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 Le septième ciel, six pieds sous terre; Jules&Harper
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Anonymous
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Lun 13 Mai - 11:41

Le septième ciel, six pieds sous terre; Jules&Harper 881808tumblrmbedgylOHk1r736qco1500


    J'étais nerveux, inexorablement nerveux. En plus d'avoir tatoué le type le plus bavard de San Francisco toute la matinée, je ne pouvais m'empêcher de penser à mon rendez-vous de l'après-midi, avec la future thanatopractrice de mon frère Daniel. Le gars du matin se faisait faire un ange surplombé du prénom de sa défunte mère dans le dos. En trois heures de travail, je pouvais disserter sur la morte sans problème: elle aimait "ma famille d'abord", les céréales au miel et l'odeur de la vanille. Le mec avait pleuré, j'avais du interrompre mon travail. Une bien morose journée se dessinait, mes intimes préoccupations ne désemplissaient pas. J'avais du filer mon stock de mouchoir à une âme en peine sans même prendre soin de la mienne. Peut-être était-ce indécent mais le temps d'une seconde, j'enviais ce type. Sa mère était morte, c'était fait, inchangeable, terminé. Moi, je devais me soucier de la mort d'une personne respirant encore et toujours. Cela relevait du harcèlement. Cela semblait incohérent.

    Cette fille, Jules Fitzgerald, me rendait anxieux et cela non pas par son comportement mais bel et bien vis à vis du rôle qu'elle allait jouer dans ma vie, tôt ou tard. J'étais au pied du mur. Comment pourrais-je signer ces maudits papiers, officiellement accepter que Daniel n'était pas éternel ? Oui, en signant ces maudits papiers j'allais être amené à revoir cette Jules en un jour bien funeste: il ne me restait plus qu'à espérer que cela soit le plus tard possible. Et puis, cette paperasse n'était-elle pas qu'une sorte de formalité ? D'autres options trainaient dans mon esprit depuis déjà longtemps, comme emmener mon malade de frère à la mort avant que la mort ne vienne à lui, comme le kidnapper jusqu'en Jamaïque afin qu'il voit sa famille et ses racines pour la dernière fois. Quitte à risquer gros, je savais au fond de moi que c'était la seule fin moralement acceptable que je pouvais lui offrir.

    Entre potes, on se conseille des restaurants, des boutiques, des musées et j'en passe. A moi, c'était d'une thanatopractrice dont on m'avait parlé. Génial comme conseil, merci bro'. Cela étant dit, je n'avais aucune envie de chercher dans les petites annonces ni sur ce putain de google le meilleur relookeur de macchabées de la ville, alors j'avais foncé tête baissée. Ce qui arrangea mes petites affaires fut que la nana était en cloque ces derniers mois et, ne voulant déranger une femme habitant un polichinelle dans le tiroir, j'avais (une fois de plus) choisis d'attendre. J'avais prétexté la politesse afin de reculer l'échéance: étais-je un génie ou un fuyard ?

    Toc toc toc. Peut-être y avait-il une sonnerie, mais j'étais bien trop absorbé par mes pensées pour accorder de l'importance à ce genre de détails. A dire vrai, je me demandais si la nana était toujours en cloque ou non. Allais-je déranger une grande professionnelle du macabre presque à terme et souffrant d'incontinences ? Etais-je en train de risquer ma vie ? Je délirais. J'avais peur. Peur que les mots deviennent aussi concret que leur sens, que les mots soient plus réels que je ne voulais l'admettre.

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Anonymous
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Mer 15 Mai - 22:46


Harper & Juliet
j'aime mon métier mortel, ohwai ohwai.

Cela faisait maintenant un peu plus d'un mois que j'avais accouché et je prenais mon rôle de mère sérieusement. En même temps je n'avais pas le choix et ça m'embêterait de devoir m'occuper du corps de ma fille à la morgue. J'avais repris le travail il y avait deux semaines et demi, peut-être que c'était trop tôt mais j'aimais mon boulot, j'aimais travailler et je m’ennuyais à ne rien faire. A la base, je travaillais aussi dans une boîte de strip-tease mais je préférais attendre encore un peu avant d'y retourner -si le patron voulait toujours de moi-. Au final, je ne m'étais pas tellement reposée de ma grossesse. Je m'étais acharnée à perdre les quelques kilos que j'avais pris. J'étais perfectionniste sur mon apparence et sur ce que les gens pouvaient voir de moi. J'aimais me sentir bien dans ma peau en me regardant dans un miroir.

