La soirée semblait battre son plein. En tout cas, c'était l'impression qu'en avait Laora. La demeure avait ouvert ses portes aux invités de Sohfyièn, tous costumés. Sous sa perruque blonde, la jeune femme détaillait l'assemblée avec un léger sourire en coin. Certains avaient fait preuve d'imagination, et même d'humour ! C'était sympa à voir, et puis cette soirée allait lui changer les idées. Se glissant dans la peau de la belle Marylin, Laora pouvait jouer la pin-up, rire et afficher un bonheur qu'elle était la seule à savoir faux. Enfin presque la seule... Mais ça, elle s'efforçait de l'ignorer. Il fallait que tout soit comme avant ces satanées histoires, lorsqu'elle riait à la moindre attaque, qu'elle se foutait éperdument du monde et qu'elle ne craignait rien ni personne. Son imprudence et son insolence lui manquaient ces derniers temps. Pour le coup, ce déguisement de Monroe allait probablement lui offrir une petite bouffée d'oxygène et d'évasion. Elle n'attendait que ça...

Verre en main, elle s'appuyait tout contre l'arche séparant le hall d'un living-room. Un mec faisait la conversation seul, sans même s'en apercevoir tant il semblait passionné par ce qu'il racontait. C'était le genre de type qui s'aimait, celui qui aurait pu écrire un livre sur sa propre personne sans rien avoir à raconter, et qui se lancerait des fleurs en déclarant qu'il s'agissait du chef d'œuvre de sa vie. De plus, de temps à autre il lorgnait le décolleté de la jeune femme, ce qui n'était pas passé inaperçu aux yeux de cette dernière. Elle aurait eu vite fait de le remettre à sa place, si son regard ne s'était pas posé sur... ça. Laora, qui avait fait l'effort d'écouter ce looser d'une oreille durant tout ce temps, décrocha instantanément lorsqu'elle remarqua la fuite de deux individus. Et pas n'importe lesquels. Lorsqu'il s'agissait de Soh, l'attention de la brunette était retenue sans mal. Peut-être même trop facilement d'ailleurs... Elle les laissa prendre un peu d'avance, et ses brins de jalousie et de curiosité mal placée prirent rapidement le dessus. Empruntant le même chemin qu'eux, elle se retrouva très vite devant une porte quelque peu entre ouverte. Elle n'eut qu'à la pousser très légèrement pour apercevoir ce qui se tramait dans cette chambre. Boum ! De quoi lui faire péter une durite ! Son sang ne fit qu'un tour ; mais pourtant elle ne déboula pas comme une furie pour stopper tout ça. Depuis son dernier accrochage avec Soh, qui datait un peu maintenant, un étrange sentiment d'abandon l'avait littéralement rongé et elle en avait trop encaissé pour lui faire une crise devant témoin. Surtout maintenant. Elle n'était rien, il le lui avait fait comprendre. Sans un bruit, elle referma la porte. Crispée, elle serrait les dents pour se retenir de péter un câble. Ça allait visiblement très bien pour certains ! Pfff ! Au moins, elle avait une raison de plus de faire la gueule à ce nul ! Il l'avait eut vite fait de la remplacer... Enfin « elle »... Son vagin quoi !

Regagnant le rez-de-chaussée, elle se fraya un chemin parmi les convives, les bousculant presque pour arriver le plus vite possible à la cuisine. Une fois au centre de la pièce, elle attrapa un verre au passage sans même se soucier de son contenu, et continua tout droit en direction de la terrasse. Elle avait chaud, tentait de se contenir, mais ça n'était pas une mince affaire. Quel con ! Passant une main sur son visage, soupirant doucement, elle finit par basculer sa tête en arrière afin de retirer sa fausse tignasse blonde et bouclée, et libérer sa véritable chevelure, tressée négligemment. Dans un excès de colère, elle balança la perruque un peu plus loin, plus avala une longue gorgée de ce qui semblait être du whisky soda -histoire de changer. Finalement, la soirée craignait. Non ?

