Qui l'eut cru ? Narcissa Ivory Sinclair bien remise de sa maladie et invitant la chère Julie Rose à sa table pour le dîner ainsi que son charmant petit ami mafieux nommé Elyes. Songer à ce que j'avais prévu pour eux durant ce dîner me faisait bien rire. Rien de tel que de bonnes retrouvailles avec des amis aussi proches, autour d'une chaleureuse table. Après une réunion avec toute mon équipe, des négociations, j'avais beaucoup de travail qui m'attendait, et je ne pouvais qu'en être ravie. Je fais après tout, toute cette comédie pour remonter la pente et avoir une belle carrière par la suite. Je n'allais donc pas m'arrêter en si bon chemin. Malgré toute la peine et la souffrance que j'ai dû endurer, et qui a été engendrée par ma maladie, je devais avouer que le cancer était une vraie bénédiction. Une opportunité pour redorer mon image, et être à nouveau cette présentatrice aimée et adulée par tous. Je suis ensuite partie au spa pour me faire dorloter, je pensais bien entendu toujours à Keith. Vérifiant malgré moi ses activités sur le réseau social, il me manquait terriblement.. je rentrais ensuite chez moi, portant ma jolie robe noire, des talons, les cheveux parfaitement ondulés et un maquillage irréprochable. Mon chef cuisinier et le personnel de la maison se sont occupés de la table que je vérifiais bien entendu, n'attendant plus que la venue de mes chers convives.
Un dîner chez Narcissa. L’idée était tellement incongrue qu’Elyes ne put s’empêcher de sourire. Et le plus absurde dans toute cette histoire c’était qu’il s’y rendait avec Julie. Julie et Narcissa, dans la même pièce, à une même table cela promettait fort d’être très électrique et le black le savait. A l’origine, il ne comptait pas réellement pas y rendre, mais il se devait à tout prix comme son alter-ego féminin sauver les apparences en acceptant l’invitation d’une ex-cancéreuse dont il se fichait pas mal. Bon, certes, il fallait reconnaître qu’il l’aimait bien au fond. Ils se ressemblaient beaucoup sur pas mal de point. Elle faisait un très bon compagnon de jeu. Elle avait une telle facilité à manipuler les autres, plus particulièrement son public qui avait toujours rendu Elyes admiratif. Ce n’était pas commun un tel talent et elle avait bien raison d’ne profiter, chose qu’il faisait également dans une moindre mesure cependant. Après avoir déposé Jade chez son meilleur ami, inquiet tout de même car cette dernière ne semblait pas en très grande forme, il passa prendre par la suite sa petite-amie. Il se demandait toujours pourquoi elle avait fini par accepter ce repas. Lui, avait abandonné l’idée, de toute façon, cela ne l’intéressait pas plus que cela et Julie avait finalement changé d’avis, se montrant plus que déterminée à se rendre chez la blonde. Cela ne présageait rien de bon et sans doute devra-t-il s’improviser arbitre ce soir. La voilà qui approchait, une fois installée dans l’habitacle, il redémarra, après un baiser furtif bien sûr. « Pourquoi ce revirement de situation ? » demanda-t-il alors qu’ils étaient immobilisés à un feu rouge.
