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 JARED&RENA ⌂ there is no life after you.
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Anonymous
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Lun 11 Avr - 21:41

Last time we talked, the night that I walked burns like an iron in the back of my mind.

« CORENE-ANN BRECKENRIGE, ON SE LÈVE. » que j'entends, bordel, j'aurais jamais dû ramener Sidney avec moi. Elle a voulu me suivre. En fait, elle est pas rentrée avec moi, elle est venue deux jours après, parce que soi-disant qu'elle s'ennuyait sans moi. Bah ouais, c'est évident, qui peut-elle faire chier si je ne suis pas là ? On est mercredi, une des rares journées avec le samedi et le dimanche où je peux me lever tard, puisque c'est les trois seuls jours de la semaine où les enfants travaillent pas, donc moi non plus. Puis bon, c'est pas à cet âge-là qu'on leur fait des milliers d'évaluations, alors je suis plutôt tranquille. Dans tous les cas, j'aime mon métier, ces gamins sont adorables. « Non. Tu ferais mieux de me laisser dormir, sinon... je te renvoie à New-York. » Elle ouvre la bouche, faisant mine d'être outrée, puis elle sourit. Elle s'allonge à côté de moi, tournant sa tête face à la mienne avec un sourire... le genre de sourire qu'elle fait quand elle va faire une connerie. Seigneur qu'elle fait ce sourire souvent. Elle passe pas une journée sans faire cette tête, la dernière fois que je l'ai vu, elle m'a trainé quelque part et en une seule soirée, elle a rendu folle de jalousie une pauvre fille qui n'avait rien fait, mais le copain de cette fille lui plaisait, alors évidemment... elle a aussi voulu faire semblant d'être lesbienne avec moi, mais j'étais pas d'accord. Je suis pas aussi timbrée qu'elle faut croire, en même temps je bois bien moins qu'elle. Enfin bon, tout ça pour dire qu'elle est complètement à la masse, la pauvre fille, faudrait la faire interner, mais elle serait capable de pousser les infirmiers au suicide. « Tu peux pas me renvoyer à New-York. Tu sais pourquoi ? Parce que tu m'aimes beaucoup trop et tu sais que tu t'ennuierais sans ma belle gueule, so... la ferme. » qu'elle me dit sur un ton naturel, fière d'elle. Je ne prends même pas la peine de lui répondre, parce que je veux simplement dormir. J'ai pas réellement envie de sortir, parce que... parce que j'en ai pas envie. Pourtant, je vais y être forcer. Mais j'ai d'autres trucs à faire, sans elle. Je dois aller voir Eliàs, parce que je l'ai pas vraiment vu depuis que je suis revenue. Enfin, je l'ai croisé et j'espère qu'il en a pas parlé. J'ai pas envie de parler avec Jared, alors je préférerais qu'il sache rien de mon retour en ville. Mais je pense pas qu'il en sache quelque chose. En fait, je m'en fous qu'il lui ai dit ou pas, tant que j'ai pas besoin de venir lui adresser la parole, tout va bien. C'est une attitude immature, d'après moi, mais je vois pas à quoi ça me servirait de le voir après qu'il m'ait justement dit qu'il ne voulait plus "voir ma tronche". Il a de quoi être content en fin de compte, ma tronche, il l'a plus revu depuis ce jour-là. J'ai fait ce qu'il voulait, j'ai dégagé. Je me mords la lèvre inférieure et j'm'arrête de penser à lui, reportant mon attention sur Sidney qui est entrain de me parler... mais je sais pas de quoi.

Je me gare devant chez les Oliver. Putain. A ce que je sais, Eliàs devrait être là. S'il l'est pas, j'espère qu'il n'y aura personne, ça sera plus simple. Quoique si c'est Adam, ça me dérange pas, je l'aime bien ce petit. C'est juste son autre frère que je veux pas voir. J'aurais dû demander à Eliàs qu'on se voit, je sais pas moi... au Starbuck ? Ça aurait été définitivement plus simple qu'ici. Je descends de ma voiture après quelques minutes d'hésitation. De toute façon, j'm'en fous. Après tout, au pire des cas, j'ai juste à me dire que je le croiserais bien un jour, que je pourrais pas éternellement l'éviter, que je le veuille ou non, je finirai par le voir à un moment ou à un autre. Le plus tard étant clairement le mieux, mais je peux pas choisir. Putain. Je devrais arrêter de penser toujours au pire, parce que ça devient vraiment pathétique. Je suis pas là pour avoir peur de tomber sur lui à chaque fois que je fais un pas dehors. J'ai moins de trucs à me reprocher que lui de toute façon, alors merde. Je toque à la porte, attendant que quelqu'un ouvre. Adam. Il a l'air surpris, tu m'étonnes. Je suis partie pendant pas mal de temps quand même. « Corene-Ann ?! Rentres ! » qu'il me dit avec un grand sourire sur le visage et en me prenant la main pour que je rentre. Je ferme les yeux en me mordant la lèvre inférieure pendant qu'il me fait rentrer dans sa maison. Merde. Ça faisait... longtemps. Adam m'a toujours fait rire quand il me disait que je devrais me marier avec lui, disons qu'en ce temps-là, j'étais complètement raide dingue de Jared, alors je pensais plutôt à me marier avec lui, pas avec le plus petit. Maintenant, je pense que me marier avec Jared sera quelque chose qui n'arrivera jamais et c'est pas plus mal comme ça. « Je suis contente de te voir, Adam. Dis-moi, ton frère est là ? » que je lui demande en lui souriant, sincère. Il a grandi. Je passe ma main dans mes cheveux et je le vois réfléchir un peu. Je lève les sourcils et je me rends compte que ma question est pas réellement évidente, parce qu'il a deux frères et l'évidence par rapport à mes relations avec eux serait que je cherche Jared et non pas Eliàs. Je m'apprête à dire quelque chose, mais il parle avant moi. Évidemment. « Jared ? Ouais je vais le chercher ! » qu'il me dit assez fier de lui. Non. Non. Non ! Sauf que j'ai pas le temps de le retenir qu'il va déjà dans la chambre de Jared. Je connais le chemin trop bien pour savoir que c'est là où il va. Putain de merde. Je suis stupide. Je pourrais me casser, là, tout de suite. Mais j'aurais l'air encore plus conne et... de toute façon, au point où j'en suis, je peux bien rester ici, affronter Jared et ça au moins, ça sera fait une bonne fois pour toute.
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Anonymous
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Mer 20 Avr - 8:11

Ça devrait pas être dur de me lever de mon lit et commencer ma journée pourtant y’a plusieurs trucs auxquels je pense qui m’empêchent de le faire. Je sais pas trop dans quel ordre les mettre, surtout parce que bon, j’ai pas non plus tellement envie de réfléchir au point où j’ai réellement besoin de concentration pour faire le point sur tout ce qui se passe en ce moment. Y’a rien de bien grandiose, je me fais chier à longueur de journée parfois et j’trouve ça plutôt normal maintenant. Y’a BJ qui passe une fois de temps en temps, elle s’écrase dans le sofa du salon avec moi et on se fait des films en rigolant et en se foutant de la gueule des acteurs trop pourris ou de ceux qui meurent en premier dans les films d’horreur qui passent par le DVD. « Jay, tu viens me faire à manger s’te-plait ? Maman est partie et j’ai pas envie de manger ce qu’elle a laissé dans le frigo. » Aussi surprenant que ça puisse paraître, j’arriverais quand même à me débrouiller si j’finissais par bouger d’ici pour aller ailleurs. Genre tout seul dans un appartement et tout, parce que depuis que je suis mes cours de rééducation physique, j’peux faire beaucoup plus de choses qu’avant, évidemment. J’peux atteindre ce que je pouvais pas atteindre y’a quelques mois et qu’il fallait que je demande à mon petit frère de plus de 10 ans de moins que moi de prendre en s’élevant sur la pointe de ses pieds. On est plutôt de taille normale dans la famille, j’suis plus grand qu’Eliàs et Adam vient un peu après, il a pas encore fini de grandir, c’pas non plus le temps qui lui manque. S’il arrive pas à suivre les traces des pas que j’ai suivi et qui m’ont presqu’enlevé la vie, tout devrait bien aller. « J’arrive Ady, sors c’que tu veux et j’viens te le faire. » Parfois j’me dis que ce serait plus simple si Eliàs et moi on arrivait à s’entendre, parce que ça créerait moins de confusion pour Adam qui essaie juste de grandir sans trop d’embûches et avec la vie la plus normale possible. Notre situation familiale est pas particulièrement enviable, mais elle est pas misérable pour autant. On s’y fait au fur et à mesure qu’on grandit et ça devient pas plus grave que ça. J’entends la porte sonner, j’me dis qu’Adam va ouvrir alors j’ai pas de souci à me faire. J’attends personne à l’heure présente, Eliàs et maman sont pas là et Adam a pas tellement de potes qui viennent ici, d’habitude ils le contactent par le téléphone et il s’éclipse aussi vite qu’il peut pour pouvoir en profiter au maximum. J’me redresse lentement, mettant mon portable de côté pour l’instant et me levant pour tenter de garder l’équilibre pendant un petit moment. Mes jambes ont encore la mauvaise tendance de se fatiguer trop vite, c’est pour ça que je traîne les béquilles derrière moi constamment quand j’ai envie de me tenir debout, mais je peux pas toujours le faire parce qu’à date, y’a pas grand-monde qui soit au courant. Je veux pas que la nouvelle se perde parmi tous les contacts que j’ai, j’voudrais pas que le gang duquel j’faisais partie y’a des années ait envie d’achever le travail qu’ils ont foiré auparavant, donc j’dis rien. J’vais sûrement devoir le faire un jour, mais pour l’instant ma situation me va. J’m’accote sur un meuble et tente de mettre un pied devant l’autre pour arriver jusqu’à ma chaise roulante. Une fois que j’suis assis dedans, Adam revient dans ma chambre, tout sourire, et me dit un truc auquel je m’attendais pas. Tellement pas que je manque de bondir de ma chaise pour aller voir moi-même si c’est vrai. Je fais rien, je reste immobile, fronce les sourcils et croise les bras. « Cory est là, dans l’entrée, pour toi ! » C’est impossible, ça doit facilement faire 6 ans que j’ai pas vu Rena, alors pourquoi d’un coup elle reviendrait, comme ça ? « Arrête de te foutre de moi Adam… Ça fait longtemps que Rena vient plus ici. » Que je lui dis, sur un ton ferme. Il me regarde et roule les yeux puis se place derrière ma chaise, ça risque pas d’être drôle là… « Je te dis qu’elle est là, si tu me crois pas, va voir par toi-même. » Il me pousse et je tente de m’accrocher aux bordures de ma porte mais il force mes coudes à se plier en appuyant dessus puis me pousse le plus rapidement possible jusqu’à… « Bordel de merde. » Que je souffle silencieusement. Elle est retournée, mais je sais que c’est elle. Je le sais parce que je connais trop bien sa silhouette et que je pourrais encore reconnaître ses cheveux et sa manière de s’habiller parmi mille, même après tout ce temps. Son parfum me frappe et je me rends compte que mon cœur se serre dans ma poitrine. J’veux faire demi-tour mais je peux, j’suis pas assez rapide pour ça et il suffit d’un centième de seconde pour qu’elle se retourne et m’aperçoive.

