Khris venait de raccrocher au nez de Charlotte, il eut un petit sourire en imaginant déjà la tête qu'elle ferait en se rendant contre qu'elle parlait dans le vide. Il était étendu sur le canapé : une tonne de mouchoir usagés, couverts de sang, trainaient autour de lui. Un autre était posé sur son arcade qui ne s'arrêtait pas de couler. Ces deux mecs avaient été tellement nuls, il avait frappé deux trois coups et ces idiots étaient tombés à terre. Un avait réussi à lui mettre un seul et unique coup. Bah il avait bien visé l'idiot, plus d'une heure que ça coulait sans arrêt. Khris commençait à penser que l'hémorragie allait être tellement importante qu'il allait mourir par manque de sang, tant pis, Charlotte aurait le plaisir de le trouver mort sur son canapé. Tout le monde serait content de sa mort. Quelqu'un frappa à la porte.

- Ah putain enfin ! J'pourrais vraiment avoir le temps de crever avec toi. Entre, c'est ouvert.

Khris m’avait raccroché au nez. On ne se connaissait pas depuis longtemps, depuis deux mois que j’étais là, mais il savait que je détestais ça !
J’étais presque arrivée chez lui maintenant, avec un sac plein de la pharmacie. Tu parles, la pharmacienne avait refusé de me vendre des trucs pour recoudre, elle m’avait regardé comme si j’étais folle, tout ce qu’elle m’avait vendu c’était des strippes, du sparadrap et de l’alcool à 90°. J’allais m’en sortir avec ça !
J’arrivais devant chez Khris et frappais à la porte. Je l’entendais gueuler. Je poussais la porte avec mon dos, les mains prises.

« Eh, j’ai fais aussi vite que je pouvais, hein. Si t’es pas content, c’est pareil ! »

Puis j’arrivais dans son salon, Khris était étendu dans le canapé, plein de sang. Merde, j’étais vraiment pas fan de ce genre de trucs…
Je posais mon sac par terre, et m’assis sur le canapé, au niveau de la tête de Khris en le regardant. Je fis une grimace.

« Alors, qu’est-ce qu’il c’est passé ? »

Khris entendit vaguement Charlotte protester en entrant avec ses sacs pleins à craquer. Et cette idiote qui ne fermait pas la porte, il avait trop mal à la tête pour se mettre à gueuler contre elle. Et puis, elle était la seule à avoir envie de le soigner. Et elle était la seule qu'il avait envie de voir, il ne savait pas pourquoi il l'avait choisie elle. La pauvre. Charlotte s'installa près de Khris, il la regarda dans les yeux, même si sa vue était troublée par le sang.

- Pâlie pas comme ça, c'est juste du sang. Bah en fait, j'ai couché avec une fille sans bien me demander qui c'était, j'ai pas dans mes habitudes de faire les présentations avant de faire ce que j'ai à faire. Après que ça soit fait, y'a son putain de petit ami qui débarque dans la chambre et qui à pour intention de me faire la peau. Alors j'enfile un caleçon, j'lui botte le cul, il est par terre. Son pote me prend par surprise et paf ce con me met son poing dans l'arcade. J'l'ai mis par terre et j'me suis tiré. Après j't'ai appelé, voilà. Bon maintenant que tu sais tu me soigne ou il faut que j'attende que ça cicatrise tout seul ?

Pendant que j’écoutais Khris me raconter comment il s’était retrouvé dans cet état là, j’allais refermer la porte de l'entrée. Puis je revins m’asseoir, à la même place, et commençait à imbiber un coton d’alcool. Tout en l’écoutant finir sa crise. Je réprimais un sourire. Il était pas croyable, c’était la seule personne que je connaissais qui arrivait à se foutre dans des situations pareilles.

