrant la mâchoire, ce qu’elle lui disait ne le laissait pas indifférent pourtant il ne bougeait pas d’un pouce car elle avait raison de s’énervée alors que lui n’avait eu aucun droit de faire ce qu’il avait fait. Avalant sa salive, il serrait les poings dans les poches de son jeans, histoire qu’elle ne voit rien mais elle pouvait bien voir sa mâchoire se crisper de toute manière et elle le connait tellement qu’au point que rien que par son regard elle pouvait deviner que ses mots ne le laissaient pas indifférent.
« Tu as raison. »
C’est tout ce qu’il lui dit, il ne voulait pas se prendre la tête avec elle, ce n’était pas le moment, toujours sous le choc de ce qu’il venait d’apprendre, il se demandait pourquoi elle ne lui avait rien dit, pourquoi elle ne l’avait pas mise au courant de cette maladie. Il se disait que pendant toutes ses années, il aurait pu la perdre du jour au lendemain sans qu’il ne sache pour quelle raison. Il lui en voulait de lui avoir caché ça, et d’un autre, il comprenait. Bordel pourquoi devait-il comprendre ? Ca aurait été plus simple de ne pas comprendre et de lui renvoyer ce nouveau mensonge en pleine figure comme il avait fait la dernière fois. Mais il n’y arrivait pas, était-ce que justement il savait à présent qu’elle était malade et ne voulait rien tenter ? Il la regardait encore et encore en se posant des tonnes de questions. Celles-ci remplissant sa tête, se mélangeant, il ne savait plus quoi penser. Il avala sa salive alors qu’elle reprit la parole. Elle le connaissait trop bien qu’elle venait de deviner ce qu’il avait en tête. La culpabilité et ces questions qui le hantaient.
« C’est normal de ressentir ça ! Je viens de l’apprendre, je viens de me rendre compte que partout où je t’entrainais… C’était dangereux pour toi ! »
La, c’était plus fort que lui, elle n’avait pas le droit de dire des choses, il n’avait pas de pitié pour elle, pas de la pitié, mais c’est à lui-même qu’il s’en voulait. C’était comme si il aurait dû savoir, même si elle ne lui avait rien dit, il aurait dû le savoir par lui-même peu importe comment, mais c’était à lui de la protéger et pas à elle de faire attention, bien qu’il savait qu’elle aimait trop la vie pour s’arrêter à cause de cette maladie. Il connaissait sa philosophie, il savait qu’elle aimait la vie, qu’elle aimait être libre de vivre ce qu’elle voulait comme elle le voulait. C’était d’ailleurs une des nombreuses choses qu’il aimait chez elle. Il s’arrêta deux secondes de parler avant de reprendre.
« Bordel Daphné tu te rends compte qu’à chaque fois t’aurais pu avoir une crise… et moi j’aurais fait quoi hein ? Dis moi j’aurais fais quoi si c’était arrivé ? »
La prendre dans ses bras. Voilà la seule envie qu’il avait en ce moment même, en se retrouvant face à elle, en la voyant énervée, fâchée contre lui pour cette intrusion dans sa vie privée. Il voulait tout simplement la serrer contre lui et lui dire qu’il était désolé, qu’il la protégerait toujours maladie ou pas, ensemble ou pas.
D'une certaine façon, Joyce tenait à tout prix à protéger son entourage. Le cacher était un excellent moyen pour les mettre à l'abri de la souffrance. Elle ne voulait pas voir Eliàs se poser des questions, avoir peur de l'avenir à ses côtés. Joy avait déjà songé à s'éloigner de son ex fiancé pour ne pas qu'il puisse être effrondré en cas de crise. Evidemment qu'il lui arrivait de songer à ses proches et à leurs réactions après sa disparition. Dans le fond, elle se sentait relativement fautive. Elle n'avait pas le droit de faire en sorte d'avoir une place privilégiée dans le coeur d'une personne pour la quitter par la suite. Agir de cette façon en dissimulant la vérité était assez égoïste de la part de Joyce. Elle savait qu'elle n'était pas éternelle et que son coeur pouvait lâcher d'une minute à l'autre. Pourtant, Joy tenait à vivre sans contrainte, à pouvoir aimer, à monter sur scène, à sentir son coeur s'accélérer après un effort physique. Elle ne voulait pas passer à côté de son existence. Alors, oui, elle était égoïste mais peut-on reprocher à une personne de vouloir vivre ?