C'était le jour J. Le fameux dîner que donnait Narcissa était ce soir. Evidemment, je n'y allais pas seule, mais avec Elyes. Il m'était impossible d'affronter seule cette folle tout de suite, je devais l'admettre. Bien qu'elle se remettait tout juste de sa maladie, je savais pertinemment qu'elle n'avait pas perdu de sa bitch'attitude. A plusieurs reprises, je m'interrogeais sur la raison pour laquelle je me rendais au dîner. Moi-même, je ne savais pas tellement, enfin, si, mais tout était confus. J'avais refusé immédiatement lorsque je lus sa proposition sur facebook, pourtant, après maintes réflexions je me surpris à avoir eu envie de l'accepter, voulant relever le défi. Et puis bon, c'était l'histoire d'une soirée, après ça, je la laisserai toute seule dans son hypocrisie. Mouais, cependant, d'ici là, j'appréhendais cette soirée. La boule au ventre, je montai dans la voiture d'Elyes qui vint me récupérer pour retrouver la blonde. J'angoissais secrètement, mais je tentais de ne rien laisser paraître, notamment en répondant à sa question. « J'ai juste envie de voir ce qu'elle va nous préparer, comment elle va se comporter et j'ai toujours eu envie de lui faire face... Mais pas seule donc, là c'était une bonne occasion. » Je souris timidement en regardant Elyes. « Par contre, elle n'aura pas intérêt à te faire les yeux doux, elle va encore te vouloir dans son camp. » A cette idée, je fronçais les sourcils, c'était prévisible, Narcissa allait sans doute jouer la carte de l'ex qui, à l'époque, s'entendait bien avec un autre aussi bon manipulateur qu'elle.
Arrivés devant sa porte, je me tenais à côté de mon petit-ami, qui fit retentir la sonnette, me préparant à montrer mon plus beau sourire à la blonde. C'était bien ce qu'elle allait faire, alors, autant jouer à sa façon!
Après quelques longues minutes d'attente passées à lire quelques magazines de mode, j'entends enfin les deux tourtereaux sonner à la porte, ça ne pouvait qu'être eux. Je n'attendais personne d'autre de toute façon. Je faisais un petit tour vers le miroir histoire d'inspecter un peu mon physique et j'étais juste parfaite. Je me souriais à moi-même, je me retrouvais ensuite devant la porte, je soupirais un instant avant d'ouvrir. Je m'étais préparée psychologiquement à cette rencontre, et je comptais bien faire bonne impression, notamment face à la petite Julie qui ne devait que penser le plus grand bien de ma personne. Ironie bien entendu. Je souriais donc légèrement, prenant soin de paraître tout de même un peu fatiguée. « Elyes, Julie. Je suis contente que vous ayez accepté mon invitation. Je vous en prie, entrez. » A ma grande surprise, cette petite peste était entrain de sourire. Son petit ami l'initiait donc à l'art d'être hypocrite? Parce qu'elle avait encore besoin de prendre des cours. Je les invite donc à entrer, les emmenant ainsi un petit moment au salon pour goûter aux apéritifs déposés sur la table. « On sera plus à notre aise ici, et j'espère que vous apprécierez ces apéritifs. » Il y avait aussi trois cocktails qu'ils pourront goûter ensuite. La table était parfaite. J'étais plutôt fière du personnel de la maison.
Il offrit un sourire amusé à sa petite-amie alors que cette dernière lui faisait part de ses inquiétudes concernant le désir de Narcissa d’avoir son appui. Il n’y avait aucune chance, ils étaient désormais en privé donc le black ne se gênerait pas pour se honnête envers elle. Honnêteté et Elyes, en voilà une drôle d’association. Dans tous les cas, il ne tenait pas à être mêlé à ces histoires de bonnes femmes dont il ne saisissait pas réellement les enjeux. Enfin, non, pas exactement. Prenons sa dispute avec William, ils s’étaient battus et les choses s’étaient arrangés, ils ne passaient toutes les saintes journées à se lancer inlassablement les mêmes pics sur le même sujet. Dieu qu’il appréhendait ce dîner, il n’était pas certain que ce fût l’idée de siècle que de se retrouver au milieu des deux jeunes femmes, cela dit tout semblait se passer agréablement pour le moment. Julie souriait. Narcissa souriait. Il souriait. Bienvenue chez les bisounours, la sincérité en moins. « Bonsoir Narcissa » la salua-t-il avec la voix la plus agréable qu’il avait en réserve. Il semblait en cet instant aussi doux qu’un agneau, ah ses talents de comédiens en surprendraient plus d’un. Il laissa d’abord Julie entrer en bon gentleman puis lui emboîta le pas jusqu’au salon. Il s’approcha des dits apéritifs et en prit un pour le goûter « Un véritable délice ! » s’exclama-t-il en s’emparant d’un second et du verre en même temps.
