Domenico & Julie

Quelle soirée ! C'était extraordinaire d'avoir tout le monde réuni ici, dans leur appart, pour célébrer l'anniversaire de Domenico. Le garçon venait tout juste de souffler sur sa 22è bougie et entamer une nouvelle année entouré de ses meilleurs amis, qui étaient pour la plupart ceux de Julie aussi. Alors, cette dernière eut l'idée de les rassembler autour d'une fête surprise pour surprendre l'étudiant dès qu'il rentrerait chez lui après être passé sous ordre de Julie, lui apporter deux trois aliments pour la maison, histoire de faire diversion. Pendant ce temps, ils avaient tous pu préparer leur coup. LE salon était couvert de confettis et de ballons. Le buffet avait été mis en place, le gâteau parsemé de bons fruits était orné de bougies et bien évidemment, tout le monde s'était caché avec brio. La surprise de Dom ne passa pas inaperçu. Il était plus que ravi et surtout étonné que tout le monde ait pu se débrouiller pour lui concocter une fête d'anniversaire. Bref, il était tout bonnement sous le charme. La soirée s'était donc bien déroulée, aucune maladresse, pas de comportements troublants - sous l'effet de l'alcool-, et aucune dispute. Tout s'était passé à merveille. Aux alentours de 00h, l'appartement se vidait à mesure que la fatigue gagnait peu à peu les étudiants qui avaient cours le lendemain. D'ailleurs, Julie aussi. Elle commençait à bayer de temps en temps toutefois, elle était encore assez en forme pour nettoyer le salon très encombré. Julie remercia un à un chaque invité, et rejoignit par la suite Domenico qui était en train de débarrasser la table basse des verres et autres couverts. Il semblait aussi un peu épuisé. Cependant, de la joie se lisait sur son visage, bien marqué par ses entrainements de sport. En effet, le garçon avait rejoint l'équipe de football de l'université, et il y cartonnait. Son visage n'était pas du tout amoché, il paraissait juste plus fatigué. Julie avait eu l'occasion de l'assister jouer et avait pu constater qu'il était un excellent joueur. Digne d'un professionnel. Elle était heureuse de voir son ami comblé par ce sport qui lui allait à ravir, malgré les risques de blessures ou les douleurs et fatigue intenses. La jeune femme tenait à ce qu'il ait vraiment un bel anniversaire. Il le méritait. Il était à ses yeux, un être très cher, méritant, courageux et très prometteur. Son cadeaux était de lui rappeler qu'elle était là et qu'elle serait toujours là pour lui. Surtout parce qu'elle savait que le malheureux jeune homme vivait bien loin de ses parents, sa famille. Ce qui devait être difficile à vivre, lors de son propre anniversaire. « T'as bien été gâté ce soir. Ils ont tous été d'une âme généreuse cette nuit, pour les cadeaux mais aussi pour leur présence. Certains ont cours ou doivent travailler et ils vont bien devoir galérer ! Mais moi aussi en fait. Toi aussi ? » Elle aida Domenico à prendre les assiettes qui restaient sur la table. Ils se dirigèrent vers la cuisine pour tout poser. Le cadeau de Jules était une grande peluche, un ours, pour le côté tendre et câlin de Dom, que seul peu de personnes doivent connaitre et pour l'amusement et deux places pour le concert de Coldplay. C'était un petit clin d'oeil pour raviver le souvenir de leur rencontre qui remonte à un bon bout de temps. « J'espère que mes cadeaux t'ont plus en tout cas. » Elle l'espérait de tout coeur même, parce qu'elle pensait que ce n'était pas beaucoup, qu'elle aurait pu faire mieux... Elle voulait lui faire comprendre ce que leur amitié symbolisait et l'importance qu'elle avait aux yeux de Julie.

