We could have had it all Rolling in the deep You had my heart inside your hand And you played it to the beat
Mon dieu, le départ était imminent et je savais par avance qu'il allait me manquer. Regarder les valises qui jonchaient le sol, sentir la détresse qui s'emparait de moi montrait clairement que j'étais fortement entichée de l'anglais et je voulais tellement lui donner avant de m'en aller. Le regarder, le sentir, coucher avec lui comme pour signer le fait que cette relation était bien plus qu'une passade. Je voulais tout lui dire, lui parler de mes problèmes psychologiques, le rassurer en disant que je reviendrai et j'avais tout prévu pour ce soir. Sauf qu'il y avait un accro à tout ça. Je devais passer chez Heaven pour récupérer mon chèque afin de solder mon compte. Elle m'avait dit qu'elle avait trouvé quelqu'un d'autre pour s'occuper du petit ange pendant mon absence et je m'en réjouissais car j'adorai Lily, si on compte qu'on avait quasiment le même prénom. Elle m'appelait Lili aussi, comprenant que c'était plus court. Me faisant des caprices pour regarder Raiponce, son dessin animé préféré qui était aussi le mien. Juste avant de partir, je décidai de me connecter sur Facebook pour regarder si je n'avais pas un ou deux messages mais rien. Sauf une photo et une publication qui me sautèrent aux yeux. Pardon ? Je n'ai pas tout saisi. Christopher et Heaven ? J'aurai pu penser qu'il n'était que de simples amis si le petit mot d'amour sur son mur montrait clairement qu'il y avait plus que de l'amitié entre eux. Je me sentais trahie, humiliée. Ce fut plus fort que moi, je publiais un truc sur son mur montrant qu'il m'appartenait avant elle et voulus partir quand il vint me parler. Je n'ai pas envie de parler. Je me sens l'envie de pleurer, de frapper, de m'effondrer. Le seul homme en qui j'avais confiance venait de me trahir. J'avais envie de vomir, je me dégoutais. Il se foutait de moi depuis le début. Il est clair que je n'avais pas changé de statut depuis la dernière fois. Alors, je me levai pour arracher mes vêtements et aller me changer afin de me rendre chez Heaven. Je pleurai carrément. Je pleurai parce que j'étais stupide. Stupide d'avoir cru que le destin me laisserait tranquille.
Prenant mes affaires, je me décidai quand même à me rendre chez la mère de la petite fille que je gardai pour avoir mon chèque. Et ne plus revenir ici. Je pense que Luke comprendrait que je m'en ailles pendant un moment. J'avais le cœur brisé. Je ne le supportais plus. J'avais tellement envie de me foutre en l'air que je me demandais même comment je faisais pour me rendre chez celle qui partageait la vie de mon petit copain. Peut être parce qu'elle me devait beaucoup d'argent ? Aucune idée. Je pris la voiture de mon frère et conduisis vite et sans permis pour me rendre chez elle. Une fois devant sa maison, je fus prise d'un haut de cœur que je réprimais avant de m'avancer devant la porte et de sonner. J'avais les mains moites et je baissais la tête avant de voir la porte s'ouvrir. Quelle fut ma surprise quand je vis qui était derrière. Et la brèche s'ouvrit un peu plus.
J'avais passé l'après-midi avec Lilly ; c'était les vacances et tant que je pouvais m'en occuper pour lui éviter le centre aéré, pourquoi pas. Bientôt, elle préfèrerait y aller pour jouer avec ses copains et copines alors autant en profiter maintenant. D'ailleurs, j'avais bien fais de la récupérer et de m'en occuper comme si Heaven ne rentrerait pas puisqu'elle ne pourrait pas revenir à l'appartement avant le lendemain. J'étais dans la salle de bain entrain d'aider Lilly à se doucher quand elle m'avait appeler pour me prévenir et je n'avais pas eu le temps de la rappeler qu'elle m'avait laissé un message sur facebook. C'était plus simple parfois - et au moins, elle était sûre que je le verrai puisque depuis que j'étais avec Lilas, j'essayais de m'y mettre au maximum.