Nous étions en début d'après-midi et je venais de coucher la petite dans son lit pour qu'elle fasse une sieste. Depuis que mon colocataire, Liam, était repartit je ne sais où, j'avais récupéré sa chambre pour mettre le lit de bébé pour Eireen. J'étais enfin libre, enfin pas totalement puisqu'il fallait que je garde une oreille pour savoir si la petite dormait bien. Depuis que j'avais donné naissance à ma fille, j'avais repris mon travail qu'à temps partiel malheureusement. Je pense qu'il était plus raisonnable d'attendre un peu. Qu'est-ce que c'était chiant d'être mère célibataire ! Il me faudrait une baby-sitter 24h/24 et 7j/7. En plus, ça avait le don de faire flipper les hommes les mères célibataires. Adieu le sexe.

Alors que je venais de ranger la cuisine, on toqua à la porte. Je n'attendais pas de visites pourtant. Je me dirigeai jusqu'à la porte d'entrée et finis par ouvrir. Je tombai sur un jeune homme qu'il me semblait avoir déjà vu. « Bonjour. » J'essayais de me souvenir où je l'avais vu. Je l'observais de haut en bas avant de trouver ! « M. Bailey ? Vous vous êtes décidés pour votre frère ? » Je me souvenais l'avoir vu/croisé alors que j'étais encore enceinte. On m'avait brièvement parlé de son cas et finalement je pensais qu'il se serait tourné vers un autre thanatopracteur puisqu'il ne m'avait pas contacté dans l'immédiat. Je me poussais sur le côté pour qu'il puisse rentrer chez moi. Il avait peut-être fini par souffler un bon coup pour prendre son courage à deux mains, qui sait ?

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Lun 10 Juin - 18:55

    « M. Bailey ? Vous vous êtes décidés pour votre frère ? » J'affichais un sourire retenu et pincé alors que mon interlocutrice se dégageait de l'entrée afin de me laisser entrer. Moi, m'être décidé pour mon frère comme on se décide pour une chemise ? Cette fille dealait avec la mort, c'était son boulot. Comment pouvais-je lui en vouloir de simplement faire son job ? De plus, pour une professionnelle des macchabées, la Fitzgerald était plutôt... sexy.

    « J'espère ne pas vous déranger, c'est pour la paperasse, l'hôpital, vous voyez... Sinon, appelez moi Harper » lui dis-je en lui tendant ma main afin qu'elle l'empoigne. Le fait qu'elle se souvienne de moi permettait de zapper l'étape présentations, mais pouvait également lui rappeler à quel point j'avais été insolent et mal luné lors de notre première rencontre. Un vrai petit con butté qui, malgré ses presque vingt-six ans, n'avait toujours pas réalisé qu'après la vie arrivait la mort. Au fond, on ne pouvait réellement m'en vouloir: les fils Bailey auraient pu être considérés comme des légendes vivantes, des guerriers increvables malgré toutes les merdes dans lesquelles ils avaient et continuaient de marcher. La version black et 2.0 des célèbres frères Bondurant, en un sens.

    « Je vais être franc, je m'attendais à un remake du Noël de Mr.Jack en venant vous voir » lachais-je alors tout en regardant le décor de la maison dans laquelle je venais de m'introduire. Peut-être étais-je maladroit -sans doute, en fait-, mais je ne pouvais m'empêcher de lâcher ce genre de commentaire qui, bien que parfois blessants, réussissaient à détendre l'atmosphère. « Fille ou garçon ? » Alors que la charmante (ok, ultra bonne) miss Fitzgerald me désignait une chaise où m’asseoir du doigt, ma verbe spontanée s'illustra de nouveau. Son mec devait se faire sacrément plaisir avec une fille pareille: froide et brûlante à la fois. Mais je n'étais ni son mec, ni son pénis sur pattes. Je venais pour lui faire signer les papiers de l'hôpitaux, le relooking mortuaire de mon frère. Alors que je pensais devoir pester silencieusement devant une thanatopractrice mégère et glauque, je me retrouvais devant une bombe aussi pâle qu'agréable. Comme l'aurait si bien dit ma petite-cousine Lucy, LOL.
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Mar 11 Juin - 11:09


Harper & Juliet
j'aime mon métier mortel, ohwai ohwai.