She threw me a birthday

22 ans, un âge encore plein de promesses et de possibilités. J'avais définitivement passé la majorité et je marchais vers le monde adulte d'un pas ferme. Je ne me sentais pas plus vieux. En fait, j'avais presque oublié mon anniversaire. Avec les examens finaux, la fin de saison de football et mon boulot, c'était bien la dernière chose que j'avais en tête. De toute façon, ce n'était pas le genre de détails auquel je portais attention. L'an dernier, j'avais attendu patiemment d'avoir 21 ans pour sortir et boire en toute légalité, mais après, j'avais perdu le compte. Je considérais que cela n'avait plus d'importance maintenant que j'étais majeur aux yeux de la loi. De toute façon, on n'avait jamais vraiment souligné mon anniversaire en dehors des soupers en famille avec Grace et George. Je ne m'en serais probablement pas rappelé si ma mère ne me l'avait pas mentionné au téléphone il y a quelques jours de cela. J'imagine que cette conversation n'avait pas passé inaperçue puisqu'on m'avait organisé une fête surprise. Qui l'eut crû? Julie était l'investigatrice de tout ce charivari. Je n'aurais jamais pensé qu'elle aurait fait tout ça. Je devais dire qu'elle m'avait bien eu. Alors que j'étais à l'extérieur de l'appartement, elle m'avait envoyé quelques aliments pour le souper de ce soir. Ne soupçonnant aucune fête, j'y étais allé sans me poser trop de questions. Il était vrai qu'elle m'avait semblée un peu moins disponible et beaucoup occupée ces derniers jours. Je l'avais mis sur le compte de son nouveau projet de film qui semblait l'emballer sans chercher à aller voir plus loin. Et pourtant...

Alors, revenant de mes courses, je fus stupéfait par une pluie de confettis, un «Bonne fête» plus ou moins scandé à l'unisson et ces énormes ballons. Sur le coup, je figeais sur place avec un énorme sourire caché par l'une de mes mains. Je pensais avoir une soirée tranquille à l'appartement pour relaxer vu mon horaire qui malmenait mon corps. Toutefois, je fus ravis de voir mes proches amis, et d'un peu moins s'être réuni pour venir célébrer mon anniversaire. À vrai dire, je ne penserais jamais qu'autant de personnes se seraient déplacés. Je fus touché. D'ailleurs, je découvris que mon entourage débordait de générosité. J'étais quelqu'un qui se contentait de peu pour être heureux et leur présence était déjà mon plus beau cadeau. Néanmoins, les invités en profitèrent quand même pour me donner de forts beaux présents. Je n'en aurais jamais demandé autant. Je me sentais pratiquement mal de tout cela. Toutefois, on me fit comprendre rapidement que j'avais mieux à me taire et accepter. Pour une fois, je n'en fis pas à ma tête et acceptai. Ce fut le moment que je commençais réellement à m'amuser. Pendant toute la soirée, je passais de personne à personne pour engager la conversation, commencer une partie de pool ou danser. Entre deux discussions, je pris quelques verres par-ci par-là. Quand les invités commencèrent à quitter vers minuit, je constatais que j'étais peut-être un peu plus pompette que je l'avais soupçonné. La fatigue, se faisant ressentir, n'aidait en rien à mon état. Heureusement, j'étais encore capable de me tenir sur mes deux jambes.

Vint ensuite la partie la moins agréable: le ménage. Julie avait insisté pour que je reste assis à ne rien faire, mais j'avais insisté, car j'aimais me rendre utile et c'était la moindre des choses après qu'elle m'ait organisé un party aussi agréable. Alors que nous débarrassions les dernières assiettes de la table à buffet, Julie me fit réaliser à quel point nous avions passé une belle soirée, une soirée dont j'avais été le roi - un rôle que je prenais rarement. De ce fait, elle me rappela que j'avais cours. Je soupirai en déposant les assiettes en plastique dans la poubelle.

- Je crois que je vais sécher mon seul cours de la journée, déclarai-je sur un ton décidé. Je peux me le permettre, il n'est pas si important. Après une soirée comme celle-là, je pense que je vais m'accorder un petit répit.