« Tiens, j’te file 15$, va manger à la pizzeria du coin. » Encore tout sourire, il prend l’argent et file, enlaçant Rena avant de fermer la porte et de partir en courant. Je le sais parce que j’entends ses pas dehors… Il fait exactement ce que j’aurais voulu faire à la seconde-même où j’suis entrain de le penser : courir… Assez vite pour être sûr d’éviter la situation à laquelle j’dois maintenant faire face parce que mon ex-copine se retrouve sur le pas de ma porte. Je me racle la gorge, regardant dans les airs puis reposant mon regard sur elle. Sa tête est inclinée mais baissée, ses yeux distants. C’est sûrement le moment le plus imposant que j’aie jamais eu à vivre de toute ma vie. Dans le temps, j’pensais que Rena et moi c’était fait pour durer, qu’on allait passer le restant de nos jours ensemble, même que j’avais prévu de… J’avais prévu de… « Rena. » Je sais pas si elle me permet encore de l’appeler comme ça, c’était rendu une habitude à l’époque, c’était ça ou tous les mots qui me passaient par la tête et qui arrivaient à représenter ce qu’elle valait à mes yeux. Elle relève la tête lentement, trop lentement. J’ai le sentiment d’être entrain de mourir de l’intérieur en me désintégrant. C’est de la putain de merde et je hais lorsque mes pensées se bousculent les unes les autres pour essayer de m’indiquer quelle pensée domine. Je sais pas quoi lui dire, on est à une certaine distance de l’autre et j’voudrais bien m’approcher mais j’ose pas. Sachant que j’suis la cause de notre rupture brutale, je vais pas non plus essayer d’enfoncer le couteau dans la plaie en prétendant qu’elle existe pas et que je voulais cette rupture, ce qui était pas le cas. J’ai jamais été face à une situation où je suis tellement bouché que je fais juste rester sur place. Ça m’énerve et j’ai le sentiment d’être entrain de me perdre moi-même. « Ça fait longtemps. » Wow, trois mots, pour un début c’est un début, mais c’est toujours mieux que rien dans le fond. Si Eliàs était là il se foutrait probablement intérieurement de ma gueule parce que d’habitude j’ai le dernier mot avec lui. « Qu’est-ce que tu fais ici ? À San Francisco, j’veux dire… » Non, je veux lui demander ce qu’elle fait ici, chez moi, mais je crois connaître la réponse et elle me plait pas tellement. Elle est clairement pas venue pour moi, c’est une évidence, mais ça m’intrigue quand même de savoir pourquoi après tout ce temps elle est revenue.
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Anonymous
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Mer 20 Avr - 17:54

J'aurais jamais dû venir ici. Ou alors j'aurais simplement dû demander à Adam si Eliàs était là et non pas "ton frère". Je me trouve conne, j'ai l'impression d'avoir rien à faire ici. Qu'est-ce qu'on a à se dire Jared et moi ? On s'est tout dit la dernière fois qu'on s'est vus. Il a été clair, je l'ai insulté et j'ai pas pris bien longtemps avant de me casser. J'avais pas grand-chose qui me retenait ici, parce que la chose la plus importante était Jared. Une fois qu'il était plus là, qu'il voulait plus me voir et que ça me tuait de le croiser, j'ai pas hésité une seconde seconde avant de partir. Peut-être que c'est lâche, peut-être que j'aurais dû attendre qu'il arrête d'être en colère, mais j'ai pas eu le courage. Je panique à l'idée de le voir, là, parce que je suis pas prête. Mon cerveau et chaque parcelle de mon corps ne sont pas prêtes à recevoir ce choc-là. N'importe lequel, mais pas celui-là. Je savais que je devrais le croiser à un moment ou à un autre, j'aurais juste dit que le plus tard aurait été le mieux. Parce que si je crève d'envie de détester Jared de tout mon être, j'y arrive pas. Je lui en veux, c'est clair et net, mais je peux pas le détester, je peux toujours faire semblant ceci-dit. Pendant six ans, j'ai tout fait pour arrêter de l'avoir dans la tête, pour arrêter de penser à lui à chaque fois que je rencontrais un autre gars. Je faisais des comparaisons sur tous les points et je me rendais compte à chaque fois d'une chose : Jared me manquait. À ce moment-là, j'aurais tout donné pour ne plus jamais avoir à penser à sa gueule de connard. Alors oui, il serait surement capable de me sortir le genre d'excuse qu'on voit dans les films à la con du genre, j'ai fait ça pour ton bien, tu sais. Parce que si c'était le cas, il l'aurait pas fait. Déjà que de savoir qu'il était dans une chaise roulante et que tous les trucs qu'il voulait rêve de faire du genre devenir surfeur professionnel était devenu impossible, ça me tuait. Ça me tuait pour lui. C'était pas de la pitié, non, juste de la peine. Je suis venue le voir à l'hôpital, plusieurs fois, la première fois, il dormait. J'ai pleuré, je crois que c'était la première fois de toute ma vie que je pleurais autant. Et ce connard, la première chose qu'il a fait à sa sortie, ça a été de me dire que c'était fini entre lui et moi. En fin de compte, s'il voulait me faire du mal, c'était réussi. Non, vraiment, il aurait pas pu trouver mieux pour me faire souffrir. J'aimerais pouvoir le détester comme je pouvais le faire au tout début, quand je le connaissais pas, quand je pensais simplement que c'était qu'un connard, égoïste, stupide et irrespectueux du monde entier. J'aimerais vraiment avoir les capacités pour réussir à repenser ça de lui. Je pourrais simplement l'envoyer se faire mettre, lui dire que de toute façon, on a rien à se dire lui et moi et que je veux pas avoir quoi que ce soit en rapport avec lui. Seulement, je peux pas y arriver. Mais je sais que je peux quand même être sarcastique et détestable avec lui, comme ça, ça me facilitera la tache. Ce sera lui qui me détestera et j'aurais nullement besoin de l'envoyer se faire foutre. Et Dieu seul sait à quel point je peux être agressive avec lui, après tout le mal qu'il a pu me faire, volontairement ou pas. Je suis rancunière, il devrait le savoir. Pourtant, je ne suis pas le genre de fille qui fait la gueule facilement, ni la fille la plus emmerdante du coin. Ça va pas m'empêcher de me comporter comme une teigne avec lui. Mais Jared me connait et je sais qu'il pourrait réussir à se faire pardonner en un rien de temps, c'est pour ça que je vais devoir attaquer tout de suite. Je veux pas lui laisser une seule seconde de répit. Je lui en veux beaucoup trop pour lui laisser l'occasion de penser que ce qu'il a fait était pas grave, que ça m'a pas fait un mal de chien. Je suppose que lui aussi, il a souffert, mais c'était pas une raison pour me faire souffrir à moi aussi. Je me retourne, reportant mon attention sur la direction dans laquelle Adam est allé. Adam s'approche de moi, tout sourire, me prend dans ses bras et sort de la maison en courant. Pourquoi il s'en va ? Ça m'aurait rassuré de savoir qu'il était pas loin. Sans rire. Je veux pas me retrouver toute seule, face à Jared. Ça me fout la trouille, je veux pas avoir à croiser son regard. Je veux pas avoir à l'affronter, tout simplement. J'ai pas peur de Jared, non, bien sûr que non, mais j'ai peur de ce que je peux toujours ressentir pour lui. J'ai peur des décharges électriques qui peuvent me traverser le corps tout entier si je croise son regard. Je me sens stupide, anormalement et terriblement conne d'être ici.

