Roule, roule, roule. Vite et encore plus vite. Il pleut bien dehors, c'est presque difficile de voir la route devant soi, les essuie-glaces s'activent pour dégager le maximum de flotte sur le pare-brise. Je me fous un peu du temps médiocre, je conduis vite quand même. Je gère la conduite, je me débrouille. Donc, tout va bien. Sauf que non. C'est intérieurement que ça ne va pas. Et c'était rare que cela m'arrive. D'habitude, j'avais que peu de tracas et ils repartaient aussi vite qu'ils étaient venus. Ils étaient d'ailleurs très souvent liés aux affaires du gang. Cependant là, c'était tout autre chose. Ca ne s'apparentait même pas à un simple tracas, c'était carrément de la torture. J'avais envie d'elle. J'avais envie de la voir. Mais je continuais à m'en empêcher. Me punissais-je ? C'était bien ce que je méritais non ? Car au final, à force d'avoir nié mes sentiments, j'avais blessé deux femmes dans cette histoire. Et j'étais désormais libre pour retrouver celle que je voulais, mais ça ma tiraillait encore. Une partie en moi m'invitait à renoncer à elle, tandis qu'une autre m'encourageait à retomber pour elle. C'était horrible, ce genre de combat. Un combat à mains nues était plus simple pour moi que ces conneries de sentiments. Putain, pourquoi sommes-nous tous condamnés à devoir tomber amoureux, hein ? J'arrivais pas à tirer du plaisir là-dedans. Du moins, pas pour le moment. Je m'arrêtais pile poile au bon moment au feu rouge. Encore un peu, et j'allais me prendre la voiture juste devant. Soupir. Toutes ces pensées occupaient trop mon esprit, ça commençait à me lasser. Il était peut-être temps que j'agisse. Je devais aller voir Lulla. Enfin. Je tournais alors à droite, dès que possible, une fois le feu passé au vert, pour me diriger vers Russian Hill, où résidait Lullaby. Au bout de quelques minutes, j'y étais parvenu. Merde, pas de place de dispo devant chez elle. Bon, tant pis, je devais la garer plus loin et me taper la pluie qui s’abattait sur nous depuis plus d'une demi-heure maintenant. Après 10 minutes de marche, j'étais enfin arrivé chez la demoiselle, trempé. Mes vêtements dégoulinaient, et je devais vraiment avoir une sale gueule. J'étais probablement décoiffé et en plus, il était 23h, la fatigue commençait tout doucement à prendre le dessus. C'est d'ailleurs à cet instant précis que je réalisais qu'il était déjà 23h. Elle était peut-être pas là. Ou elle dormait. Ou bien elle état avec quelqu'un d'autre... Et en pensant à cette dernière hypothèse, je sentis un pincement au coeur, et fronçais les sourcils. Bah dis-donc Keynes, c'est qu'on serait jaloux ? Décidément, l'amour, ça craint vraiment. Je toquais alors à la porte et attendais qu'on m'ouvre. J'espérais qu'elle soit là. Et à la limite, ça ne me dérangeait pas qu'un autre type soit également avec elle. J'avais envie de cogner ce soir, et je la voulais elle, pour moi seul.