Dans l'ensemble, j'avais passé une assez bonne journée. Lilas partait demain et j'aurai aimé la voir avant qu'elle ne prenne l'avion, l'accompagner à l'aéroport peut-être, mais tout ça me semblait compromis avec Lilly. Quoi que je pourrais prendre la voiture d'Heaven, elle avait un siège auto - et j'étais encore incapable de le détacher pour pouvoir l'installer dans ma propre voiture. Un vrai boulet. Lilly était entrain de manger devant Raiponce lorsque mon couple parti en miette. J'avais beau lire ce que Lilas me racontait, je n'y comprenais rien. Certainement que mon cerveau avait cessé de fonctionner correctement. Je voyais trouble et j'avais un mal de crâne d'enfer. C'est l'heure d'aller au lit, ma puce. Impossible de savoir comment j'étais parvenu à articuler cette phrase mais Lilly avait sans doute trouvé mon ton étrangement inhabituel puisqu'elle s'était immédiatement levé pour rejoindre sa chambre. Sans broncher. Du jamais vu - et bizarrement, j'aurais aimé qu'elle résiste, histoire de ne pas me retrouver seul, face à mon ordinateur, trop vite. Les battements de mon cœur me résonnait jusque dans mes tempes et la cacophonie qu'ils faisaient était devenue insurmontable. C'était donc ça, perdre une personne qui nous était chère.
Je m'étais réinstallé devant mon ordinateur mais je n'étais plus capable de faire quoi que ce soit. J'étais complètement paralysé devant mon écran, entrain d'épier tout ce que je pouvais sur le profil de ma petite amie. Enfin... elle n'avait plus vraiment l'air de se considéré comme étant en couple avec qui que ce soit. Lorsqu'on sonna à la porte, je sursautais comme le roi des cons avant d'hésiter à aller ouvrir. Je n'étais pas en état de recevoir qui que ce soit, soyons honnête. Finalement, j'avais peur que la personne ne s'acharne et que Lilly ne quitte sa chambre alors j'ai rapidement été ouvrir. Lilas. C'était Lilas. Mon cœur semblait s'être arrêté tellement j'étais content de la voir. Plus pour me rassurer qu'autre chose, je la serrais dans mes bras avant de la faire entrer. Je suis content de te voir, soufflais-je avant de percuter. Comment est-ce qu'elle savait où j'habitais ? Je n'étais pas sûr de lui avoir déjà donner mon adresse. On a des choses à ce dire, je pense. J'étais tellement content de la voir là que je n'avais même pas remarquer qu'elle était également surprise de me trouver ici, chez moi. Comme si elle s'attendait à tomber sur quelqu'un d'autre.
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Je me sentais mal. Je sentais venir la crise d'angoisse à l'horizon. J'avais envie de pleurer, de hurler, de m'arracher les cheveux. Je n'étais qu'une pauvre cruche qui avait cru qu'il était différent, qu'il pourrait m'aimer comme je le voulais depuis tant de temps. Depuis trois ans, je me sentais creuse, vide. Et je pensais que cela se serait arrangé en sa présence mais peut être avais-je réagi un peu trop excessivement comme m'avait dit Charlotte. Peut être devais-je lui demander des explications sur le pourquoi du comment ? Mais je n'en avais pas envie. Il m'assurait que j'étais sa petite amie mais devant tout le monde, il faisait profil bas hein. Je restai un moment à me ressaisir avant de frapper à la porte. Je n'avais pas sonné, me doutant que la petite devait être couchée à ce moment ci et j'avais trop de respect pour cet enfant comparée à celui que j'avais pour sa mère à ce moment ci. Je voulais oublier que j'avais considéré cette femme comme une amie. Elle m'avait volée mon Christopher. Il m'appartenait, merde. C'était mon copain. Les yeux, perdue dans le vide, je constatai que la porte s'ouvrait et avant que je n'ai le temps de dire ouf, je fus attirée à l'intérieur pour qu'on m'enlace. Cette odeur, ce parfum m'était si familier que je relevai les yeux pour voir Christopher. Il habitait donc avec elle. Carrément. Quelle cruche. Je me reculai vivement pour me cogner à l'angle d'un meuble mais la douleur ne m'atteint pas comparée à celle que je ressentais en ce moment même. « Ce n'est... » Ma vision se brouilla mais je ravalai mes larmes, consciente que j'allais donc faire ça en face à face pour la première fois de ma vie. « Réciproque. » Je déglutis péniblement, sentant mes jambes me lâcher peu à peu mais me retenant à un meuble. J'allais exploser quand il me dit qu'on avait des choses à se dire et je me mis à rire comme une cruche. Oui, manifestement.