Le sol me paraît être la meilleure chose à regarder en ce moment, vraiment. Pourtant, je sais que Jared est en face de moi, je le sais, mais je veux pas le voir. Je me sens mal. Il se racle la gorge, mais je bouge pas, je fais comme si de rien n'était, comme s'il n'existait pas. Comme si jamais rien ne s'était passé entre lui et moi il y a six ans. Comme si je le connaissais pas et doux Jésus ce que j'aimerais ne pas le connaître. J'aimerais ne jamais l'avoir connu. Ça aurait été plus facile pour moi. Mais je sais pas si je dis ça à cause de la rancune ou que je le pense vraiment, même si je crois que la première option est la vraie raison. Je relève pas la tête, pas tout de suite. J'ose pas, pourtant ça devrait être facile. Mais ça l'est pas du tout, au contraire. J'ai l'impression que toutes les plaies que j'avais – toujours présentes d'ailleurs – s'ouvrent en ce moment-même, alors qu'elles avaient arrêté de s'ouvrir tout le temps, depuis un ou deux ans. J'ai l'impression de revenir au tout début, là où j'étais brisée. « Rena. » Je ferme les yeux, la tête toujours baissée. Je veux pas qu'il m'appelle comme ça, le seul surnom qu'il peut me donner au jour d'aujourd'hui, c'est... non, pour lui, c'est simplement Corene-Ann. Pas autre chose. Je relève lentement la tête, luttant pour ne pas qu'elle se remette à la place où elle était, c'est-à-dire orientée vers le sol. Mon cœur bat anormalement vite et j'aime pas ça. Je sais trop bien pourquoi ça me fait cet effet de le voir, même si j'évite toujours son regard. Je devrais me demander ce que Sidney ferait si elle était à ma place, elle agirait surement comme si de rien était et choisirait l'option : je t'ignore, parce que t'es qu'un con. Mais je suis pas comme elle et réussir à ignorer Jared, c'est comme me demander de pas ramener chez moi un chaton perdu dans la rue : impossible. Enfin, je vous rassure, chez moi, c'est pas la SPA non plus. « Ça fait longtemps. » Non, tu crois ? La faute à qui ? Ah oui, la tienne. Mais non, je vais pas dire ça, ça montrerait trop à quel point ça m'a affecté de pas le voir une seule fois en six ans. Sauf que c'est pas pour autant que je vais me retenir de faire des sarcasmes, au contraire, je compte suivre mon plan et lui lancer des pics à chaque occasion, à chaque perche qu'il va me tendre que ce soit volontaire ou pas. Je sais qu'il me connait et qu'il sait très bien que je peux avoir un sens de la répartie très fort lorsque je ne suis pas contente ou qu'on m'a touché. Pour le coup, les deux raisons sont définitivement d'actualités. Je pose mon regard dans le sien et un frisson me parcoure pour la simple et bonne raison que c'est la première fois en six ans que je croise son regard. Sachant que j'ai supprimé toutes les photos que je pouvais avoir de lui sur mon téléphone et que j'ai supprimé tous les photos que j'avais dans mes affaires. Ça m'a défoulé pendant deux heures, mais ça a pas changé grand-chose après. « Pas assez longtemps. » que je dis, assez sèche, parce que je compte vraiment pas lui faire de cadeau. Et oui, je trouve que six ans, c'était pas assez long, en tout cas, quand je suis énervée. Le reste du temps, je pensais que c'était une putain d'éternité. Parfois, je pensais même à revenir simplement pour le voir, sentir son parfum, l'embrasser et repartir. Mais non. Être autant dépendante à une personne, c'est la pire chose qui a pu m'arriver, mais aussi la meilleure d'un autre côté. Normalement, je suis pas aussi directe ou... méchante ? Avec les gens, mais là... je compte retenir aucune remarque plus ou moins agressive envers lui. Au contraire. « Qu’est-ce que tu fais ici ? À San Francisco, j’veux dire… » qu'il me demande, par simple curiosité, je crois. Parce que ça l'intéresse vraiment ? Il a l'air de très bien se porter sans moi, alors je vois pas en quoi savoir pourquoi je suis revenue l'importe. Ça a l'air de lui faire ni chaud ni froid que je sois là, peut-être que ça lui fait bizarre... je sais pas, je m'en fous. « C'est vrai que ça doit te surprendre de te retrouver en face de moi, toi qui voulais plus me voir. » que je commence à lui dire en le regardant les yeux, avant d'ajouter « Mais si je suis revenue, c'est parce que j'en avais marre de New-York, tout simplement. » que je termine, je sais pas ce que ça peut lui faire que je dise ça. Surtout ma première phrase en fait, mais j'ai envie qu'il comprenne qu'il est la seule personne sur cette Terre à avoir réussi à me faire si mal en... trente minutes ? Trente minutes est égal au temps qu'il a mis pour me larguer.
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Anonymous
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Sam 23 Avr - 7:39

Je peux pas m’exprimer clairement quand elle est là, ça a toujours été comme ça sauf dans le temps où on était pas ensemble, et même là. Toutes les conneries que j’pouvais lui sortir, c’était parce que je savais pas comment lui adresser la parole en restant dans la gentillesse, donc je la faisais chier. Je lui donnais envie de m’étrangler parce que c’était la seule manière avec laquelle j’pouvais me dire qu’au moins elle pensait à moi et qu’elle savait que j’existais. J’me souviens le soir où on a décidé que notre relation changerait, c’était un des seuls trucs que j’avais bien fait à l’époque. J’me disais que maintenant que j’avais la fille la plus canon de l’école, j’allais pouvoir m’faire la belle vie. Les filles me couraient après et j’prenais plaisir à les repousser rien que pour voir leurs réactions et pour qu’elles arrêtent de dire à tout le monde que je trompais Rena avec elles alors que j’pouvais pas en avoir plus rien à foutre que ça d’elles. J’avais la cotte, j’aimais ça, ça m’donnait un certain pouvoir, une influence que plein d’autres tentaient d’avoir sur les gens mais qui donnait rien du tout parce qu’ils savaient pas comment s’y prendre. J’avais de la chance dans ce temps-là, c’était facile et j’me cassais pas la tête pour grand-chose. J’me souviens même pas avoir eu de grands moments de disputes violentes avec Rena parce que quoi qu’il arrivait, on se réconciliait le soir même et on faisait des compromis, on se tenait à carreaux des situations qui pouvaient emmener au chaos et je prenais bien soin de m’assurer qu’aucun mec louche fasse les yeux doux à ma femme. J’avais du mal au début parce que j’me disais qu’étant donné qu’elle m’haïssait avant, je comprenais pas pourquoi elle avait changé d’avis et que ce serait facile pour elle de jouer avec moi et me larguer par la suite pour me faire comprendre qu’elle voulait vraiment rien savoir de moi et qu’elle pensait réellement que j’étais un enfoiré qui méritait rien, comme elle le disait si souvent. S’il fallait que je définisse ce qu’on avait, j’dirais que c’était épique, malsain, dépendant, mais je pouvais pas m’en détacher. Les sensations qu’elle me donnait me procuraient un bien-être que je trouvais en rien d’autre, pas même le fait de commettre des actes illégaux avec le gang duquel je faisais partie. Putain, Corene-Ann Breckenridge aurait pu être Corene-Ann Oliver si j’avais pas aussi grandement merdé. Je vivrais plus ici, peut-être que j’marcherais déjà depuis longtemps et… Faut que j’arrête d’me faire des illusions, c’est jamais aussi facile de vivre avec une autre personne que les gens avec qui on a vécu toute notre vie. C’est pas aussi facile de s’adapter à un nouveau style de vie alors qu’on doit mettre absolument tout ce qu’on connaît de côté. Je comprends pas pourquoi j’ai fait ce que j’ai fait y’a six ans et si j’avais le pouvoir de le changer je le ferais. C’est vrai, j’ai rencontré d’autres filles et j’ai eu des aventures mais j’ai jamais pu me poser avec une autre, jamais réussi à tenir une seule relation plus que trois semaines/un mois parce que j’me disais que ça me servirait à rien et que j’espérais que Rena revienne pour que j’puisse lui dire que j’étais désolé et que y’avait qu’elle avec qui je voulais être. Elle est pas revenue, j’ai jamais eu la chance de lui dire et le temps a passé. Je la regarde maintenant dans les yeux, étant donné qu’on a trouvé le courage d’agir comme des adultes et de se fixer. « Arrête, tu sais très bien que j’allais pas bien dans ce temps-là. » J’ai pas le droit de lui en vouloir, après tout elle a raison, c’est moi qui l’ai virée sans regarder derrière.

Le temps a défilé et j’ai grandi, j’me suis fait à l’idée que j’la reverrais pas et qu’elle avait une vie en quelque part d’autre avec un connard fini qu’elle aimerait sûrement pas rien que pour m’oublier définitivement. J’aurais sûrement fait la même chose de mon côté et j’aurais regretté éternellement de jamais avoir eu le courage de tenter de la retrouver. J’avais tout prévu avec elle, les plans qu’on faisait quand elle venait dormir à la maison contre le gré de son père, les trucs qu’on ferait éventuellement quand on aurait succéder à nos plans de carrière. Je me vois mal exécuter tout ça si c’est pas elle qui le fait avec moi. J’ai des trucs compliqués dans ma vie en ce moment, mais y’a rien de pire qu’être confus parce que je sais pas quoi faire de ma peau quand une fille – enfin, pas une simple fille – revient dans ma vie et chamboule tout. J’m’étais fait au fait que j’continuerais sûrement la route seul et que j’trouverais apparemment jamais une autre fille qui me comprenne autant. À date, c’est pas encore arrivé, j’ai toujours refusé de m’ouvrir à une autre fille comme je l’avais fait pour Rena parce que j’voulais pas que la même chose arrive. J’voulais pas qu’à cause de ma condition physique je me tanne de faire comme si la fille en question m’aimait bien… J’croise les bras sur mon torse alors que j’reste assis fermement dans ma chaise. J’ai envie d’me lever, mais mes béquilles sont pas là et j’ai pas encore envie d’aller les chercher. « Donc c’est à New York que tu menais la belle vie pendant six ans ? » Et que t’as sûrement rencontré quelqu’un d’autre… « Et donc vu que t’en as marre maintenant, c’est ici que tu reviens… Je vois. » J’ai envie de lui poser des tas de questions, mais c’est difficile étant donné qu’elle est sur la défensive et qu’elle va catégoriquement refuser de parler de sa vie personnelle avec moi, et je peux pas non plus la blâmer pour ça. « C’est peut-être pas mes affaires, mais si tu voulais pas me revoir, pourquoi t’es revenue chez moi ? J’conçois que tu veux sûrement voir Eliàs, mais y’a des tas d’autres endroits pour le faire non ? » J’y vais directement, y’a pas d’autres moyens avec elle et puis si je veux qu’elle s’énerve – pour que je sache si ma présence la dérange encore – va falloir que j’rentre dans les détails. J’veux pas que ça nous foute en froid, encore plus grand que celui qu’on a déjà, mais je crois que si j’m’essaie pas, j’aurais rien. J’ai beau plus être le Jared qu’elle a connu autrefois, ça veut pas pour autant dire que j’ai changé au point que j’sois méconnaissable et qu’elle sache plus rien de moi. Elle est littéralement la seule qui en savait autant sur moi, puis quand elle est partie j’ai rencontré d’autres gens. La seule autre personne qui me connaît aussi bien qu’elle c’est Noham, et encore… Maintenant j’ai des amis pour combler les vides qu’elle a laissé après son départ, genre Evy, mais ça change rien, y’a quand même une partie de moi qui reste inhabitée à cause de tout ça. « Depuis mon accident, y’a pas grand-endroit où je peux vraiment aller sans avoir besoin de marcher et comme tu peux le voir, c’est pas possible. Alors soit tu savais que j’allais être là, soit tu voulais vraiment me revoir, ce qui m’étonnerait vu que tu me détestes, pas vrai ? »
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Anonymous
Invité
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Sam 23 Avr - 17:43

