Khris s'ennuyait. Non, il s'ennuyait terriblement et son envie de voir Levanah était encore plus terrible. Il avait beau se saouler, se droguer, baiser n'importe qui. Il ne l'oubliait pas. Cette fille restait scotchée à son esprit et il ne comprenait pas pourquoi. Il n'était pas amoureux, non, sinon il n'essayerait pas de l'oublier. Mettons cette partie sérieuse de coté. Donc, Khris se faisait terriblement chier et il décida d'aller voir Levanah – pour la faire chier. Il savait qu'elle ne voulait pas le voir, il savait qu'elle allait péter une crise et il aimait ça. K s'était pointé à l'appart de Lev et Enora, cette dernière l'avait laissé entrer puis était partie au travail. Pas de Drake en vue, un bon point. Khris s'installa sur le canapé, les jambes sur la table basse (bah oui à cause de ses grandes jambes il était obligé de faire comme ça) les bras croisés derrière la tête. Il avait allumé une chaine au hasard, elle passait une série pourrie. Il comptait attendre des années s'il le fallait, il ne bougerait pas tant que la blonde ne pèterait pas son petit cable.

Levanah balança son cahier contre un mur de sa chambre, trop heureuse d'avoir terminé ses révisions si tôt ce soir là. L'impact de l'objet contre le mur créa un bruit sourd qui se répercuta faiblement dans la maison, mais la hawaïenne s'en fichait: Enora et Drake devaient déjà être sortis. Elle ouvrit donc la porte de sa chambre afin de rejoindre sa cuisine-salon afin de donner à manger à Weed, son chien. Elle y arriva rapidement et ouvrit sans ménage le réfrigérateur. La télévision, allumée ? Drake devait être dans le canapé, ou tout du moins c'était ce que la blonde pensait et ne prit donc pas la peine de vérifier.

- T'as faim ? Tu veux quelque chose en particulier Drake ?

Levanah ne pouvait pas dire que le jeune homme était son ami mais en temps qu'invité, elle se devait de faire bonne hôte. Son chien était aux côtés de sa maîtresse silencieux... alors qu'il aboyait toujours lorsqu'il voyait Drake.

Drake ? DRAKE ?! Levanah venait vraiment de le traiter de « Drake » ? Khris repassa la scène dans sa tête en s'imaginant être Lev. Ah, elle n'avait surement pas vu que c'était lui. Fallait qu'il retravaille son effet de surprise maintenant. Il décida de ne rien répondre et de se lever pendant qu'elle avait encore le nez dans le réfrigérateur. Khris fixa quelques instants la jeune femme, comme à son habitude... Ouais bon, valait mieux pas qu'il pense à ça maintenant. Il s'approcha d'elle et du bien se pencher pour poser sa tête sur l'épaule droite de la jeune fille. Il regarda l'intérieur du frigo, rien qui lui faisait envie. Khris entoura le ventre de Levanah à l'aide de ses bras.

- Je ressemble tant que ça au gamin ?

Levanah sentit que la personne alors précédemment assise dans le canapé se dirigeait vers elle, mais elle ne prit pourtant pas la peine de se retourner. En vérité, Levy ne vit rien d'intéressant dans le frigo mais attendit la réponse de Drake... qui ne vint pas. Au lieu de cela, la tête de l'inconnu se posa sur son épaule, ses bras enlacèrent la hawaïenne tout autour de son ventre. Avant même qu'elle ne puisse se dégager de la personne à qui elle tournait le dos, deux choses la frappèrent. La voix du jeune homme mais surtout cette odeur, ce parfum même, qu'elle reconnaissait entre mille.

Ni une ni deux, Levanah se retourne face au jeune homme, sans pour autant le repousser. Son dos était à présent contre le baque à légumes. Malgré l'expression exaspérée et subitement énervée de son visage, elle adorait cela, se sentir contre lui. Mais ce qu'elle préférait surtout, c'était de cacher cette envie et de l'envoyer d'autant plus balader-.

- Qu'est-ce que tu fous là ?!

Ce ne fut qu'à cet instant qu'elle tenta de le repousser afin de se dégager... et d'aller jusqu'à la porte lui indiquer la sortie.