« Il n'y a rien de plus à ajouter. » Une larme dévala le long de ma joue et j'inspirai profondément afin de me dire mentalement que c'était fini. « Tu t'es bien foutu de ma gueule. Tu croyais quoi hein ? Que t'allais pouvoir coucher avec nous deux. Et tu pourras dire ce que tu veux. Je n'en ai rien à faire. Je ne te crois plus. Sois heureux avec cette biatch plutôt qu'avec cette cruche de Lilas. » Je commençai à réellement m'énerver et je me mordis la langue d'avance pour ce que j'allais dire. Tout déballer comme ça serait difficile mais après tout, qu'avais-je à perdre. « Mais puisque mon passé t'intéresse tant, tiens, j'vais tout de dire. Maintenant dans votre entrée. Tu voulais savoir pour la cicatrice ? Elle vient d'un malade mental qui m'a retenue pendant trois ans chez lui. J'te dis pas ce qu'il m'a fait mais si je ne veux pas coucher avec toi, c'est qu'il y a une raison non ? Enfin bref, maintenant, je suis libre, hourra. Pauvre Lilas, petite fille blessée amoureuse de son professeur depuis des mois et qui se fait avoir... Mais comme une grosse conne! » Je pris ma tête entre mes mains, prise d'un violent sanglot. J'avais tout déballé comme ça sous le coup de la douleur, de la trahison. « Donnes moi mon chèque s'il te plait qu'on en finisse. Et ne t'inquiètes pas, tu ne me reverras plus. Tu pourras vivre paisiblement avec Heaven. Elle, elle doit te satisfaire au moins. » Je le jugeai d'un regard implorant, toujours en train de pleurer. Je me sentais si mal en cet instant que j'aurai tout donné pour disparaître. N'être plus qu'un vague souvenir. Cesser d'exister.
Tu croyais quoi hein ? Que t'allais pouvoir coucher avec nous deux. Je clignais des yeux plusieurs fois. Bordel, mais de qui parlait-elle ? J'avais beau me creuser la tête, je ne comprenais pas les allusions douteuses qu'elle faisait ; c'était insensé. J'avais voulu répliquer mais elle enchaina rapidement - et je me pris la plus grosse claque de tous les temps. Complètement sonné le Chris. Tellement de choses pouvaient s'expliquer après cette révélation que je m'en voulais de ne pas l'avoir compris tout seul. Aucun instinct. Ou alors peut-être que j'étais tellement attaché à Lilas que j'avais refusé d'imaginer le pire parce que... qui voudrait faire du mal à une fille comme elle ? C'était certainement la fille avec laquelle je m'étais sentie le plus à l'aise, celle avec qui j'avais véritablement eu la sensation d'exister et voilà qu'elle me glissait entre les doigts pour une raison qui m'échappait encore. Quelle connerie. J'étais certainement sonné, incapable de réagir puisque je la vis bouger les lèvres mais je fus incapable de comprendre quoi que ce soit. Chèque ? Quel chèque ? Je soupirais intérieurement. C'était certainement un mauvais rêve. Vous savez, le genre qui vous montre ce qui se passerait si vous foutiez votre couple en l'air en allant voir ailleurs - sauf que je n'avais aucune envie d'être avec quelqu'un d'autre que Lilas et que ce cauchemar de merde n'avait pas lieu d'être.