Je ne sais pas vraiment ce qui serait le mieux en ce moment. Est-ce que je lui dis des mensonges du genre que j'ai rencontré un autre mec et que je l'aime ou pas ? Si je lui dis ça, je sais pas vraiment s'il me croira et même si c'était le cas, ça servirait à quoi ? Au moins, je serais sûre qui se passera plus jamais rien entre lui et moi... mais même ça, je sais pas si j'en ai vraiment envie. Je sais pas ce que je suis censée faire. Je sais juste que j'ai pas envie d'être gentille avec lui, que je veux lui faire mal et que je veux me casser d'ici. Cette maison me rappelle beaucoup trop de souvenirs. Ça fait remonter des trucs que j'aurais préféré oublier au bout de six ans, mais qui ne se sont pas effacés. Je déteste l'effet qu'il me fait et le pouvoir qu'il a sur moi, même s'il s'en rend pas compte. D'ailleurs, vaut mieux qu'il s'en rende pas compte. Parce que si c'est le cas, je suis screwed, mais complètement. Je veux pas lui faire voir que sa présence m'atteint. Je veux simplement qu'il pense que j'en ai plus rien à foutre de lui, mais j'y arrive pas aussi bien que je le voudrais. Ce serait beaucoup simple si j'y arrivais. Je suppose que faire semblant est une chose que je suis capable de faire parfaitement bien, tout du moins, j'espère. Le problème; il me connait et je suis persuadée que s'il m'observe vraiment, il peut deviner que je tente de lui faire du mal, que l'avoir en face de moi, ça me tue. Il me connait trop, autant que je le connais lui. Mais je veux pas savoir ce qu'il pense vraiment en ce moment, je veux même pas essayer de savoir. Peut-être que ça l'emmerde de me voir en face de lui, mais si c'est le cas, tant mieux. Je sais qu'il avait des circonstances atténuantes, mais même. Il a pas idée à quel point j'ai eu mal, il peut pas s'en rendre compte et faire comme si je ressentais rien, c'est plus dur que ce que je pensais. J'aurais voulu que tout soit plus simple. J'aurais voulu jamais le revoir. Quand j'étais à New-York, parfois, j'attrapais mon téléphone et je pensais à l'appeler, juste pour entendre sa voix, mais je le faisais jamais. J'avais plus son numéro, mais même, je le connaissais par cœur. Suffit qu'on me donne un téléphone et je peux appuyer machinalement sur les touches pour composer son numéro, je sais que ça sera le bon. Parfois, je pensais même à revenir, mais... je le faisais jamais. Qu'est-ce que j'aurais fait ici une fois revenue ? Je serais revenue le voir ? Pourquoi faire ? Il avait dit qu'il voulait plus de moi. Et à chaque putain de fois, tous les trucs qu'il m'avait dit résonnaient dans ma tête. Je sais même pas combien de fois j'ai pleuré en pensant à lui, mais j'ai arrêté de compter à un moment, parce que ça devenait trop lourd et ça me faisait encore plus de mal. Même si j'étais foutrement mal à cause de lui, je pouvais pas m'empêcher de l'aimer et de penser à lui. Cherchez l'erreur. Y a que Sidney qui le sait, parce qu'elle était toujours dans le coin quand j'étais mal. Toujours à me surveiller, comme si j'allais faire une connerie. Mais non. « Arrête, tu sais très bien que j’allais pas bien dans ce temps-là. » Je quitte pas son regard, est-ce que j'ai bien entendu ce qu'il vient de me dire ? Bientôt, ça va être de ma faute. Je prends une grande inspiration, tentant de me calmer et pas non plus m'énerver pour rien, mais c'est du foutage de gueule là. Il peut pas me dire ça. C'est pas une putain de raison pour me faire du mal à moi aussi. Bordel. Généralement, je m'énerve pas facilement, mais je commence sérieusement à me demander s'il le fait pas exprès ou que son cerveau est tombé en panne... ou alors, c'est tout simplement naturel. « Oh oui, c'est vrai que ça excuse tout. C'est vrai que parce que t'étais mal, c'était une bonne raison pour me faire du mal à moi aussi. Non, vraiment, ça excuse tout. Tu sais, Jared, je t'aurais soutenu, si t'avais pas été aussi con en me jetant. » J'affiche un sourire assez faux sur le visage, plutôt le sourire qu'on fait quand on hésite entre rire et pleurer. Mais je trouve que Jared a vraiment du talent pour s'enfoncer. Je suis impressionnée par autant de capacité.

Peut-être qu'agir comme une connasse avec lui, c'est pas la solution, mais j'en vois pas d'autre. Qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Agir comme si de rien était ? Comme si l'idée qu'il pouvait rencontrer une autre fille ici me tuait pas ? Je peux pas, c'est impossible. Ça serait beaucoup hypocrite qu'autre chose dans le fond, si j'agissais comme ça. Je le vois qui croise les bras sur son torse, à une autre époque, s'il avait croisé ses bras sur son torse avec cet air, je l'aurais embrassé et me serais faufilée dans ses bras pour qu'il arrête de faire cet air-là. Mais on n'est plus à cette époque-là. On est plus ensemble et la seule chose que je peux faire, c'est lui en vouloir. « Donc c’est à New York que tu menais la belle vie pendant six ans ? » Si le regard noir que je lui lance pouvait lancer des éclairs, il serait déjà mort. Sans rire. La belle vie ? Vraiment ? C'est ce qu'il pense ? Que pendant six ans j'étais heureuse ? Que j'ai vraiment réussi à être heureuse sans l'avoir avec moi ? Est-ce que je peux le frapper, là, maintenant, tout de suite ? Je commence sincèrement à me demander comment j'ai fait pour le supporter. Mais c'est pas possible, il doit le faire exprès, ça doit être une blague. « La belle vie ? Va te faire foutre, Jared. » Le ton que j'utilise est pas vraiment amical, au contraire. On doit pas avoir la même conception de la belle vie, lui et moi. Je me fous d'avoir l'air foutrement agressive. Je m'en fous complètement, tant qu'il comprend qu'en ce moment, j'ai qu'une seule envie : le détester. J'y arriverais pas, mais je peux toujours essayer. C'est plutôt rare que je m'énerve facilement, mais s'il y a bien une personne sur cette Terre qui sait très bien comment me provoquer/me rendre dingue, c'est lui. Il a toujours su faire ça magnifiquement bien. « Et donc vu que t’en as marre maintenant, c’est ici que tu reviens… Je vois. » Je lève la tête vers le plafond, je prie le Seigneur pour pas que je l'assomme. Ce serait dommage que je le tue, vraiment. Je redescends la tête vers lui avec un magnifique sourire forcé. Fuck you, Jared. Et il voit quoi au juste ? Il pense que je suis revenue pour lui ? Si je suis revenue ici, c'est parce que j'ai des gens auxquels je tiens ici. Parce que non, il n'est pas mon seul ami. Il a beau avoir été le centre de mon univers, il a perdu cette place quand il m'a quitté. Et puis merde, en quoi ça le concerne à lui, ce que je fais ou ce que je fais pas ? Je vois pas en quoi ça le regarde. Je vois même pas pourquoi j'ai pris la peine de répondre à sa question. « Ah ouais, mais dis-moi madame Irma, qu'est-ce que tu vois ? » Sarcasme. Surement que je suis détestable, surement que je le fais chier à réagir comme ça. Ou peut-être pas. Je sais pas. Et même si je pose la question sur ce ton-là, la réponse m'intéresse quand même. Qu'est-ce qu'il voulait dire avec son 'je vois' ? Peut-être qu'il voudra pas me répondre et me dira un simple 'non rien'. Bordel, j'aime pas cette situation. J'aimerais bien qu'Adam revienne et pouvoir partir. Sans rire. J'aime pas être en face de lui.

« C’est peut-être pas mes affaires, mais si tu voulais pas me revoir, pourquoi t’es revenue chez moi ? J’conçois que tu veux sûrement voir Eliàs, mais y’a des tas d’autres endroits pour le faire non ? » Est-ce qu'il est vraiment entrain de penser que je suis là pour lui ? Il croit vraiment que je suis assez dingue pour revenir le voir ? Il me croit assez stupide pour revenir le voir lui en premier ? Celui qui m'a fait plus de mal que personne d'autre... non. Il doit se foutre de ma gueule, je vois pas d'autres solutions. On peut pas être aussi stupide naturellement. N'empêche qu'il a vraiment de l'espoir. Plus ça va, plus je sens que je m'énerve. En fait, à chaque fois qu'il ajoute un commentaire, je m'énerve un peu plus. J'ai l'impression qu'il me provoque, je vois que ça. « Je suis venue ici, parce que je pensais qu'Eliàs serait là. Et bordel, je vois ton frère où je veux. Qu'est-ce que ça te fait à toi ? Pour qui tu te prends ? Je suis pas venue ici pour te voir, parce que t'es la dernière personne que j'avais envie de croiser, Jared. » Après s'il décide de continuer à jouer au trou du cul et de pas me croire. Tant pis pour lui, si ça lui fait plaisir de croire que mon monde tourne toujours autant autour de sa petite personne, fine. Qu'est-ce que je peux y faire ? L'espoir fait vivre après tout. Jared est vraiment la personne que je voulais croiser pour rien au monde, parce que le voir, là, ça me fait un mal de chien, mais d'un autre côté... je peux pas nier que je suis heureuse. Je sais qu'il va bien et je vois qu'il est toujours autant en forme, puisqu'il trouve toujours le moyen de me faire chier. « Depuis mon accident, y’a pas grand-endroit où je peux vraiment aller sans avoir besoin de marcher et comme tu peux le voir, c’est pas possible. Alors soit tu savais que j’allais être là, soit tu voulais vraiment me revoir, ce qui m’étonnerait vu que tu me détestes, pas vrai ? » Je le regarde dans les yeux, exaspérée par son attitude de gamin insupportable. Ma respiration a accéléré à cause de la colère que je ressens en moi à cause de lui. Je serre les dents, si je m'approche de lui, il se prend une gifle à coup sûr et je crois que je vais pas réussir à la retenir bien longtemps, parce qu'à la vitesse où il me provoque, ça devient de plus en plus difficile. « En quel langue je dois te le dire ? Je suis pas venue ici pour toi ! Je suis pas revenue de New-York pour toi, non plus. Essaies même pas d'imaginer ça, parce que ouais, t'as au moins raison sur un point, Jared. Je te déteste, alors à moins que tu sois réellement trop con pour comprendre ce que je t'ai dit, je te le répète une dernière fois : je suis pas venue pour toi ! » Je suis en colère, ça se voit. Ça s'entend surtout. J'ai l'impression de voir une étincelle de joie dans ses yeux. Et même si je suis une fille plutôt patiente, je lui fous quand même une gifle. Ça faisait longtemps que je voulais lui mettre et bordel, ça fait vachement de bien ! « Connard ! » que je lui dis, parce que non, même pas en rêve que je vais m'excuser.
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Sam 30 Avr - 8:04