« Oh ça va ! Je fais comme je peux ! Je suis pas médecin, je te signale. C’est pas de ma faute, si tu fais pas gaffe avec qui tu couches ! »

Je savais que je pouvais me permettre de parler comme ça à Khris, parce que ça faisait partie du jeu entre nous, je crois. Et aussi parce que de toute façon, actuellement il n’y avait que moi, pour le soigner, et puis il savait très bien que je ne disais pas tant ça contre lui, que pour le provoquer.
J’attrapais le menton de Khris avec ma main, et tournais son visage vers moi. Je n’étais pas certaine que ce que la pharmacienne m’avait vendu serait suffisant, mais il faudrait faire avec. Je commençais à frotter autour de la plaie.

« Je suis pas experte, mais c’est possible que ça pique un peu, alors… prends sur toi, ok ? »

Je tamponnais alors, doucement là où c’était ouvert. Je regardais Khris dans les yeux, pour voir si ça le piquait. Aucune réaction. Je continuais donc à nettoyer son arcade.

Charlotte commença à s'occuper de lui pendant qu'il racontait son périple absolument palpitant. Il se rendit compte qu'il n'avait pas réfléchi lorsqu'il l'avait appelé, il était rentré chez lui et avait prit son téléphone comme par reflex. Son nouveau reflex. Il savait que dans les semaines à venir en aurait vraiment besoin, il aurait vraiment besoin d'elle. Pas spécialement parce qu'elle était une « amie » - ne se connaissant pas depuis longtemps ce terme semble inapproprié – mais pour ses soins premièrement. Khris se fourrait dans des histoires plus bizarres les unes que les autres, comme d'habitude, mais depuis un certain temps cela avait empiré. A croire que son aimant à ennuis était de plus en plus performant.

- Hey, tu demandes souvent à une personne si elle est déjà prise quand tu couches avec ? Ah j'imagine que oui, tu lui demandes son adresse et le numéro de ses parents aussi ?

Il eut un petit sourire moqueur et le rangea vite lorsque Charlotte lui attrapa le menton pour pouvoir tourner son visage dans un meilleur angle. Le sang semblait avoir moins coulé depuis qu'elle était là, comme si elle avait de l'influence même à l'intérieur de Khris. C'était une sorcière, il en était sur. Elle le prévint alors que ça allait surement piquer, ouais effectivement, ça ne faisait pas que piquer. Le jeune homme avait l'impression qu'on essayait de lui bruler le sourcil avec un chalumeau, à bout portant. Mais il ne dit rien et ne montra rien, comme d'habitude.

- T'as un rendez-vous ce soir ? Un amoureux ?

Il demandait ça comme ça, juste parce qu'il avait envie de parler.

Khris n’avait pas bougé pendant que j’avais enlevé tout le sang que je pouvais autour de son arcade. Je pris alors la boite de strippes et commençais à les détacher les uns des autres. Puis je resserrais délicatement la plaie avant d’y déposer un strippe en travers. Puis, j’en mis deux autres aux extrémités. Je regardais mon ‘travail’ bon, ça allait, c’était pas trop mal. Mais je n’étais pas certaine que ça suffirait. Evidemment, ça aurait été plus pratique d’aller voir un vrai médecin ; et pas d’appeler une paumée comme moi. Mais la logique de Khris m’échappait sur ce coup là.
Je souris à sa remarque. Je réfléchissais, effectivement toute personne me connaissant assez pouvait savoir que je préférais me compliquer encore plus la vie. Ça me faisait d’ailleurs bizarre que Khris ne sache pas, du moins, ce qui m’avait poussé à venir en Californie. Et peut-être que c’était mieux ainsi…

« Bien sur, à chaque fois, on est jamais trop prudent. Et puis si ça peut m’éviter de finir dans ton état… » dis-je en rigolant, puis j’ajoutais plus sérieusement. « D’ailleurs, pourquoi tu m’as appelé ? Je veux dire, pourquoi tu m’as appelé, moi ? »

Ça m’avait étonné sur le coup qu’il me laisse un message, mais je n’avais pas hésité pour autant à venir l’aider…
Je regardais si les strippes que j’avais collé tenaient le coup, ça avait l’air d’aller. Puis je regardais Khris dans les yeux avant de lui répondre.

