Harley Olivia Polly Statson

ft. Megan Fox

Histoire |

Je ne suis pas une fille à papa

Alors, alors.
Connaissez-vous la capitale du Zimbabwe ? Je présume que non. Rassurez-vous : moi non plus. Hier, j'ai ouvert un livre et j'y ai vu l'étendu de mon ignorance. J'ai été happée par une sensation étrange , comme si un étau compressait mon cœur. Cela ressemblait à ce que nous les humains, nous appelons : un vide. Une immense insatisfaction. Devant moi se sont alors dressées les murailles du regret. Franches uniquement pour me narguer. Je me suis sentie coupable. Un murmure ressemblant vaguement à un " Et si ? " est venu briser le silence. Mon père disait souvent : " Harley , avec des Et si , on couperait du bois. Les études : c'est tout ce qui importe ". On n'écoute jamais ce que dit le papa. Il divague, il n'y connait rien. Il se projette en nous. Qu'il vive sa vie et me laisse la mienne. Il avait raison et moi maintenant , comme dirait l'autre : Je suis comme un con sans horizon sur un trottoir.


Recevoir une gifle ça n'est jamais plaisant. D'autant plus lorsque l'on sait qu'elle est amplement méritée. Putain, qu'elle torgnole. Je ne suis pas allée à l'université, comme Jackson et Gina le voulaient. Je devais surement penser qu'il existait quelque chose à découvrir en dehors de l'enceinte de Tucson. Un soir, j'ai pris mes économies et j'ai débarqué à trou ville communément appelée Gillett.
Petite bourgade de 819 habitants qui ne se sont pas fait priés pour faire tout un remue ménage à mon arrivée. Pas cool, la sensation d'être LE centre d'attention. Cool, celle d'être intégrée, une fois la première semaine passée. J'y suis restée : 1 an puis j'ai raccroché mon tablier , direction l'Ohio plus précisément : Cincinnati. J'suis allée rejoindre ce pauvre rockeur psychotique qui me servait à l'époque de petit ami. Il avait -semblait-il- un job à me proposer. Une supposée vie de famille à la clé. Nan, je ne voulais pas de famille, encore moins d'un toxico déluré dans les pattes, j'y ai fait une escale de quelques jours. Le temps que je mette fin à la mascarade que représentait not' fichue relation et que je fasse les comptes : 500 $ en banque. Conclusion: il fallait que je me serre la ceinture....vous voulez savoir ? Je ne l'ai pas fait.

J'avais pour maître mot : l'oisiveté.
J'essayais de faire ce que je voulais sans avoir à penser aux conséquences. Insouciante et effroyablement éloquente, j'avais réussi à vivre de mon art, à savoir : la parlote. Ça n'était pas de l'escroquerie, ni même de l'hypocrisie : juste du cinéma. Plus on m'appréciait , plus on m'offrait ce dont j'avais besoin pourquoi aurais-je voulu changer de vie ?


Rassurez-vous, je n'étais pas une de ces filles qui badinent en échange de billet. Je " travaillais " , du moins, je faisais semblant de le faire. J'étais une jeune femme qui passait son temps avec un troisième âge fort généreux. Les dames et les Messieurs avec lesquels je m'amusais avaient de bons comptes et de bons amis. J'ai su tirer mon épingle du jeu. En l'espace de deux mois : j'ai récolté la modique somme de 10000 $, de quoi payer la formation dont j'avais besoin pour devenir " apprentie coiffeuse " , apprentie " nulle " si vous voulez mon avis. Tout ce que je touchais se transformait en or.

Tout ce que je touchais se transformait en or hormis ce qui relevait du privée. Je n'étais pas assez confiante , pas assez posée pour vouloir faire place à un homme dans ma vie. Je discutais, je provoquais : mais ça s'arrêtait là.D'ailleurs c'est toujours le cas. Je dois avoir une sacrée conversation pour autant leur déplaire. Vive les Lakers, lorsqu'ils aiment cette équipe alors que je soutiens avec ferveur les San Antonio Spurs. Ma ville préférée ? New York alors que Los Angeles me rappelle combien l'existence y est meilleure. Los Angeles : j'avais cette mauvaise habitude de tout envoyer valser dès que l'envie - même infime- me prenait. Cette ville m'a abrité pendant 4 ans. Mon cœur s'est mis à battre la chamade. Il y avait ce grand blond au teint halé, quel mec stupide, en y repensant. Il m'en a fait bavé, au sens large comme au figuré. Je ne le lui ai jamais dit. A quoi ça aurait servi ?

Foncer tête baissée, j'ai arrêté de le faire. Ça n'apportait jamais rien de bons et je ne voulais pas avoir à en découdre avec la justice, un petit voyage en cellule le temps de décuver m'avait un jour suffit. Et puis, j'ai appris que mes mains étaient - à un tel point - habiles. Mettez-y un marteau et un tournevis et vous aurez une bonne surprise. Je me suis donc découvert une passion pour l'architecture du moins , pour le BTP. Les chantiers c'était devenu mon truc, jusqu'à ce que le fils du patron jette son dévolu sur moi et me propose de l'épouser. Vous y croyez vous ? Je ne lui avais jamais réellement adressé la parole. Ça n'arrive qu'à moi ce genre de chose. Certaines personnes disent que c'est de la chance, moi j'appelle ça : avoir de la chkoumoune. Et en toute franchise : je ne vous la recommande pas.

