La lumière vaquait dans tous les sens, la musique résonnait dans mes oreilles. C’était peine à croire que j’étais dans une soirée. Une collègue du boulot m’avait invitée, et je n’avais pas trouvé d’autres alternatives que d’accepter. En fait, aucune excuse ne m’était venue à l’esprit pour refuser l’invitation. Alors j’avais enfilé une jupe et un top, et j’y étais allée, sans grande conviction il fallait l’avouer. Et j’avais eu raison : je ne connaissais personne dans cette soirée. A part bien sûr ma collègue qui ne daigna même pas un petit regard dès que j’étais arrivée. Elle était trop absorbée par un garçon qui semblait plutôt intéressé à autre chose. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir, j’étais une fille tellement pénible quand je le voulais que je lui avais certainement fait voir toutes les couleurs au bureau. J’étais née avec ce mauvais caractère, donc je ne pouvais pas le changer. Pour en revenir à la soirée, je ne faisais que grignoter des choses, boire deux verres et m’asseoir observant les autres s’amuser. C’était mon truc aussi d’être solitaire, de ne pas me joindre aux autres, car je savais pertinemment que même si j’y allais et que j’ouvrais ma grande gueule, ça reviendrait au même : je resterai seule. Certes quelques idiots s’étaient approchés de moi, et je leur avais laissé bien clair qu’ils n’avaient pas intérêt à rester près de moi. Je pensais que j’aurais dû inviter Domenico, au moins je n’aurais pas été seule. Mais j’étais sûre qu’il avait tellement mieux à faire que de rester dans cette soirée qui commençait sérieusement à me casser les pieds.

Je ne pus tenir plus longtemps, car j’avais déjà tenu assez. D’un air décidé, je me levai, attrapai mon sac et sortit du local pour me retrouver dans la rue et ainsi rentrer enfin chez moi. J’étais venue à pied, puisque ce n’était pas très loin d’où je logeais. Il était 23h54 selon ma montre. Je marchai d’un pas vif, espérant rejoindre aussi vite que possible mon appartement. Mais le destin n’en avait pas choisi ainsi. Alors que je tournai une rue, un homme bien plus grand que moi (étant petite, tout le monde me dépasse) me fit face. Grâce à quelques lumières de la ville, je pu apercevoir son visage : il avait l’air dans la trentaine, blond et plutôt alcoolisé vu son état. Faisant mine de ne pas le voir, je le contournai donc, priant qu’il ne me suive pas. Malheureusement, ceci se produisit. Je sentis sa poigne attraper mon bras et me forcer à revenir vers lui.

« Où tu vas comme ça ma jolie? » dit-il d’un ton mielleux, un grand sourire aux lèvres.

« Laissez-moi! » répliquai-je d’un ton qui se voulait glacial, me débattant de son étreinte.

Le type éclata de rire puis me plaqua contre le mur le plus proche. J’avais beau me débattre, ma force était incomparable à la sienne. Il prit mes épaules, pour ne pas que je puisse m’échapper. Je ne savais pas ce qu’il allait me faire et je commençai sérieusement à paniquer : la rue était déserte et je ne pouvais pas atteindre mon téléphone portable pour appeler de l’aide.

« Allez, arrête d’avoir peur princesse, ça ne dura pas longtemps. » dit-il tout en s’approchant de mon visage dangereusement.

Le premier réflexe que j’eux, ce fut de lui cracher dessus. Et ça marcha, pendant un instant. Le type rejeta sa tête en arrière, en me regardant d’un air noir.

« Ah tu veux jouer à ça, hein? » gronda-t-il.

Il attrapa mon bras gauche et le tordit, ce qui m’arracha un cri de douleur. Je priai presque pour que quelqu’un intervienne et vite.

Je priai vraiment pour que quelqu’un vienne. Certes, j’étais une orgueilleuse de première classe mais là, je savais que si personne ne venait m’aider je n’avais aucune chance de m’en sortir. Je ne savais pas ce que ce type avait dans la tête, mais ses intentions n’étaient certainement pas bonnes du tout. Il commençait sérieusement à me faire mal, et ses répétitions à vouloir s’approcher de moi me lâchaient des frissons. J’avais eu l’idée de lui lancer un bon gros coup de pied dans ses parties, mais apparemment il s’était douté que je pouvais faire une chose pareille car il s’écartait. Je n’avais pas d’échappatoire, je criai une nouvelle fois. Le malfaiteur m’avait redonné un coup dans mon ventre, qui me coupait le souffle. Malgré que je sois terrorisée, j’essayais de garder ma tête froide pour ne pas montrer au type mes émotions. Mais sur le coup, ça ne devait pas trop marcher parce qu’il éclatait de rire et s’approchait de plus en plus.