« Non, rien du tout. Rien depuis que je suis arrivée ici. T’as de la chance du coup, j’aurais pas pu venir sinon… Et toi, tu remets pas ça ce soir ? »

Après tout, il n’était pas à ça près, non ?

J’étais plutôt satisfaite de mon travail sur son arcade, pour une débutante, je ne m’étais pas trop mal débrouillée, et ça avait l’air de convenir à Khris
Je réfléchissais à ce qu’il m’avait dit ; je n’aurais pas su dire si ça me dérangeait que Khris m’ait appelé, qu’il ait pensé à moi. En fait, je me rendais compte qu’il était l’ami parfait, dont j’avais besoin : il ne posait pas de questions, c’était exactement ce que je demandais. Qu’on ne me pose pas de questions, qu’on ne me dise pas que ce que j’avais fait à Léo était mal. (Je le savais) Khris ne me jugeait pas, ou alors s’il le faisait, il ne disait rien, et je n’en demandais pas plus.

« Contente de t’avoir rendue service, alors. T’as raison, j’ai besoin de changer de mes amis habituels, en ce moment. »

J’avais l’impression que toute personne que je côtoyais était liée à Léo ou bien, elle me posait des questions sur lui. Peut-être que c’était marqué sur mon front « J’ai fait un truc horrible à mon fiancé, venez en parler avec moi ! » C’était ridicule. Khris me changeait de tout ça.
Il s’assit, et me fis basculer. Je souris, en m’installant et en écoutant ce qu’il me disait. Ça avait l’air de l’étonner que je n’ai rien à faire, personne dans ma vie. Évidemment, à coté de la sienne, ma vie était plate.

« Oui, j’imagine. Échange de bons procédés, c’est comme ça qu’on dit, non ? »

Il me fit un sourire ravageur, je n’étais pas du genre à craquer pour un sourire. Je me contentais de soutenir son regard.

Khris se pencha au dessus de moi. J’étais en train de jouer avec mes doigts, c’était une sorte de tics chez moi. Mais peu importe. Il reprit place et s’alluma un joint. Je le regardais cracher la fumée. Il fallait bien avouer que Khris était canon. Je crois que je ne m’en étais pas rendue compte avant… Allez savoir pourquoi…
Il me proposa de fumer. J’acceptais, tout en me demandant depuis quand je n’avais pas fumé (un joint, s’entend). Ça devait faire depuis que j’avais quitté Paris, ce qui en gros datait assez. Je pris le joint et tirais dessus. Je fermais les yeux. J’avais oublié le plaisir que ça me procurait. C’était plutôt agréable.
Je le rendis à Khris. Je posais une main sur mon ventre en réfléchissant. Moi qui avais pensé finir la soirée devant un film, avec une assiette de pâtes sur les genoux, la soirée avait pris un tout autre cours. Et finalement c’était pas plus mal.
Je me levais et après un coup d’œil, je repérais la cuisine. J’ouvris le frigo, il était vide.

« Tu manges jamais ou quoi ? C’est con, j’étais prête à te faire à manger… »

Je lui fis un grand sourire. Oui parce qu’en plus d’être un super médecin (ouais ouais) je faisais à manger. Enfin, sauf là, je faisais pas de miracles, non plus.