Une douleur intense m'avait pris au creux de l'estomac, me provoquant des vertiges, mais j'étais incapable de savoir si c'était de la tristesse, de l'angoisse ou même une colère intense à l'égard de celui qui avait bousiller la vie de ma Lilas de cette manière. Chèque. Chèque. Chèque. Je tournais instinctivement les yeux vers le bar de la cuisine où j'avais vu une enveloppe qu'Heaven avait laissé pour la baby-sitter et... oh putain. Je me dirigeais rapidement vers l'enveloppe et l'ouvrait pour y découvrir un chèque. C'était donc elle dont Lilly me parlait régulièrement ; elle me parlait de ma petite amie et je n'avais même pas été fichu de faire le rapprochement. Lilas pensait certainement que j'étais en couple avec Heaven, que nous avions un enfant même - et c'était tout à fait légitime. A cet instant précis, j'en voulu à mes parents de m'avoir fait si discret, un quiproquo de ce genre ne serait pas arrivé si je m'étais mis à lui raconter ma vie comme n'importe qui l'aurait fait. Mais bon, c'était toujours plus simple de rejeter la faute sur les autres. J'ai refermé l'enveloppe mais je ne lui ai pas donné pour autant. Je savais qu'une fois qu'elle l'aurait dans les mains, elle s'en irait - et je n'en avais pas la moindre envie. J'étais dingue de cette fille et pour une fois, j'allais tout faire pour la garder. Lilas... soufflais-je, plus pour attirer son attention qu'autre chose. Heaven est une amie d'Angleterre, je l'héberge le temps qu'elle retombe sur ses pieds parce qu'elle a perdu son travail quand son mari l'a quitté et que vivre dans un hotel avec une petite fille c'est pas vraiment la meilleure des options... J'ai doucement soupiré, je m'en voulais de lui avoir fait autant de peine. Alors vas y... dis ce que tu veux mais je peux t'assurer qu'il ne s'est jamais rien passé et qu'il ne se passera jamais rien avec elle parce que c'est avec toi que j'ai envie d'être. Je sais que j'ai merdé et que j'aurai du te dire que je vivais avec elle et sa fille mais c'est pas la première chose qu'on annonce quand on rencontre quelqu'un et il n'y a tellement pas d’ambiguïté entre elle et moi que... j'en sais rien, je pensais pas que tu pourrais croire ça. C'est tellement logique pour moi que j'oublie que ça peut en surprendre certain. C'était certainement la première fois qu'elle m'entendait parler autant - et j'aurais préféré que ça arrive dans d'autres circonstances. J'ai pas envie que tu partes Lilas, surtout pas si on n'est plus ensemble et que je ne peux rien faire pour arranger le mal entendu.
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Je ne savais plus trop où me donner de la tête. Je l'aimais, c'est certain mais je ne pouvais pas m'engager avec un homme qui me cachait l'existence de sa colocataire et d'une petite fille. Petite fille que j'adorai, qui m'aidait à aller mieux mine de rien mais que je ne reverrai plus parce que je partais ce soir et que je ne comptais pas revenir. Revenir dans cette université où je risquais de le croiser tous les jours. Prendre un café, aller chez moi, dans ce lit où nous avions dormi tous les deux. Le destin, le karma, tout s'acharnait contre moi alors que je n'avais rien fait de mal. Certes, j'avais frappé mon grand père mais c'était un accident. Allais-je payer toute ma vie pour un crime que je n'ai pas commis ? Qu'adviendrait-il de moi au final ? Je n'en savais rien. Je restai là, en pleurs, démunie, devant lui, les poings serrés à me demander quoi faire. Devais-je le croire ? Je n'en savais rien. Je parcourus la distance qui me séparait de lui avant de me mettre face à face et de le regarder dans les yeux. J'y trouvai la même tristesse que moi. J'y trouvai cette envie de ne pas me quitter mais avais-je le choix ? Ma déception, le fait que je savais que cette femme n'était pas seulement que son amie. Mais pourquoi me mentait-il ? J'étais butée. Je n'avais plus confiance. Elle se perdait si facilement. Je fus pris d'un nouveau sanglot, détourna nt la tête. « [color:5ada= indianred]Cette cicatrice... Il me l'a faite quand je me suis enfuie. Je ne.. je suis encore... » Je n'arrivai même plus à finir mes phrases. Je n'étais pas prête. Je voulais plus. Je voulais qu'on s'affiche mais j'étais encore trop fragile psychologiquement. Je devais partir et faire le point. Même si j'avais commencé à me sentir mieux avec lui, ce soir montrait clairement que je pouvais replonger.