La blonde avait fait en sorte d'apparaître sous son meilleur jour, elle était distinguée et n'avais absolument rien laissé au hasard, comme je pus le constater en entrant la première dans sa demeure. Evidemment, elle n'avait rien fait d'elle même, ou pas seule en tout cas. Elle avait un bon nombre de domestiques à ses ordres. Narcissa nous remercia pour avoir accepté son invitation, bah voyons. Elle devait se sentir si seule, maintenant qu'elle n'était plus avec son copain, qu'elle n'avait rien d'autre à faire que nous inviter à manger avec elle ahaha. « A la base, je n'avais pas envie de venir, comme tu le sais, mais ma curiosité a pris le dessus. » Nouveau sourire. Je pris un air amusé lorsque à mon tour, après Elyes, je dégustai un des apéritifs proposés. Je hochai alors la tête, pour confirmer les dires de mon compagnon pour ajouter par la suite « Ca a du te prendre un temps fou, ou non, je veux dire, ça a du prendre un temps fou à tes domestiques pour préparer le tout, remercie-les de ma part. » Je ne voyais personne pour le faire par moi-même, malheureusement. Je décidai d'aller m'asseoir sur son beau canapé, verre en main. « Et, sinon... Comment vas-tu Narcissa ? » Léger sourire, je bus une gorgée du cocktail alors que je la regardais avec un faux intérêt, je m'en fichais complètement de son état et de son humeur, cependant, je préférais lui montrer que j'étais à l'aise face à elle, enfin, presque.
Je buvais donc une petite gorgée de mon verre tout en fixant légèrement mes deux charmants convives. Quel couple improbable quand même, une gamine qui a quitté ses cours et qui se leurre complètement en pensant qu'elle arrivera à faire quelque chose de bien dans sa vie, et un mafieux qui accorde énormément d'importance à son image et qui a sûrement dû tuer quelques dizaines de personnes durant ces derniers mois. Leur différence d'âge m'étonnait tout de même, on pourrait presque penser qu'il s'agit d'un détournement de mineur. Enfin qu'importe. Cette minette s'était permise de critiquer en quelque sorte mon manque d'implication dans la préparation de ce dîner. Il ne fallait pas que je lui en veuille. Je me contentais donc d'élargir un petit peu mon sourire face à sa remarque. « Je préfère ne pas les appeler mes 'domestiques', je trouve que c'est assez dégradant pour leur personne. Sinon oui, je suis reconnaissante des efforts qu'ils fournissent pour mon bien être et celui de mes invités. Je n'y manquerai pas, je vais d'ailleurs de ce pas les remercier. » J'appelle donc l'un des domestiques qui se tenaient debout, pas très loin de nous et lui demande de féliciter le chef cuisinier de notre part.Tout ceci avec le sourire bien entendu. Cette dernière, toujours pas décidée à se taire, m'adresse la parole une nouvelle fois. « Et, sinon... Comment vas-tu Narcissa ? » J'allais manquer d'étouffer suite à sa question si j'avais mis cet apéritif en bouche, heureusement pour moi, il n'en était rien. Je me contentais de continuer à lui sourire. « Je me porte bien, merci de t'en inquiéter Julie. Je sais bien qu'en vu des différents qu'on a pu avoir, notamment par rapport à ton petit ami, tu ne dois pas vraiment apprécier ma compagnie. Seulement, j'ai toujours pensé que tu étais quelqu'un de bien, et je trouve regrettable le fait que nous nous soyons connues dans de telles circonstances. » Je hochai légèrement ma tête comme pour approuver ce que je venais de dire, je soupirais ensuite, tout en la regardant de la façon la plus sincère qui soit. Mon regard se porta ensuite vers Elyes, je finis par lui tendre un autre apéritif qu'il aimera sûrement et qu'il n'avait pas encore goutté. « Je suis sûre que tu apprécieras tout particulièrement celui là Elyes. Il y a les ingrédients que tu préfères. »