Charlotte qui jouait avec ses doigts, c'était trop mignon à voir. Bien qu'elle ne soit pas mignonne, elle était belle. Sinon Khris ne lui aurait pas demandé de venir chez lui, oui, il était le genre de gars à n'inviter que des filles qui lui plaisaient. Pourquoi s'embêter avec des thons quand on peut s'offrir des canons ? Charlotte avait accepté le joins et avait tiré dessus, laissant la fumée ressortir de ses jolies lèvres. Il reprit le bedo et tira encore une fois dessus, faisant des ronds de fumées. La jeune fille s'était levée et était partie en direction de la cuisine, comme si elle était chez elle. Ça ne dérangeait pas le New Yorkais, il préférait qu'elle prenne ses aises plutôt qu'elle soit coincée. Elle ouvra le frigo et constata qu'il était vide, non, Khris ne mangeait presque pas. Pas parce qu'il était pauvre, loin de là. Dealeur, mannequin et fils de riche. Mais il n'était jamais chez lui et ne mangeait presque pas quand il était dans son appart.

- T'as faim ? Commande une pizza stu veux. Le téléphone est juste à coté.

Charlotte s'était déplacée pour lui, il pouvait bien lui payer à manger et un petit joins ; c'était la moindre des choses. Khris se leva, s'approchant d'elle. Il tira une bouffée sur le joins et la souffla près du visage de la jeune fille.

- Ou alors on peut faire autre chose, si tu veux.

Je refermais la porte du frigo. J’aperçus mon reflet dans une fenêtre, et j’eus un éclair. Khris avait parlé d’une infirmière sexy. Je détaillais ma tenue : un jean slim déchiré un peu partout et un tee-shirt blanc mille fois trop grand pour moi… Je n’étais pas certaine que c’était l’idée que je me faisais d’une « infirmière sexy ». Mais Khris était bizarre, je n’allais pas chercher plus loin. J’avais envie de rire à cette idée.
Je retournais dans le salon, et regardais le téléphone qu’il me montrait en haussant les épaules. À vrai dire, je n’avais pas vraiment faim ; j’avais surtout dit ça par politesse, pour jouer mon rôle jusqu’au bout & m’assurer que Khris allait manger. Mais bon…
Je commençais à sentir les effets du joint : j’étais complètement détendue, et quoi qu’il puisse arriver ce soir, je m’en fichais. J’étais calme.
J’entendis Khris se lever et se diriger vers moi. Je me retournais face à lui. À vue de nez, cinq centimètres nous séparais. Il tira sur son joint et me souffla la fumée au visage avant de parler. Je soutenais son regard. Je lui pris le joint des mains et tira une bouffée. Je renversais la tête en arrière avant de recracher la fumé, puis je rebaissais la tête.

« J’ai pas très faim… »

Je n’ajoutais rien de plus. Il me semblait que le regard de défi qui je lui lançais maintenant, laissais transparaitre mes pensées : « Qu’est-ce que tu proposes ? » Je lui tendis son joint.

Khris se demandait en fait pourquoi c'était Charlotte qu'il avait appelé, il connaissait un tas de filles plus belles que les autres, qu'elles soient ses amies ou pas il aurait pu en appeler une au hasard. Mais il avait choisi celle-ci, il réfléchissait au pourquoi du comment mais son esprit embrumé par l'herbe l'empêchait de le faire correctement. A la fin de sa réflexion il était en train de penser à comment on pouvait se déguiser en licorne. Ouais bon, rien à voir avec le sujet principal mais … Khris était Khris... et tout le monde sait qu'il a déjà du mal à réfléchir quand il n'a rien prit. Et tout le monde sait qu'il réfléchit encore plus mal quand il à prit quelque chose. Charlotte n'appela pas avec le téléphone qu'il lui avait montré quelque instants plus tôt, donc elle n'avait pas faim non plus. Tans mieux. Ils se regardaient les yeux dans les yeux – si ça se dit -, Khris reprit son joins sans la quitter du regard pendant qu'elle parlait. Pas très faim ? Alors il pouvait passer aux choses sérieuses, elle le défiait du regard, lui donnant encore plus l'envie de faire ce qu'il voulait. Le jeune homme tira une nouvelle fois sur le bedo et embrassa Charlotte, lui faisait passer la fumée au cour du baiser.

- Ça tombe bien, moi non plus.