T'as l'impression que ta vie a prit un tournant que tu n'aurais jamais envisagé auparavant. Une danse frénétique que tu as du mal à suivre. Depuis ta fausse couche, tu as la désagréable impression de perdre le contrôle. Tu n'agissais même plus par envie, tu te sentais tout simplement obligé d'aller dans ce sens là. Tu avais commencé par ton boulot au starbucks, peut-être était-ce le seul point positif de cette situation. T'avais enfin eu le courage de laisser tomber ce  boulot qui te taper plus que tout sur les nerfs. Servir les gens, non sincèrement, tu n'étais pas faites pour ça. Par contre, jamais, au grand jamais, tu ne te serais imaginé te dénudé le week-end dans un bar de striptease. Paraît que la culpabilité nous fait faire des choses dingue, ça devait certainement en faire partie. Tu essuies tes cheveux dans la serviette avant de faire face à ton reflet dans le miroir. Machinalement, tes mains se posent sur ton ventre. T'as toujours du mal à réaliser que y a peu de temps de ça, un bambin grandissait à l'intérieur. Ça paraît si loin d'aujourd'hui, que tu te demandes par moment si c'est bel et bien arrivé. On toque, tu sursautes. T'attends pourtant personne, tu jettes un regard à l'heure sur ton téléphone, 23 heure. Bordel, qui peut bien venir toquer chez toi si tard. T'enfiles ton peignoir en tissu par dessus tes sous-vêtements avant de te dirigé jusqu'à la porte tout en le ceinturant. Tu restes silencieuse en voyant la personne face à toi une fois la porte ouverte, tu t'y attendais pas, vraiment pas. Sur le coup, t'oses rien dire, rien faire. T'es trop étonnée. Caleb, ton Caleb. Qui l'aurait cru. Tu pensais pas le voir avant un bon moment, bien qu'il ait été très expressif sur ses attentes à ton égard l'autre jour, mais tu t'étais résigné à y croire, n'ayant plus de signe de sa part. T'avais tout simplement pensé qu'il s'était foutu de ta gueule, faut croire que non. Tes esprits peu à peu repris, tu remarques qu'il est trempé, merde. « Reste pas là, entre ! », tu te pousses pour le laisser entrer avant de refermer la porte derrière lui. « Tu veux une serviette ou quelques choses comme ça ? T'es trempé. Va dans le salon, j'arrive. », t'attends même pas de réponse de sa part, tu t'en va lui chercher une serviette dans la salle de bain. Merde, il aurait pu te prévenir, que tu sois plus présentable. Des mois que tu l'as pas vraiment vu, et voilà qu'il décide de débarquer alors que tu sors de la douche. Bon, t'ira pas te plaindre, ça fait des mois que t'attends ça. Ouais, dur à croire, toi Lullaby qui attend après un mec. Du jamais vu, l'effet Keynes. Après avoir prit ce dont tu avais besoin, tu retournes voir Caleb dans le salon, lui donnant la serviette. Bordel, Caleb dans ton salon, ça te paraît même pas imaginable.

Et si c'était une erreur tout ça ? Et si j'étais mieux avec Lektra au final ? Tant de questions qui traversaient encore mon esprit alors que je me tenais devant la porte de Lulla. Je préférais ne pas y prêter attention et plutôt me focaliser que sur le moment présent. Toujours le moment le plus important. Et ce moment, je l'attendais depuis quelques temps déjà. J'avais hâte de la prendre dans mes bras, de pouvoir regoûter à ses lèvres, de sentir son odeur, la chaleur de son corps, retrouver son corps entier... Cette fille me rendait dingue. Je la voulais elle, mais j'étais encore tourmenté. Et j'ai beau eu essayer de l'oublier durant des mois et des mois, mais en vain. Au final, quasiment 9 mois après, je m'avouais vaincu, revenant vers elle. J'avais lutté, trop lutté. Il était temps que je m'abandonne à elle. Je savais que cette fois-ci, ça se passerait mieux entre elle et moi. Elle ne s'enfuira plus. Je le savais. Je le sentais. C'est une des raisons pour lesquelles je ne regrettais pas mon choix d'avoir choisi Lulla, au détriment de Lektra. Certes, j'avais l'air d'un pauvre con qui s'est foutu de la gueule de la fille Litwinski, or, ce que les gens ne comprendront pas, et encore moins la principale concernée, c'est que j'avais vraiment été sincère dans cette relation. Je l'avais vraiment aimée. Mais pas comme j'aime encore Lullaby. D'habitude, je rejette mes exs et ne retournent plus jamais leur parler. Et là, c'était tout l'inverse. Je