Cette soirée devrait être baptisée soirée hypocrisie. Elyes finissait par se demander ce qu’il pouvait bien faire ici, en effet, aucun d’entre eux ne semblait ravi de se retrouver ici, surtout les deux jeunes femmes. S’il n’avait pas à jouer l’arbitre entre la brune et la blonde, nul doute qu’il aurait trouvé cela divertissant. Néanmoins, aucune de ces réflexions ne transparaissaient sur son visage qui demeuraient aussi agréable qu’à son arrive, si ce n’était plus. Sa petite-amie ouvrit instantanément les hostilités, il fallait dire qu’elle n’avait jamais apprécié la jeune femme et paraissait avoir du mal à dissimuler ce fait. Ou peut-être était-ce là son but, pousser celle qu’elle considérait comme son ennemie ou bien encore sa rivale à bout. Rivale qui s’en sortait d’ailleurs très bien songea Elyes. Il se retint de justesse d’esquisser un sourire. Décidément, Miss Sinclair était plein de surprise et maîtrisait son image aussi bien que lui. Un talent qu’il savait apprécier à sa juste valeur. S’il ne connaissait pas tous les rouages des faux-semblants aussi bien, sans doute se serait-il laissé avoir. « C’est gentil à toi mais je pense m’arrêter sinon je n’aurais plus suffisamment de place pour savourer le dîner que tu nous as préparé, que je devine sans aucun doute délicieux » dit-il avec la voix la plus douce, aimable, mielleuse et cie qu’il avait en réserve, sertie d’une moue désolée. Un oscar pour le mafieux. « Par contre, je ne dis pas non à une boisson » disant cela, il prit le cocktail prévu pour sa personne et le porta à sa bouche « succulent » reprit-il en hochant brièvement la tête. « Encore merci pour ton invitation » Autant se montrer agréable et tenter de rétablir une meilleure ambiance même s’il doutât que cela perdurât.
Cette garce était une hypocrite hors-pair. Elle tentait de jouer la fille qui voulait se faire apprécier, qu'on oublie les coups bas et que l'on recommence à zéro. Bah voyons. Je n'avais strictement aucune envie de me rapprocher d'elle, elle ne le méritait pas. C'était tant mieux pour elle si elle était guérie de son cancer, et là j'étais sincère, mais autrement, elle pouvait se la foutre où je le pensais, sa "réconciliation". Je souris très légèrement puis eus à un visage des plus neutres, lasse par toute sa fausseté. Même en privé, elle ne parvenait pas à être honnête. C'était triste, elle était victime d'elle-même, emprisonnée dans son hypocrisie. Cependant, au moment où je voulus ouvrir la bouche, la blonde profita du silence pour interagir avec mon petit-ami en lui conseillant certains apéritifs. Sérieusement ? Les ingrédients qu'il préfère en plus ? Elyes n'était pas là pour se goinfrer de sa nourriture ! Narcissa me tapait vraiment sur le système mais je tentais de contenir ma colère, inutile de s'énerver pour si peu. Elyes refusa poliment sa suggestion pour se servir d'un cocktail qu'il n'oublia pas de préciser à quel point il l'apprécia. Là, c'était Elyes qui commençait à m'énerver. Je roulais des yeux en secouant très doucement ma tête, contrariée. Et comme pour enfoncer le couteau dans la plaie, il remercia Narcissa pour son invitation. Cette fois-ci, je ne pouvais les laisser faire sans dire un mot. Excédée, je me levai. « Arrête de faire semblant Narcissa, on sait tous très bien que tu ne m'aimes pas et que l'on ne s'aimera probablement jamais. Et toi Elyes, ne copine pas avec la personne qui te traitais d'infidèle et de menteur alors que la menteuse c'est elle ! Arrêtez toute votre hypocrisie bon sang ! Vous essayez encore de me manipuler pour me faire croire qu'on peut bien rigoler ensemble ? N'importe quoi ! » J'avais parlé tellement vite qu'il était possible que mes interlocuteurs n'aient pas saisi l'ensemble de mes paroles. Le pire, c'était que je sentais que je parlais en tremblant. J'étais en colère mais en même temps intimidée, intimidée d'affronter les deux meilleurs hypocrites et manipulateurs que j'eus jamais connus...