Je n'attendais pas de visite cet après-midi. Peu de personnes venaient me voir et en général ils me prévenaient par sms ou facebook. Je fus quelque peu surprise quand j'ouvris ma porte pour tomber sur le rastafarai man Bailey (ou quelque chose de ce genre). Je me demandai un court instant qui lui avait donné mon adresse. Bref. Je le fis entrer dans ma demeure, je me souvenais pourquoi il était là: son frangin allait bientôt mourir et il avait besoin d'une relookeuse de morts. « J'espère ne pas vous déranger, c'est pour la paperasse, l'hôpital, vous voyez... Sinon, appelez moi Harper » J'hochai négativement du chef et répondis, tout en lui serrant la main. « Pas de soucis. Juliet. » Il avait l'air plus gentil et poli que la première fois que je l'avais vu. J'étais enceinte jusqu'au oreilles et je n'avais pas croisé un adulte mais un petit con de 15 piges. Je m'énervais vite, mais enceinte c'était pire. Toutefois, je n'avais pas montré mon agacement.

« Je vais être franc, je m'attendais à un remake du Noël de Mr. Jack en venant vous voir » Quand il me sortit cette phrase, je ne pus m'empêcher de le regarder de haut en bas. En m'occupant des macchabées, on m'avait souvent prise pour une sorcière nécrophile. Donc sa remarque ne m'étonnait pas, mais je ne dis rien, ne montrait rien, souriant discrètement pour moi-même. Harper reprit la parole. Décidément il était bavard ! Au moins, ça compensait à mon mutisme. Il m'avait vu enceinte, il me demanda alors quel être j'avais pondu. « Une fille. » Je ne pus m’empêcher de me souvenir comme l'accouchement avait été éprouvant pour moi comme pour Keith - qui avait dû s’imaginer sage femme dans une salle de bain à l'hôtel. Malgré cette souffrance où j'avais réellement cru passer à la marmite, une petite Eireen était née.

Par la suite, nous nous installâmes autour d'une table et je récupérai un stylo pour compléter la paperasse qu'il m'amenait de l'hôpital. J'avais tellement l'habitude de remplir ces papiers que j'aurais pu le faire les yeux fermés. Remplissant le formulaire à la vitesse de la lumière, je cherchais quelque chose à lui dire pour détendre l’atmosphère et pour éviter ce silence... De mort. « Ma chambre est noire et blanche... Donc finalement vous n'aviez pas totalement faux pour le remake de Mr. Jack. » Je le regardais et esquissai un petit sourire. J'avais même une tête de mort noire en guise de maintien pour mes livres sur une étagère ! Je signais en bas de la page et fis glisser le document jusqu'à lui pour qu'il vérifie. J'en profitai pour retirer ma veste qui fit apparaître un débardeur. Débardeur que j'aimais parce qu'à chaque fois il me faisait un joli décolleté. « Voilà, ça vous convient ? Vous avez besoin de quelque chose d'autre ? »

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Mar 17 Sep - 21:09


    « Ma chambre est noire et blanche... Donc finalement vous n'aviez pas totalement faux pour le remake de Mr. Jack. » Nous étions assis et muets depuis plusieurs minutes lorsque mon hôte rompit le silence. Une partie de mon être fut soulagée devant le timide sourire qu'elle afficha afin d'illustrer ses propos. Je ne pus qu'y répondre, toujours plongé dans le mutisme professionnel qui s'était établit entre nous. J'aurais pu surenchérir sur une remarque vis à vis de sa chambre et le message subliminal que cela aurait pu laisser, mais je ne fis rien. Alors que son écriture parcourait les papiers de l'hôpital, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer le visage froid et paisible de mon frère, ses traits figés et sans vie. Telle était la cruelle vérité: j'étais ici même à cet instant précis afin d'organiser le futur que n'aurait pas mon frère.

    « Voilà, ça vous convient ? Vous avez besoin de quelque chose d'autre ? » Je n'eus pas le temps de lire tous les méandres de ce qu'avait écrit Juliet que ma spontanéité revint au galop. Nous n'étions pas des enfants et j'étais allé trop loin dans la démarche pour ne pas m'intéresser aux détails de l'affaire que nous venions d'établir. « Oui, une chose. Que vous me rassuriez. J'aimerai savoir comment est-ce que ça se passe avec les corps, et par là j'entends à votre niveau. » Mon ton était devenu plus solennel mais non pas dénué de crainte. Je ne savais pas si mon frère allait être enterré ici à San Francisco -probablement pas- car pour moi sa mort ne relevait pas de l’immédiateté. J'avais déjà imaginé partir en Jamaïque avec son corps, ou plutôt partir avec lui dans notre famille avant qu'il ne rende son dernier souffle. Mais dans tous les cas de figure, je ne pouvais donner à ma mère une dernière image de son fils souffrant à l'image de sa maladie: terrible et sans appel.