J'anéantis une bonne fois la distance entre lui et moi, le prenant dans mes bras. Je ne parvenais pas à le lâcher, collant ma tête contre son torse, en pleurant. Je laissais tomber toutes mes barrières pour le surélever et l'embrasser. Un baiser d'adieu ? Non. Je changeai d'avis. Soudainement. Je ne pouvais plus le quitter. Non pas parce qu'il me faisait pitié mais parce que j'étais bel et bien amoureuse de lui. « Je t'aime, soufflai-je avant de déposer un autre baiser. » Je voulais plus, je voulais qu'il vienne avec moi en France, qu'il soit à mes côtés quand j'irai voir ma mère, quand je me rendrais sur la tombe de Laurent pour me guérir. « Viens me rejoindre. Dès que tu le peux. Viens me rejoindre, le suppliai-je presque. On ira voir ta famille ensembles. Mais deux mois, c'est trop long. Je ne.. peux pas.. avec elle. » J'avais craché ses mots, me rendant compte que je détestai cette femme. Vraiment. J'allais lui faire la peau mais pas tout de suite, je suis un peu occupée. Je passais mes mains sous son tee-shirt avant de déposer un baiser dans son cou. Comme une promesse. Je voulais aller plus loin mais ce n'est pas moi qui ferais le premier pas cette fois ci. Nada, niet.
Je me suis longtemps demandé pourquoi j'étais incapable d'exprimer ce que je ressentais vraiment pour une fille avec qui je sortais ; maintenant je sais que c'était simplement parce qu'avant aujourd'hui, je n'avais jamais rien ressenti de plus qu'une affection plus ou moins forte pour une fille. L'amour n'avait rien à voir avec ça. Mais j'aimais Lilas et je pouvais l'affirmer depuis que je l'avais vu pleurer par ma faute et que j'avais cru la perdre. A partir de là, j'essaierai de faire des efforts, j'essaierai de lui parler plus pour ne plus jamais la voir pleurer. Cette cicatrice... Il me l'a faite quand je me suis enfuie. Je ne.. je suis encore... Mon cœur s'était tellement compressé que j'en eu des hauts-le-cœur. Je ne pouvais même pas imaginer ce qu'elle avait vécu durant toutes ces années - et de toute façon, j'en étais incapable, c'était trop douloureux. Lorsqu'elle se blottit enfin dans mes bras, j'étais certain qu'elle avait pu sentir mon cœur repartir à nouveau, s'emballer comme à chaque fois qu'elle était près de moi. Personne ne te feras plus de mal, Lilas. Je suis là, maintenant. Je voulais croire que ça servirait à la rassurer - et à la protéger aussi - mais je savais qu'il en faudrait bien plus que ça. La fragilité qu'elle dégageait malgré elle n'était donc pas un leurre et maintenant que je savais ce qu'elle avait traversé, je l'aimais encore plus. C'est l'une des personnes les plus courageuses que j'avais croisé jusqu'ici et elle ne pouvait qu'en être fière.