Je lui souris de biais. Je jetai un regard autour du vaste appartement en constatant que nous avions enfin terminé. Lou-Ann et Lucan étaient déjà allés se coucher, eux aussi exténué par la soirée et le ménage qui avait suivi. M'extirpant dans ma contemplation, Julie lança, comme ça, qu'elle espérait que j'avais apprécié ses présents. Je me retournai alors directement vers elle avec un sourire plus large. Sa peluche m'avait fait bien rigolé. Au début, je croyais qu'elle plaisantait, mais avec la justification de ce cadeau, j'ai trouvé ça émouvant. À travers ce cadeau, je voyais la perception que les autres avaient de moi et en un certain sens, cela me touchait. J'aimais bien les cadeaux symboliques. Celui-ci en faisant partie. Et que dire de la paire de billet pour le spectacle de Coldplay, un clin d'oeil à notre rencontre. Je lui avais déjà signifié que j'y retournais avec elle, c'était obligé. Ainsi, à sa phrase, je m'approchais d'elle et l'entourai de mes bras massifs en la serrant fort contre moi.

- Comment ne pourrais-je pas aimer les petites attentions que tu m'as offertes? soufflai-je dans sa chevelure.

Je me reculai, la contemplant un instant. Je perdis l'équilibre quelques peu, mais le retrouvant rapidement.

- Désolé, je crois que j'ai un peu trop bu, hoquetai-je.

Je plissai légèrement les yeux, une pensée me traversant.

- J'y pense. J'ai passé la soirée à discuter avec tout le monde et on s'est à peine croisé. Voudrais-tu accordé une danse au fêté?

Domenico & Julie

Ils étaient jeunes. Ils avaient toute leur vie devant eux. Encore bien des choses à découvrir, à expérimenter à ressentir, à vivre... Ils étaient désormais des adultes, ou devaient l'apprendre à l'être, ce qui n'est pas facile, mais ils avaient déjà bien grandi. Et ça allait continuer jusqu'à qu'ils ne fassent plus partis de ce monde. C'est pourquoi, tout instant était précieux. Tout était bon à prendre et rien ne devait être regretté. Une nouvelle année était passée pour Domenico. Et en ce début de sa 22è année, tous ses amis avaient en tête de marquer le coup. Principalement Julie. Cette dernière tenait énormément au jeune garçon. Elle espérait qu'avec cette soirée, il allait réaliser qu'il avait encore toute sa vie pour accomplir tant ses rêves que ses simples envies. Tout était encore à jouer. Elle croyait en lui, et savait pertinemment qu'il allait faire de belles choses dans sa vie. A ce sujet, elle lui faisait confiance, elle le laissait faire, et ce n'était pas ce qui l'inquiétait. Bien que sa 21è fut quelque peu tourmentée à quelques reprises, il devait songer au meilleur. C'est ce qu'elle voulait évoquer avec lui pour conclure sur l'année qui précédait. Cependant, Julie ne pu immédiatement lui faire part de cette idée. D'abord, il lui avoua qu'il allait sans doute sécher sa journée de demain tant il était fatigué. Julie hocha la tête, il avait absolument raison. Elle allait peut-être faire la même chose, tiens. Ainsi, l'après-midi elle rattraperait ses cours manqués plus tôt. La semaine dernière elle était en vacances, elle pu alors revoir ses cours et travailler, même si à vrai dire, elle fut davantage préoccupée par d'autres choses, telles que le film dans lequel elle allait pouvoir interpréter le personnage principal. C'était totalement dingue, inconcevable, et pourtant, bien réel. Elle avait la veille signé les derniers contrats. Là voilà embarquée dans une toute nouvelle aventure. Et bien sûr, elle ne comptait pas abandonner les études pour autant car la discussion qu'elle avait eu avec Domenico quelques jours plus tôt revenaient toujours dans son esprit. Elle lui avait en quelque sorte promis de ne pas lâcher les études. Alors, elle allait tenir ses paroles. Et puis, il ne restait plus que deux petits mois. Après ça, elle verrait si elle poursuivra l'université ou non, toutefois, elle pense s'arrêter à deux ans. C'était déjà pas si mal. Bref, par la suite, Julie voulut connaitre si ses cadeaux lui avaient plu ou non. Il admit qu'il avait appréciait tout en précisant que c'est elle qui l'accompagnerait au concert, à son plus grand bonheur. « Waouh, tu me gâtes à ton tour là ! Merci, ça va être génial ! » Et là, il s'approcha de la demoiselle pour la serrer fort contre lui. Julie ignorait comment il fallait qu'elle réagisse, bien qu'elle se sentit bien dans les bras musclés de son ami, car il ajouta en reculant, qu'il était saoul. Elle sourit alors, mais d'un sourire plutôt gêné. Elle n'avait pas trop bu cette nuit-là. Ou du moins, pas assez pour être bourrée. Elle avait donc sa tête bien en place et comprenait qu'elle devait ne pas prendre au sérieux les dires et actes de Domenico, au risque de le regretter par exemple... Puis il désirait danser avec Julie. Et là, à nouveau, ne sachant comment réagir et interpréter cette envie très intéressante, elle sourit légèrement. « Ouais bien sûr, c'est ta fête, je te dois bien encore un cadeau supplémentaire. » Et puis, alcoolisé ou non, Domenico restait lui-même. Il savait ce qu'il faisait, elle lui accorda sa confiance. Julie s'approcha donc de lui et se mit à danser autour de lui. Elle qui adorait ça, d'où sa pratique régulière de la danse, s'amusait à épater le jeune homme qui ne semblait pas mauvais du tout. Quelques fois, Julie fut très très près du visage de Dom, puis se retourna pour danser d'une manière un petit peu hot, sans aucune vulgarité ou d'ambiguïté. Ils profitèrent juste de ce nouveau moment à deux. Dom la prit par sa main pour la faire tourner comme s'ils dansaient une valse, ce qu'ils s'empressèrent de faire aussitôt. Ils changèrent de style de danse très rapidement et c'est ce qui était drôle. Ils rirent tout les deux, tentant de se retenir, tels des enfants, pour ne pas réveiller leurs colocataires. Encore une fois, ils devaient être silencieux. La nuit semblait à chaque fois les rapprocher. « Faut faire moins fort là, sinon Lou-Ann et Lucan vont nous tuer. » Toutefois, cette nuit-là, ils seraient chanceux, puisque trop fatigués, les deux résidents de l'appart dormaient à poings fermés.