ne pouvais plus la laisser repartir, je ne pouvais plus la rejeter. Et lorsqu'elle m'ouvrit la porte, je constatais à quel point elle m'avait manqué. Elle sortait de la douche, vu sa tenue et ses cheveux. Elle était si mignonne ainsi. Même au réveil, je me souvenais qu'elle était toujours aussi séduisante. Cette femme était d'une beauté sans pareille, et encore maintenant, j'en étais fou. Elle semblait étonnée par ma visite, normal en même temps, il était assez tard, je ne l'avais pas prévenue puis c'est pas comme si je l'avais envoyée bouler un bon nombre de fois. Elle m'invita ensuite à rentrer puis me proposa de me rendre au salon, attendant qu'elle revienne munie de serviettes. J'aimais bien, elle était aux petits soins avec moi. A son retour, je pris une serviette pour la passer dans mes cheveux histoire de les sécher un peu. Puis, j'enlevai mon blouson ainsi que mon t-shirt. Ok je me retrouvais torse nu face à Lulla en peignoir. Cette scène faisait très cliché, ça ressemblait presque à un scénario de films érotiques haha. Or non, pour l'instant je ne pensais qu'à me débarrasser de mes vêtements mouillés qui collaient à ma peau. C'était très désagréable. « Ca ne t'ennuie pas si je reste comme ça le temps que mes vêtements sèchent un peu ? » Je ne savais pas vraiment pourquoi je lui posais la question, ça paraissait débile. Je continuais à sécher mes cheveux avec la serviettes, assis sur le canapé. « Tu dois être surprise. Désolé de t'avoir prise au dépourvu. C'était pas prévu à la base, sinon je t'aurais appelé, c'est pas mon genre de m'incruster comme ça. » C'était vrai. J'aimais pas m'immiscer chez les gens, comme ça, surtout pas à cette heure. D'abord je leur annonçais mon arrivée, même sans recevoir d'approbation, mais au moins ils étaient prévenus. Mais bon, là en l'occurrence, je pensais bien que ça ne la gênerait pas, donc j'étais venu, sur un simple coup de tête.

T'as la stupide impression que tout ça ne tient que de l'illusion. Ça te paraît complétement impossible, inenvisageable qu'il se tienne face à toi. Tu pensais tout simplement avoir tout fichu en l'air en prenant la fuite la première fois, tu n'aurais jamais envisagé avoir le droit à une sorte de... seconde chance, si tel était le cas. Pourtant, il est là, face à toi. Et ça te rend heureuse, t'es prête à parier que rien ne te rendra plus heureuse que tu ne l'es en l'instant présent. Pourtant, tu gardes tout en toi. Tu veux attendre de connaître la raison de sa venue pour tout extérioriser. Tu veux pas te prendre un mur et t'as trop de fierté -bien qu'elle paraît inexistante dès que tu ajoutes Caleb à l'équation- pour faire le premier pas. Et puis, tu estimes en avoir déjà fait beaucoup, ces derniers temps. T'avais l'impression d'avoir eu une pancarte dans le dos avec écrit en gros dessus "Je suis folle de Caleb Keynes", et pourtant tu appréciais ça. T'avais pas essayé de refouler ces sentiments, t'avais plongé la tête la première dans ça, l'amour. T'étais méconnaissable, du moins, pour le peu de personne au courant. Il finit torse nu face à toi, et sur le coup, tu beuges quelques instants sur lui. Des hommes aussi peu fringués, t'en avais vu passer, mais ils n'étaient pas tous Caleb. Il avait ce petit effet sur toi qui... Tu ne savais l'expliquer. Et puis, c'est dire le nombre de temps ou tu ne l'as pas vu comme ça. « Non, mets toi à l'aise. », tu dis le plus naturellement. Tu t'installes à ses côtés sur le canapé, les jambes repliés contre toi. Il s'excuse d'être venu à l'improviste et tu t'en fiches. Il aurait très bien pu débarquer à trois heures du matin, tu n'y aurais pas fait attention. C'est pas n'importe qui, t'attends ça depuis des mois et des mois, pendant qu'il se la coulait douce avec son ex. Bon dieu ce que t'avais eu les nerfs à bouts quand il s'était mis avec elle, sachant en plus que c'était sincère, entre lui et elle. T'avais pas eu le droit à ça toi. Pas de déclaration, t'étais même pas sûr et certaine qu'il t'ait aimé. T'avais été jalouse, c'était le cas de le dire. Tu lui fais comprendre d'un signe de tête que c'est pas grave. « Que me vaut une visite si tardive ? », tu poses ton regard sur lui, interrogatrice. Tu veux savoir, tu veux qu'il te dise ce qu'il pense.