Les fêtes de Sohfyièn Owens avaient toujours été très réputées en ville. Tout le monde y allait parce que tout le monde savait qu’il y aurait de l’alcool à volonté, de la bonne musique, une super ambiance et un espace énorme pour faire tout et n’importe quoi. La piscine était chauffée, l’accès au jacuzzi autorisé, le bassin intérieur ouvert, l’immense salle de jeu à disposition, tout était réuni pour faire de ces soirées les meilleures de San Francisco. Et même si Maxence détestait Noham, l’un des résidents du « palace », il était toujours présent à ces soirées, afin de décompresser et de passer un bon moment. Il avait l’habitude d’y trainer Alvin, contre son gré bien sûr. Cette fois-ci, il savait qu’il ne pourrait compter sur son meilleur ami, qui reposait sous terre. Il savait aussi que ce dernier ne voudrait pas qu’il reste cloitré chez lui, c’est pourquoi il avait proposé, ou obligé, tout dépend le point de vue, sa meilleure amie Mary Faith à venir avec lui, en lui achetant même son costume. Ce soir, la blondinette serait Mata Hari, en version bien plus sexy que la normale. Lui, il comptait venir en Maxence. Déguisement très peu original, me diriez-vous, mais qui avait tout son sens pour lui.

En effet, ces derniers temps, le jeune Arnault s’était énormément rapproché d’une autre habitante du palace, Laora Dias. Et ayant parlé avec elle avant la soirée, elle lui avait avoué qu’elle aimait bien le costume de « moi », ajoutant qu’il lui plaisait. Il n’avait pas hésité longtemps, vu la soirée qu’ils avaient passé à deux. Quelques jours auparavant, il s’était senti bien à ses côtés, retrouvant peu à peu le chemin vers le sourire. Depuis, c’était assez confus. Il ne savait pas ce qu’elle voulait, où elle en était, mais Mary Faith l’avait convaincu : la portugaise n’était pas indifférente. C’était en parti pour cela qu’il avait décidé de venir ce soir. Pour la voir et passer à nouveau du temps avec elle, bien que sa famille ne soit pas très d’accord avec ce rapprochement. En effet, Laora était assez détestée de la famille Arnault, par Gillian et Joyce tout d’abord, mais indirectement par Amanda, qui la trouvait trop proche de Sohfyièn. Les relations Owens/Arnault n’étaient pas au goût de la Dias, qui faisait tout pour se mettre au milieu. Et Max était sa nouvelle proie. Elle se disait qu’avec lui, elle pourrait inquiéter assez les deux blondinettes pour avoir le champ libre afin de récupérer les deux demi-frères. Ce qu’elle n’attendait pas, c’était que Max soit aussi présent pour elle, et que, contrairement aux deux hôtes de la soirée, il s’intéresse à elle.

Max avait passé une bonne partie du début de soirée avec Laora. Rien ne s’était passé pour le moment, mais il espérait tirer cette situation au clair. Il avait perdu Mary Faith dans la foule, qui devait s’éclater avec ses amies présentes, et au moment où Laora le laissa quelques minutes, il en profita pour partir à la recherche de son amie. Il avait fait la maison de fond en comble, mais vu le monde et l’immensité de l’endroit, il avait dû la louper plusieurs fois. Il était presque impossible de retrouver quelqu’un là-dedans, et il avait compris que, s’il voulait la retrouver, il devrait tenter sur son téléphone. Attrapant son téléphone dans sa poche, il fut interpelé par Laora, qui passait devant lui sans s’arrêter. Inquiet, il la suivit jusqu’au balcon, où elle s’était arrêtée pour prendre l’air, selon lui. C’est quand il vit la perruque de la demoiselle voler dans le jardin, et le verre de celle-ci se vider bien trop rapidement qu’il comprit qu’il se passait quelque chose. Il s’approcha un peu plus, doucement pour ne pas la brusquer.


MAXENCE : « Lao, ça va pas ? Je cherchais Faith et j’t’ai vu traverser la cuisine, il se passe quoi ? »

Il vint se positionner à côté d’elle, espérant qu’elle finisse par dire ce qu’elle avait. Il avait compris que tirer les vers du nez de Laora n’était pas une mince affaire, et il comptait insister, comme d’habitude, afin d’essayer de la consoler, ou de la faire décompresser. Un sourire réconfortant s’afficha sur son visage, lui faisant ainsi comprendre qu’elle pouvait lui parler.