    Juliet était une belle femme. Je sentais chez elle ce côté fort et électrique tout autant que son versant plus sensuel, séducteur. Une femme de classe à mes yeux, ou tout du moins physiquement parlant. Un charme froid, déstabilisant. Je l'imaginais aisément aux bras d'un grand blond de type nordique, avec d'épais bras et une peau blanche comme neige. Un homme viril et imposant. Mais que tirer de bon de ce genre de pré-supposés ? Rien, absolument rien. Ma mère me voyait déjà mariée à une tigresse à la peau brune alors que mon coeur s'était toujours porté vers les beautés sinon marginales, tout du moins uniques. Celles qui d'un regard me criaient "je suis faite non pas à l'image de tes fantasmes, mais au dessus". Ces beautés qui me frappaient en plein poumons pour me dire que nos différences ne faisaient qu'attiser ma fascination. Je n'étais pas interloquée et bouche-bée face aux traits de Juliet, mais il était de ces charmes que personnes ne pouvaient nier.
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Jeu 19 Sep - 11:25


Harper & Juliet
j'aime mon métier mortel, ohwai ohwai.

Harper Bailey était un gars courageux. C'était une des rares fois où on avait besoin de mes services pour un homme qui n'était pas encore mort. Je savais plus ou moins que son frère était vulnérable de passer de l'autre côté à tout le moment, et je trouvais ça loyal que son frère s'y occupe malgré le mal que ça devait lui faire. Oh Juliet compatissante ? Oui faut croire que ça pouvait m'arriver, du moins d'essayer d'imaginer leur douleur. On m'aurait annoncé qu'un de mes frères allait mourir j'aurais seulement haussé les épaules. Je n'avais pas vu ma famille depuis au moins six ans, ni même eu ou donné de nouvelles et je me portais merveilleusement bien. Peut-être qu'ils me pensaient morte -surtout ma belle-mère. Pour moi, je n'avais pas de famille, et ces derniers ne me considéraient pas plus comme leur sœur ou leur fille. Nous étions quitte. Alors c'était toujours dur d'imaginer la souffrance que pouvait ressentir quelqu'un pour son frère, mais j'essayais.

« Oui, une chose. Que vous me rassuriez. J'aimerai savoir comment est-ce que ça se passe avec les corps, et par là j'entends à votre niveau. » J'hochai la tête, avant de prendre le tas de feuilles et de le remettre droit et carré sur la table -maniaque, j'étais. Je balançai mes cheveux d'un côté de mon visage. « J'interviens quelques heures après le décès. En général, l'opération dure 1h30. Mon objectif est de ralentir le processus de dégradation du corps. J'utilise donc des produits conservateurs et antibactériens sur tout le corps. A la fin de m'occupe de l'apparence, de la présentation du défunt: donc soins du visage, habillage, coiffage etc. Le corps pourra ensuite être mis en bière -cercueil- dans les 48h. » Je venais de terminer ma tirade. Je n'aimais pas trop parler aussi longtemps mais des fois j'y étais bien forcée. Je n'aurais pas pu être conseiller de pompes funèbres ou alors être celui qui rassure les familles. Pourtant je pouvais tenter de l'être de temps en temps. Observant l'attitude mélancolique de mon interlocuteur, je posai ma main sur son avant-bras. « Tout va bien se passer. Puis... Votre frère est toujours là. » Rare les fois où je souriais, mais là c'était le cas. Un sourire chaleureux.

Je retirais ma main de son avant-bras et l'observai. Il avait bien besoin de se détendre ou de le faire penser à autre chose. Je pouvais peut-être l'aider tant qu'il était encore chez moi. Je me levai de ma chaise et partis vers la cuisine pour sortir petit verre mais large. Je fouillai dans mon placard et attrapai ma bouteille de Wiskey irlandais. J'en servis un fond dans le verre et le posai devant le jeune homme. « C'est peut-être déplacé mais buvez. Ça vous fera plus de bien que des paroles. » Vraiment, il devait me trouver bizarre. Pas sûre que tous les thanatopracteur fassent cela avec un client... Enfin bon. Je reposai mes fesses -moulées d'un string, je me devais de le préciser- sur la chaise, avant de regarder mon interlocuteur.