She threw me a birthday

Honnêtement, je ne lâchais pas mon fou très souvent. Parce que j'étais très exigeant envers moi-même, ma vie laissait peu de places à l'amusement et au défoulement. J'étais un jeune homme très discipliné pour mon âge - j'en étais conscient. Grace aimait m'inciter à sortir, à m'amuser beaucoup plus, car elle sait que je n'en aurais plus l'occasion d'ici quelques années lorsque j'aurais un emploi stable et une famille. En plus, au nombre impressionnant de parents absents qu'il y a aux État-Unis parce qu'ils n'ont pas assez vécu leur jeunesse, elle voulait éviter que je fasse partie des statistiques. Je la comprenais, mais j'arrivais difficilement à vouloir me faire plaisir par moi-même. Mon sens des responsabilités très fort en moi y était pour beaucoup. Heureusement, j'avais des personnes comme Julie pour penser à moi et m'amener à passer de belles soirées comme celle-là. Bien que je savais que les prochaines semaines seraient rudes, en fêtant mon anniversaire, j'avais senti le poids qui pesait sur mes épaules se retirer pour, du moins, l'instant de cette soirée. Ce ne fut qu'en y repensant que je réalisais que je subissais beaucoup de stress, du stress que je me mettais moi-même sur les épaules. Alors, de prendre le temps de savourer ce moment partagé entre amis me fit l'effet d'une journée dans le spa ou d'une douzaine tasses de tisane bues l'une après l'autre. J'imaginais que Julie, comme tous les autres, ignoraient à quel point j'étais reconnaissant, car autant cette soirée m'avait été bénéfique, autant je ne serais jamais capable d'exiger à quelqu'un qu'il reproduise un tel évènement pour moi. Je détestais demander quelque chose à quelqu'un. J'aimais mieux donner que recevoir. Et quand je recevais, j'avais énormément de difficulté à l'accepter. Alors, je pouvais me compter chanceux de tout ça, car cela ne se reproduirait pas avant longtemps.