Finalement, elle releva la tête et posa ses lèvres sur les miennes ; au début, je ne su pas vraiment quoi en penser. Est-ce qu'elle me disait au revoir ? Non, rien à voir. Je lui rendis son baiser en resserrant mon étreinte comme si j'étais incapable de la voir partir. Je t'aime. J'affichais un léger sourire avant de lui répondre que moi aussi, je l'aimais. Je savais que j'avais du mal à exprimer mes sentiments en temps normal mas visiblement, rien n'était pareil avec Lilas dans le coin. Viens me rejoindre. Dès que tu le peux. Viens me rejoindre. On ira voir ta famille ensembles. Mais deux mois, c'est trop long. Je ne.. peux pas.. avec elle. Je passais une main sur son visage après avoir déposer un baiser sur son front. J'avais pu constater qu'elle ne portait pas Heaven dans son cœur et que ça risquait d'être compliqué à l'avenir mais ce n'était pas ce que j'avais retenu le plus. D'accord, répondis-je avec un léger sourire. Je vais voir comment je vais m'arranger mais dès que je peux, je te rejoins. Alors qu'elle passait ses mains sous mon t-shirt, je fermais les yeux un instant, ne sachant plus vraiment comment agir après tout ce qui venait de se passer. Je comprenais parfaitement que c'était un feu vert mais je n'avais pas envie de profiter d'elle comme ça, juste parce qu'elle semblait plus vulnérable que d'habitude. Je l'embrassais amoureusement, cherchant une excuse valable pour ne pas aller plus loin, pour m'empêcher d'approfondir ce baiser encore et encore - mais je n'en trouvais aucune. Et puis j'entendis Lilly chouiner un peu dans sa chambre. Je n'y faisais plus vraiment attention puisque je savais que dès lors que sa mère n'était pas là la nuit, elle avait toujours du mal à dormir et qu'elle n'était pas vraiment réveillée mais ce serait mon excuse. J’ôtais mes mains que j'avais glissé sous le top de Lilas quelques secondes plus tôt, sans pour autant prendre mes distances. Tu veux bien rester ici cette nuit ? demandais-je en entrelaçant mes doigts à ceux de ma petite amie. Je l'embrassais tendrement dans l'espoir de la convaincre ; le départ allait être dur mais je pouvais me consoler en me disant que nous aurions beaucoup de temps rien que pour nous une fois que je l'aurais rejoins en France.
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Dévoiler mes sentiments comme ça. Je ne le faisais jamais. Je ne faisais pas confiance aux gens, je restai en retrait dans mon coin. Quand Christopher m'a connue, j'étais assise dans l'amphithéâtre, les yeux dans le vague à regarder ailleurs comme si je cherchai à fuir le regard de tous les hommes aux alentours. Faire confiance. Une chose si rare. Quand quelqu'un me haïssait comme Enora j'en ressortais encore plus en retrait, enfermée chez moi sans possibilité de revenir en arrière. Je savais que tout le monde ne pouvait pas aimer tout le monde. Mais qu'est la haine à côté de la folie ? Je ne comprenais pas tellement. Je faisais tellement d'efforts pour me faire accepter dans la société, que les marques sur mes avants bras, sur mes poignets montraient clairement mon passé si dur et si lourd. Sortir avec Christopher était-ce une bonne idée ? Si tôt ? Je ne savais pas réellement. Je n'étais sortie que depuis quelques mois et lui en parler me remémora ces souvenirs si douloureux, si déchirants que je m'accrochai encore un peu plus à lui, resserrant mon étreinte. « Ne me trahis jamais s'il te plait, murmurai-je en français entre deux sanglots. » Je savais qu'il ne comprendrait pas. Mais quand il me rétorqua qu'il m'aimait aussi, je souris me sentant devenir pivoine avant de relever la tête, avec ma tête d'écureuil. « C'est vrai ? » Je savais que je devais avoir l'air d'une enfant mais n'en étais-je pas une au fond ? Peut être. Je papillonnai soudainement des yeux, passant mes mains sous son tee-shirt tandis qu'il déposait un baiser sur mon front, protecteur. J'étais fragile. Notre couple aussi. Il ne tenait qu'à un fil et si Heaven s'en mêlait, je partirai surement. Je ne supporterai pas qu'un quelconque obstacle se mette entre nous. Je voulais d'une relation sans prise de tête. « Je suis désolée. Je n'ai rien contre Heaven et j'apprécie beaucoup Lily, c'est juste que je suis trop jalouse. Je ne te partagerai pas. Je le refuse. Je pense qu'il est... pour... enfin... le dire aux autres. » J'avais presque fait une grimace qui se transforma en sourire quand il dit qu'il allait me rejoindre. Je me sentais tellement mieux que je pouvais me donner entièrement à lui.