Si j’devais prendre le temps de m’assoir quelque part en paix et repenser à tout ce qui s’est passé le soir de notre rupture, j’en aurais pas pour longtemps. J’m’en souviens comme si c’était hier et pourtant j’devrais pas. Ça m’a hanté pendant des jours, des semaines, des mois, des années… J’ai jamais vraiment pu m’en défaire et arrêter d’avoir des flashes quand j’essaie de penser à Rena, en tout simplicité, tranquillité et tout ce qui vient avec. Je me sentais pas quand elle était là, j’avais un tel rush d’adrénaline que c’est ma mère qui devait me le faire remarquer et trouver un moyen de me calmer. Elle a réussi à changer mon monde, le chambouler, le délivrer de sa torpeur et de sa platitude écrasante. Corene était le centre de mon univers, m’aidant à garder les pieds sur Terre et à essayer de faire le moins de conneries possible. Faut croire qu’une part de moi en avait rien à foutre parce que quand j’étais dans ce putain de gang – à son insu, d’ailleurs – j’me disais que j’devais arrêter, au cas où ça finirait par devenir réellement sérieux et qu’on commencerait à faire des plans d’avenir. C’est arrivé, et quand est venu le moment de les mettre à exécution – soit, ma dernière année de lycée – j’ai eu l’accident. Ce putain d’accident qui m’a pourri la vie jusqu’à présent. C’est vrai qu’après un certain temps on s’adapte à une chaise roulante et qu’elle fait partie de nos habitudes et tout, mais chaque fois que je me revois entrain de courir après elle après une dispute, que je me revois entrain de surfer sur les vagues que personne voulait prendre parce qu’elles semblaient dangereuses, j’ressens toujours ce vide éternel qui me pèse et qui me fait comprendre que c’est de ma faute et de la mienne seulement si j’suis dans cette situation aujourd’hui et que j’ai plus autant d’amis qu’avant. J’peux même pas compter le nombre de personnes qui ont décidé de faire une croix sur moi quand ils ont su que j’m’étais retrouvé à l’hosto et que j’allais plus pouvoir marcher. Le nombre de personnes qui ont commencé à me faire chier avec leurs millions de questions et le pourquoi du comment j’en étais arrivé là alors qu’ils savaient que dalle sur moi et que j’les intéressais pas le moins du monde.

Quoi qu’il en soit, Rena se tient devant moi aujourd’hui, après six ans. Elle est plus belle que jamais et ça me fout une claque gigantesque de le remarquer. À l’heure qu’il est, on aurait pu être fiancés, ou même mariés et on habiterait certainement ensemble dans un petit appartement là où elle l’aurait décidé, mais pas trop loin pour pas que ma mère se plaigne qu’elle la voit jamais alors que c’est moi son fils. Ce que je dis en général est pas toujours réfléchi et parfois j’fais exprès d’enfoncer le couteau dans la plaie, pas parce que ça me plait nécessairement, mais parce que c’est utile et que ça me permet de savoir ce que la personne qui se trouve en face de moi ressent vraiment. Rena est énervée, je le sais, je le sens et la tension est tellement lourde qu’elle en devient palpable et que je pourrais la faire craquer en ajoutant encore quelques mots, mais j’me tais et je la laisse réagir. Elle est blessée au plus profond d’elle et si elle le pouvait, elle me foutrait tous les coups du monde en bas de la ceinture pour me faire comprendre le mal que j’lui ai causé quand j’lui ai dit que j’voulais plus la revoir. J’comprends pas comment j’ai pu lui dire ça, parce que j’avais besoin d’elle pour respirer correctement auparavant. Quand elle était là je vivais pour de vrai, elle m’apprenait ce que c’était de se soucier d’une autre personne que soi et sa famille. Elle me faisait comprendre que j’devais de temps à autres faire passer les autres avant moi et me dire que j’étais pas le seul qui avait besoin d’un entourage stable. Je sais à quel point mes frères et ma mère l’aimaient pour ça, parce que ma mère – qui tentait sans arrêt d’insérer des onces de savoir-vivre dans mon esprit – répétait sans arrêt qu’elle était la meilleure chose qui me soit arrivée et que j’allais enfin comprendre les choix qu’elle a dû faire en nous élevant. J’les ai compris, mais j’ai perdu Rena en chemin et j’m’en suis voulu de décevoir les gens avec qui je partageais la joie de vivre que ce bout de femme fatale m’apportait. « Je sais, mais ça change rien maintenant. Le mal a été fait et même si j’voudrais reprendre c’que j’ai fait, c’est pas possible. » J’tente de calmer un peu l’atmosphère, j’crois pas avoir grande-chance parce que quand Rena s’énerve, c’est une vraie tornade et il est absolument impossible de l’arrêter avant qu’elle ait fait sortir la colère accumulée. Un faux sourire par-ci, un regard meurtrier par-là. La joie à l’état pur… « T’étais loin de moi, tu devais sûrement avoir mieux à faire que te faire chier pour un pauvre con en chaise roulante quand même. » Okay, j’aurais pu le dire autrement, mais c’est sorti trop vite et j’ai vraiment pas pu contrôler comment j’allais le lui dire. Au moins ça se comprend, même si ça l’énerve de plus en plus. Merde, ce qu’elle est canon… « J’ai l’air d’une vieille paumée complètement barje maintenant ? Si c’est le cas, j’suis sûr que j’peux me faire de l’argent sur son compte. » Ferme ta gueule Jared, tu t’enfonces grave là... Presque comme si… « C’est là que tu fais erreur. Quand on a pas envie de croiser quelqu’un on se pointe pas chez la personne sans prévenir ! » T’étais rendu au point de non retour. J’hausse le ton. Elle veut me faire du mal, elle est sur la bonne voie, mais qu’elle fasse pas chier en disant qu’elle voulait pas me voir si en ce moment-même, elle se tient devant moi, les bras croisés et avec des envies de meurtre sur ma pauvre personne. « T’avais qu’à aller vivre ailleurs alors, si t’étais si bien aussi loin de moi. » J’dépasse peut-être les bornes, mais elle me cherche aussi et je peux pas rester immobile sans rien faire du tout. Elle s’approche et me gifle. Je la voyais venir, je passe ma main sur ma joue rapidement. Les fois où elle me foutait des gifles dans le passé, c’était quand ça allait vraiment mais vraiment mal et que j’devais trouver un moyen de me démerder pour qu’elle me pardonne.

« Me frappe pas ! » J’sens l’énervement parcourir mes veines comme si c’était mon propre sang. J’me lève d’un coup et reste stable quelques secondes en attrapant son bras et en la rapprochant de moi. C’est troublant, trop troublant et j’m’étais pas préparé à ça. Un automatisme du passé me revient alors que j’attrape son bras. Je pose mon regard dans le sien avant de mettre ma main sur le bas de son dos, de placer l’autre dans ses cheveux et de l’embrasser. Pendant quelques secondes, j’ai l’impression d’être étourdi parce que je sens mon cœur lever et que j’ai l’impression que j’vais gerber tellement j’suis nerveux, puis j’m’arrête et j’la regarde, complètement perdu. « J’suis désolé. Pardon, j’vou… C’est pas ça que j’voulais faire. Merde, Rena, j’suis désolé. » C’est trop tard maintenant. Bordel, mais qu’est-ce qui m’a pris ? Elle va penser que j’suis un psychopathe obsédé qui ose encore s’essayer. Fuck, j’suis coincé. Bravo Jared, tu veux une médaille ou un os ?
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Anonymous
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Sam 30 Avr - 22:29

