J'avais du mal à ouvrir les yeux, il n'y avait pas beaucoup de bruit, juste le "bip" insupportable de l'électrocardiogramme chargé d'informer les médecins sur l'état des battements de mon coeur...enfin, de mon nouveau coeur. Déjà, j'étais vivant, c'était bon signe ? Mon corps n'avait pas encore rejeté la greffe...j'avais du mal à me souvenir ce qui s'était passé avant l'opération, avant ce trou noir. J'étais à l'appartement avec Jude, quand mon bippeur a sonné. Au départ, je croyais rêvé mais j'ai vite fait mon sac et nous sommes allé à l'hôpital le plus rapidement possible...le cardiologue m'avait expliqué comment ils allaient procéder : retirer d'abord mon coeur et en attendant d'avoir le nouveau, c'est une machine qui devrait me maintenir en vie. Les chirurgiens disposaient d'une heure pour pouvoir me greffer le nouveau coeur sinon celui-ci ne serait plus viable...enfin, il m'avait dit de ne pas m'inquiéter car ils avaient l'habitude de faire ce genre de chose...plus facile à dire qu'à faire.

Je sentais une brûlure dans ma poitrine, comme si la peau de mon torse tirait...sûrement la cicatrice. J'arrivais à bouger mes mains, mais toujours pas à ouvrir mes yeux, j'avais mal à la gorge en respirant, surement parce qu'ils m'avaient intubés pendant l'opération. Je sentais alors de agitation autour de moi, le plus dur était passé, mais la suite risquait d'être périlleuse, les médecins m'avaient prévenus qu'il allait falloir un peu de temps pour que je remette de l'opération, une greffe, ça n'est pas rien non plus...

Ça vous réveille un biper lorsque vous êtes en plein milieu d’un film, lorsque tu es presque entrain de t’endormir dessus. J’étais accoté à l’épaule de Maël alors que nous l’avions entendu, l’appel médical que nous attendions depuis longtemps. Depuis déjà bien trop longtemps nous l’attendions, c’était la seule confirmation, le seul espoir que nous pouvions avoir afin qu’il puisse vivre plus longtemps et en santé pour moi, pour les jumeaux, mais aussi pour lui-même.

Nous avons pressés le pas, j’étais prête à le laisser partir comme ça et le rejoindre tout de suite après avoir préparé ses affaires et prendre un taxi. Mais au final, nous avions été plutôt rapide, je lui serrais la main tout le trajet en voiture et j’avais l’impression d’avoir un de ces sourires débiles au visage ; je n’allais peut-être pas être seule pour la fin de mes jours, finalement.

Enfin arrivé à l’hôpital, j’ai dû l’attendre pendant ces heures interminables dans la salle d’attente. C’était long. Au début j’étais nerveuse, je tremblais de partout et c’était difficile de rester assise tranquille dans mon coin. Heureusement que c’était tout près de la salle d’opération, dans le couloir et juste à côté pour ainsi dire. Il n’y avait personne, sauf les médecins agités, presque autant que moi, alors je passais inaperçu. Mais plus le temps passait, plus je fatiguais et au final je me suis endormis après lui avoir écrit courage sur Facebook.

Plus tard, je me suis réveillé lorsque l’infirmière m’a réveillée, en me demandant si j’étais bel et bien la fiancée de Maël Petterson, après lui avoir répondu que oui, je me redressai, comme si je ne m’étais jamais endormi. Elle m’annonça qu’il avait été transféré à une chambre et qu’il avait besoin de repos, ainsi que l’opération s’était très bien déroulée.

Je n’avais cependant toujours pas le droit d’aller le voir, il dormait et avait besoin d’un peu de calme. Une heure suffirait. Je lui souris et la remercia, je pouvais encore attendre un peu. J’avais envoyé un texto à Eliàs, j’imagine qu’il serait intéressé à venir aussi, ainsi que Bambi.

Je sentais des mains se poser sur mon torse, j'arrivais enfin à ouvrir un peu les yeux. Au départ c'était assez flou et j'avais l'impression que la lumière me donnait mal au crâne, comme après une bonne cuite. Des infirmières étaient autour de moi, je relevais difficilement la tête pour voir ce qu'elles étaient en train de faire...une d'entre elle changeait mon pansement qui avait l'air de saigner un peu, je n'osais même pas imaginer à quoi cette cicatrice pouvait bien ressembler...Une autre infirmière à ma gauche changeait ma perfusion reliée sur mon bras gauche. Je déglutis difficilement. La jeune femme à ma gauche me souris une fois fini en me demandant de ne pas m’asseoir et de rester coucher. J’hochais la tête en fermant les yeux, j’avais envie de dormir, mais pas avant d’avoir vu un visage familier. Une fois mon pansement changé, l’infirmière recouvrait à nouveau mon torse avec les draps de mon lit. Elle me demandait si je voulais voir MJ, j’hochais la tête sans dire un mot, rien que de respirer, cela me faisait mal…j’imaginais que ce n’état qu’un stade à passer pour au final aller mieux…c’était ce que je me répétais, si je souffrais aujourd’hui, c’était pour aller mieux après. J’allais pouvoir voir les jumeaux grandir et vieillir avec MJ, c’était tout ce que j’avais toujours rêvé. La jeune femme réduisait la luminosité des lampes en voyant que celles-ci m’éblouissaient trop et elle sortait de la chambre en refermant la porte derrière elle pour aller chercher ma fiancée afin qu’elle puisse venir me voir…