Cependant, je sentais que cela n'était pas réciproque, que lui ne voulait pas de moi après ça. C'est vrai que le moment était assez mal choisi alors quand j'entendis Lily pleurer au loin, je tournai vivement la tête pour me dégager de son emprise et faire la navette entre la chambre de la petite et Christopher qui venait de me demander si je voulais rester la nuit. J'ouvris la bouche comme pour répondre et hochai la tête positivement. La séparation allait être difficile même si cela n'était pas pour longtemps. Je m'emparai une nouvelle fois de ses lèvres quand les sanglots de la petite redoublèrent. Je déposai un baiser sur ses lèvres, plus furtif avant de m'excuser et de partir vers la chambre de Lily pour rentrer et saluer la petite. « Lili, pleura-t-elle, j'ai rêvé de la michante sorcière. » Ah, Raiponce. Quand est-ce que Disney arrêtera avec les méchants qui vont peur ? Je m'assis à son chevet après avoir déposée un baiser sur son front et la petite me réclama la chanson. « En françaiiiiiiiiiiiis. » J'éclatai de rires quand elle se releva et grimpa sur moi pour finir sur mes genoux et je remis quelques mèches de ses cheveux en place. « Fleur aux pétaaales d'or, répaaands ta magie, traverse le temps, rends moi ce qu'il m'a pris... » Je continuai comme ça en berçant la petite et fis un sourire désolé à Christopher avant de poser un doigt sur mes lèvres pour lui dire le silence vu qu'après deux ou trois fois la chanson de l'incantation, la petite s'était endormie et je la portais jusqu'à son lit pour caresser tendrement avant son visage avant de sortir de la chambre sans claquer la porte. Puis, je me tournai vers Christopher. « On va attendre deux trois, quinze ans avant l'étape enfant hein. Je tiens au moins à devenir le PDG d'IBM ou d'Apple avant de penser à concevoir et en ce qui concerne le mariage, faudra demander la main à mon frère. » Un sourire colgate sur le visage, je me mis sur la pointe des pieds pour lui faire museau (un frottement nez contre nez) et le laisser m'emmener là où il voudrait.
C'est juste que je suis trop jalouse. Je ne te partagerai pas. Je le refuse. Au moins, elle, elle en avait conscience et elle ne le cachait pas du tout. Je sais très bien que je suis ultra-protecteur ce qui conduit généralement à une possessivité inexpliquée de laquelle découle une jalousie maladive mais... jusqu'ici, je ne comprenais pas pourquoi ça la gênait autant... enfin, jusqu'à ce que je me mette à sa place quelques secondes. Et oui, soyons honnête ; si Lilas vivait avec un mec, autre que son frère, qu'ils étaient proches et tout... je pense que ça me rendrait complètement cinglé. Alors oui, on pouvait parler de confiance et tout ça, mais la confiance n'avait rien à voir la dedans. Si j'étais à sa place, je saurais parfaitement que Lilas n'aurais jamais l'intention d'aller voir ailleurs mais savoir qu'un autre passait du temps avec elle alors que j'étais chez moi entrain de compter les moutons pour m'endormir, non merci. Je soupirais intérieurement ; que répondre à ça ? Hors de question de mettre Heaven à la porte et si je proposais à Lilas de s'installer ici, ce ne serait pas avant septembre puisqu'elle partait tout ce temps en France. Le pays de l'amour, tu parles. J'ai jamais vu un pays qui séparait les couples à ce point. Je pense qu'il est... pour... enfin... le dire aux autres. J’acquiesçais simplement. Oui, il était temps. Pourquoi s'était-on caché, d'ailleurs ?
Finalement, je rejoignis Lilas qui s'était rendue dans la chambre de Lilly ; je m'étais calé dans l'embrasure de la porte, bras croisé sur la poitrine et je la regardais faire avec un léger sourire. Je ne savais pas si l'amour m'avait aveuglé ou si Lilas était réellement parfaite mais plus je la découvrais, plus je me demandais comment j'avais fait pour vivre sans elle, avant. Peut-être que je ne vivais pas vraiment, que je me laissais simplement guider par le courant. Lorsque Lilly s'endormis et que Lilas quitta la chambre, je l'entourais de mes bras ; bordel, comment est-ce que j'allais pouvoir la laisser partir ? On va attendre deux trois, quinze ans avant l'étape enfant hein. Je tiens au moins à devenir le PDG d'IBM ou d'Apple avant de penser à concevoir. Je m'étais mis à rire. Pas trop fort, évidement, mais ça avait été plus fort que moi. Elle était vraiment adorable. Mais je savais que parler d'avenir avec Lilas, c'était bien plus compliqué qu'il n'y paraissait - j'avais tendance à oublier que nous avions douze ans d'écart. Et en ce qui concerne le mariage, faudra demander la main à mon frère. Je déposais un baiser sur son nez avec un léger sourire. C'est noté, assurais-je avant d’entrelacer mes doigts aux siens. Le temps défilait toujours trop vite lorsque j'étais avec elle. Finalement, je l'entrainais jusque dans ma chambre avant d'ouvrir mon armoire pour lui proposer quelque chose qui lui ferait office de pyjama. Prends ce que tu veux et... tu sais où est la salle de bain, je suppose, ajoutais-je avec un léger sourire. Je déposais un rapide baiser sur ses lèvres avant qu'elle ne disparaisse dans le couloir.