Khris s'était retrouvé complètement collé contre elle, il avait eu envie de plonger sa tête dans son cou et de respirer son odeur. Il se força à penser à Alan. Il pensa « Putain mon pote, t'es tellement un bon moyen pour couper les envies. », peut-être qu'un jour il lui raconterait et ils en riraient. Ou alors il lui casserait la gueule. Peu importe, Levanah ne se dégagea pas dans un premier temps, Khris savait qu'elle ne le haïssait pas. Il savait que, physiquement parlant au moins, elle l'appréciait. Il ne savait juste pas pourquoi il se prenait râteau sur râteau. Elle se libéra du jeune homme, il ne tenta pas de la stopper. Lev lui montra la sortie avec sa fameuse expression faciale du « Putain Khris fou le camp ! ». Celui-ci ne dit rien, ferma la porte du frigo avec son pied avant de retourner s'installer sur le canapé.

- Merci Lev, je sais où est la sortie. Et j'avais envie de passer, j'me suis dit « Tiens, si j'allais voir cette bonne vieille Levanah ? Elle sera surement très heureuse de me voir comme d'habitude, comme tout le monde ! ». Bah on dirait que je me suis trompé, c'est pas grave. Tu peux toujours faire comme si t'étais toute contente de me voir et de me demander des nouvelles.

Levanah haussa les sourcils et afficha le sourire exaspéré et glacial à souhait, ce sourire qui disait littéralement: " tu te prends pour qui ?! ". Cependant, cette expression faciale n'arrêta en rien le bagou de Khris qui ne comptait pas partir, loin de là.

- Donc en gros, tu es venu pour me faire royalement chier, conclut-elle tout en restant postée à côté de la porte ouverte de l'appartement. Bien, je vois. Je peux aussi oublier l'usage de la force pour que tu te casses, j'imagine ?

Sa question clairement rhétorique ne put qu'ajouter encore plus d'étincelles dans la joute verbale des deux jeunes. Au fond, la hawaïenne adorait être méchante avec Khris, car elle pensait qu'il se remettait de tout. Après tout, ce n'était qu'un jeu pour lui et le fait de ne pouvoir gagner face à Levanah l'amenait à certaines tentatives farfelues... ce qui expliquait sa présence ce soir là. Levanah savait une seconde chose, c'est que même si elle aimait l'envoyer balader, le voir était une réelle épreuve pour elle, et c'était là que se trouvait tout le paradoxe. Passer du temps avec Khris signifiait énormes risques de lui céder, à lui et à ses avances. Or Levanah agissait en contradiction avec ses envies lorsqu'elle était en sa présence...

Khris faisait seulement semblant de regarder la télé. Non, en fait il ne faisait pas vraiment semblant, il fixait Levanah ouvertement. Il n'en avait tellement rien à faire, de toute façon elle ne l'appréciait pas alors il ne perdait rien à faire ça. Lui et elle c'était vraiment compliqué. Même lui qui était à l'intérieur de cette relation étrange n'y comprenais pas grand chose, parfois il se demandait si les autres comprenaient dans son regard, s'ils le verraient un jour. Peut-être que son envie de l'avoir était flagrante, il n'aurait su le dire. Khris ne comprenait rien lorsqu'il était près de Lev. Elle le rejetait, se rapprochait, partait en courant puis l'appelait. Ils jouaient au jeu du « Je te suis tu me fuis, je te fuis tu me suis » ou l'inverse, peu importe. Le ventre du jeune homme fit un grand bruit, il n'avait pas mangé de la journée, il se leva et retourna fouiller les placards. Son butin fut un paquet de gâteau qu'il ouvrit on s'asseyant sur un plan de travail.

- J'aime bien ta tête quand t'es énervée. Ouich che chui plus fort que choi. Y'a vraiment rien à manger ici, vous faites jamais les courses ? Quoique chez moi non plus, y'a des pilules dans mon frigo et une bouteille de soda. Voilà une des raisons pour laquelle j'me ramène ici, je mourais de faim !

Vous imaginez bien que la seconde partie de la phrase fut prononcée avec un gâteau dans la bouche.