Eliàs m’avait répondu qu’il viendrait alors que Bambi j’attendais toujours sa réponse avec impatience. Comme prévue, j’ai attendu au moins une dernière heure avant que l’infirmière m’approche à nouveau pour me donner des nouvelles de mon fiancée. J’avais à présent, le droit d’aller le voir. J’étais contente, si j’avais le droit d’aller le voir c’est qu’il était à présent réveillé et donc survivant de l’opération. Je suivais la dame en blanc afin qu’elle me montre où Maël avait été placé, c’était dans une chambre non-loin d’où j’étais pour l’attendre. Elle me laissa entrer et referma la porte ensuite pour nous laisser un peu d’intimité. Je m’approchai de lui et me suis mise à ses côtés.

Bonsoir mon cœur...

C'était bizarre de me dire que c'était un nouveau coeur qui battait dans ma poitrine. La porte s'ouvrait à nouveau et MJ entra dans la chambre. J'étais content de la voir, avant qu'ils ne m'emmènent pour l'opération, j'avais vraiment pensé qu'il était fortement possible que je ne la revoie plus jamais...La belle brune s'approcha de moi, je me suis sentis aussi assez...soulagé de la voir.

«Bonsoir mon cœur...»

J'esquivais un sourire en prenant sa main dans la mienne, je me sentais assez faible, j'avais l'impression que je ne saurais jamais me lever, marcher et vivre comme avant...Je me raclais la gorge avant de lui murmurer du mieux que je le pouvais,

- Ça va ma belle ?

Je m’approchai de son lit et lui prit la main. Il était si doux et si faible, j’aurais préféré le voir immédiatement en bonne forme, plutôt que le voir allongé dans le lit d’hôpital, incapable de bouger plus que ses mains. Je me penchai pour lui déposer un baiser sur la joue avant d’aller chercher une chaise pour m’asseoir tout près de lui.

Ça va ma belle ?

Je le regardais avec le sourire puis me penchai pour regarder mon ventre.

Bah oui ! On va tous très bien

Je me suis mise à rire et levai la tête pour le regarder. Je caressai sa main avec mon pouce.

Et toi, tu t'sent comment mon cœur ?

Bah oui ! On va tous très bien

Je souris, j'aurais bien aimé me redresser et la prendre dans mes bras, pouvoir amener ma main libre sur son ventre pour sentir un minimum la présence des jumeaux, mais j'étais cloué à ce lit. La perfusion que l'infirmière m'avait posée commençait à faire son effet, la douleur se dissipait petit à petit.

Et toi, tu t'sent comment mon cœur ?

J'haussais les épaules en fermant les yeux,

- Fatigué...mais ça va...

Je souris puis je tendais ma main pour la poser sur son ventre rond,

- Si tout ce passe bien...je serais là pour vous...j'te laisserais pas toute seule...

Fatigué... mais ça va...

Me dit-il après avoir haussé les épaules. Je continuai de caresser ses mains en le regardant. Ça me faisait bizarre de le voir allongé ici, rattaché à une perfusion, mais j’étais contente car c’était la première étape à ce qu’il aille mieux…

Si tout se passe bien... je serais là pour vous... j'te laisserais pas toute seule...

J’hochai la tête avec un petit sourire aux lèvres. Il mit difficilement sa main sur mon ventre, alors je m’approchai un peu pour lui faciliter la vie. Je déposai ma main sur la sienne et l’aidai à le caresser, comme il ne semblait pas avoir énormément de force.

Ne t'inquiète pas mon ange... Ton opération s'est bien déroulée, d'ici une semaine ou deux tu pourras rentrer à la maison. Je vais venir te voir à tous les jours, j'te promet

Je lui souris puis passai ma main sur sa joue.

Tout ira bien, bientôt ce ne sera qu'un mauvais souvenir

Je souris alors qu’elle s’approchait de moi pour me donner la possibilité de lui offrir quelques caresses à son ventre. Je fermais les yeux en sentant sa main sur la mienne, je frissonnais. Même si à cet instant tout n’était pas encore gagné, j’étais quand même content que jusque là, tout marche comme prévus, c’était inespéré et je pensais vraiment que j’allais finir par ne jamais avoir ce cœur et que j’allais finir par y rester..