La pauvre Lullaby, elle devait être perdue, confuse. Heureusement pour elle, j'allais éclaircir certaines choses ce soir, car il était grand temps que cela arrive enfin. Elle le méritait après tout. Elle avait été patiente à m'attendre. Bon ok, elle avait mis quelques fois mes nerfs à rude épreuve en sortant avec certaines personnes, mais au final, elle était là, et elle m'aimait. C'était évident, ça se voyait. Alors qu'elle prit place à mes côtés, en ramenant ses jambes près d'elle, je l'observais minutieusement. Elle avait toujours cette longue chevelure que j'aimais tant. Ce regard qui voulait dire tant de chose. Cette bouche que j'avais envie d'embrasser à nouveau. Lullaby et moi avions partagé beaucoup de choses quand même, c'était indéniable. Et souvent nos souvenirs revenaient me hanter, et souvent, je me sentais nostalgique. J'étais bien avec Elektra aussi, mais je sais pas, c'était pas pareil. Il avait encore une autre fille dans ma tête. Je le savais. Et j'avais beau la repousser, de toutes mes forces, de tout mon être, elle revenait toujours. Elle était là, ancrée en moi. C'était impossible de la laisser s'échapper. Elle-même ne le voulait pas. C'est probablement la raison pour laquelle je ne voulais pas non plus la laisser s'en aller définitivement. Je souris quand elle me demanda la raison de ma visite surprise. [color:ca82=dark blue]« Je ne sais pas par quoi commencer. » Je marquais une pause. J'essayais d'ordonner dans ma tête comment j'allais lui répondre. C'était assez complexe de raconter la vérité pour un fait si simple pourtant. Je pris une profonde respiration puis me lançai. « Tu te doutes bien que cela a un rapport avec nous, notre relation. Je ne suis vraiment pas du genre à revenir ers mes exs, pour moi, toi et moi, c'était fini, tout simplement. Je ne pensais pas pouvoir être capable de t'accorder une seconde chance, pas après être parti ainsi, comme une voleuse en quelque sorte. Et pas après être sortie avec Khan. J'étais vraiment très en colère contre toi. Je t'en voulais Lulla. Et une partie de moi t'en veut encore pour me l'avoir mis à l'envers. Mais cette année, j'ai découvert que j'avais changé. Je peux désormais pardonner certaines personnes et je peux aussi revenir vers mes exs. » Nouvelle pause. Je ne l'avais pas quittée des yeux depuis que j'avais repris la parole. Elle semblait curieuse, elle attendait davantage, ce qui était normal. Je continuai alors. « Je n'ai pas réussi à t'oublier. Et si je me suis séparé de Lektra, c'était pour toi. Parce que c'est toi que je veux. Et seulement toi. » Je la regardai avec un air très grave. Je ne pouvais pas encore lui dire quels étaient mes sentiments pour elle, c'était trop tôt pour moi et il ne fallait pas trop m'en demander. Je souris et baissais les yeux pour contempler le sol. « T'en reviens pas hein. Mais je suis sincère, sinon je n'aurais pas pris la peine de faire tout ça, rompre avec Lektra et venir te voir maintenant. » Véridique. D'ailleurs, ça me faisait chier pour la malheureuse Lektra qui devait subir cette rupture, mais j'avais une bonne raison de le faire : être avec celle que je n'avais jamais cessé d'aimer.