Levanah haussa de nouveau un sourcil lorsqu'elle vit Khris se servir dans ses placards, le regard désinvolte de mise. Cette attitude exaspérait la hawaïenne autant qu'elle l'aimait: les genre trop lisse l'ennuyait en vérité.

- Ya rien à manger parce que ton meilleur ami Drake a passé quelques jours ici.

Le ton ironique de Levanah était clairement employé afin de jouer sur le même terrain que Khris. Elle voulait l'embêter un peu aussi, même si sa colère soudaine n'était pas encore apaisée. Assis sur un plan de travail, le jeune homme continuait à grignoter les gâteaux sous le regard exaspéré de la hawaïenne, hésitant à le nourrir convenablement. Son ventre gargouillait, mais si elle lui donnait à manger il allait probablement faire comme chez lui. D'un autre côté... il faisait déjà comme chez lui.

- J'ai des pizzas au congel' je peux en faire cuir une si tu veux.

Le contraste entre sa mine précédemment énervée et ses paroles posées et soucieuses devaient être troublantes. Elle passait d'un ressenti à l'autre, comme si Levanah s'était soudainement fait une raison.

Son meilleur ami Drake ? Ok, elle avait trouvé un point sensible. Drake, c'était la pire insulte au monde pour ce pauvre Khris. Ce mec, il le haïssait plus que tout, non pas plus que ses parents quand même. Il manqua de s'étouffer avec un morceau de gâteau à la prononciation du prénom maudit mais préféra ne rien dire, lui faire croire que ça ne le touchait pas tant que ça. Khris pensa qu'il était peut-être assis à un endroit ou Drake s'était assit et fut dégouté. Le jeune homme se leva et marcha en rond tout en continuant de vider le paquet de gâteaux, c'était pas si mal que ça comme diner. Levanah lui proposa une pizza, attendez. Elle était en mode gentille maintenant ? Il ne la comprenait décidément pas, il en avait vu des femmes/filles compliquées dans sa vie mais là... elle méritait un oscar. Bonjour je suis Khris et dans ma tête c'est le bordel. Bonjour je suis Levanah et je suis la cause du bordel de Khris.

- Non merci, j'ai pas envie que tu l'empoisonnes ou que tu m'en file une périmée depuis un milliard d'années.

En fait il n'avait juste plus faim et il rangea donc le paquet de gâteaux à sa place (ouais il en avait laissé beaucoup quand même). Puis Khris s'approcha de Levanah, les yeux dans les yeux. Et voilà qu'il la poussa contre un mur, une main de chaque coté de sa tête. Le contrôle de soi-même et Khris ça faisait vraiment un milliard.

Levanah aimait jouer la carte de la fille lunatique avec Khris. Après tout, ne jouait-il pas avec elle, lui aussi ? Si. Et malgré le fait que son ventre venait de gargouiller peu de temps auparavant, il déclina avec sarcasme la proposition de Levy, bien que celle ci fut plus taquine qu'intentionnellement gentille.

- T'empoisonner ? Ça ne serait pas drôle... juste libérateur.

Après cette réplique tout aussi provocatrice que celles de Khris, Levanah s'attendait bien à une réaction de la part du jeune homme, mais pas comme ça, pas maintenant. D'un côté, elle aurait pu s'y préparer, la hawaïenne connaissant les techniques d'approches de Khris et étaient peu délicates. Alors qu'il venait de ranger le paquet de gâteau, il revint vers la blonde, plongeant son regard dans le sien. Levanah détestait son regard paradoxal: mi-divin, mi-démon. Il la poussa contre le mur sans qu'elle put l'en empêcher et se fit prendre le visage par les mains de son interlocuteurs.

- Et que vas-tu faire maintenant ? Le jeu s'arrête où, en fait ?

Le ton de Levanah était intentionnellement moqueur alors que son cœur battait rapidement, emballé par la présence si proche de Khris. La scène était à la fois tendue et sensuelle. Assez à Levy pour tenter de se contrôler... comme elle le pourrait.