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Je me sentais tellement bien avec lui. Dans ses bras, ses lèvres scellées aux miennes, les bras autour de sa taille et je voulais quitter tout ça pour aller voir ma mère. Ma putain de mère qui ne me servait à rien. Elle m'avait abandonnée dès la naissance. Dès que je suis venue au monde, elle a dit qu'elle ne voulait pas de moi, alors pourquoi voudrais-je aller voir une femme pareille ? Peut être pour pardonner ? De m'avoir abandonnée. Mais je ne voulais pas laisser tomber mon copain au moment où l'on venait de se réconcilier, au moment où nous étions tous les deux réunis, ne voulant plus nous cacher. On se cachait parce qu'on pensait que notre relation ne regardait que nous mais nous avions eu tord. Cette capacité à se cacher nous avait presque conduit à rompre ce soir, à ne plus être ensembles et je savais que j'en aurai souffert, beaucoup trop pour le supporter. Je ne savais pas comment cela pouvait être possible. Je ne comprenais peut être pas parce que je n'avais jamais eu de petits copains auparavant. Je n'avais jamais eu de vraies relations. Il était le premier, mon premier. « T'es mon premier, tu sais. Mon tout, tout premier copain. » Je lui caressai le visage, je me sentais tellement bien. Je me mis sur la pointe des pieds pour l'embrasser et communiquer tout mon amour dans cette étreinte. Putain ? Sérieux ? Communiquer ? Quelle horreur! Je devenais une vraie guimauve. Je m'apprêtais à dire quelque chose, à lui demander pourquoi il me repoussait sans cesse quand soudain la petite pleura. Et je décidai d'aller la voir.
J'aimais beaucoup les enfants. Que cela soit Lily ou les autres. Contrairement à mes parents. Je ferai une très bonne mère mais j'étais encore trop jeune. Levant la tête et la petite sur les genoux, endormie, je vis Christopher me regarder avec un petit sourire sur le visage. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Je recouchai la petite pour aller le voir et me planter devant lui pour lui lancer des blagues. Nous avions douze ans de différence mais l'amour n'a pas d'âge. Je le regardai, quand il entrelaça ses doigts au miens, un petit sourire se dessina à nouveau sur mon visage et je le laissais m'embrasser. Je levai légèrement la tête et caressai son visage. « Tant qu'on est ensembles. » Je le suivis dans la chambre avant d'entourer mes bras autour de sa taille et de l'embrasser dans la nuque. J'attrapai un maillot trois fois trop grand et partis me changer dans la salle de bains. Une fois dedans, je fouillai dans mon sac à mains pour en sortir un élastique et troquer ma robe contre ce tee-shirt, et je remarquai qu'il m'allait bien. Je souris avant de me rendre dans sa chambre où demeurai déjà Christopher sur le lit et je me blottis contre lui. « Tu sais que tu es la seule personne qui me rassure suffisamment pour que je puisse m'endormir. Les cauchemars me hantent mais j'ai l'impression qu'avec toi, rien ne pourrait m'arriver. » Je l'embrassais puis, je posai la tête sur son torse et finir par m'endormir. Ma main caressa son torse inconsciemment, toute la nuit et le lendemain matin, il m'accompagna à l'aéroport. « Je t'aime. » Cela fut les derniers mots que je prononçai avant d'embarquer et de partir pour la France...