Enfin bref, j'en avais profité. Et par profité, j'entends que j'avais un peu picolé. N'était-ce pas mon anniversaire après tout? Je crois qu'il était légitime de repousser un peu les limites au moins à ce moment précis de l'année. De toute manière, j'avais été raisonnable: je ne serais pas malade comme un chien demain matin. Ainsi, comme j'avais de l'alcool dans le sang, j'avais deux réactions possibles: j'étais agressif ou à l'inverse, j'étais affectif. Sur un coup de tête, j'avais proposé à Julie de danser avec moi. Cela n'avait peut-être plus aucun but maintenant que la fête avait pris fin, mais sur le moment, j'en avais vraiment envie. Comme je le soupçonnais, elle accepta en déclarant que c'était un cadeau supplémentaire. J'eus un sourire satisfait et me dirigeai vers la radio que j'allumai en ajustant le volume à faible intensité. Après tout, je ne voulais pas réveiller nos colocataires qui étaient crevé autant que nous. Au début, on était à côté l'un de l'autre et on dansait sur du house. S'il y aurait eu des observateurs, ils auraient probablement trouvé la scène étrange. Si j'avais été totalement sobre, sûrement que j'aurais pensé la même chose. Néanmoins, là, tout me semblait naturel et on s'amusait bien. Julie passa quelques fois proches de mon visage et je me surprenais à désirer qu'elle approche un peu plus bien que je n'en fis rien sur le coup. Ensuite, elle vint s'approcher plus proche de moi pour danser ensemble, comme dans un club. Avec moins d'inhibition, j'en fis tout autant sans penser si ce serait bien d'agir de cette façon ou pas. Des minutes plus tard, je décidais de changer de poste de radio pour un style de musique plus calme et lent. J'allais la rejoindre et la fis tourner sur elle-même. Le changement de style provoqua nos rires, mais je la tirai vers moi-même tout de même pour engager un slow. Julie me fit remarquer qu'on avait intérêt à être moins bruyants pour nos colocataires. J'abondais dans son sens et la serrai contre moi.

- On n'est pas si bruyant que ça, soufflai-je dans son oreille, et puis merde! C'est ma fête. Je fais ce que je veux!

Nous tournâmes longuement, ses bras entourant ma nuque et mes bras entourant ses hanches. Je fermai les yeux et me laissai bercer par nos pas. Même si l'alcool me poussait à me coller davantage aux autres, je me surpris à me sentir très à l'aise avec Julie dans mes bras. C'était un sentiment nouveau qui ne m'avait jamais frappé jusqu'ici. J'ignorais si c'était à cause de cette journée ou de ces dernières semaines que je me sentais plus proche de Julie, mais quoiqu'il en soit, j'aimais cela. Juste quand cette réflexion me vint en tête, j'entendis les premiers accords de la succès My Heart Will Go On. J'eus un sourire un peu niais, à l'abris du regard de Julie, quand je m'en rendis compte. Avec le centième anniversaire du naufrage du Titanic, on entendait cette chanson dans tous les postes de radio. Normalement, j'aurais trouvé cela trop cliché et j'aurais éteint la radio en riant. Toutefois, peut-être à cause de l'alcool, mais aussi à cause de mon bien-être, je restais avec Julie, la faisant bercer. Au milieu de la chanson, je desserrai mon emprise sur elle, pour lui faire face. Je ne dis pas un mot et la contemplai longuement pendant que la chanson jouait toujours. Nous ne bougeâmes pas du tout. Elle n'osa rien faire devinai-je. Je pouvais l'examiner parfaitement même dans la noirceur de l'appartement grâce aux rayons de la lune qui nous éclairaient par la baie vitrée. Puis, alors que Céline Dion entamait les deux dernières minutes de cette chanson, une idée folle me traversa l'esprit. Je m'approchai d'elle rapidement, lui saisis le visage et l'embrassai. Je la sentis d'abord surprise - et probablement avait-elle gardé les yeux ouvert quelques secondes, mais elle se détendit passablement après.