A peine ses propos énoncés qu'elle s'en voulait déjà. Joyce savait qu'elle déversait sa haine sur Eliàs et qu'elle n'était pas tendre avec lui. Pour la parisienne, c'était un moyen de le mettre en garde. Peut-être valait-il mieux qu'il la déteste ? Qu'il soit totalement détaché s'il venait à lui arriver quelque chose ? Joyce s'est souvent poser des questions : avait-elle droit au bonheur ou de s'engager dans une relation sérieuse ? Devait-elle freiner les histoires avec un homme ? Pourquoi ne pas passer sa vie à voyager et ne jamais s'attacher aux personnes... Aller de pays en pays, faire des tas de rencontres qui resteront au stade de connaisses ; ce genre d'individus qui sont de passage dans notre existence.
Bien sûr que j'ai raison. Passe à autre chose, Eliàs ! En fait, je me dis que c'était une erreur de vouloir vivre quelque chose de sérieux. Tu mérites tellement mieux dans ta vie... Quelqu'un qui sera toujours à tes côtés, qui te fasse rire, aimer ton existence... Mais surtout qui te dise toute la vérité. Aucun mensonge ! J'en suis pas capable. T'as tout pour toi : t'es beau, marrant, intelligent... talentueux ! Alors quelque part, même si ça fait mal, je t'encourage vraiment à refaire confiance de nouveau à une femme. Tu le mérites sincèrement, et celle qui partagera ta vie sera la plus chanceuse et j'espère qu'elle s'en rendra compte. Même si je peux paraitre brute comme ça, je te remercie vraiment pour ce qu'on a vécu.
Joyce lui en voulait d'avoir lu ses résultats. Plus jamais les choses allaient comme avant. Elle ne s'en rendait pas encore réellement compte.
Tu vois, tu le fais ! Tu penses directement au danger sans songer à mon plaisir personnel ! J'aimais les activités avec ton petit frère... Ca me plait de me surpasser et de me dire que je suis totalement normale l'espace d'un instant. Mais ça tu t'en fous... Tu penses à quoi ? Au pire ! Ta réaction, c'est exactement celle que je voulais pas... Tu comprends pourquoi je dis rien et je t'interdis de le répéter aux autres. Je vis très bien comme ça ! |...| Je te déteste... D'être rentré dans ma vie, d'avoir été parfait, de continuer à me parler malgré que tout ce que t'as appris sur moi. Eloigne toi ! Je te le demande pour toi !
Choqué. Voilà dans quel état il était. Choqué par ce qu’elle lui disait. Elle lui demandait carrément d’aller voir ailleurs, de sortir avec une autre femme, de refaire confiance, de vivre cette relation sérieuse qu’ils avaient vécu avec une autre, alors qu’il n’était même pas capable de regarder une autre femme en ce moment. Il ne comprenait rien à rien. Il avait de la colère qui montait en lui, ce qu’elle lui disait ne lui plaisait pas du tout. Ok, il savait qu’il devait passer à autre chose et ne pas vivre dans le passé, mais pas au point de complètement passer à autre chose. Il ne pourrait pas, il le savait, c’était beaucoup trop tôt, après tout elle était sa seule histoire sérieuse. Deux ans de relation de couple, et oublier ça en même pas deux mois ? Impossible pour le jeune Oliver. Il serra une nouvelle fois la mâchoire tout en la regardant. Seulement il avait du mal à lui crier dessus, à l’engueuler sur ce qu’elle venait de dire, surtout pas après ce qu’il venait de découvrir. La suite de ce qu’elle lui dit ne lui fit pas beaucoup plus plaisir. Il écouta sans broncher, sans dire quoique se soit, quand ils se disputaient soit il ne réagissait pas, ne donnant pas son avis, soit au contraire c’était plus explosif. Et cette fois-là, comment réagir à ce qu’elle lui disait ? Après le truc de se tomber amoureux d’une autre femme, elle lui demandait de l’oublier ? De s’éloigner d’elle.
« Tu dis n’importe quoi Daphné. »
Il parlait calmement, ne s’emballant pas, se contentant de la regarder, puis il se rapprocha d’elle doucement tout en approchant sa main de la sienne.
