Sevan était installé sur un lit d'hôpital et je pleurais à ses côtés. J'étais là depuis neuf heures, j'avais appris cette malheureuse nouvelle lors de mon cours de cinéma, mais je n'avais pas perdu une seule seconde pour franchir la porte de la salle, afin de courir par la suite jusqu'à mon petit ami. J'avais reçu quelques regards interrogateurs me montrant que j'étais mal élevé de me lever en plein milieu du cours dans cet amphithéâtre, mais qu'importe. L'important selon moi était de retrouver Sevan, plus rien d'autre ne comptait à ce moment-là. Durant ma course, j'espérais au plus profond de mon être que ce serait une blague, qu'on m'annoncerait une fois là-bas qu'il n'y avait pas de Sevan Granger dans la liste des patients. J'avais beau prié intérieurement, cela n'avait aucunement fonctionné, étant donné que je voyais son corps presque inerte, allongé dans cette pièce affreusement blanche. Je chialais toutes les larmes de mon corps en le regardant. Dès que je l'avais aperçu, j'avais directement pleuré. Ses poignets étaient mis en évidence, nous pouvions clairement remarquer qu'il avait tenté de se suicider en se mutilant. J'avais directement attrapé son bras gauche de mes deux mains, l'aggrippant de tout mon être, l'apportant à mon visage pour embrasser ses blessures. Je m'assis difficilement, ratant de tomber à côté du siège. Il était blessé et je n'avais même pas été là pour empêcher le coupable, qui devait être certainement son père ; il avait des bleus présents sur son si beau visage. J'avais caressé une de ses joues, plutôt simplement frôlé pour ne pas lui faire mal, même si j'ignorais si dans son sommeil comateux, il ressentait la douleur infligée par ses bleus ou non. Je n'avais pas bougé de la journée, je n'avais d'ailleurs pas dormi de la nuit... car Sevan et moi étions désormais séparés par ma faute, et j'étais persuadé que s'il avait essayé de se suicider, c'était à cause de moi. Je ne me doutais bien entendu pas de toute l'histoire. Je n'avais donc pas pu me caler dans mon lit hier soir, je n'avais fait que tourner en rond dans ma maison, tentant d'arriver au stade de l'épuisement, mais je ne suis pas parvenu, Sevan occupant toutes mes pensées. J'étais alors dorénavant crevé, les cernes aux visages, des bleus aussi au visage dus par les coups de son père m'ayant frappé, les larmes aux joues, l'espoir disparu, le cœur vide rempli de désespoir, les mains tremblantes, la patience enfouie je ne sais où, mais disparue elle aussi. « Je t'en supplie... Amour... réveille toi... je suis désolé.. M'abandonne pas.. j'ai tellement besoin de toi babe, beaucoup de gens ont besoin de toi. Robbyn et Yuri ont besoin de toi, Ciara et Enora aussi. Ils sont passés toute à l'heure.. j'espère que tu les as entendus.. ils comptent sur toi, ils croient en toi. Et moi aussi. Je suis persuadé que tu peux te réveiller... fais ça pour moi.. pour eux.. Je t'en supplie, je pourrais pas m'en remettre. Je te promets qu'on se remettra ensemble.. si ce n'est que ça qui t'empêche de te réveiller... alors je te promets. Je suis désolé.. désolé babe. Tellement désolé. S'il te plaît.. me laisse pas.. » déclarais-je entre deux sanglots, phrase presque incompréhensible tant les pleurs étaient présents. J'en avais plus qu'assez de le voir dans un tel état, je ne le supportais pas ! Parce que je n'avais rien fait pour empêcher qu'il tombe dans le comas, avec toutes ses blessures. Ses poignets étaient tailladés fortement, j'aurais pu le perdre... s'il n'avait pas raté. Et j'allais certainement le perdre s'il ne trouvait pas la force de se réveiller. Lâchant alors ses mains, je me levais enfin pour aller près de la fenêtre, regardant la pluie tomber. Comme quoi, l'ambiance était vraiment pourrie en ce moment, triste et déprimante. Je ne voyais plus Sevan, je n'en avais plus la force... c'était vraiment trop dur. J'étais faible. Trop faible. Les pleurs ne s'arrêtaient pas, j'attendais tout en priant, car les médecins me déclarant que tout allait merveilleusement bien, n'arrivaient même plus à me rassurer. Tant qu'il ne se réveillerait pas... ça n'ira pas. « Je t'aime babe... alors je t'en prie... réveille toi. » prononçais-je difficilement à cause des sanglots, faiblement.