T'avais rien dit durant toutes ses explications, pas un seul mots n'était sorti de ta bouche. Tu le regardais sans rien dire, buvant chacune de ses paroles. À ce moment là, il devait bien y avoir de la douceur dans ton regard. Ce qu'il te lâchait te toucher, et à ton grand étonnement tu te retrouvais à bien aimer ça. Ta tête te maudissait de ressentir un plaisir dans tout ça, c'était tellement... Pas toi. Courir après un garçon, des mois et des mois. L'aimer, le lui faire comprendre. Mais il n'était pas n'importe qui, est même après tout les efforts que tu t'étais donné pour essayer de tourner la page après avoir prit la fuite, c'était sans résultat. Vous étiez de nouveau là, réunit d'une façon ou d'une autre. Tu cherches les mots, ce que tu pourrais bien lui répondre. Mais tu trouves pas, t'as l'impression que tout reste coincée dans ta gorge, t'as tellement de mal à dire face à face ce que tu ressens. Tu restes alors silencieuse quelques minutes, trop longtemps peut-être. Encore une fois, il te reste deux options. Plonger ou prendre la fuite. T'as déjà les mots prêt pour le faire partir, mais tu veux pas. Pas cette fois ci, tu veux faire les choses bien. Ne pas prendre le risque de le perdre une seconde fois, t'as déjà assez perdu de temps comme ça. Tu continues de lui faire face et puis, un sourire s'affiche sur tes lèvres. « Je te crois, te justifie pas. Mais... T'as prit beaucoup de temps, quand même. », tu te contentes juste de faire remarquer. T'admire sa franchise, puisque de ton côté, les mots ont du mal à sortir. Alors, sans attendre une minute de plus, tu t'approches de lui pour finir par positionner tes lèvres contre les siennes. Tu sais pas si tu devrais, là maintenant, où attendre que lui fasse le premier pas. Mais t'as même plus de contrôle sur tes actions. Tu choisis peut-être la facilité comme réponse, à la place de l'embrasser tu aurais du lui dire ce que tu ressens pour lui, les yeux dans les yeux. Te justifier sur l'histoire avec Khan, mais non. Et puis merde, ça faisait longtemps que t'attendais ça, alors pourquoi perdre du temps ? Tes mains glissent dans ses cheveux mouillé par la pluie, ça te fait sourire. Puis tu finis par mettre fin à ce baiser passionné, avant de lui refaire face tout naturellement.

Silence. Elle ne répondait rien, elle me regardait juste. Je baisse les yeux et attends bêtement. Peut-être que ma réponse ne lui plaisait pas du tout, qu'elle s'en fichait, que j'étais arrivé trop tard. J'étais prêt à me lever, prendre mes affaires et mettre les voiles. Ne plus revenir. Je supportais mal de prendre ce genre de vent, notamment en matière de fille, notamment quand ça concernant la fille dont j'étais amoureux. Puis, avant que je ne réagisse, elle se mit à parler, enfin. Je relevai ma tête pour poser mon regard sur elle. Elle me croyait. Me voilà rassuré. Au moins, elle était intéressée par ce que je venais de lui dévoiler. Cependant, quant à elle, aucune confession... J'étais un peu déçu. Ok moi non plus je ne lui avais pas dit ce qu'elle voulait entendre depuis des mois, et elle était comme moi, pas du genre à se révéler aussi facilement. Donc, je hochais tout simplement la tête, sans rien ajouter. Puis, sans le voir venir, elle se rapprocha de moi pour m'embrasser. Damn, comme ça m'avait manqué. Le contact de ses lèvres... La proximité... Tout un tas de souvenirs envahissait mes pensées à cet instant. Je me sentais si bien. Je n'avais pas du tout envie de rompre le contact, que ce baiser s'arrête. Je me laisse faire, je la laisse me toucher. Elle passe ses mains dans mes cheveux mouillés, je la sens sourire. C'était si agréable. Puis, tout s'arrête. Elle s'éloigne et me regarde sans ne rien dire. Encore surpris par ce baiser, je me tais également. Elle ne disait peut-être rien, mais son regard et ses gestes en disaient beaucoup. Et je préférais les actes aux paroles, plus de signification et plus d'importance. Je me mis à sourire, un peu timidement, je me sentais désarmé, vulnérable. Ca ne me ressemblait pas. Et pourtant, j'aimais ça, m'abandonner à elle de cette façon. Je savais pertinemment qu'elle s'occuperait bien de moi, je lui faisais confiance. « Je sais que j'ai pris du temps. Et j'en suis désolé. Mais tu m'as fait mener la vie dure aussi avec Khan, ta grossesse etc. » Pause, puis je repris « Je te pardonne. Je m'enfous du passé, seul le présent et le futur m'intéressent. Et je veux que tu sois avec moi maintenant. » Je la regardais avec intensité, je voulais qu'elle ressente toute cette passion amoureuse que je cachais. Je m'approchais d'elle à mon tour et pris sa main, pour entrelacer mes doigts aux siens. J'avais envie de lui dire "je t'aime" mais une nouvelle fois, j'avais ma préférence pour les gestes, avant les paroles.