« Ce que je sais de toi, ne changera rien à ce que je ressens pour toi. Que tu sois riche ou pauvre, énorme comme un éléphant, ou maigre comme un clou, plus intelligente que moi, ce que tu l’es d’ailleurs, ou avec un petit poids dans le cerveau, que tu sois triste ou heureuse, malade ou pas, strip teaseuse ou pas, amoureuse ou pas. »
Il lui prit sa main cette fois-ci, toujours en la regardant. Il ne réfléchissait pas à ce qu’il allait dire ou faire. Depuis un moment, ils ne faisaient que de se disputer, Eli savait que c’était normal, et que ça allait être dure de faire autrement, de mettre tout derrière eux et de pouvoir devenir amis. Car pour l’instant, c’est clair qu’ils ne se voyaient pas devenir autre chose. Surtout qu’elle sortait avec Sohfiyèn, enfin quelque coche comme ça. Et apparemment, pas grand monde est au courant de sa maladie, surtout qu’elle venait de lui demander de ne le dire à personne. Il devait alors garder sa maladie secret et ne rien dire sur ce qu’il venait de découvrir. Le jeune homme en avait des secrets sur les personnes proches de lui. Mais il savait qu’il aurait dû mal avec celui-ci, du mal à faire comme si il n’y avait rien, comme si elle allait parfaitement bien et qu’elle ne risquait pas de faire une crise à chaque activité qu’elle faisait.
« Je ne dirais rien… Mais désolé, malgré le fait que je ferais n’importe quoi pour toi, ce que tu me demandes là c’est juste impossible. Je ne peux pas m’éloigner, je ne veux pas m’éloigner. Il faut juste que tu me donnes le temps de digérer ce que je viens d’apprendre… Et c’est normal que je m’inquiète pour toi ! N’importe qui le ferait à ma place ! Et je ne te dis pas de ne plus vivre… je ne t’empêcherais jamais de faire quelque chose tant que ça te rend heureuse, c’est le plus important. »
Même en cherchant bien, Joyce n'avait rien à reprocher à Eliàs. Pour elle, il était parfait en tout point et l'étudiante s'en voulait éperdument de lui avoir fait vivre une telle histoire. Elle prenait toutes les responsabilités quant à leur rupture. La jeune Arnault aurait tellement voulu qu'il l'apprenne d'une autre manière, lui éviter toute la souffrance, arrêter de jouer son égoïste et penser uniquement au bien être de l'autre. Au lieu de ça, Joyce n'avait pensé qu'à elle. Les mots prononcés par Eliàs l'avaient profondément touché. Quelle femme resterait insensible face à une telle déclaration ? Il l'acceptait avec tous ses défauts, tous ses travers et il était bien placé pour en connaitre la longue liste. Joyce n'avait pas un caractère facile, elle avait tendance à vite s'emporter, à se montrer susceptible ou à enchainer les caprices.
Et tu ressens quoi au juste ? D'un côté, je me dis que c'est un mal pour un bien ! Ce que je veux dire par là, c'est qu'il faut que j'arrête de penser qu'à moi. En acceptant ta bague, que j'ai toujours... D'ailleurs, faudrait que je te la rende. Bref, je reprends... En acceptant ta bague, j'ai pas pensé à l'avenir. A ce que toi, t'aurais vécu par la suite ! Bien sûr que j'ai toujours rêvé d'une robe blanche mais j'avais pas à te dire - oui -. Je m'en suis rendue compte que trop tard malheureusement. Je suis qui pour te plomber ton avenir ? Je sais que t'as pas eu une vie facile. Je connais ton histoire... Finalement, je me dis qu'une relation, c'est basé sur l'échange, de jouer le jeu de la transparence... Je l'ai pas fait. T'as tout découvert par toi même... Et sincèrement, t'es trop indulgent avec moi. J'espère que tu prendras conscience que t'es loin d'être objectif quand ça me concerne. Tu laisses tout passer et encore une fois, je te le dis, je le mérite pas !
Joyce ne le remercierait jamais assez pour ces deux dernières années. Elle baissa un instant les yeux avant de porter sa main sur le coeur d'Eliàs.
Le tien est bien fonctionnel ! Fais le bon choix... Tu sais qui tu veux au final sauf que t'as sûrement peur de perdre la personne en question. C'est peut-être absurde mais j'ai déjà pensé que j'étais une solution de facilité ou que j'étais de trop. Eliàs, prends des risques... Et même si ça devait échouer, t'auras essayé ! Tu veux en parler ?
En abordant ce sujet, Joyce n'était pas spécialement à l'aise mais elle se devait de faire des efforts pour tenter de retrouver un bon lien avec Eliàs. Joy avait pris le risque de parler de la relation de son ex avec la meilleure amie de ce dernier.