Vous connaissez l'expression qui dit qu'il y a certains jours où l'on ferait mieux de rester couché ?? Et bien moi c'est cette nuit que j'aurais du resté couché...mais a quoi bon repousser les évènements ?? Je l'aurais appris de toute façon, alors hier soir ou bien aujourd'hui ce n'aurais pas changé grand chose. Midnight m'avait quitté...j'avais souffert environ un an en l'aimant en silence et je n'avais été heureux dans ces bras qu'une semaine seulement. Tout ça à cause de mon père...mon putain de père ! Pourquoi il n'acceptait pas le fait que je sois homo et que je ne m'intéresse pas aux femmes ?! Ma mère m'a souvent dit qu'il lui fallait du temps pour accepter ça...combien de temps maman ?? Tu ne pourra plus me le dire...parce que, parce que tu n'es plus de ce monde maman. Comment tu as pu me laisser dans un moment pareil ?! J'ai besoin de toi maman et tu es partie, tu m'as abandonné ! Je n'ai rien pu faire pour te sauver et pourtant tu es morte dans mes bras, sous mes yeux. Oh, maman je voudrais tellement te rejoindre. Vous rejoindre toi et Mickaël...La solution m'est apparu comme une évidence, je devais en finir, je devais vous rejoindre, je devais être sur de ne pas me louper. Mutilation...c'est quelque chose que je n'avais pas fait depuis tellement longtemps maman. Depuis qu'il est mort. Je me rappelle de tout ce sang, des larmes, je me rappelle de quelqu'un qui m'arrache le couteau des mains avant que je tombe au sol. Ensuite plus rien. Le noir, même pas la petite lumière qu'on est censé voir quand on meurt. Cela veut donc dire que je ne suis pas mort maman ?? Je n'en sais rien. Tout est sombre, tout est calme, tout est silencieux. Et soudain au milieu de tout ce noir...vos visages. Pourquoi il faut que je vous vois alors que je ne peux pas vous rejoindre ?? C'est tellement dur. J'entend des voix au loin : Robbyn, Yuri, Enora, Ciara...ils sont tous venu me voir, ils ne veulent pas que je parte, il faut que je me réveil. Je n'ai pas envie de me réveiller, à quoi bon de toute façon ?? J'aimerais pourtant...revoir Midnight juste une fois. Juste pour partir avec son image en tête, pour que la mort paraisse plus douce. Il faut que je me réveille, même si je dois refaire ce geste je dois le faire après l'avoir revu.
J'ouvrais doucement les yeux pour m'habituer doucement à la lumière du jour. Je grimaçais, j'avais mal. Je me redressais doucement, ce qui pris un peu de temps puisque j'avais horriblement mal. Je regardais ce mes blessures. Les poignets en sang, des hématomes un peu partout, des égratignures...Je ne me souvenais pas de tout, c'était peut-être mieux comme ça. J'entendis alors des sanglots. Je tournais la tête pour voir qui était venu me voir. En le voyant mon coeur ce déchira un peu plus si c'était possible. Midnight. Il...il était là. Malgré tout il était venu, il ne m'avait pas abandonné ! Non...arrête de te faire des idées Sevan il est venu uniquement parce qu'il avait pitié de toi. Pour rien d'autre. Tout était finis entre vous il fallait que tu te le dise. Je sentis immédiatement les larmes couler en silence le long de mes joues. Il fallait que je sois sûr. Il fallait que je vérifie que cela n'était pas un rêve. Je me suis levé en silence, de peur de le faire fuir en faisant du bruit. Je me suis avancé doucement jusqu'à lui toujours sans aucun bruit, je ne voulais pas qu'il parte, je voulais qu'on reste là le plus longtemps possible. Juste le voir me suffisais. Je voyais ses épaules se soulever doucement au rythme de ses sanglots. Pourquoi pleurait-il ?? Est-ce que c'était à cause de mon père ?? A cause de mon geste ?? J'étais perdu, je ne savais pas, je ne savais plus. "Je t'aime babe... alors je t'en prie... réveille toi." Non...non, je t'en pris ne dis pas ça. Ne dis pas que tu m'aime. Ne mens pas je t'en pris. Je m'approchais pour être à quelques centimètres de lui avant de murmurer : "Pourquoi...pourquoi tu es venu pour me faire encore plus souffrir ?? Tu as dis toi même que c'était finis...que tout était finis, que toi et moi ça ne comptait plus, que ça n'avais jamais compté. Laisse moi...laisse moi souffrir seul. Je ne supporterais pas qu'on soit simplement amis Midnight, alors c'est mieux qu'on se voit plus...c'est mieux que...que tu m'oublis." J'avais serré les dents pour ne pas pleurer, peine perdu, les larmes coulaient quand même le long de mon visage. Je sentis mes jambes se dérober sous mon poids et je m'écroulais sur le sol. Non, il fallait ne fallait pas que je sois faible, il ne fallait pas. Je n'avais pas le droit. Je me relevais difficilement avant de planter mon regard dans celui de Midnight. "Je ne veux pas de ta pitié Midnight, tu n'étais pas obligé de venir. Tu peux repartir, ne t'en fais pas je vais sortir de ta vie et te laisser vivre." Les mots que je prononçais m'arrachais un peu plus le coeur. Aucun, n'était vrai. Aucun. Je voulais qu'on oublis tout ce qui c'était passé, qu'on recommence tout, qu'on essais d'être heureux, d'être comme avant, d'être amoureux. Seuls. Ensemble.