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Anonymous
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Jeu 19 Sep - 16:51

    « Tout va bien se passer. Puis... Votre frère est toujours là. » Juliet était la première personne à me le faire remarquer depuis longtemps, que Daniel était toujours en vie. Je me sentais ampli d'une gratitude immense à l'égard de cette femme: en quelques mots, elle avait résumé la situation. Mon frère était toujours vivant, et mieux encore ! Il continuait à sourire, s'occuper, se distraire. Ce n'était pas qu'une question scientifique du terme vivre qui le représentait, mais son sens réel. Daniel voulait continuer son chemin sur cette terre, bien que le paysage de ce dernier se résumait aux froids murs de l'hôpital.
    Juliet avait posé sa main sur mon avant-bras. Sa peau était froide mais douce. Les morts étaient entre de délicates mains, il n'y avait aucun doute. Son sourire se voulait réconfortant -après tout, n'était-ce pas ce que j'avais demandé ?- et emprunt d'une gêne relative aux souffrances que mon frère et moi devions surmonter. Elle faisait son travail, après tout, avec le plus d'humanisme qu'une personne un temps soit peu bonne puisse user. Mais elle semblait comprendre, ce que bien des personnes tout au long de ma vie ne souhaitaient pas même essayer de faire.

    « C'est peut-être déplacé mais buvez. Ça vous fera plus de bien que des paroles. » Mon interlocutrice s'était levée afin de me servir un Whisky. Le verre tinta et se retrouva sous mes yeux en un rien de temps. Juliet se rassit, toujours aussi cruellement désirable malgré la situation. « Un verre ne Whisky n'est jamais déplacé » dis-je avant de tremper mes lèvres dans le breuvage. Je les humectais afin de goûter la boisson puis, aillant jugé qu'il me plaisait, le bus d'une traite. « Alors c'est à ça que tourne les services mortuaires... des gens de goût, en tous cas ». J'avais retrouvé le sourire. Il m'en fallait peu pour passer du chat à la souris, d'un mouton à un autre. M'éterniser sur une situation de faiblesse ne pouvait qu'empirer la chose: il était temps pour moi de renflouer toutes ces questions mortuaires et de les enfermer au fond de moi le plus longtemps possible. Mais que pouvais-je faire d'autre que de discuter de décès alors que j'étais assis face à une thanatopractrice ? Si elle m'accompagnait pour un deuxième verre, cela ne pouvait me déranger. « Je trouve ça génial qu'une jolie femme fasse ce métier. Ca donnerait presque envie d'y passer » dis-je le plus naturellement du monde. Sans aucune arrière pensée séductrice, j'avais sorti ma phrase d'un coup, d'un seul. Comme toujours, ma spontanéité venait de me placer dans une situation sinon embarrassante, tout du moins... incongrue.
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Anonymous
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Jeu 19 Sep - 19:31


Harper & Juliet
j'aime mon métier mortel, ohwai ohwai.

Finalement mon verre d'alcool n'avait pas l'air de déranger l'homme plus que ça. Au contraire ! « Alors c'est à ça que tourne les services mortuaires... des gens de goût, en tous cas. » Je souris amusée. Il allait croire que nous tournions à l'alcool aux pompes funèbres ahaha. Je savais bien qu'il plaisantait alors je ne disais rien. Ce ne serait pas vraiment rassurant de laisser son frère entre les mains d'ivrognes sinon. Je le voyais sourire, apparemment il avait chassé ses mauvaises pensées mais pour combien de temps encore ? Ce qu'il dit par la suite me troubla un peu. « Je trouve ça génial qu'une jolie femme fasse ce métier. Ça donnerait presque envie d'y passer » J'étais ravie pour son compliment mais la fin de ses paroles étaient vraiment glauques. Il l'avait dit tellement naturellement en plus ! Je passai une main dans mes cheveux et eus un petit sourire « Merci pour le compliment, c'est gentil. Pas besoin de vouloir y passer pour autant ! » Pour preuve, j'étais juste à côté de lui et j'étais bien mieux comme ça que dans la morgue avec mon uniforme stérile. C'était beaucoup moins sexy. Je me levai de la chaise et pris un deuxième verre dans le placard ainsi que la bouteille d'alcool. A mon tour de me joindre à lui. Je repris ma place initiale à ses côtés et lui servis un deuxième verre tandis que j'en prenais un premier. Sûrement le dernier d'ailleurs, je ne buvais que trop peu et donc ne tenais pas vraiment l'alcool. « Je ne sais pas si vous êtes venus en voiture mais je ne vous laisserais pas reprendre le volant tout de suite. » Je souris. Il ne manquerait plus que sous l'effet de l'alcool il ait un accident et meurt avant son frère ! Bonjour la culpabilité que j'aurais. J'amenai mon verre à mes lèvres pour goûter la boisson.

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