Après avoir poliment invité Elyes à goûter à l'un des apéritifs, je ne fus pas vraiment surprise de le voir décliner mon offre. Je m'y attendais à vrai dire. Il était en présence de sa petite amie bien entendu, et bien que mes intentions aient l'air le moins du monde mauvaises, il allait sûrement devoir dire non face à sa dulcinée. Je pouvais parfaitement le comprendre, je me contentais donc de lui adresser un léger sourire tout en le regardant de la façon la plus sympathique qui soit. Je continuais donc de déguster à mon aise, l'apéritif que j'avais pris. Je buvais ensuite une petit gorgée de mon verre, lorsque je fus surprise par l'élan de colère qui venait d'envahir tout à coup la petite peste qui servait de petite amie au mafieux. Je soupirais. Décidément, elle était vraiment incapable de jouer à la comédie plus de cinq minutes. Mon verre toujours en main, je la regardais parler ou plutôt bredouiller, parce qu'il m'était franchement difficile de comprendre plus d'un d'un quart de ce qui venait de sortir de sa bouche. Elle semblait très révoltée. C'était donc à ce moment là qu'il fallait que je joue le jeu. Que je ne me laisse pas atteindre par son ridicule petit speech sur combien il est mal d'être hypocrite. Je finis par poser mon verre, semblant un peu chamboulée moi aussi. S'il fallait que je joue la comédie, autant le faire jusqu'au bout. Je posais donc mon verre sur la table et me levais à mon tour, histoire de la calmer un peu. « Je sais bien que ce que je dis ou ce que je vais dire ne te semblera pas sincère.. » Je baissais ensuite mon regard, ayant l'air vraiment triste. « mais comme tu le sais, j'ai traversé une période vraiment difficile à cause de mon cancer. D'ailleurs pour tout te dire, je ne suis pas complètement rétablie. J'ai juste pris conscience que la haine ne servait à rien. Alors lorsque je dis vouloir faire la paix avec toi.. enfin vous. » Je porte ensuite mon regard vers Elyes, semblant toujours aussi honnête. « Eh bien je le pense. J'ai juste envie qu'on enterre la hache de guerre. Je regrette mon comportement concernant Elyes. Je ne m'en excuserai jamais assez. » Je fixais ensuite la petite peste du regard, paraissant très convaincante. J'avais déjà eu à faire à ce genre de situation, ce n'était donc pas la première fois pour moi. C'était même devenu une tâche répétitive pour moi de dire le contraire de ce que je pensais réellement.
