William était venu me chercher à l'aéroport, mais je n'avais pas voulu parler d'Imogen directement. Etant donné je ne le verrai pas demain ; je ne voulais quand même pas perdre de temps avec cette histoire, le temps était compté pour mon amie.

« Oui Ruslana, je t'écoute. De quoi voulais tu parler? »

Et comment j'allais dire ça moi ? Salut, il faudrait que tu tues quelqu'un pour sauver une de mes amies... Bien que je savais que ce n'était pas le fait de tuer quelqu'un qui allait déranger William, pour ce que je savais de mon petit-ami. Je ferme les yeux et inspire. « Je me demandais si... tu pourrais me rendre un service. C'est assez difficile à expliquer... »

L'intonation de sa voix tout comme sa question elle-même me firent hausser un sourcil. Un service. C'était la première fois qu'elle se tournait vers moi d'elle-même pour demander quelque chose.« Quel genre de service? »

Je passe une main sur mon front, ça ne sert à rien de tourner autour du pot. Autant y aller cash. « On va pas se mentir, on sait tous les deux pourquoi on est ensemble et ce que tu fais. » Je laisse un petit silence. « Ce genre de service... »

Je l'écoute attentivement, ses mots me faisant sourire, puis finalement rejeter la tête en arrière dans un petit rire amusé. « Vraiment? Quelqu'un te persécute et tu veux que je me salisse les mains pour toi? »

Je me retiens de sourire, parce la vérité de la situation ne devrait pas le permettre, même si sa façon de voir les choses me donne vraiment envie de sourire. « Arrête. Tu préfères que je le fasse moi même ? Je voudrais pas te gâcher ton plaisir...» je réponds ironiquement.

« Je ne voudrais pas que tu aies ça sur la conscience, en effet. Quel est son nom? »

Je me mords la lèvre. « En fait... c'est plus compliqué que ça... J'ai besoin que quelqu'un meurt. Pour sauver quelqu'un. » Si on m'avait dit un jour que j'aurais ce genre de conversation...

Je me retins de soupirer d'impatience. Comment ça, "besoin que quelqu'un meurt pour sauver quelqu'un d'autre"? Ca ne changeait pas le fait que j'avais besoin de connaître l'identité de la personne pour qui le glas allait sonner dans le cas où Ruslana parvenait à me convaincre. Elle m'aurait dit que c'était pour elle, je n'aurais pas hésité à lui rendre ce service, mais apparemment, il s'agissait de quelqu'un d'autre. Pourquoi aiderais-je un inconnu? « Écoute, je ne suis pas vraiment d'humeur a devoir deviner ce que tu attends de moi, alors commence par m'expliquer la situation dans son entier, s'il te plaît, et je verrais ce que je peux faire en fonction de ça. »

« Une amie à moi a besoin d'une transplantation de coeur, vite. Très vite. Alors j'ai pensé que si tu t'en occupais ça irait plus vite. Je sais pas si c'est possible. Mais c'est la seule solution, je crois. J'ai... besoin que tu m'aides... » Je ferme les yeux.

Silence. « Ça impliquerait que je doive trouver une personne compatible, en bonne santé, pas trop loin d'ici, qui aurait quelque chose a se reprocher de suffisamment grave afin que ça justifie le fait que je la tue. Il y a des gens qui attendent parfois plusieurs années sans avoir droit à un implant, et une partie d'entre eux meurent avant même qu'on leur en trouve, alors qu'est-ce qui justifierait le fait que je fasse passer ton amie avant tout ces gens? »

« Parce que c'est mon amie ? Et qu'on sort ensemble ? C'est pas comme ça que ça devrait marcher ? Je sais pas mais... Et merde, c'est la première fois que je te demande un truc...» Je respire doucement. « S'il te plait. Je vais pas te supplier ? Tu veux quoi en échange ? » Je commence a jouer avec mes cheveux inconsciemment.