Ouais il le savait que c'était libérateur. Cette phrase lui avait sans doute fait plus mal qu'elle ne l'aurait espéré. Mais Khris n'avait rien montré. Il savait que tout le monde s'en foutait de lui, que personne ne faisait attention au gars sans avenir qui trainait n'importe où en détruisant tout sur son passage. Ce gars qui avait l'apparence de celui qui se fout de tout mais qui était juste seul. Aahh la vie est dure, mais bon, il pouvait se défouler un peu sur Levanah. Enfin, un peu, il ne tenait pas à abimer sa propriété. J'aurais bien utilisé le mot « jouet » mais il ne la traitait pas comme tel et ne le voulait pas. Khris lâcha le visage de la jeune fille, les yeux bleus du jeune homme semblaient perdus, comme un enfant ne sachant plus où aller. Il plongea son visage dans le cou de Levanah en posant ses mains sur ses hanches. Son odeur lui fit tourner la tête et il s'employa à lui faire un suçon. Mission réussie et très voyante d'ailleurs. Khris recula, ne répondant pas tout de suite à la phrase de la jeune fille. Il fit mine de réfléchir.

- Il s'arrêtera où je veux et quand je veux. Je sais déjà comment il finira Lev, mais pas toi apparemment.

Khris n'aimait pas la tournure sérieuse et grave que la situation prenait.

Lorsque Khris enfouit sa tête dans le coup de Levanah, la jeune hawaïenne ne put rien faire, ou peut-être ne voulut-elle pas. Elle sentait ses lèvres contre son coup, et au moment même où il les passait sur la peau froide de la jeune femme, elle se rendit compte de la situation. Elle le repoussa alors, muette et impassible. Pour elle, Khris était ce garçon trop mignon pour être honnête. Ce provocateur coureur de jupons, ce je-m'en-foutiste qui, inexplicablement, lui plaisait. Mais sans le jeu, qu'était ce lien qui les liait ? Peut-être que sans cette répulsion perpétuelle, Khris ne se serait jamais intéressé à Levanah.
Les paroles du jeune homme la frappèrent. Malgré l'affirmation de Khris, elle se doutait bien de l'issue de cette histoire.

- Le problème Khris, c'est qu'on veut tout les deux mener la danse. Mais il n'y aura pas de vainqueurs et que des perdants; voilà comment il finira.

Levanah avait naturellement apporté une touche de pessimisme à ses dires. S'ils continuaient ainsi, elle avait peur de la façon dont Khris se jouerait d'elle. Peur que la fière perde sa fierté, que la forte soit désarmée. Elle le savait, cette issue là ne pouvait être que sa pire ennemie.

Levanah l'avait poussé, il avait tenté de garder la gueule du mec qui en a rien à foutre. Mais c'était comme si sa peau l'appelait, comme si chaque partie d'elle le suppliait de continuer. Il n'était pourtant pas défoncé ce soir-là, il s'était dit qu'il préférait apparaître normal devant elle. C'était surement une erreur. Khris avait envie d'elle, là, à cet instant précis. Mais il se retint de l'embrasser, de gouter pour la première fois les lèvres de Lev. Il se retint de l'aimer. Mais son visage resta de marbre, figé dans son expression provocatrice. Il garda ses mains sur ses hanches, il ne pouvait presque pas bougé, inexplicable.

- Y'aura des perdants ou des gagnants, tout dépend de ta façon de voir la situation. Pour moi j'aurais gagné, je vais gagner.

Mais avoir fixé ses lèvres pendant qu'elle parlait lui avaient fait perdre ses moyens, il serra la mâchoire aussi fort qu'il le pu, il se mordit la lèvre inférieur. Mais rien n'y faisait, son visage s'approcha tout de même de celui de la blonde. Khris n'était qu'à quelques centimètres de sa bouche lorsqu'il eu enfin la force de dévier la sienne, ses lèvres se posèrent au coin des lèvres de Levanah. Et merde.