Malgré lui, Elyes avait fait le compte de la durée pendant laquelle Julie jouerait le jeu des faux-semblants. Son honnêteté c’était une chose qu’il appréciait chez elle, lorsque quelque chose ne lui plaisait pas, elle avait tendance de le dire de la manière dont elle le pensait. Chose qu’il risquait fort bien de causer sa perte dans les années à venir. La société était hypocrite et pour s’en sortir, éviter de se faire bouffer, l’on devait savoir pratiquer la tromperie, Miss Evans ne semblait pas prête à le faire apparemment. Sa franchise était d’autant plus dangereuse qu’elle avait face à elle Narcissa, reine de l’hypocrisie, qui faisait sans mal concurrence à son homologue masculin, Elyes. Cette dernière savait comment sortir victime des situations difficiles qu’elle avait elle-même créé, avec brio ! Et il suffisait de voir la scène qu’elle leur jouait présentement pour s’en rendre compte, enfin ceux qui ne la connaissaient pas, ignorant tout de ses faussetés, y auraient sûrement cru, l’auraient pris en pitié et retournés leur colère contre la brune. Elyes, las et désireux de prendre le parti de sa petite-amie, poussa un soupir portant son verre à sa bouche, légèrement songeur. « Sinclair pas à moi, on pratique cette discipline depuis longtemps, je connais les rouages autant que toi » et un sourire narquois apparut sur son visage. Ils n’auraient franchement dû venir ici, il avait autre chose à foutre que se coltiner les artifices de miss Sinclair et d’arbitrer leur dispute à laquelle il ne comprenait pas tout. « Tu nous as invités simplement pour faire ton cinéma ? Parce qu’à ce compte-là on aurait pu s’arrêter au stade invitation ou bien aller dans un endroit public où tes talents auraient été grandement appréciés » Il but une nouvelle gorgée de son cocktail, son sourire ayant momentanément disparu.
Les choses sérieuses commençaient enfin. Mademoiselle Sinclair continuait d'user de ses talents de comédienne pour se victimiser once again et s'attirer nos faveurs. Evidemment, elle était totalement crédible, si je ne connaissais pas Narcissa, je l'aurais peut-être cru, j'étais naïve d’ordinaire, mais lorsqu'il s'agissait de la blonde hypocrite, il était devenue plus facile pour moi de ne pas tomber dans le piège. Je soupirai lorsqu'elle avoua vouloir faire la paix etc. Heureusement, Elyes décida d'intervenir. Il lui fit comprendre qu'il avait lu clair dans son jeu et qu'elle tentait de nous manipuler. Il désirait comprendre la raison qui l'avait motivée à nous convier chez elle. J'affichais un visage neutre mais au fond de moi tantôt je bouillonnais d'une colère contenue depuis des mois, tantôt j'étais ravie que quelqu'un pu enfin "remettre en place" la blonde. Bon, Elyes ne l'avait pas véritablement remise à sa place, mais pour moi c'était tout comme. Je croisai les bras, toujours debout. « Il est beaucoup trop tard pour que l'on puisse repartir à zéro Narcissa. Donc, inutile de perdre ton temps à jouer les victimes, sois sincère pour une fois. » C'était vrai. Jamais je ne pourrai me rabibocher avec elle, c'était juste inconcevable... Autant qu'elle aille droit au but, qu'elle agisse avec honnêteté avec nous. Mais, en était-elle capable ?
Ma petite comédie ne marchait visiblement pas avec ces deux là. Bien sûr à cause d'Elyes, étant lui même un hypocrite hors pair, il allait forcément s'en rendre compte. Seulement je comptais sur sa discrétion, son soutien en quelque sorte. Ou juste qu'il puisse la fermer deux minutes pour me laisser convaincre la gamine "future star d'hollywood". Il me fit donc bien comprendre qu'il ne comptait pas du tout marcher et croire à toute cette mascarade. Me demandant la raison de cette invitation. Je me demandais moi-même pourquoi est ce que je les avais invité. Je m'ennuyais et puis je me disais que ça serait peut être bien de me divertir un peu en essayant de rallier ce couple à ma cause. Julie se devait d'intervenir, bien sûr. Elle me demandait d'être sincère. Je soupirais. Comment peuvent-ils savoir quand je serais sincère et quand je ne le serais pas? Je finis par m'asseoir, me sentant légèrement fatiguée. Je baissais un instant ma tête tout en la