J'ai jamais pensé que l'histoire que j'avais avec Jared se terminerait comme elle s'est terminée. Je pensais qu'on se quitterait pas, tout simplement. Surement que ça paraît con, mais je pensais juste qu'on ferait notre vie ensemble, qu'on se marie, qu'on ait des enfants, qu'on soit heureux. Je m'entendais bien avec toute sa famille, sa mère m'aimait bien et je l'aimais bien aussi. Et j'm'entendais tout aussi bien avec Eliàs et Adam. Bon, il est clair que mon père avait tendance à se méfier de Jared, parce qu'il trouvait que j'étais encore jeune pour être amoureuse à ce point et blah blah blah, mais il a fini par l'accepter pour finalement l'apprécier. Ma mère l'aimait déjà, ça lui faisait plaisir de me voir heureuse. Et son accident a pas changé la vision que j'avais des choses. Je me voyais toujours marier avec lui. Seulement, c'est sa vision à lui qui a changé. Je me serais habituée à le voir en fauteuil et j'aurais tout fait pour qu'il se sente le mieux possible, vraiment. Je comprends pas pourquoi lui, il n'était pas d'accord avec ça. On n'en avait pas parlé, c'est vrai. Mais il savait très bien, il devait savoir, que je pourrais pas me résoudre à le quitter tout ça parce qu'il était en fauteuil. Putain, s'il a pensé ça une seule seconde, c'est qu'il me connaissait pas si bien que je le pensais. Je l'aimais et c'était la seule personne qui avait une réelle importance, le centre de tout. Sans lui, je me sentais mal. Je m'imaginais pas une seconde vivre sans lui. Apparemment, lui, ça l'a pas dérangé. Je lui en veux pour ça, aussi parce qu'il m'a fait trop de mal, j'ai envie de le détester du plus profond de mon être, mais j'y arrive pas. Je peux pas. Et c'est de sa faute si je suis partie à New-York. Ça m'aurait pas dérangé de rester ici, je crois. Quoique si. Croiser Jared, sans pouvoir lui parler, ou simplement peut-être avec une autre fille, ça m'aurait tué. Mais complètement. Mais sinon, j'aurais pas été plus mal ici. Tous mes amis étaient ici. Je me suis juste retrouvée à New-York, en connaissant seulement Sidney qui m'a remonté le moral au maximum et quand elle voyait que j'étais mal, elle me le rappelait à quel point Jared pouvait être con. Et qu'il savait pas ce qu'il avait perdu, bref, ce genre de truc. Je crois que sans elle, j'aurais été dans la merde. Puis bon, faut dire que ses conneries remonteraient le moral de n'importe qui. La façon qu'elle a de toujours avoir envie de faire la fête et de pas la faire qu'à moitié, quitte à faire des trucs qu'elle aurait préféré ne pas faire, quoiqu'elle oserait faire n'importe quoi si on la défiait.

Il peut même pas s'imaginer à quel point j'ai envie de le frapper, de l'insulter, de lui faire regretter de m'avoir jeté au loin comme il l'a fait. Je suis en colère contre lui, contre son attitude, contre son comportement, contre tout ce qui se rapporte à lui. Et ce connard a beau être dans un fauteuil roulant, il est toujours aussi parfait. Ça aussi, ça m'emmerde. Mais le fait qu'il me provoque un peu plus à chaque de ses phrases arrange le tout. S'il a décidé de me rendre folle de rage, il y arrive magnifiquement bien. Putain, si j'étais folle, je l'aurais déjà assassiné. Sans déconner, il est insupportable. Surtout, SURTOUT quand il prend cet air-là. Cet air de "je compte t'énerver pendant longtemps, parce que c'est le seul moyen que j'ai de te prouver que ça m'a fait mal aussi que tu te sois cassé". Et bah va te faire foutre, connard. À une autre époque, il aurait surement réussi à me calmer. Il aurait surement pu m'arrêter en posant seulement sa main sur ma joue et en me regardant dans les yeux. Mais les temps ont changé et cette méthode pourrait pas marcher, là, maintenant. Ou peut-être bien que si, mais non. Non, parce que je veux pas. Je veux pas qu'il puisse penser une seule seconde que je suis assez conne pour le pardonner en un rien de temps. En plus, même si je voulais le pardonner maintenant, je pourrais pas. Je pourrais pas y arriver, il m'a juste fait trop de mal et il a tendance à s'enfoncer minute après minute. « Je sais, mais ça change rien maintenant. Le mal a été fait et même si j’voudrais reprendre c’que j’ai fait, c’est pas possible. » Ah parce qu'il a pas de cerveau ? Le truc qui sert à dire si ce qu'on va faire est intelligent ou pas. Visiblement, il a toujours pas compris comment ça marchait. Bordel, j'aimerais qu'il réfléchisse avant d'agir, au moins quelque fois. Juste une fois dans sa putain de vie ! Ça lui ferait vraiment pas de mal à ce crétin impulsif. « Et tu vas me dire que réfléchir avant d'agir, ça te dit rien ? » Putain, heureusement que je suis pas comme ça, sinon, il se serait déjà mangé une ou deux baffes dans la tronche. Sans déconner. Suffit de voir comment il agit. Si un de nous deux devraient être en colère en ce moment, ça devrait être moi. Lui, il devrait juste fermer sa gueule et me laisser l'envoyer aller se faire foutre. C'est tout ce qu'il mérite en ce moment. Il mérite pas mieux qu'une gifle ou pire. Je sais pas trop. « T’étais loin de moi, tu devais sûrement avoir mieux à faire que te faire chier pour un pauvre con en chaise roulante quand même. » Ce que j'aurais voulu qu'il ait raison. J'aurais aimé que ce soit vrai. J'aurais aimé ne pas passer mes journées à me concentrer sur mes cours, parce que c'était le seul moyen que j'avais pour ne pas penser à lui. Il a pas l'air de se rendre compte qu'arrêter de penser à lui, c'est plus difficile qu'il a l'air de le penser. J'ai dû essayer de l'oublier, mais j'ai pas réussi, même si Sidney tentait de le faire complètement dégager de mon cerveau, sans succès. « C'est vraiment ce que tu crois ? Que j'ai pas pensé à toi quand j'étais à New-York ? Que j'avais pas envie de revenir ici et te tuer à chaque fois que je pensais à toi ? » Je regrette un peu de lui avoir dit ça, parce que ça lui montre que je lui accorde beaucoup trop d'importance, même si je tente tant bien que mal d'agir comme si c'était le contraire. Mais en même temps, j'agis sincèrement, parce que je suis réellement en colère contre lui, mais je le déteste pas. Pour mon plus grand malheur. « J’ai l’air d’une vieille paumée complètement barje maintenant ? Si c’est le cas, j’suis sûr que j’peux me faire de l’argent sur son compte. » Il essaie de m'imiter maintenant ? S'il pense que faire de l'ironie arrange réellement son cas désespéré... wow, il se trompe complètement. Il me donne juste des envies de meurtres encore plus puissantes que je pouvais déjà en avoir. J'ai envie de l'insulter, vraiment. Et cette envie se répète de plus en plus depuis qu'on a commencé à avoir cette conversation. Putain. « C’est là que tu fais erreur. Quand on a pas envie de croiser quelqu’un on se pointe pas chez la personne sans prévenir ! » Non mais bordel de merde, il a pas compris que oui, je suis venue pour croiser quelqu'un, mais pas lui ! Je voulais pas le voir. Je voulais pas avoir à l'affronter, parce que je savais que j'aurais du mal. Mais aussi, parce que je savais que ça me foutrait en rogne et que je pourrais pas lui gueuler dessus sans qu'il réagisse. Non, c'est pas son genre à lui. Il préfère s'enfoncer, en rajouter sur son compte pour me pousser à avoir encore plus envie de le frapper. « T'es vraiment con ou tu fais exprès dans le but de m'énerver ? » Non, parce que vraiment, là, j'ai du mal à le suivre. Plutôt que de me provoquer, il devrait plutôt essayer de me calmer, juste une fois dans la conversation. Ou il aurait pu répondre à la question, tout simplement. Comme quelqu'un de normal et de civilisé. Et s'il pense que c'est en parlant plus fort qu'il va m'impressionner, wow, il se trompe. Il m'impressionne pas du tout et depuis longtemps. « T’avais qu’à aller vivre ailleurs alors, si t’étais si bien aussi loin de moi. » Alors ce trisomique a pas remarqué que je me suis déjà cassée à New-York une fois à cause de lui ? Il me cherche vraiment.

La claque que je lui fous dans la face est clairement méritée. Il est entrain de me demander de partir, encore une fois ! Putain, c'est quoi son problème à ce connard de merde ? « Me frappe pas ! » Oh parce qu'il pense que ça va m'empêcher de lui foutre une autre gifle s'il continue ? Vraiment ? Au contraire. Le fait qu'il me donne un ordre me donne envie de lui foutre une autre baffe. Mais je le fais pas, parce que je me sens mieux. Ça fait du bien de le frapper, je devrais faire ça plus souvent. Je devrais tenter ça à chaque fois que je le vois, ça pourrait être pas mal. Bon, c'est pas dit que ça lui plaise vraiment à lui, mais je m'en tape. Je me fous de ce qu'il pense. C'est un con. Il attrape mon bras et... merde. Il est debout ? Putain, est-ce que je rêve ? Pourquoi il est debout ? Depuis quand il tient debout ? Pourquoi il m'a rien dit ? Il pose sa main dans le bas de mon dos et met son autre main dans mes cheveux en me regardant dans les yeux. Ma respiration s'accélère, alors qu'il s'approche de mon visage et pose ses lèvres sur les miennes. Putain, j'arrive pas à le repousser. Je peux pas éloigner son visage du mien. En fait c'est lui qui le fait. Il a l'air d'être dans l'incompréhension totale, tout comme moi en fait. « J’suis désolé. Pardon, j’vou… C’est pas ça que j’voulais faire. Merde, Rena, j’suis désolé. » Je pose mes doigts sur mes lèvres, en le regardant dans les yeux, ma respiration qui trouve aucun moyen de se calmer. Il est encore plus con que je le croyais. Je comprends pas sa méthode, parce que m'énerver, se prendre une gifle pour finir par m'embrasser, c'est... digne de Jared. « La ferme, t'as un don pour t'enfoncer, alors tais-toi. » Mais ça m'empêche pas de poser ma main sur sa nuque et de rapprocher mon visage du sien pour répondre à son baiser. Et mon cerveau fait pas vraiment attention au fait que oui, il soit réellement debout et non pas assis sur son fauteuil. Je recule mon visage du sien et pose une de mes mains sur son torse. « Comment ça se fait que t'es debout ? Pourquoi tu m'as rien dit ? »
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Anonymous
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Jeu 26 Mai - 7:31