Il m’était impossible de réfléchir clairement, maintenant. Peut-être que je n’avais pas fumé depuis trop longtemps et que je n’étais plus habituée… A vrai dire, je m’en fichais complètement. Je n’avais jamais attendu d’être sous l’emprise de quoi que ce soit pour faire ce que je voulais de ma vie.
Khris venait de m’embrasser, et pendant cet instant (et sans doute pour la première fois, depuis que j’étais à San Francisco) j’avais arrêté de penser. De penser à tous les problèmes que je pouvais avoir. Pourtant, je fermais fort les yeux pour ne pas avoir la pensée glauque et gerbante de la dernière personne que j’avais embrassée... C’était vraiment pas le moment.
Je me décollais de Khris, lui pris le joint des mains et fumais. J’essayais de reculer, pas parce que j’étais contre ce qui ce passait en ce moment, juste parce que j’avais un dernier instant de lucidité. Et que je nous voyais, Khris et moi, chez lui. J’avais soudain envie de rire. Qui aurait pu dire qu’on en arriverait là ?

« Ca tombe bien, oui… »

Je reculais donc d’un pas, et je me heurtais au mur. Khris se rapprocha, je lui souris. Je passais un bras autour de son cou et l’embrassais à mon tour.
J’avais l’impression de revenir à mes « années Paris » avant Léo. Et merde, qu’est-ce que c’était agréable…

Je me rendais compte que finalement, Khris et moi on se connaissait pas tant que ça. Nous étions plus que des connaissances, mais pas totalement des amis. Mais ça ne m’avais jamais posé de problème, d’ailleurs pourquoi ça m’en aurait posé un ?
Ce soir, je me rendais compte (avant les événements des dernières minutes, s’entend) que quelque chose changeait entre nous. Que désormais, on était vraiment amis. Ou du moins qu’il savait qu’il pouvait compter sur moi. Après tout, j’étais venue chez lui pour le « réparer ». Alors bon… Bref.
Je pris une seconde pour regarder le visage amoché de Khris. J’étais quand même fière de moi. Peut-être que je tenais une reconversion médicale grâce à lui. Ohlala, n’importe quoi !
Je me surpris à penser que cette soirée me changeait et que c’était pas plus mal. J’étais à deux doigts de péter un câble. Avec toutes ses histoires. En plus de ça, j’avais l’impression d’attendre comme une conne quelque chose qui n’arrivait pas.
Khris passa un bras autour de ma taille avant de m’embrasser une nouvelle fois. J’avais toujours mes bras autour de son cou. Je le laissais faire.

« Heureusement. Mais je suis plutôt douée finalement… »

De toute façon si on faisait le répertoire de tous les mecs avec j’étais sortie (ou avec qui j’aurais pu être en ce moment) j’en voyais pas un essayer de casser la gueule à Khris. Surtout pour moi.

[HJ : Tout pourri désolée...]

Je me bloquais quelques secondes à l’entente de la remarque de Khris. Je n’étais pas certaine de vouloir partir dans cette direction.
Je n’avais rien contre le fait de parler de ça avec Khris, mais il me prenait de court, il fallait bien le dire. Je ne m’y attendais pas.
J’imagine qu’il avait remarqué que j’avais un peu la tête ailleurs. Je réprimais un sourire. Je suppose qu’il n’avait pas l’habitude…
Je tournais la tête. Il fallait croire que Lilas ne lui avait pas raconté « les Aventures de Charlotte » et puis de toute façon, même elle n’était pas au courant de tous les détails. J’évitais en général de m’étaler sur mes problèmes parisiens qui m’avaient entrainé ici…
J’étais pas particulièrement fière de moi. Même si j’aurai préféré mourir que de l’avouer.

« Disons que, si j’avais agi différemment, j’aurais pas pu te soigner ce soir. »

Je me rendais compte que ce que je venais de dire sonnait comme dans un mélodrame. Je roulais les yeux. J’étais pathétique, un peu.
Je souris à Khris.