Comment changer de vie en moins de deux secondes ?
Ça aurait été un très bon titre pour un roman à l'eau de merde. On dit que la roue finie toujours par tourner ? Ce fut le cas, sauf qu'elle a emporté toute ma volonté. Le peu d'ambition qu'il me restait et mon tube de mascara.

Un mardi soir après vingt quatre heure de ponçage intenses, j'ai découvert un post-it collé à la porte de mon modeste appartement , me signifiant avec politesse de dégager les lieux. " Permettez-moi Mademoiselle Statson, vos traites sont impayées". Etait-ce de ma faute si le fils du patron tentait de me forcer la main ?

Fuck off & die.
Tant pis, Polly supertramp allait changer d'habitudes. Changer de ville et de métier, encore une fois.

Appelez-moi officier Stagiaire Statson

- Hey , je peux vous aider ?
- Ça dépends, vous êtes recruteur ?
-Non
- Alors non, j'vois pas comment vous pourriez le faire.

J'avais passé toute une semaine à travers les rues de San Francisco à la recherche d'un taf qui puisse me permettre de passer de la vulgaire chambre de motel à 10 $ à l'appartement au prix 100 fois plus élevé. Mes pieds avaient parcouru des kilomètres avant de fouler le sol de cet établissement. Un flyers entre les mains ventant les mérites des forces de l'ordre, j'étais venue tenter ma chance. Enfin, j'étais prête à lui envoyer un uppercut droit dans le pif. J'avais quand même réussi à décrocher mon bac. Mes aptitudes physiques avaient été évaluée à la hausse. J'étais opérationnelle.
Parée à suivre cette énième formation, celle qui j'espérais : serait la dernière.

Psychologiquement , j'étais dans mon milieu. Physiquement , je me sentais étrangère. Une gonzesse dans un commissariat : c'est comme de la viande fraiche dans un bassin plein à craquer de piranha affamés. Voyez la comparaison. Ce fut un véritable défi, d'autant plus que je ne comptais pas me laisser faire. Bien au contraire, ces Messieurs n'ont surement jamais rencontré une jeune femme avec autant de bagou. Ils étaient ingrats et véritablement grossiers à la limite de la perversion; eux et leur ptain de bizutage. Dommage pour eux, j'étais une teigne qui ne baissait jamais les bras. Vingt et un ans, toutes ses dents . J'avais retrouvé un but, c'était ça le plus important.

Ils m'ont filé le coéquipier le plus branleur de toute la galaxie . Un martien orgueilleux qui aurait préféré se faire plomber qu'avoir une fille comme partenaire, je n'invente rien ce sont ses mots. Après trois ans passés en Académie ; je suis arrivé , la bouche en cœur . Direction les pattes d'un macho misogyne. Drôle de façon de commencer un métier.
Remarquez, c'est pas la première fois que j'envoie tout valdinguer. Seulement, pour la première fois depuis six ans, je me sens bien. Au fond de moi, je le sens. Cette ville, ce job sont tout bonnement fait pour moi.


Caractère

Qui que l'on soit au fond de nous, nous ne sommes jugés que d'après nos actes

Je suis douée.
Je n'apprécie pas ce qualificatif, d'autant plus que je le juge un tantinet : exagéré. D'après les dires d'un examinateur, mon quotient intellectuel se situerait entre celui de Einstein et celui de Sharon Stone. Flatteur, moi qui était surnommée " Polly-la-petite-tête " en primaire. C'est sûre, les brimades sont allées en empirant au fil du temps. Mais cet aspect de ma personnalité, je le garde pour moi. C'est ce que j'appelle faire preuve de modestie. Certes, je comprends tout en un temps plus restreint, seulement j'estime qu'au final : on y arrive tous, peu importe le temps que ça prends, non ?

C'est peut être ça qui m'est monté à la tête. Les attentes que mes parents avaient pour moi. Je crois que c'est cette pression qui a influé sur ma façon d'être : actuellement , je suis indéniablement " j'm'en foutiste ". Sérieusement, je préfère me soucier des problèmes qui se profilent à mon horizon que me soucier des personnes qui m'entourent. Les problèmes se résolvent, les personnes , elles, malheureusement : elles restent. En soi, c'est déjà un problème. Je ne suis pas sociopathe mais je trouve agréable qu'on ne vienne pas me siffler dans les oreilles. Vive l'espèce humaine, je l'aime -qu'on s'entende- seulement : de loin.

- Harley , Harley , ça te dirait de....?
- Dis-moi t'as rien de mieux à faire ? ¨Par exemple, plonger ton nez dans un bouquin ou dépoussiérer tes étagères. Tu pourrais faire quelque chose de productif comme rester loin de moi. Je suis sûre qu'il y a une chose dans ce monde que tu réussis plus que tout 'fin mis à part la connerie.

Je dis ce que je pense, quand je le pense, vous me suivez ?
Pas la peine de passer par 4 chemins pour arriver à une seule et même conclusion : Tu me fais chier. Harley Olivia Polly Statson n'est pas une nymphomane, Harley n'a eu qu'un seul partenaire sexuel dans sa vie alors foutez-lui la paix. J'aime bien parler de moi à la troisième personne, déformation liée à une frustration, surement.