Je comprends pas comment on s’est retrouvés ici. Après toutes ces années, toutes les épreuves par lesquelles on a passé individuellement. Je sais pas comment j’dois réagir, c’est plutôt dur de réfléchir avec ce que j’viens de faire. J’peux pas demander à Rena de comprendre non plus, elle me dirait sûrement d’aller me faire foutre parce qu’elle serait aussi mélangée que moi. J’peux demander conseil à personne, surtout pas à Eliàs qui va sûrement me dire que je suis con et que je vais encore foirer la vie de Breckenridge. J’ai pas besoin que les gens me fassent chier, j’veux juste qu’ils comprennent. Je vis pas pour les satisfaire, ceux qui sont pas contents de mes agissements ont qu’à aller se faire voir. Je dois rien à personne, au contraire. J’ai haï le monde entier trop longtemps pour ce qui m’est arrivé, et même si j’ai pas particulièrement envie de me mettre les gens à dos – encore une fois, comme dans le bon vieux temps – je vais pas agir stupidement pour le plaisir de le faire. Y’a des trucs inexplicables qui arrivent parfois, et on y est pas toujours préparés. Genre là, maintenant, tout de suite… Rena et moi dans mon entrée, entrain de s’embrasser, comme si elle était partie hier et qu’aujourd’hui on s’était réconciliés, que rien s’était passé et qu’on revenait dans le bon vieux temps parce que pour nous c’était juste normal de se montrer en public, alors on se gênait encore moins en privé. Je dévie le regard plusieurs instants, distrait par mes pensées. Je sais pas comment lui répondre, comment lui expliquer, par où commencer surtout. J’vais devoir lui expliquer que c’est Joyce qui a fait ça, et que je passais beaucoup de temps avec d’autres filles pendant son absence. Si elle revient, si je suis prêt à me réinvestir dans tout ça, c’est parce que je veux qu’il y ait aucun secret entre nous. J’veux pas qu’elle me regarde bizarrement, mais je sais que ça va être inévitable. Je bredouille des trucs pas clairs, parce que j’arrive pas encore à formuler une phrase complète. Allez JJ merde, bouge-toi ! C’est pas n’importe quelle fille, n’importe quelle conne que tu rencontres dans la rue et qui veut ton numéro seulement pour prouver aux autres qu’elle est pas une totale loser, c’est Corene-Ann… La fille pour qui j’aurais tout donné à l’époque. Aujourd’hui, je sais pas vraiment. J’dois avouer que j’suis plus perturbé qu’autre chose. « J’sais pas… » Je sais, mais je sais pas comment le dire. Putain, ça devrait pas être si dur que ça. J’arrivais à tout partager avec elle avant, c’est pas ça qui devrait faire exception. « Joyce… Joyce m’a poussé à aller en réhabilitation. À reprendre rendez-vous avec un docteur, à savoir si je pouvais désormais essayer et ils ont dit oui. La technologie a changé et ils m’ont aussi dit que mes cicatrices avaient bien guéri, du coup… » Je sais pas pourquoi j’ai tout déballé d’un coup. J’espère qu’elle a compris, je parlais vite et sans vraiment me douter que ça allait sortir à ce rythme-là. Je m’accote sur Rena, ayant peur de tomber. Elle est contre le mur et je me place autour d’elle, comme ça j’ai de l’équilibre d’une certaine manière. Ma chaise est trop loin pour que je tente de l’atteindre. Je la regarde dans les yeux maintenant, mordant ma lèvre inférieure et tentant d’me concentrer. Elle est belle, putain ce qu’elle est belle… J’suis vraiment le pire des cons, mais j’imagine que c’est pas une surprise et que t’façon, tout le monde s’en doute. Elle a l’air confuse, perplexe, faut que je m’explique. « Je pouvais pas. T’es jamais revenue, j’ai jamais eu le courage de t’appeler, de me déplacer pour venir te voir. J’avais honte… J’me disais que si tu me contactais pas c’était que tu voulais vraiment plus rien savoir, alors j’ai rien fait de mon côté. » Je passe ma main lentement sur sa joue, agrippant quelques mèches de ses cheveux au passage. « J’suis désolé… » Je sais qu’elle le sait, mais toutes les excuses du monde vaudront jamais le mal que j’lui ai fait, et j’m’en rends compte au fur et à mesure que les secondes défilent. Je m’approche de nouveau d’elle, l’embrassant avec fougue et beaucoup plus de passion. Elle mérite mieux que moi, et je veux pas qu’elle se coince à penser que maintenant elle va devoir me supporter de nouveau, pas si c’est pas ça qu’elle veut et qu’elle a déjà entamé des procédures pour réellement passer à autre chose. Drôle, je pense à tout ça en l’empêchant de reprendre son souffle quand elle décolle ses lèvres des miennes et que je dépose de légers baisers dans son cou. Elle me pousse légèrement et me soutient en se plaçant devant moi, de face, de manière à ce que mes bras l’entourent et qu’elle ait le contrôle. Elle doit sûrement avoir remarqué que je suis pas encore très fort et que j’ai besoin de pratique. Je fais des pas, petits, mais on peut jamais trop espérer. Elle nous mène jusqu’à ma chambre et ferme la porte derrière. Elle arrive à faire en sorte que je tombe pas parterre, mais le sort jouant contre elle fait que j’aie la maligne idée de le faire moi-même.

Je la tire vers moi et elle se retrouve à califourchon par-dessus. Ça me rappelle y’a 6 ans, le jour de notre rupture, comment je l’ai repoussée alors que tout ce qu’elle essayait de faire c’était me prouver qu’elle m’aimait quand même et qu’elle serait là jusqu’au bout. Bordel… Comment est-ce que j’ai pu penser comme ça ? J’me disais que maintenant que j’étais en fauteuil roulant, ma vie était finie. Personne voudrait de moi. J’ai tellement été chien avec mon entourage que plusieurs se sont barrés, les jambes au cou, j’les blâmais autrefois, mais plus aujourd’hui. Quand on passe autant de temps à réfléchir, on se rend compte que le monde entier est pas l’erreur, pas tout le temps en tout cas. Elle me regarde avant de pencher et de m’embrasser de nouveau. Je la fais rouler sous moi, me relevant à peine pour enlever mon chandail. On devrait pas faire ça, c’est contre nature, surtout parce que c’est la première fois que je touche à son corps depuis 6 ans et des poussières et que par respect pour notre ancienne relation, ce serait con de tout foirer aujourd’hui, mais j’ai des envies, des pulsions, et ma tête est loin d’être entrain de se placer sur la ligne droite sur laquelle elle était avant que Rena remette les pieds ici. Et ma conscience dans tout ça ? N’en parlons pas, elle est entrain de me gueuler que j’vais sûrement brûler en enfer parce que je pense qu’à ma gueule parfois, mais j’en ai rien à foutre. Je souris furtivement à Rena alors qu’elle a repris le contrôle et que je fais sauter son haut. Puis on est assis sur le sol et je l’embrasse à en reperdre le souffle. « J’suis désolé… » Que je murmure encore à son oreille. J’suis sûr qu’elle va finir par me dire qu’elle se barre si j’arrête pas de lui dire que j’suis désolé, mais c’est plus fort que moi. J’l’embrasse dans le cou, défaisant son pantalon et le faisant valser à l’autre bout de la pièce. Tout se passe trop rapidement, mais j’peux pas m’en empêcher, mon pantalon suit le mouvement dans la danse et j’suis de retour par-dessus. Tout s’arrête, nous, le temps, le monde. Une main sur sa nuque et l’autre perdue dans ses cheveux, je plonge mon regard dans le sien et reste immobile pendant quelques instants, me contentant d’écouter notre respiration saccadée. Reste plus que nos sous-vêtements, ce serait tellement simple et pas long du tout d’les faire sauter, mais je veux pas agir trop vite et la brusquer à faire quoi que ce soit. Indirectement, j’attends qu’elle agisse, j’attends son accord…
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Anonymous
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Jeu 26 Mai - 22:57

J'arrive pas à comprendre comment il a pu penser ne serait-ce qu'une seconde que je m'en foutais de lui pendant que j'étais à New-York. Je comprends pas comment il en est venu à cette conclusion. Est-ce que lui, il m'a oublié si facilement ? Est-ce que j'ai juste été un moment de sa vie qu'il a déjà oublié et sur lequel il a déjà tiré un grand trait ? Si c'est le cas, je préfère ne pas le savoir. Je veux surtout pas l'entendre me dire que oui, lui, aujourd'hui, il s'en fout, que pendant que j'étais à NY, il a pensé une seule seconde à moi. Ça me ferait beaucoup trop de mal pour que je tente l'expérience. J'ose pas lui poser des questions, parce que je suis tout simplement terrifiée face à l'idée de recevoir des réponses que je ne veux pas entendre. Mais d'un autre côté, peut-être que suivant ce qu'il me dirait, ça m'aiderait à l'oublier complètement. J'aimerais... non, en fait, je sais pas ce que j'aimerais. Maintenant que je suis face à lui, toutes les bonnes résolutions que j'avais prise avant de me retrouver là semblent avoir foutu le camp et m'avoir laissé sur le bord de la route, trop tétanisé pour pouvoir réussir à l'affronter pour de vrai. C'est clair que c'est plus simple de se dire qu'on fera ça, quand on n'est pas dans la situation. Ça devient brusquement plus compliqué quand on se retrouve face à la personne. Évidemment, je lui en veux toujours, parce que je peux pas oublier d'un seul coup, comme ça, ce qu'il m'a dit juste avant que je parte, je peux tout simplement pas oublier qu'il a préféré s'éloigner de moi plutôt que de me laisser l'aider. C'est vrai, j'étais pas obligée de m'en aller à New-York, j'aurais très bien pu rester ici, qu'est-ce que ça aurait changé ? Simplement que j'aurais pas pu le croiser tous les jours (ou presque). Ça m'aurait complètement démoli. Et je peux même pas imaginer ce que ça m'aurait fait, parce que je préfère même pas y penser. Il se rend surement pas compte de tout le mal qu'il pourrait réussir à me faire s'il le voulait. Probablement qu'il ne pourrait pas m'en faire plus qu'il l'a déjà fait la dernière fois. Et quand je pense ça, j'essaie pas de le faire se sentir plus mal que ça. Je comprends pas pourquoi il a réagit comme il l'a fait, certes, mais c'est pas une raison pour vouloir le faire culpabiliser à mort. Je voudrais juste qu'il comprenne que ce qu'il a fait n'était pas du tout une solution. Que j'aurais peut-être pu l'aider plus qu'il ne le pense. Peut-être que ça m'aurait fait mal de le voir comme ça, comme il a pu être. Et tel que je le connais, il a pas dû être facile du tout pendant cette période. Il devait probablement emmerder son monde, être agressif avec tous les gens qui l'approchaient et il devait être plus qu'insupportable. J'en suis certaine. S'il a été agressif avec tout le monde, comme il l'a été avec moi... ils ont dû en voir de toutes les couleurs. Dans un sens, c'est surement normal. Il en voulait au monde entier, parce que peut-être qu'il pensait que c'était la faute de tout le monde et que tout le monde avait pitié de lui, parce qu'il était dans une chaise roulante. Bordel, aujourd'hui, qu'il soit dans une chaise roulante me perturbe pas plus que ça. Ça le rend pas plus débile qu'un autre. Je comprends pas non plus pourquoi il m'a pas dit qu'il pouvait marcher, ou simplement tenir debout. Il aurait juste pu demander à son frère mon numéro et me le dire. Ça l'aurait pas tué, même si ça aurait complètement assassiné ma façon de pensée. Et il devrait pas avoir le droit de m'embrasser. Pas dans la situation actuelle. Pas quand j'essaie de continuer à lui en vouloir, parce que c'est trop facile pour lui.