Tu réalises toujours pas ce qu'il se passe. Tu l'as embrassé, ça paraît bel et bien réel, mais t'as toujours du mal. T'as l'impression d'être en plein rêve, ça te choquerait plus. T'en avais fait des tonnes et des tonnes. Pourtant là, c'était différent. Tu savais que c'était réel, y avait eu les messages d'abord, et puis ça maintenant, comme prévu. Mais t'avais tellement attendu, faillit baisser les bras, qu'il restait ce doute. Ce qu'il te dit te fait sourire, toi et lui, et votre histoire. Du moins, si tu peux déjà appeler ça comme ça. « L'histoire de Khan c'était uniquement pour te rendre jaloux. Je m'y suis juste très mal prise. », c'est vrai que pour le coup, t'avais dégradé la situation. Si Caleb oserait juste flirtait avec ta meilleure amie, ça te fouterait les nerfs plus que jamais. Tu parles pas de la grossesse, tu veux plus. T'as tiré un trait sur cette épisode de ta vie, c'est comme si ce n'était jamais arrivé. Y a aucune preuve, de toute façon. Ça t'a tellement touché, d'une façon ou d'une autre, de perdre ce gosse. Si tu tires pas un trait dessus, t'es sur et certaine que tu finiras par sombrer à cause de ça, un jour ou l'autre. « Je suis tienne, corps et âmes. », tu souris tout en te disant que pour une fille qui cri son indépendance, tu perds soudainement toute crédibilité. Mais tu t'en fiche, c'est pour Caleb. Alors ça vaux le coup. Bon dieu, t'aurais jamais imaginé cette tournure quand tu l'as quitté sans rien dire des années auparavant. Tu pensais continuer à vivre ta petite vie, tranquillement. A être indépendante, à te foutre des autres, des mecs. A être le centre de ton monde et continuer à ne voir pas plus loin que le bout de ton nez. Aujourd'hui, tu te retrouves à toujours être aussi amoureuse de Caleb, peut-être même plus qu'auparavant, et t'acceptes cette idée sans râler. Hallucinant. Assise sur tes genoux, tu te tiens face à lui, une main caressant le derrière de sa nuque. T'as un sourire niais sur tes lèvres, probablement. Tu viens l'embrasser à nouveau, les yeux clos. Tu profites du moindre contacte de vos lèvres l'une contre l'autre, t'as l'impression que ça fait une éternité que tu y as pas eu le droit, pourtant ça doit faire pas plus de trois minutes que tu les as quitté. T'as l'impression que c'est ton oxygène sur le moment, tu peux pas t'y détaché. Le baiser ce fait plus fougueux que le précédent, sans quitter ses lèvres, tu viens défaire le nœud de ton peignoir pour le faire tomber le long de tes bras. T'as plus envie de discuter, t'as entendu ce que tu voulais entendre, autant passer à la vitesse supérieur.