Pendant le court instant où elle était surement en train de penser à ce qu'elle allait lui répondre Khris ouvrit le frigo et sortit une bouteille de vodka qui trainait là. Pas encore ouverte pas miracle. Il réussi à trouver deux verres à shots au fond d'un placard et les remplit presque à ras-bords. Tirant sur le joins pendant qu'il amenait son verre à Charlotte. Elle lui répondit à peu près à ce moment là, donc elle avait fait une erreur dans le passé. Des erreurs on en faisait tous, Khris le savait mieux que quiconque. Il accumulait les plans foireux et il était toujours là, souriant et emmerdant tous ceux qui lui barraient le chemin. Khris ne la questionna pas plus, il lui donna son verra et but cul sec le sien.

- Eh bien t'as de la chance d'être venue, je suis là pour t'empêcher d'y penser.

Je me calmais un peu. Rassurée de ne pas avoir à parler de Léo ‘plus en détail’. Pas que je n’avais pas envie d’en parler avec Khris mais bon, c’était pas ma plus grande fierté dans la vie cette histoire. Et puis, Khris ne me racontait pas tout non plus, rapport à sa vie amoureuse ; quoi que j’en aie eu un aperçu ce soir, et que ce n’était pas forcement mieux que moi. Un autre genre, disons. Je souris, doucement.
Pendant ce temps Khris était allé chercher une bouteille de vodka, après un rapide coup d’œil, je vis qu’elle était pleine. Je me retins de m’esclaffer ; on ne se connaissait pas depuis très longtemps lui et moi, mais il savait comment me plaire.
Il me tendit un verre. Je me rapprochais, et le bus cul sec, de la même façon que Khris. Je fermais les yeux le temps de sentir l’alcool couler dans ma gorge. Puis je m’assis aux pieds du canapé. Pourquoi pas dessus ? Posez pas de question, c’est une habitude que j’ai toujours eu, comme jouer avec mes doigts, et des tas d’autres trucs…

« En tout cas tu as les bons arguments, pour ça. » dis-je en regardant mon verre puis Khris.

De la vodka, un joins et une jolie fille. Que demander de plus ? Sans s'en rendre compte Khris avait décidé de passer une bonne soirée. Sans s'en rendre compte car lorsqu'il avait appelé Charlotte un peu plus tôt il n'avait en tête que de faire recoudre cette arcade qui ne cessait de déverser du sang sur son visage. Oh oui, pour une fois il n'avait pas eu d'arrière pensée. En fait, c'était tout le liquide rouge sur son visage qui l'avait empêché de réfléchir de trop, il n'avait même pas pensé que la soirée pouvait devenir beaucoup plus intéressante par la suite. Charlotte avait bu cul-sec, habituée à boire des alcools forts apparemment. Elle alla ensuite s'asseoir au pied du canapé, Khris ne dit rien, il dormait parfois par terre et n'avait donc rien à dire sur son choix d'emplacement pour s'asseoir. Le jeune homme se coucha sur le canapé, posant le verre sur la table. Décidément les shooters étaient trop petits pour lui. Khris but au goulot, imaginant que cela ne dérangerait pas son ami. Et puis, il n'avait que l'arcade ouverte, par la peste. Sa gorge eu l'impression qu'une tornade était passée par là, mais il n'y prêta pas attention et resservit Charlotte après avoir tiré sur le joins presque fini.

- Je sais mettre ce que j'ai de bien en valeur.