Levanah avait remarqué le regard insistant de Khris sur ses lèvres et soudainement, elle comprit les limites de ce jeu dangereux. Son visage s'approcha lentement de celui de la hawaïenne, immobile, abaissant faiblement ses paupières vers les lèvres de son interlocuteur approchant les siennes. Pourtant il dévia sa trajectoire, mais pas assez pour faire rentrer Levanah dans le manège de Khris. Sa bouche caressa la sienne et elle commença à comprendre ce qu'elle avait toujours refusé d'admettre ces derniers mois. Mais c'était sur ce chemin de la compréhension que le chaos et le bordel étaient les plus totaux.

- Une victoire ne se partage pas.

Levanah repoussa son interlocuteur et se dégagea de son étreinte, l'empreinte des lèvres de celui ci étant encore marquée dans l'esprit de la jeune femme. Elle ne s'était pas bien dégagé de lui mais lui tournait le dos à présent et faisait face à la télévision encore allumée.

- Et je compte aussi gagner.

A cet instant précis, Levy se détesta comme jamais. Comment avait-elle pu dire ça ? Était-elle donc faite pour ne pas être heureuse ? Peut-être était-ce simplement parce qu'elle savait qu'elle pouvait l'être avec Khris qu'elle se persuadait du contraire. Peut-être.

Levanah n'avait pas bougé, Khris trouva ça étrange de sa part. Elle était d'habitude toujours sur ses gardes et avait toujours esquivé la moindre tentative qu'il avait fait. Qu'est-ce qu'il était censé comprendre maintenant, hein ? Re-bonjour je suis Levanah et je fous encore plus le bordel dans la tête de ce cher Khris. Lorsqu'elle le repoussa il sentait encore la chaleur de ses lèvres contre les siennes, bien que ce ne fut pas un vrai baiser c'était tout comme pour lui. Elle était toujours proche – physiquement – de lui, elle n'était plus face à lui. Ah, pour elle au moins un des deux devait perdre. Elle disait vouloir gagner, un petit pincement dans le cœur de pierre du jeune homme. Khris reprit son air je-m-en-foutiste et remballa des pensées. Il alla se coucher sur le canapé, regardant la télé, ignorant presque Levanah. En vérité il n'écoutait pas du tout et ne regardait pas une seule image. Il ferma les yeux, n'entendant presque plus rien. Il se reposait un peu de son week-end chargé, de ses nuits blanches et de son manque de nourriture. Mais il se reposait surtout de tous ses efforts pour ne pas y aller trop fort avec Lev, de tous les efforts qu'il avait effectué pour ne pas se jeter sur elle.

- Bien, comme tu veux.

Levanah regarda Khris s'affaler sur son canapé, sans un mot. Elle sourit et haussa les sourcils, surprises.

- Je suis déçue là, je dois le reconnaître.

Levanah s'attendait en vérité à une nouvelle tentative de la part de Khris, qui ne vint pas. Peut-être avait-elle été trop dure, après tout ? Quoi qu'il en était, la hawaïenne partit se servir un verre d'eau qu'elle commença à boire sans lâcher Khris des yeux. Quelques minutes passèrent dans le silence le plus complet. Ni l'un ni l'autre n'osait dire le moindre mot, mais Levanah ne tint plus et jeta le contenu de son verre sur Khris.

- Si tu veux quelque chose, prends le ! Enfin, si tu en es capable.

Ton de défi et de désinvolture dans la voix, Levanah posa son verre sur la petite commode juste à sa gauche. Allait-il réagir ? S'il restait allongé ici une minute de plus, Levanah prendrait les choses en main. A perpétuellement tester et jouer avec Khris, elle avait pris goût au fruit qu'elle s'interdisait...