tenant. Je commençais ensuite à pleurer. Me sentant extrêmement blessée par leur réaction. Ils venaient tous les deux de m'attaquer, je me sentais si.. seule. Keith n'était pas là pour me défendre, personne n'était là. Je séchais ensuite un peu mes larmes, les regardant tous les deux. « Pourquoi ne pourriez vous pas simplement me croire? Je ne demande qu'à repartir sur de bonnes railles. Je ne joue pas à la victime, j'ai vraiment été malade. » Je finis par ressaisir ensuite. Me levant du sofa, et arrangeant ma tenue par réflexe, je gardais ensuite la tête haute, séchant toujours un peu mes larmes, pour être sûre de ne pas faire déborder mon mascara. Je soupirais, un des domestiques venait de me prévenir que le dîner était prêt. « Tout serait plus simple si on pouvait oublier notre passé. Je suis vraiment honnête lorsque je dis ce genre de choses. »
Où nombreux se seraient jetés près de la jeune femme afin de la réconforter, Elyes, demeura là, immobile, à l’observer. Las. Las de tant de comédie. Il avait nettement mieux à faire, comme par exemple passer la soirée à se bécoter avec sa petite-amie ou bien encore à prendre soin de sa Jade dont la santé le rendait soucieux. Au lieu de quoi, il se devait de se coltiner Miss Sinclair et simagrées. Autant dire, qu’il manquait cruellement de patience et puisque les masques étaient tombés, il ne voyait aucune raison pour laquelle elle ferait semblant de s’inquiéter de la blonde. Certes, appréciait-il ses talents de comédiennes, sa manière de s’en sortir avec brio dans les situations les plus désespérées mais il se fichait pas mal de ce qui pouvait lui arriver, surtout lorsqu’elle avait l’audace de lui faire perdre son temps de la sorte. Il poussa un long soupir, soulignant ainsi son état blasé. « Sinclair, tu es bien placé pour savoir que le temps est précieux alors je t’en prie ne me le fais pas perdre aussi inutilement » Il prit une expression à la froide et accablée. Rien ne transparaissait dans le regard qu’il plongea de celui de son interlocutrice, indifférent au possible. « Tu ne doutes pas que j’ai des choses plus intéressantes à faire qu’assister à ta démonstration, d’actrice, ma foi très réussie » ajouta-t-il froidement, ne lâchant pas ses prunelles. « Donc si c’est tout, je m’en vais prendre congé et m’en retourner auprès de ma fille » Il se tourna ensuite vers Julies, une expression plus douce sur le visage.
Ca y est. Elle était parvenue à me perturber. Pendant quelques secondes, je me mis à réfléchir, tentant de comprendre si oui ou non elle était enfin sincère. S'il n'était pas question de Narcissa, j'aurais sans doute cru cette personne pleurant et essayant de renouer les liens sauf que justement, là, j'avais face à moi, la blonde la plus détestable de SF. Rien que ça. Enfin, c'était mon point de vue. J'avais alors froncé les sourcils sans la quitter du regard une seconde. Je restais immobile, attendant qu'elle se trahisse toute seule. Or, elle ne fit rien. C'est alors qu'Elyes intervint pour annoncer son départ. Il avait raison, en fait, nous avions bien mieux à faire que d'assister à ce dîner cependant, j'avais envie d'en apprendre plus sur Narcissa et c'était chose faite. En effet, Elyes souligna lui-même la belle prestation de la blonde pour faire comme si elle était vraiment triste que nous ne l'aimions pas. Et si lui l'avait remarqué, c'était qu'il s'agissait bien de la vérité. Puis, de toute façon, je ne parviendrais pas à pardonner Narcissa aussi simplement et rapidement. Ce dîner n'était absolument pas dans ce but. Hochant la tête en signe d'approbation, je regardais Elyes pour prendre mes affaires et rentrer avec lui. Cela aurait plus être drôle de rester un peu plus mais bon, non, Elyes ne voulait pas rester et je n'avais par conséquent aucune envie de rester toute seule avec la blonde. Je me rapprochais de mon petit-ami, regardant Narcy d'un air grave et sérieux. « Merci pour ce repas et pour tous tes efforts pour que l'on puisse se réconcilier. Mais, non, on s'en passera bien. » Je jetai un oeil vers Elyes pour lui indiquer que nous pouvions partir et nous prîmes congé.
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