« J’sais pas… » Comment ça tu sais pas ? J'en ai rien à foutre que tu saches pas, je veux une réponse. Je veux des explications. Il peut pas me dire : je sais pas. Il me doit des explications ! Est-ce qu'on en est vraiment arrivés au point où on se parle même plus pour se donner les nouvelles, au moins sur les choses qui sont réellement importantes ? « Joyce… Joyce m’a poussé à aller en réhabilitation. À reprendre rendez-vous avec un docteur, à savoir si je pouvais désormais essayer et ils ont dit oui. La technologie a changé et ils m’ont aussi dit que mes cicatrices avaient bien guéri, du coup… » Je souris, simplement parce que je suis contente pour lui. Mais dans ce qu'il vient de me dire, y a quand même quelques trucs qui me tuent la santé. Ça me fout un drôle de choc de l'entendre dire le prénom d'une fille, dont je sais rien et qui a l'air importante. Surement que ça s'appelle de la jalousie. Ça m'emmerde aussi que ce soit elle qui ait été là pour lui et pas moi. J'aurais dû être à la place de cette Joyce. C'est moi qui aurais dû le motiver à aller faire tout ça. Mais j'ai trop vite réagi. À partir du moment où il venait de me briser, j'ai pas pensé une seule seconde à rester ici. Je peux pas lui en vouloir de toute façon. C'est évident qu'au bout de six années, il a dû en voir passer des filles, et pas qu'un peu. Bordel, à ça aussi je préfère pas y penser. Il caresse ma joue à l'aide de sa main et un frisson me parcoure la nuque, alors que je ferme les yeux pendant une seconde. Putain. Je le déteste. En fait, non, mais je vais tout de même essayer, rien qu'un peu. Ses doigts s'enroulent autour de quelques mèches de mes cheveux et je tente d'agir comme si je sentais rien. Fais pas attention Corene-Ann, ça va pas t'aider. « C'est bien, je suis contente pour toi... mais t'aurais quand même pu me le dire. » et là tout de suite, j'aimerais lui dire : c'est qui Joyce ? Lui poser subtilement la question comme si de rien n'était, mais non. J'ai pas le droit de lui demander ça. Pas à partir du moment où on est plus ensemble depuis autant de temps. Ça me concernait plus à la seconde où il a décidé de rompre. Ça serait clairement mal placé de ma part de venir lui poser des questions. « Je pouvais pas. T’es jamais revenue, j’ai jamais eu le courage de t’appeler, de me déplacer pour venir te voir. J’avais honte… J’me disais que si tu me contactais pas c’était que tu voulais vraiment plus rien savoir, alors j’ai rien fait de mon côté. » Non, mais... je comprends pas pourquoi il a pu penser ça ! Que je voulais plus rien savoir de lui ? Bordel, s'il m'avait appelé en me disant de revenir, je suis persuadée que je l'aurais fait. Même si je lui en aurais voulu de m'avoir fait tourner en bourrique. Il devrait le savoir. Il devrait savoir que j'aurais tout fait pour lui, même si ça me tuerait de l'admettre maintenant. Il peut pas me dire que savoir qu'il pouvait marcher de nouveau pouvait pas m'intéresser. Et même si ça n'avait pas été le cas, ça m'aurait fait plaisir de le savoir. « Jared, parfois, tu me donnes des envies de suicide. Si je ne t'ai pas appelé, tu t'es pas dit que c'était de ta faute ? Tu m'avais dit que tu voulais plus me voir, pourquoi je t'aurais appelé ? C'était à toi de le faire. Et tu penses que je t'aurais fait quoi si tu m'avais appelé ? Tu penses sincèrement que t'es le genre de personne qu'on oublie facilement ? » Non, mais faut qu'il ouvre les yeux. Oui, je suis un peu en colère et c'est de sa faute, là. Il dit des trucs cons, alors ça m'énerve. Je le regarde avec un peu d'agressivité. J'avais seize ans, il venait de me briser le cœur et il voulait peut-être que je l'appelle pour lui demander comment il allait ? Non, mais sérieusement, ça va pas ! « J’suis désolé… » Je sais, mais ça arrange pas grand-chose. Ce qui est fait est fait et on peut pas revenir en arrière. Je suppose que la chose positive, c'est que j'ai quand même fini par l'apprendre. Je le vois qui s'approche de moi et qui pose ses lèvres sur les miennes avec passion. Alors là, même si je tentais de me convaincre que ça me fait rien et que je m'en fous, j'aurais beau tenté que ça marcherait pas. Je peux pas non plus nier que ça m'a manqué. J'éloigne mes lèvres des siennes, alors qu'il descend les siennes dans mon cou. Avant, quand on se disputait, c'était jamais vraiment violent, mais quand je décidais de lui faire la gueule, il utilisait toujours des moyens du genre pour que j'arrête de le bouder. Ça marchait plutôt bien d'ailleurs et apparemment, c'est toujours le cas.

Je le fais reculer doucement, restant face à lui, ses bras autour de moi, qui l'empêchent de tomber. Je vois bien qu'il ne peut pas rester debout pendant trop longtemps et c'est normal. Je marche pas vite, gardant un œil sur lui, faisant attention à ce qu'il s'entrave nul part. Je m'arrête une fois qu'on est rentrés, fermant la porte de sa chambre derrière moi. Je m'arrange pour qu'il tienne debout, mais visiblement, ça lui plait pas, puisqu'il fait exprès de tomber parterre. Il m'attire sur lui et je me retrouve à califourchon juste au-dessus de lui. Je repense à certaines choses, il y a six ans, on était dans la même position, mais ça s'est mal terminé. Je suis persuadée que ça se passera pas comme ça cette fois-ci. Il me dira pas de dégager, sinon, il aurait pas fait tout ça dans son salon. Je le regarde avec un petit sourire qui se forme au coin de mes lèvres. Je penche la tête vers lui, avant de l'embrasser en appuyant mes mains sur le sol. Il inverse la situation, pour pouvoir se retrouver au-dessus de moi. Il enlève son t-shirt et mes doigts frôlent son torse. C'est mal ce qu'on est en train de faire. Je le sais, mais ça m'empêche pas de continuer. Surement que je vais m'en vouloir en revenant chez moi d'avoir été aussi faible face à lui. Surement que je vais avoir envie de me foutre des baffes, mais bon. Bordel. Ses mains sur ma peau, ses lèvres sur les miennes ou dans mon cou, ça m'a manqué. J'évitais d'y penser et à chaque fois que c'était le cas, j'm'occupais de façon à penser à autre chose. Tout ce que j'ai essayé de faire pour parvenir à l'oublier s'envole peu à peu à cause de lui. Je sens que ma respiration s'accélère et il me sourit rapidement. Il dégage mon haut, le foutant quelque part dans la pièce. On est assis, sur le sol et il m'embrasse encore une fois. Putain. Il est clairement en train de foutre en l'air toutes mes bonnes résolutions. Je devrais pas le laisser faire, mais je peux pas le repousser. C'est complètement impossible, même avec de la bonne volonté, je pourrais pas le repousser. « J’suis désolé… » Il dit ça tout doucement, à mon oreille. Je sais. Tu l'as déjà dit, Jared. Ça arrange rien et c'est énervant. Ça sert uniquement à me rappeler qu'on est surement en train de faire une grosse connerie qu'on va regretter juste après – ou pas –. « Arrêtes de dire que t'es désolé. Je sais que tu l'es. » que je lui dis en le regardant, sûre de ce que je dis. Je veux qu'il arrête de le dire, vraiment, parce que s'il continue, je vais devoir le gifler, comme ça, il aura plus de quoi être désolé, mais de quoi être en colère. Il pose ses lèvres dans mon cou, alors que je penche la tête vers l'arrière, en même temps qu'il défait mon jean pour l'expédier quelque part, lui aussi, dans la chambre. Le sien le rejoint en moins de temps qu'il faut pour le dire, alors qu'il se replace au-dessus de moi. Une de ses mains est posée sur ma nuque, laissant des frissons parcourir le long de ma colonne vertébrale. On se regarde dans les yeux sans bouger pendant quelques secondes et je lui souris. Je viens officiellement d'abandonner la moindre tentative de repoussement que j'aurais pu tenter. C'est mal, mais je m'en fous. En tout cas, là, maintenant, tout de suite, je m'en tape vraiment. Je pose une de mes mains sur sa nuque, attirant son visage contre le mien de manière à ce que je puisse l'embrasser, tout en laissant mon autre main descendre lentement tout le long de son torse, posant mes doigts dessus, comme si ça pouvait être des chatouilles. Mes doigts s'arrêtent au-dessus de son caleçon, avant que je commence à lui enlever, m'aidant avec mon autre main. Je relève les yeux vers les siens, lui lançant un regard qui veut dire ce qu'il veut dire. Je le veux et il peut pas reculer, même si je sais que ça lui traverse même pas l'esprit en ce moment...
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