Khris en était sur, il savait que s'il « battait en retraite » elle viendrait le chercher. Il savait qu'elle aimait autant que lui ce jeu qu'ils avaient instauré entre eux. Ce jeu qui causerait peut-être leur fin, mais lui n'en avait rien à faire. Il n'avait rien à y perdre. Khris entendit Levanah qui allait se chercher un verre d'eau, il garda les yeux fermés, décidant de ne pas bouger. Il la testait, il voulait savoir si elle était vraiment prise au jeu au point d'agir. Eh bien il ne s'était pas trompé, un grand filet d'eau atterrit sur lui sans qu'il ne l'ai prévu. Khris ouvrit les yeux, passa une main dans ses cheveux pour les remettre en ordre et se leva à la phrase de Levanah. Il enleva son t-shirt trempé et lui lança en pleine figure, Home Run : trois points. Il s'approcha d'elle, hésitant d'abord puis déterminé. Venir chercher ce qu'il voulait hein ? Elle n'allait pas être déçue du voyage, et si elle n'était pas contente c'était de sa faute. On ne provoque pas Khris Eden Jones sans en subir les conséquences. C'était surtout le « si tu en es capable ? » qui avait choqué et donné envie au jeune homme d'agir. Il devait à tout prix répondre à son défi. Alors il la serra contre lui, passant ses mains dans son dos et sans se retenir il l'embrassa. Il ne se rendit même compte que trop tard de ce qu'il faisait.

- Tu devrais savoir que je suis capable de tout.

La testeuse était testée. L'arroseur était arrosé. Lorsque Levanah reçut le t-shirt humide de Khris sur elle, elle comprit que certains choses allaient changer. Il arriva contre elle et la serra de sa silhouette plus grande d'un peu plus de dix. centimètres qu'elle. Elle passa ses mains dans son cou et sentit enfin l'humidité sensuelle des lèvres de Khris contre les siennes. Ses yeux étaient fermés et elle profita de cet instant animal seconde après seconde.

- Tu devrais savoir que je suis capable de tout.

- Tu devrais savoir que moi aussi.

Ce baiser, Levanah l'avait longtemps attendu et s'en délectait. Cependant elle se dégagea une nouvelle fois de Khris et se dirigea vers la porte d'entrée, qu'elle ouvrit.

- Tu as eu ce que tu voulais il me semble.

Fuis moi je te suis, suis-moi je te fuis. Mais malgré les efforts des deux jeunes pour garder le jeu intact, celui ci touchait à sa fin.

Ses lèvres contre les siennes, sur le moment il n'avait pas tellement pensé à l'effet que ça lui faisait. Mais il avait tout de même pleinement profité de la situation. Connaissant Levanah c'était peut-être la première et dernière fois qu'il l'embrassait. Khris la laissa se dégager, il en était sur, à peine avait-elle finie de le narguer qu'elle repartait. Elle semblait presser de le mettre dehors, mais lui n'avait aucune envie de partir. Ça ne lui suffisait pas, on ne donne pas qu'un seul et unique chaste baiser à Khris. Encore moins Levanah, il ne supporterait pas qu'ils s'arrêtent là. Il la suivie et ferma la porte.

- Tu ne sais pas ce que je veux.

Khris la prit à nouveau dans ses bras et l'embrassa plus intensément. Il contempla quelques instants le suçon qu'il avait laissé dans son cou, il en était vraiment fier. Et s'il ne partait pas maintenant il ne s'arrêterait pas à un suçon ou à des baisers, il ne pourrait se retenir. Toute sorte de contrôle était en dehors de sa portée lorsque Levanah était dans les parages.

- Et ça ne me suffit pas.

Lorsque Khris ferma la porte, Levanah sentit qu'il y avait plus que du jeu entre eux. Quelque chose de plus complexe que le désir. Pas de l'amour, mais une fatalité. Elle pouvait encore le repousser longtemps, le jour où elle succomberait à Khris viendrait. Non, la hawaïenne n'avait en effet pas compris ce que son interlocuteur voulait, ou tout du moins, elle avait peur de comprendre. De nouveau corps contre corps ils s'embrassèrent, plus intensément encore.

- Et ça ne me suffit pas.

- A moi non plus.

Levanah sentait ses forces la laisser, comme si elle devait, face à une fatalité plus forte qu'elle, lâcher prise. Alors qu'elle ne croyait pas au destin elle sentait comme celui ci lui gifler le visage brutalement. Non. Ce n'était que la vérité qui lui revenait ainsi: celle que depuis le début, elle avait envie de Khris et qu'elle en avait assez de mentir.