Tandis que je pleurais toutes les larmes de mon corps, sentant ce grand vide envahir mon cœur, Sevan était justement en train de se lever. A cause de mes pleurs certainement trop bruyants, je n'avais entendu aucun bruit parvenant de son lit. Je le remarquais lorsque j'entendis sa voix. D'un coup, je me stoppais de pleurer, me retournant afin de l'apercevoir. Même les yeux embués de larmes, je pouvais certifier que c'était clairement lui qui se tenait devant moi, pas un autre. Ce n'était pas un rêve, mais la réalité ; Sevan venait de se réveiller. Je n'y croyais pas mes yeux, tellement que je restais figé devant lui. Ne bougeant plus, je souris pourtant. J'étais tellement heureux à l'idée de le retrouver en si peu de temps, qui m'a soit dit en passant, paru horriblement long. Sourire accroché au bout des lèvres, j'étais à deux doigts de m'élancer dans les bras de mon ancien petit ami. Seulement, ce dernier disparut rapidement à l'écoute de ses mots, ses questions, ses reproches et ses doutes. J'avais oublié ce détail, le fait que je lui avais brisé le cœur avec la disposition de seulement deux-trois phrases. Je me haïssais car j'allais le perdre. Il avait beau être réveillé dorénavant, je savais que j'allais finir par le perdre avec mes conneries. Vivant avec son absence me torturant chaque jour, c'était impossible. Sans lui, c'était totalement inenvisageable. Je poursuivis alors dans mes pleurs, croyant qu'il allait m'abandonner une bonne fois pour toutes. J'étais terrifié en ne sachant aucunement ce qu'allait bien pouvoir devenir notre couple. Allait-il me pardonner ? Allait-il comprendre ? Je n'en savais rien et je m'en mordrais les doigts pour le reste de ma vie, si les réponses à mes questions s'avéraient être négatives.
Le voyant tomber au sol, je le rattraperais de justesse pour ne pas qu'il s’écroule entièrement. Il n'était pas en bonne santé par ma faute, je m'en voulais terriblement. Bien qu'il n'avait pas fini dans ce qu'il me disait, je l'accompagnais jusqu'à son lit, afin qu'il se rallonge. Il n'était certainement pas en état pour être debout ! Il était faible. Tout comme moi. Les bleus et les coupures le rendaient d'autant plus impuissant. Je m'étendais à ses côtés, prenant le moins de place possible pour qu'il y soit le mieux installé. J'étais positionné sur les côtés gauches, un bras me servant d'oreiller, recroquevillé sur moi-même. Je l'observais, il avait l'air tellement triste... et fâché, ce que je comprenais vraiment. Je passais ma main droite sur sa joue, la caressant en même temps, pour finalement embrasser l'autre. Je voulais qu'il comprenne que tout ce qu'il venait de déclarer, était faux. Je rétorquais à ma façon. Je n'osais pas faire autre chose, car ce n'était pas le moment du tout. Je désirais simplement qu'il saisisse que j'étais là, désormais présent, ne souhaitant plus que notre réunion. Je voulais que nous reconstruisons ce couple intense, cet ensemble que j'avais gâché juste la veille. J'allais passer pour le garçon compliqué mais ses bleus me ramenaient à la raison : je ne pourrais jamais me passer de lui. Je n'éprouvais aucune pitié, seulement un dégout de mon être ; car je n'avais pas été là pour lui. Couvrant ses joues de baisers et de caresses, je lui déclarais tout en même temps. « Je voulais que ton père t'aime, amour. Je... je pensais qu'en me supprimant de ta vie, c'est ce qu'il allait faire. Je pensais qu'il allait t'aimer... si tu n'étais pas avec moi. » lui dis-je d'une mine malheureuse, trop honteux d'avoir échoué dans ce plan merdique et maudit. Poursuivant mes gestes, j'enchaînais. « Tu crois que je voulais sincèrement t'oublier et te supprimer à tout jamais de ma mémoire ? Même si tu me le demandais, je n'y arriverais pas, je persisterais jusqu'à ma mort à te dire que je t'aime, Babe. Je sais... que ça a l'air faux... après ce que j'ai pu te dire hier... mais... je pensais... tellement que c'était le mieux pour toi. » Lâchant ensuite sa joue, ma main droite parcourut son bras, recouvert de coupures. Je les touchais, émettant un rictus et une mine horrifiée. Tant à l'apparence qu'au toucher, ça me donnait envie de gerber. Ce n'était pas les blessures qui me dégoutaient tant, c'était le fait qu'elles n'aurait pu ne pas être présentes sur son bras, si j'avais réfléchi le temps d'une minute. Retirant rapidement mes doigts, je la posais finalement dans son cou, tout en le fixant dans les yeux. « Ne refais jamais ça babe... je t'en supplie... promets le moi... » On pouvait lire dans mes yeux, une profonde tristesse. En effet, la situation m'avait achevé.