[Nul, je te l'accorde. Je ferais mieux la prochaine fois :gla: ]

[Tu dis des bêtises, chut... :roll: Attend de lire ma réponse... xD ]

Sentir l'alcool couler le long de sa gorge, mélangé à ce soda trop sucré, eut pour l'effet de la détendre instantanément. Peut-être que se prendre une bonne cuite était la solution pour ce soir ? Peut-être qu'en enchainant les verres elle finirait par sombrer dans une insouciance telle qu'elle ne penserait à rien d'autre qu'à rire et s'amuser, oubliant alors l'autre crétin qui s'envoyait en l'air à l'intérieur. Oui peut-être... Sauf qu'elle avait déjà la nausée, et que picoler n'allait sans doute rien arranger à ce niveau là. Tentant de reprendre ses esprits, et surtout de ne pas perdre la face, elle s'efforçait de se calmer. Il le fallait, afin de ramasser cette foutue perruque, de se faufiler à travers cette foule, et d'afficher un large sourire hypocrite à l'égard de tout ce petit monde. C'était plus difficile que ce qu'elle pensait, mettant quelques instants à se ressaisir. Elle ferma les yeux, soupira doucement, et finit par sursauter en entendant une voix derrière elle. Laora ne l'avait pas venu venir celle-la ! Elle se retourna et fit alors face à Maxence. Lui qui avait eu la délicatesse de s'approcher doucement pour ne pas la brusquer, lui avait malencontreusement fait peur. Elle s'empressa d'esquisser ce qui ressemblait à un sourire, du moins elle l'espérait afin de pouvoir éviter la moindre question de sa part. Ces dernier temps, la jeune femme avait eu droit à de véritables interrogatoires. Maxence avait limite fait pression sur elle tant il avait insisté pour qu'elle cède et se confie à lui. Il avait rapidement compris que quelque chose n'allait pas, et s'y était intéressé de très près. « De trop près » selon Lao' d'ailleurs... Fière, elle avait tout d'abord refusé d'afficher ses faiblesses et de raconter ses conneries. Ensuite, sans même s'en rendre réellement compte, elle avait fini par s'inquiéter de la suite des évènements pour Max, dans le cas où elle l'aurait mêlé à tout ça. Un comble pour quelqu'un qui, au départ, avait souhaité se servir du jeune Arnault, non ? La jolie portugaise avait craqué, non seulement en tombant dans les bras de Maxence, mais aussi en expliquant ce qu'il se passait et qui la mettait si mal. Tout ça en une soirée. Une seule et unique.

« ...Oui, oui, ça va... -mentit-elle, maladroitement. Il se passe... Rien ! » Mais à en voir le regard appuyé qu'il lui adressait, plein de sous entendus, elle comprit rapidement que c'était peine perdue. S'aventurer dans le mensonge avec lui devenait de plus en plus délicat. Laora avait presque l'impression qu'il lui suffisait de la fixer pour savoir si oui ou non elle se montrait franche à son égard. « Ne me regarde pas comme ça... » Dans un soupir, elle détourna le regard. Il ne la jugeait pas, du moins elle n'avait pas à craindre cela ayant connu bien pire en sa présence, mais tout de même. Ça n'avait rien de bien agréable, et elle avait compris sans mal qu'il était du genre têtu. Mais que pouvait-elle bien répliquer ? Lui parler de Soh ? Sûrement pas ! Pas à lui ! Pas après ce qu'il s'était passé entre eux. Au passage, ils n'en avaient toujours pas parler, faisant comme si de rien était. Ça n'avait pourtant rien d'insignifiant aux yeux de la brunette ; cependant l'endroit n'était peut-être pas le plus approprié pour revenir sur quelque chose de si intime. Du moins, elle y avait pensé pour excuser cette prétendue indifférence à la situation. « Je suppose que te dire que j'imitais Marilyn Monroe en plein caprice de star ne passera pas... » Bien tenté, mais en effet ça ne semblait pas être la parfaite sortie de secours.

Laora essaya alors de faire diversion, de changer de sujet... Après tout, c'était une idée comme une autre, il fallait bien l'exploiter. S'avançant vers lui, elle lança un regard par-dessus son épaule, et détailla quelques invités. « Tu cherchais Faith, non ? Elle ne doit pas être bien loin... » Elle ponctua le tout par un rapide haussement d'épaules, et fit de la chercher du regard. Silencieusement, elle espérait qu'il passerait au-dessus de ce début de conversation, que l'alcool éventuellement ingurgité par le jeune homme inhiberait sa mémoire immédiate par on ne sait trop quel miracle, et qu'il ne chercherait pas plus loin. « Je vais t'aider si tu veux... » Voulant passer à côté de lui pour mettre à exécution ce qu'elle venait de dire, elle fut rapidement stoppée dans son élan.