[HJ ; Désolé du temps que j'ai mi é_è]

Est-ce que j’aurais pu prévoir que je finirais la soirée chez Khris ? Non, bien sur. Surtout qu’avec Khris. En y réfléchissant bien, il y avait toujours quelqu’un avec nous d’habitude. Bien sur ce n’était pas pour me déranger de me retrouver seule avec lui. J’étais une grande fille, majeure (du moins, en France, mais c’était un détail) et vaccinée, et puis je voyais mal Khris me faire de mal. De toute façon, il n’y aurait eu aucune raison pour ça.
Nous avions déjà fait quelques soirées ensemble, et il devait savoir que j’aimais bien boire. J’avais l’habitude. Tu parles d’une habitude. Bref, le fait était que j’aimais les alcools forts et peut-être l’alcool en général.
Khris vint s’allonger sur le canapé derrière moi en posant son verre sur la table pour finalement boire à la bouteille. Je savais très bien l’effet que ça faisait de boire à la vodka à la bouteille, je ne pouvais donc que comprendre qu’il le fasse. Je souris. Puis Khris me resservit. Je bus ce deuxième verre de la même façon que le premier.

« Oui je sais, je commence à te connaitre. Je crois que je sais faire ça, aussi. » chuchotais-je.

Je m’approchais de lui, un demi-sourire sur les lèvres, assez près, tout près, comme pour l’embrasser, puis pris la bouteille des mains avant de reculer. Je bus au goulot. Puis je regardais Khris en rigolant.

Khris avait l'habitude des filles et de coucher avec elles sans trop se poser de questions. Mais il comptait bien s'y prendre avec Charlotte, un minimum. Puisqu'ils se connaissaient, elle n'était pas dans la même situation que les filles qu'il ramenait après une soirée trop chargée en alcool et/ou drogue. Il avait déjà couché avec pas mal de ses amis et savait s'y prendre, il fallait par la suite de ne pas trop en parler. Sauf si la fille voulait recommencer, là c'était encore différent. Khris finit le joins et posa le filtre et le reste dans le cendrier sous la table. Charlotte s'approcha et fit mine de vouloir l'embrasser, oui, elle savait s'y prendre elle aussi. Il sourit en la voyant boire au goulot.

- Oh, tu me voles déjà mes affaires ?

Khris se leva et la souleva la posant sur son épaule. Même s'il n'était pas très musclé sa taille était un avantage, un mètre quatre-vingt-dix tout de même, et puis Charlotte n'était vraiment pas lourde. Il s'était dirigé vers sa chambre et avait déposé la jeune fille sur le lit. Khris reprit la bouteille et but une nouvelle fois.

Je haussais un sourcil.

« Je dirais pas vraiment volé, je dirais plutôt emprunté, tu vois le genre ? »

Avant même la fin de ma phrase Khris me souleva et me posa sur son épaule comme un sac de patates. Pas préparée, je n’eus pas le temps de faire quoi que ce soit.

« Eh ! »

Je pouvais pas m’empêcher de rigoler. J’avais été un peu surprise qu’il arrive à me porter comme ça, comme si je ne pesais rien du tout.
Pendant qu’il se dirigeait Dieu sait où, j’essayais de le ralentir en posant ma main, qui ne tenait pas la bouteille contre un mur. Mais je devais me rendre à l’évidence que c’était complètement inutile.
Khris me posa sur son lit, reprit la bouteille et but. Je le regardais en souriant, appuyée sur mes coudes.

« Et maintenant ? » lançais-je.

Je n’attendais pas vraiment de réponse, puisque j’étais loin d’être stupide. Deux personnes dans un lit… bon, j’avais pas besoin d’un dessin. Je me redressais et enlevais le tee-shirt de Khris…

Charlotte avait essayé de s'accrocher aux murs, en vain. Khris était beaucoup plus fort qu'elle bien qu'il ne soit pas un monsieur muscle du tout... Bref, il la laissa faire lorsqu'elle lui enleva son t-shirt. Et il fit de même avec le sien. Il l'embrassa à nouveau, langoureusement cette fois. Buvant des gorgées de vodka entre chaque baisers qui avaient maintenant tous le goût de la boisson. Il ne sentait plus du tout sa gorge mais n'en avait rien à foutre. Ce n'était pas vraiment important et un si petit détail ne pouvait pas gâcher la soirée. Puis Khris enleva le slim de Charlotte.

[HJ ; Court é_è]