Khris avait serré la mâchoire, il avait attendu la gifle de sa vie. Il avait attendu un coup de pied dans les bijoux de famille. Il avait attendu un flot d'insulte, il pensait qu'elle le rabaisserait par tous les moyens possibles. Mais au lieu de ça quatre mots suffirent à faire rater un battement à son cœur Avait-il mal entendu ? Il n'y croyait pas, il se pensait en train de s'imaginer la scène. Peut-être s'était-il endormi dans le canapé avant le coup du verre d'eau... Il fallait qu'il en ait une preuve, alors il embrassa à nouveau Levanah. Non, tout était vrai. La sensation si agréable de sa peau sur la sienne, de ses lèvres sur les siennes. Khris passa ses mains sous son t-shirt – dans son dos. Est-ce que c'était la fin du jeu ? Ou alors faisait-elle ça pour le faire tomber plus bas ? Il n'en savait rien et n'en avait rien à faire, il voulait juste profiter de l'instant. Peu importait si elle l'envoyait valser, il l'avait embrassé à plusieurs reprises.

- Oh, alors, qu'est-ce que tu veux ?

Khris passa ses mains sous le t-shirt de Levanah jusqu'à son dos ce qui lui fit sentir ce flot de frissons passer tout le long de son corps. Une nouvelle fois, il lui empoigna les lèvres, s'assurant que c'était réel. Levanah avait-elle si bien caché ses désirs tout ce temps ?

- Là, tout de suite et maintenant, tu sais très bien que c'est toi que je veux.

Illustrant ses paroles par l'acte, Levanah entraîna Khris vers sa chambre sans cesser de l'embrasser. Elle verrouilla rapidement la porte de l'intérieur et se mit à fixer l'anglais de son regard malicieux. Plus de place pour les questions. Les lèvres de la hawaïenne étaient incontestablement attirées par celle de Khris, et les moindres moments de répit étaient pour elle comme une faille où la vérité pouvait d'autant plus lui agripper la gorge, lui serrer les tripes, lui griffer le visage.

La sentir frissonner le fit sourire alors qu'il était en train de l'embrasser. Khris savait la réponse avant de poser la question, car lui aussi avait la même envie. Levanah, la seule et unique à qui il avait envie de penser. La seule avec qui il voulait être à ce moment précis. Si Drake entrait à ce moment, il le frapperait et le foutrait dehors pour pouvoir retourner à ses occupations. Lev l'entraina à travers le couloir, continuant de s'embrasser du mieux qu'ils pouvaient. Ils atterrirent dans une chambre, celle de Levanah surement, qu'elle ferma de l'intérieur. Pas question d'être dérangés. Khris se laissa tomber sur le lit et attira la jeune fille sur lui. Ses lèvres, il ne s'en lassait pas, à chaque entre-deux elles lui manquaient. Jamais Khris n'avait eu ce besoin si intense d'être proche de la personne qu'il embrassait, d'habitude il n'en avait rien à faire. Et pour tout vous dire, il mourrait de peur, il était terrifié à l'idée de trop s'attacher à Levanah. Too late Khris, try again. Il balança ses chaussures et ce qui allait avec en un instant, c'était le plus chiant. Puis il replaça ses mains sous les t-shirts de Lev, caressant sa peau et l'embrassant pour oublier sa peur.

Chaque seconde comptait avec Levanah, il ne voulait pas en perdre une seule. Il savait qu'après cette nuit avec elle, rien ne serait pareil. Il le sentait, un pré-sentiment étrange. Mais il tenta de ne pas y penser, d'écarter ça dans un petit recoin sombre de son esprit, de ne penser qu'au moment présent. Une connerie ? Ouais, c'était surement une énorme erreur ce qu'ils faisaient, mais une erreur si agréable... Surement la meilleure connerie qui soit. Khris avait du mal à respirer parce que Levanah l'embrassait à répétition, mais il ne dit rien, il préférait mourir d'asphyxie dans ses bras plutôt qu'autre part. Il continua de l'embrasser, comme si c'était ce qui le tenait en vie. Il enleva le t-shirt de la blonde, admirant pour la première fois son corps. Parfait, comme il le pensait bien sur. Khris lui mordilla la lèvre inférieure avec un sourire avant de l'embrasser à nouveau, à l'infini. Si la terre s'était arrêtée de tourner, il ne l'aurait même pas remarqué.