Sans même ouvrir les yeux je commence à émerger doucement du sommeil. Doucement ? A mon avis c'est encore trop rapide, goût amer dans la bouche, bouche pâteuse, mal partout et surtout à la tête. Pas envie de me réveiller je garde les yeux fermer, resombrant peu à peu dans un demi sommeil. Partager entre délivrance de l'inconscient, et douleurs un peu partout, envie de gerber, et surtout goût ignoble à oublier. J'arrive pas à savoir si je veux me réveiller et aller me doucher ou si je veux rester ici. Dans le doute je ne bouge pas, rien du tout. Je reste étendu sur le ventre, dans mon lit, sans même ouvrir les yeux. Néanmoins un truc me dérange, un truc subtile certes mais qui - même avec une gueule de bois - semble passer outre les barrières de tolérance. Une respiration, calme, paisible et inconnu. Une respiration totalement différente de celle qui devrait , ou aurait du s'y trouver; mais qui ne l'ai plus depuis quelques jours, semaines devrais-je dire. J'ouvre les yeux quand je sens en effet quelqu'un bouger, confirmation que je ne suis pas seul. La luminosité même très basse me fait gémir légèrement, mais je distingue néanmoins une forme réagir de la même manière. Je ne bouge même pas, blasé. Les souvenirs de la veille me reviennent et j'ai même pas envie de lui dire bonjour, casse toi serait pourtant pas très sympa. La nuit a plutôt été bonne. Hum... je vais y aller... Voix hésitante, je le vois du coin de l’œil chercher ses affaires, bon courage. Je me souviens qu'on a pas vraiment fait gaffe cette nuit à où on les balançait. Ouai d'accord... J'arrive pas à dire plus, ma propre voix me grille le cerveau et impossible de l'activer pour en dire plus. Je referme les yeux et replonge dans un sommeil comme le précédent, je le sens sortir du lit, mais comme dans une autre dimension. Pas envie de me lever , pas de suite.

Keenan, c'est moi, Heaven Voix lointaine que j'entends à peine. Néanmoins reconnaissait le prénom, et la voix j'ouvre les yeux , me retournant sur le dos. J'ai halluciné ? Enfin pourquoi donc rêverais-je de Heaven qui m'appelle ?! Qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Et comment est-elle entrée ?! Me relevant - très difficilement - j'attrape dans mon armoire un boxer, et un jean, puis trouvant une chemise qui repose sur mon lit je l'enfile essayant de trouver les boutons pour l'attacher, même si mon état semble pas vouloir. Je la retire et prend un tee-shirt pour me diriger vers le salon, l'enfilant par la même occasion. Quand ma tête finit par passer enfin le col, je vois Heaven face à moi avec Jewel dans les bras. Pas assez vif pour réagir rapidement, je me rend compte que l'alcool n'a pas encore du être entièrement digérée. Je n'attendais pas à de la visite. Sourire léger et rassurant, aller faisons abstractions aux quelques dégâts dans l'appartement. Rien de bien grave c'est juste que ma femme de ménage est malades, d'habitude les cadavres de bouteilles, les fringues et les mégot ont disparut avant que je me lève mais là depuis trois jours elle passe pas. Et je n'ai même pas envie de nettoyer, à quoi ça servirait de toute manière ?! Qu'est-ce que ça peut bien faire que ça soit autant le bordel, personne vit ici, Lilas partage son temps entre l'appartement de Cléo et le mien et j'ai réussis à la faire aller dans celui de Cléo pendant quelques temps prétextant une fuite d'eau. Pathétique. Constatant que j'ai encore la bouche pâteuse je me dirige vers le coin cuisine du loft. Tu veux un café ?! Voix qui déraille légèrement, les soirées à répétitions ça n'arrange rien ?! En même temps je ne souhaite pas vraiment parler. La présence d'Heaven pourtant ne me dérange pas, étrangement, même je suis plutôt heureux de la voir, tout comme Cléo quand elle vient gueuler, ou Lilas quand elle vient voir si je suis pas mort. Mais Heaven et Jewel c'est différent, non ? D'ailleurs la petite qui me regardait depuis tout à l'heure avec des yeux exorbité, semble se ressaisir et me fait un bonjours de la main avec un sourire comique. Je lui sourie légèrement.

Quelle drôle de rencontre que celle ci. Il était rare de voir Keep dans un tel état. Peut être aurait-elle du appeler? Non ça n'aurait sans doute rien changé car il n'aurait certainement pas décrocher. Cependant, elle n'aurait pas parier sur la raison : trop à l'ouest pour décrocher, ou tout simplement pas l'envie de le faire ? Seul lui le savait. Elle l'observe avec attention alors qu'il se débat avec son T-shirt, puis qu'il tente de paraitre le plus normal possible. Il est de toute évidence encore sous l'effet de l'alcool - elle avait prit l'habitude de reconnaitre cet état second, car son ex-mari avait la mauvaise habitude d'abuser de la boisson lors des " soirées mannequins " auxquelles ils participaient - ce qui, une fois de plus n'était dans son habitude. «Je n'attendais pas à de la visite. ». Une peu piquée au vif par cette entrée en matière, la belle s'apprêtait alors à lui rétorquer, que si elle dérangeait, elle pouvait très bien s'en aller et ne plus repointer le bout de son nez, mais remarquant le sourire qui suivit, elle se retint. Un peu susceptible, et légèrement impulsive, elle se serait sans doute enflammée pour rien, bien qu'elle avait totalement le sentiment de le déranger, ce dont elle n'avait pas l'habitude. Elle décida donc de ne rien répondre à cela, de peur d'être cinglante ou agressive, ce qui n'était pas réellement nécessaire.

Voyant qu'il se dirige vers sa cuisine, lui proposant un café, la belle accepte, avant de se décider à installer la petite dans le salon, dans un des rares espaces épargnés par l’apocalypse qui régnait dans l'appartement. Rassurée par son sourire, mais comprenant bien qu'il y avait un problème, la petite esquisse un sourire, accompagné d'un signe de la main puis ajoute. «Coucou tonton Keep, t'es malade ? ». Les enfants avaient le don de mettre les pieds dans le plat. Très observatrice, Lilly remarquait le moindre détail et le faisait remarquer, avec la naïveté caractéristique de son age. Lui laissant le soin de répondre à ça, Luna pose un petit tapi au sol, prêt d'une table basse, et sort le matériel nécessaire pour que Lilly colorie le temps qu'elle puisse discuter avec Keep, puis se dirige vers son ami après avoir demander à sa fille de rester dans le salon.
Passant sa main dans ses cheveux, elle rejoint Keenan dans la cuisine, et s'appuyant contre un des meubles en croisant les bras, lui demande de but en blanc

«Qu'est-ce que se passe mon chéri ? ». Elle avait la (mauvaise) habitude d'être maternelle avec ceux qu'elle aimait, quand elle était inquiète, et la, elle était très inquiète pour son ami, inquiétude qui se lisait sans peine dans son regard, pourtant si pétillant en temps normal. « Mon chéri » était un des nombreux surnom donné par la belle a son ami si torturé, surnom qui avait fortement contribué aux nombreux questionnements qu'il y avait à propos de leur relation, car bien sur, elle ne faisait pas beaucoup d'effort pour changer ses habitudes.