Domenico & Julie

Cette fête surprise préparée en seulement 2 jours avait été une réussite. Tant pour celui qui fêta ses 22 ans que pour les invités. Tout le monde apprécia l'ambiance, la nourriture, les boissons... Et puis, surtout, l'after entre Domenico et Julie était encore plus intéressant. Alors que la majorité des invités étaient rentrés chez eux, exténués ou juste un petit peu fatigués, pour rejoindre leur lit, les deux amis profitèrent de toutes leurs heures éveillées pour accomplir ce qu'ils ne pouvaient peut-être pas faire le jour. Danser au beau milieu de la nuit sur des genres bien différents, c'est vrai qu'il y avait de quoi semer le trouble dans leur esprit. Et pourtant, ils continuaient à pouffer de rire, à danser et à se regarder, à attendre que le temps passe... Julie se sentait merveilleusement bien dans l'étreinte de Dom. Il était rassurant, protecteur et affectueux à ce moment-là. Elle soupçonna que c'était sous l'effet de l'alcool, car Dom ne se montrait que rarement ainsi. Et honnêtement, elle était heureuse de le voir comme ça, différent. Au fil des différentes chansons qui passaient, ils changèrent plusieurs fois de danse pour arriver finalement sur la magnifique chanson My Heart Will Go On de Céline Dion. La jeune femme adorait cette chanson. Elle était tout bonnement magique. Bien qu'elle soit triste et déprimante, elle la rendait quelque peu joyeuse. Elle qui avait un faible pour les films romantiques, Titanic l'avait comblé. Tout était mêlé, entre amour, passion, drame, tristesse et fatalité... Julie se sentait donc bien dans les bras de son ami, avec la musique qui lui parvenait dans ses oreilles. Ils se regardèrent durant presque la totalité de la chanson, sans dire un mot et sans oser bouger. La demoiselle ne voulait pas gâcher ce beau moment qui lui plaisait réellement. De plus, elle ne savait pas quoi faire. Regarder les yeux de Dom la pétrifiait sur place, tellement il l'intimidait... Et que fut son étonnement lorsque celui-ci l'embrassa soudain. Il concluait très bien la chanson. Malgré sa surprise très marquée au début, où elle ne répondait pas beaucoup au baiser, quelques secondes après, Julie se laissa faire, avec envie et plaisir. Elle ne pouvait se mentir à elle-même, ce baiser était si tendre, long et spontané qu'elle apprécia grandement. L'audace de Domenico lui plut aussi. Cependant, elle se souvint qu'il était un peu bourré, donc que c'était sans doute quelque chose d'irréfléchi, non souhaité. Cette explication la déçut, pourtant elle ne savait pas comment interpréter ce geste. Elle se détacha alors du visage du garçon et le regarda sans rien dire. Elle aurait voulu l'embrasser encore une fois mais elle ne savait pas, elle ne savait pas s'il fallait qu'elle le fasse ou non. Elle était moins courageuse que Dom là-dessus. Elle aurait pu juste profiter du moment et se taire, toutefois, elle devait trouver des réponses à certaines de ses interrogations. « Pourquoi ? » Julie chuchota la question, comme si elle voulait que personne, mis à part eux, ne l'entende, ce qui était bête car il n'y avait aucun risque pour ça. Elle esquissa un léger sourire, gardant toujours ses mains autour de la nuque de Dom. Julie voulait juste savoir s'il l'embrassait parce qu'il en avait vraiment envie ou si c'était purement spontané à cause de l'alcool, et sans importance donc. La réponse lui importait puisqu'elle ne connaissait pas la nature de ses sentiments pour Dom, toutefois, là, avec le baiser, son coeur commença à battre la chamade et elle espérait tant une réponse positive. Elle désirait Domenico, elle n'attendait que le moment où elle pouvait l'embrasser à nouveau, sauf que, elle continuait à fixer les yeux du jeune homme, sur les dernières notes de la chanson de Céline Dion.