Ne t'inquiète pas mon ange... Ton opération s'est bien déroulée, d'ici une semaine ou deux tu pourras rentrer à la maison. Je vais venir te voir à tous les jours, j'te promet :heart :

Je souris en gardant les yeux clos, j’avais hâte de savoir ce que c’était, de monter les trois étages de l’immeuble pour aller à notre appart’ sans être essoufflé comme un dingue, aller courir en restant plus de cinq minutes avant que je n’ai cette douleur au cœur, et encore pleins de choses, juste…vivre comme un garçon normal, même si ça ne sera jamais entièrement le cas. J’aurais probablement quelques médicaments à prendre encore après tout ça, pour la greffe, mais c’était mieux que tous les inconvénients de cette foutue maladie..

Je posais ma main sur la sienne qui était posée sur ma joue en la caressant avant d’ouvrir les yeux pour la regarder, elle était magnifique, comme d’habitude…Je me voyais mal rester ici pendant deux semaines, j’allais devenir dingue.

Tout ira bien, bientôt ce ne sera qu'un mauvais souvenir

Je souris à nouveau, je me redressais légèrement mais j’abandonnais très vite l’idée vu la douleur que cela provoquais. Je lui fis signe alors de s’approcher, de se pencher vers moi pour que je puisse l’embrasser,

- Tu devrais demander à quelqu’un de rester avec toi à l’appart’…j’aime pas te savoir toute seule…

Il tentait de se relever, mais abandonnait rapidement. De toute façon j’allais lui empêcher de le faire. Il ne fallait absolument pas qu’il épuise ses forces, il fallait qu’il reste allongé au chaud dans le lit d’hôpital. Les infirmières avaient dit qu’il fallait qu’il se repose, une greffe de cœur n’est pas une opération à prendre à la légère. Il faudra un petit moment à Maël de s’en remettre afin qu’il puisse revivre comme avant et même mieux. J’avais déjà hâte à ces jours-là, où il pourra faire des activités sans s’essouffler au moindre effort, même faire l’amour en était un.

Tu devrais demander à quelqu’un de rester avec toi à l’appart’… j’aime pas te savoir toute seule…

Je lui souris et me penchai pour l’embrasser tendrement et de déposer un bisou sur son front. Je me suis rassise sur la chaise en gardant sa main sur mon ventre. Les bébés avaient donnés un coup de pied, je souris. Je m’y étais habitué, maintenant ça ne faisais plus mal, au contraire ça me faisais plaisir…

T'as vu ? Les jumeaux t'ont dit bonsoir

En sentant les coups de pied des bébés contre le ventre de MJ, un sourire se dessina sur mes lèvres. Je n'avais pas encore tant l'habitude, mais j'adorais ça. C'était le seul vrai contact que j'avais avec eux, le seul moyen que j'ai de voir qu'ils existaient vraiment et que d'ici quelques mois, nous allions devenir parents.

T'as vu ? Les jumeaux t'ont dit bonsoir

Je lui souris en gardant ma main sur son petit ventre, espérant qu'ils redonnent encore quelques coups. Mine de rien, heureusement que cette opération était arrivée maintenant, au moins je ne me sentais pas seul. Si ça serait arrivé dès que j'étais revenu à SF, ça aurait été différent. Là, j'avais une vraie raison de me battre pour aller mieux, pour MJ et pour les jumeaux, pour ma soeur aussi.

- Papa sera en forme quand vous sortirez *-*

Je relevais le regard vers MJ pour lui sourire,

- Tu pourrais appeler la fac pour prévenir que j'serais pas là avant...un bon bout de temps ?

Maël sourit, apparemment il avait apprécié le coup de pied d’un des jumeaux. Je lui souris à mon tour, j’aimais bien avoir cette petite image de nous quatre… une vrai famille ! Avant, lorsque Maël ne connaissait pas encore mes sentiments pour lui, je rêvais de ça tout le temps… enfin, c’est sûr que dans mes rêves ce n’était pas totalement le même ! J’avais pensé qu’on serait plus vieux, j’avais pensé qu’il n’apprendrait pas avant un bon moment… J’avais même imaginé qu’il reviendrait à San Francisco après être guéri… En réalité, je me suis fait tout plein de film et parfois mes rêves sur lui étaient beaucoup trop beau tandis que d’autre l’étaient moins.

Papa sera en forme quand vous sortirez *-*

Il leva les yeux pour me regarder avec un petit sourire, je lui retournai ce sourire et tendis la main pour caresser sa joue. Le pauvre, ou plutôt le chanceux, était étonné lorsque le biper médicale s’est mis à crier… Je n’aurais jamais pensé que ce jour-là je serai avec lui, ce fut une sacrée belle surprise n’empêche. Et son corps ne semblait pas rejeter son nouveau cœur…

Tu pourrais appeler la fac pour prévenir que je ne serais pas là avant...un bon bout de temps ?

J’hochai la tête et descendit ma main pour prendre l’une des siennes qui caressait mon ventre.

Ne t'inquiète pas pour ça mon chéri, je ferai tout ça demain...

Je me suis mise à caresser sa main avec mon pouce et mit l’autre sur mon ventre, j’avais tellement, tellement hâte d’accoucher et de voir leurs petites tête. À quoi ressembleraient-ils ? À qui, surtout ? Un mélange entre Maël et moi… j’étais curieuse de voir le résultat…