C’est alors que quelqu’un parla. Ce n’était pas moi, ni le malfaiteur, mais bien quelqu’un d’autre qui avait parlé. Je tournai alors mon regard vers la voix et je vis un jeune homme, de mon âge à peu près, qui demandait s’il y avait un problème. En bonne Denver et si je n’étais pas dans cette situation, j’aurai très bien pu lui rétorquer quelque chose du genre : bien sûr qu’il y a un problème, t’es aveugle ou quoi? Mais là, je m’abstins de sortir ce genre de commentaire. S’il n’y avait que lui dans cette rue, c’était mon unique chance et je ne voulais pas la gâcher. Mon malfaiteur avait aussi retourné sa tête vers le nouvel arrivant et il éclata de rire. Une nouvelle fois. A croire qu’il ne savait que faire ça.

« Mais de quoi je me mêle? Je suis avec une fille, va t’en chercher une autre et laisse moi tranquille sale gamin. » lança-t-il froidement.

Mon cœur battait à une vitesse incontrôlable. Je regardai alternativement le jeune homme et le malfaiteur. Il n’y avait pas photo, mon malfaiteur était une brute, il était terriblement plus grand que moi et il devait faire de la musculation tous les jours. Quand au jeune homme, même s’il n’était pas ginguelet, comparé à lui il ne lui arrivait pas à la cheville. Mais il ne bougeait pas d’un poil. J’avais vu qu’il avait une planche de bois dans la main et le malfaiteur aussi l’avait vu. Il était bourré mais il avait tout de même l’œil celui-là.

« Tu veux te battre c’est ça? » grogna-t-il avec un petit sourire, « Attends, dans deux secondes je suis à toi. »

Il se tourna vers moi et je ne sentis que sa claque me traverser la joue, que je tombais à terre. Je me sentais complètement à l’ouest, limite s’il venait de m’anesthésier. Mon regard se fit flou, mais je réussissais à distinguer les deux formes devant moi.

« A nous alors petit. »

Honnêtement, le jeune homme qui se prenait pour mon sauveur ne faisait pas le poids contre le malfaiteur. Il ne manquait pas de bonnes intentions, loin de là, mais j’avais encore plus peur que tout cela tourne mal. Après qu’il m’ait donné une claque, je me remettais de mes esprits, restant à terre et observant ce qu’il se passait devant moi. Le malfaiteur avançait à présent vers le jeune homme, et malgré son courage il reçut plusieurs bons coups. L’idée de m’en aller en courant me vint plus une fois à l’esprit. Mais même si j’étais égoïste, je ne pouvais pas laisser le jeune homme comme ça après ce qu’il faisait pour moi. Je restai donc dos au mur, regardant avec effroi ce qu’il se déroulait. Je commençai ensuite à chercher frénétiquement mon portable dans mon sac, mais avec la panique qui régnait je n’arrivais pas à le trouver. Où sont les flics quand il le faut? Mais alors que je continuai de mettre mon sac sans dessus dessous, j’entendis un énorme cri et un crac. Levant les yeux vers la scène, je vis mon malfaiteur à terre se tenant le genou. Le jeune homme avait du le lui briser avec la planche qu’il avait. Puis c’était le moment ou jamais, il vint à moi m’agrippant par la taille et nous courûmes jusqu’à une rue plus grande et plus fréquentée jusqu’à nous arrêter sur un banc. Je m’assis à mon tour à côté de lui. Si ça allait? Ma joue me faisait encore mal, ainsi que mes poignets, mais ce n’était rien comparé à ce lui avait à la figure. Tout plein de sang tombait.

« Je devrais peut-être vous retourner la question en fait. » affirmai-je en lui montrant sa blessure.

Prenant mon sac, je sortis un paquet de mouchoirs. J’en donnai un au jeune homme puis j’en pris également un autre pour l’aider à arrêter cette hémorragie. J’appuyai donc le mouchoir sur son arcade, mais le papier s’imbibait très rapidement donc j’en sortais un autre et un autre.

« Il faut que j’appuie pour stopper l’hémorragie, je suis désolée si ça fait mal. » dis-je en plissant les yeux.

Je n’étais pas médecin, ni infirmière mais j’avais suivis un stage pour les premiers secours. J’avais eu mon diplôme haut la main, donc je savais quoi faire pendant ces instants là même si j’aurai aimé jamais pouvoir le faire.

« Et euh… merci. »