Comment il avait pu penser une chose pareil ?? Comment il avait pu croire ça ?? Comment il avait pu ?! Mon père me détestais depuis le jour où je lui avais dis que j'aimais les hommes et non les femmes. Il me haïssait parce que j'étais différent des autres. A l'heure qu'il est je suppose même qu'il doit être dans un avion en route pour je ne sais quel pays pour une affaire beaucoup plus importante à ses yeux que la mort de sa femme ou le fait que son fils unique ai voulut mourir. Je reportais mon regard sur Midnight. Il avait l'air tellement sincère, il n'avait pensé qu'à mon bien, il voulait juste m'aider. Je me redressais afin d'être assis, non sans grimacer et attrapais les mains du jeune homme pour le faire asseoir aussi. Je remarquais alors son bleu au niveau de l'oeil. Surement l'oeuvre de mon cher père. Je dessinais doucement les contours avant d'y déposer un léger baiser, comme pour me faire pardonner à la place de mon père. J'attrapais ses mains pour enlacer mes doigts aux siens. "Mid' tu n'y es pour rien là dedans. Mon père me déteste depuis longtemps, bien avant que je te connaisse. Ce n'est pas ta faute. Ma mère disait souvent qu'il lui fallait du temps, mais qu'un jour il comprendrait. Je ne sais pas si elle avait raison ou non, mais je sais que...que toi je ne veux pas te perdre." J'approchais doucement mes lèvres des siennes pour les effleurer, faisant ensuite de même avec son cou et le reste de son visage. Je voulais le redécouvrir, redécouvrir son visage, son odeur, sa peau... J'attrapais son visage entre mes mains avant de poser mon front contre le siens. "Je te le promet uniquement...uniquement si en échange tu me promet de ne plus jamais m'abandonner. C'est égoïste je sais, mais j'ai besoin de toi pour vivre Mid', j'ai besoin de toi...promet moi...promet moi que toi et moi se sera pour toujours et que plus rien n'arrivera à nous séparer...je le supporterais pas une deuxième fois Mid'. Je le supporterais pas..." Je fondis alors sur ses lèvres l'embrassant comme jamais je ne l'avais embrassé, comme jamais je n'avais embrassé personne jusqu'à maintenant le collant contre mon corps, ne voulant plus le lâcher. Mes larmes coulaient le long de mes joues et je sentais les siennes couler aussi. On était peut-être pathétique à se moment là, mais on était tellement bien. Je finis par éloigner mon visage de quelques centimètres non sans rester le plus proche de lui. "Je t'aime Midnight Loïs Pan. Je t'aime tu comprend ça ?? Si tu savais à quel point je t'aime putain ! Je serais près à tout pour toi, pour qu'un truc pareil ne recommence plus. Midnight est-ce que tu accepte d'être l'homme de ma vie ?? Est-ce que tu accepte qu'on recommence comme si rien n'était arrivé ?? Est-ce que tu accepte d'être mon petit ami ?? D'être l'homme que j'aime ??" Je tremblais tellement que j'étais paniqué. Et s'il disait non ?? S'il m'abandonnais pour de bon ?? Si je me retrouvais seul sans lui ?? Je ne pouvais pas supporter ça, aussi lui tournais-je le dos pour être sur de ne pas le voir s'il devait partir. Pour ne pas regretter plus...
Accueil