She threw me a birthday

J'étais extrêmement bien. À vrai dire, je ne savais pas ce qui m'avait poussé à embrasser Julie aussi soudainement. Ces derniers temps, je me posais beaucoup moins de questions qu'à l'habitude et cela devait expliquer cette spontanéité. Il fallait que j'avoue que depuis cet emménagement, j'étais plus proche de la blonde. En effet, quand je ressentais le besoin de parler à quelqu'un de choses plus personnelles, je n'avais qu'à traverser le corridor, cogner sur la porte de sa chambre et engager la discussion. En plus, comme le reste de mon entourage semblait débordé avec le travail ou avec leur vie personnelle, elle était restée l'une de mes ressources les plus disponibles. Avec ce rapprochement, il était légitime de se demander si les sentiments avaient, à leur tour, évoluer. Jusqu'à maintenant, je ne m'étais jamais vraiment arrêté pour y penser. Si les autres étaient occupés, ce n'était rien en comparaison avec ma vie actuelle. Je préférais davantage me perdre dans diverses activités que dans mes pensées. Peut-être que si je prenais vraiment le temps de réfléchir je trouverais la réponse? Toutefois, en ce moment, il était impossible pour moi de dire si j'avais agi sur l'effet du moment, avec la chanson, l'alcool et tout ou si j'avais vraiment désiré que ce baiser se produise. En tout cas, peu importe la réponse, j'étais bien. J'avais été d'une délicatesse et d'une tendresse qu'elle n'avait montré pas de réelle résistance. Nous avions fait prolongé le baiser sur les notes de musique. Mon côté romantique avait peut-être pris sur moi pour l'avoir fait à ce moment précis de la chanson. Qui sait?

Nous nous séparâmes finalement. Je n'ouvris les yeux qu'à retardement, encore pris dans le baiser. J'aurais voulu y rester, rester dans l'ivresse de cette sensation de confort, mais lorsqu'elle s'éloigna de moi, j'eus ce sentiment de déséquilibre, de retour à la réalité. Le regard un peu perdu, je la contemplais. Elle finit par laisser un échapper un «Pourquoi?» J'aurais dû m'y attendre. Cette simple question fut assez pour ressaisir le jeune homme mûre en moi, mais pas assez pour ébranler celui qui était pour le moment pas tout à fait sobre. En agissant de la sorte, je semblais avoir oublié le lot de conséquences que cela pouvait apporter. Qu'en était-il des sentiments de Julie? Peut-être me trouvait-elle imbécile de l'avoir embrassé comme ça et trouvait-elle cela étrange? Ou, au contraire, peut-être avait-elle des sentiments pour moi et trouvait-elle que je me jouais de ces dits sentiments-là? Ce baiser pourrait avoir un impact considérable sur notre relation, mais, fatalement, sur l'ambiance dans l'appartement. Maintenant que je le réalisais, je vus que tout ce qu'apportait ce baiser était beaucoup trop gros pour moi. C'était mon anniversaire, il était tard et je ne voulais pas me prononcer sur quelque chose dont j'ignorais actuellement la réponse. Par dessus-tout, j'avais encore assez de jugement pour évaluer que vu mes facultés affaiblies, il valait mieux que j'abstienne de répondre. Alors, je me rapprochais d'elle, titubant légèrement.

- Je....je sais pas. Je crois que tu devrais me reposer la question plus tard.

Je m'éloignai d'elle un moment pour éteindre la radio. Une fois que cela fut fait, je revins vers elle.

- Je ne veux pas dormir seul. Viens avec moi.

Je l'embrassais ensuite pour l'inciter à me suivre. Ainsi, nous allâmes nous coucher dans mon lit, s'embrassant longuement jusqu'à le sommeil nous trouve.