« Ça ne change pas le fait que tu me demandes de mettre fin à la vie d'une personne... qui a sans doute aussi des amis, peut-être même de la famille. Des gens qui l'aiment et à qui elle manquera. » Je m'arrêtais un instant et fixais une photo encadrée sur le mur face à moi en réfléchissant. « Dans le fond... avoir ce genre de mentalité ne te fait faire qu'un pas de plus vers moi. C'est un acte égoïste, quelles que soient les excuses que tu puisses vouloir te trouver pour avoir la conscience tranquille. Est-ce que c'est vraiment ce que tu veux? »

« Dis moi, tu fais autant de cas le reste du temps ? Ou c'est juste là, parce que c'est moi qui te le demande ?» Silence. « Tu me parles de conscience, vraiment ? Tu crois que j'ai la conscience tranquille ? Alors qu'on sort ensemble parce que c'est la seule façon pour moi de pas être morte cet autre soir ? Alors que je sais que tu tues de sang froid et que je dis rien ? Alors que je suis dealeuse ? Arrête. C'est ce que je veux. Je m'occuperai de ma conscience une autre fois. » Je reconnais que je m'emportais un peu.

Je lui répondis par un bref silence « I do care about your sanity, Ruslana! Il ne s'agit pas de vendre de la drogue à tes clients qui risquent peut-être l'overdose, mais d'un meurtre volontaire et conscient. Tu n'es pas comme moi! Ne me donnes pas la raison qu'il me manquait le mois dernier pour te... » mes paupières se fermèrent un instant et je soupirais en appuyant mon front contre une main. Si je ne le faisais pas moi, est-ce qu'elle tenterait de s'en occuper elle-même? Elle avait dû apprendre que la vie était facile a subtiliser, à force d'être a mon contact. « J'ai besoin... des informations génétiques de ton amie pour lancer mes recherches. Quel est son nom? » Quelque part au fond de moi, je ne voulais simplement pas prendre le risque de laisser la jeune femme se salir les mains et devenir dieu sait quoi après cet acte. "Prendre le risque"... de quel risque parlait-on? Je voulais juste son bien, protéger le minimum d'insouciance que je pouvais chez elle, même si venant de moi, c'était plutôt ironique d'avoir un tel désir.

Je soupire« S'il te plait, me fais pas croire ça. Tu t'en fous, de moi. Mais c'est pas ça le problème. Je te demande juste ça, juste une fois. Juste un service. » Je me lève et fais les cent pas. « Imogen Ginstorm... Non attends, Washington, elle s'est mariée il y a pas longtemps. »

Une légère surprise traversa mon visage « Oh! Attends. » J'ignorais donc sa première réponse, cela m'arrangeait de parler d'autre chose, de toute manière. Après avoir appuyé sur le bouton du haut-parleur, je me levais de mon bureau pour aller fouiller dans un classeur rangé sur une étagère de ma chambre. « Je la connais, c'est moi qui lui ai diagnostiqué le temps qu'il lui restait a vivre. Elle a de la chance de t'avoir comme amie... elle n'était inscrite sur aucune liste d'attente. » Je commençais à chercher le profil de M. Washington dans toutes les copies de dossier que je gardais au sujet de mes patients. C'était censé être interdit d'avoir ça à la maison? Oh, moi et les interdits, vous savez... « Hm... »

« Hm... Donc, tu vas pouvoir faire quelque chose pour elle ? » Je me rongeais inconsciemment un ongle.

« Si tu ne crois pas en Dieu, c'est le moment pour toi de t'y mettre. Je vais faire au plus vite pour trouver un donneur... mais les médicaments qu'elle prend déjà risquent d'être un problème... je ne suis pas magicien, je pense qu'il y a une chance sur deux ou trois pour qu'elle s'en sorte au bout du compte. »

« J'y connais rien à tous ces trucs. Mais je te fais confiance. » Silence. « Merci…»

« À ton service. » un temps « Je te préviendrais quand j'aurais trouvé quelqu'un... amuse toi bien avec tes amis d'ici là. »

Je hoche la tête positivement, rassurée en quelque sorte. « D'accord ça me va. » Je hausse un sourcil. « De qui tu parles ? Il y a un problème ? »

« Je te souhaite simplement une bonne journée. »

Je réfléchis rapidement, demain je dois voir Pacey. William avait du le voir su facebook. Je ferme les yeux. Merde, j'avais pas pensé à ça. « Ok je vois… On doit aussi être jaloux maintenant ? » Vu que tout ça n'est qu'une comédie depuis le début, je ne sais pas comment prendre ça.