Autant dire que j’avais passé des vacances très…agitées. C’est drôle comme un évènement peut vous changer. Prenez moi, par exemple. J’étais un garçon très solitaire, réservé et qui aimait la solitude. Il avait fallu que MJ me quitte et qu’elle parte de la maison avec les jumeaux, pour que je devienne, autant le dire, un vrai connard. Mes amis l’avaient bien vu, d’ailleurs et pas mal m’avaient sermonnés avec leurs « arrête d’avoir l’air si pathétique » blablabla. Mais tout ça passait par une oreille et ressortait de l’autre. Qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire, d’abord ? MJ était partie et je l’aimais comme un malade. Par ma faute, en plus. En plus de ça, nous avions appris la semaine dernière que Micah n’était pas en très grande forme et que la maladie de cœur que JE lui avais transmis évoluait plus vite que prévu et qu’il fallait certainement l’inscrire sur une liste de demandeur de greffe. Ça me tuait encore plus, d’avoir refilé cette merde à mon propre fils. Enfin…heureusement, tout s’était arrangé, au final même si je pouvais comprendre que les gens autour de nous ne comprennent rien à notre histoire. Mais MJ était la femme de ma vie, j’en étais certaine et pour rien au monde j’aurais voulu la perdre définitivement. Même si cette fois, les conséquences avaient été de taille, puisque nous n’étions même plus mariés..

J’avais prévenu la jeune femme de la venue de mon amie Denver en fin d’après-midi. J’avais hâte qu’elles se rencontre, j’aimais beaucoup la miss Hopkins qui m’avait toujours été de très bon conseils lors de mes soirées à déprimer où à faire trop de conneries. C’est drôle comme durant les mauvaises périodes de notre vie, on peut aussi faire de belles rencontres. Quand je pensais que j’avais rencontré la demoiselle à son cabinet d’avocat alors que je venais finaliser mon divorce avec MJ…bref, MJ avait décidée de faire un gâteau à l’occasion de sa venue et les jumeaux avaient voulus aider même si, comme à leur habitude, ils avaient plutôt joués avec la farine et les ingrédient pour finir par en avoir pleins dans les cheveux. Mais ça les faisaient rire et ça m’avait bien fait rire aussi par la même occasion.

MJ avait donc emmené les jumeaux prendre un bain quand le gâteau fut cuit et hors du four. Une bonne odeur de chocolat circulait dans toute la maison et me donnait sacrément faim. J’étais assis devant la tv alors que j’entendais les jumeaux éclater de rire dans la salle de bain. Ces petits étaient toujours surexcités et en train de rire. Je tournais la tête vers la fenêtre en entendant une voiture se garer face à la maison et je souris, reconnaissant tout de suite la voiture de Den’. Je me levais en entendant la sonnette retentir et j’allais ouvrir. Mon chien, Winston aboyait et je lui demandais gentiment de dégager, ne sachant pas si Denver pourrait avoir peur de lui vu comment il aboyait. Je souris à mon amie et je me penchais vers elle pour la prendre dans mes bras avant de l’inviter à entrer dans la maison.

Je la fis s’installer sur le canapé alors que les jumeaux dévalaient les escaliers pour aller dire bonjour à la jeune femme sans aucune timidité. Je souris et je présentais également MJ à Denver. Nous sommes restés une petite heure à discuter tous les trois à manger aussi le gâteau des jumeaux avant que Denver et moi décidions d’aller faire un tour au parc. Micah me demanda si il pouvait venir et je le pris dans mes bras en embrassant ma « femme » et ma fille puis nous nous sommes mis en route vers le parc en face de chez moi. Micah demanda à aller à terre et je lui pris la main pendant que nous marchions. « Alors, comment ça va miss ? », demandais-je en lui souriant. « Les enfants c’est toujours pas ton truc ? ». Bien sûr, je plaisantais mais mes enfants étaient trop géniaux pour qu’elle ne supporte pas leur présence.

(J’ai passé la scène dans la maison j’espère que ça te dérange pas mais comme MJ & les jumeaux rp pas avec nous :p )

Alors que j’attendais dehors, j’étais en train d’imaginer comment pourrait être la maison de Maël. Bien rangée, avec des jouets de partout et aussi apparemment avec un chien, vu ce que j’entendais. Mais je ne pus pousser à plus loin mes suppositions, car Maël vint m’ouvrir la porte bien trop tôt. A croire qu’il avait guetté du coin de l’œil mon arrivée. Je fus reçue dans ses bras, j’entrepris donc de le serrer également. A part Domenico, Maël était un des seuls hommes qui avait le droit à mes câlins. Puis ce fut la présentation à la vitesse lumière! Les jumeaux de mon ami vinrent en courant et limite s’ils me sautaient dans les bras alors qu’ils ne me connaissaient même pas! Mais je jouais le jeu et je les serrais aussi dans mes bras. Même si je n’étais pas habituée aux gosses, ceux de Maël pourraient bien faire exception à la règle. Ensuite ce fut le tour de la maman, Mary Jude, par contre je ne la pris pas dans mes bras elle. Il ne fallait pas non plus exagérer, mais je la saluai gentiment en lui faisant la bise. Je n’allais pas faire mon insociable en présence de la famille de Maël tout de même. Par la suite, la famille avait préparé un gâteau. Ca tombait bien, je n’avais rien avalé encore et mon ventre criait famine. C’est donc avec grand plaisir que je dégustais la pâtisserie en compagnie de la famille Petterson. Il n’y avait rien à dire, ça faisait plaisir à voir une famille comme ça. Ensuite, après une petite heure, Maël me proposa d’aller dans le parc d’à côté, ce que j’acceptais sans discuter. Le petit annonça qu’il voulait venir aussi, cela me fit presque sourire.

Une fois dans le parc, nous marchâmes. Moi, j’observais les arbres jusqu’à ce que Maël engage la conversation. C’est vrai, je n’étais jamais la première à engager la conversation. Il devait s’en douter d’ailleurs. Il me demanda comment j’allais. Et bien pour l’instant c’était une très bonne question, puisque que tout allait bien pour une fois.

« Ca va super bien! Donc j’espère que ça va durer. » dis-je en haussant les épaules.

Le bonheur, on ne sait jamais combien de temps on va pouvoir le goûter. Donc pour l’instant, comme je le disais, j’en profitais. En disant ça, je parlais du travail, mais aussi de ma nouvelle relation avec Domenico. C’était drôle, mais ce genre de chose ça vous donne la force d’avancer. Et puis si les gosses n’étaient toujours pas mon truc?

« Je dirais que les enfants ne sont pas tellement mon truc. Mais que les tiens font exception à la règle! Ils sont adorables. » répondis-je en jetant un sourire à Micah.

Je restai un moment sans rien dire, puis je me lançai. Au passage, je poussais doucement Maël pour le taquiner :

« Tu as une belle famille, tu as de la chance. »

La famille modèle presque! Qui a ses hauts et ses bas certes, mais c’était une vraie famille.

J’étais vraiment fier, de ma famille. D’ailleurs, même encore aujourd’hui, après un an et demi, j’avais encore du mal à me familiariser avec ce mot. « ma famille ». j’en avais tellement rêvé, de ça…avoir ma famille à moi, ne plus être un petit orphelin. Les gens pouvaient me dire ce qu’ils voulaient, qu’ils me trouvaient trop niais avec MJ ou avec mes enfants, je n’en avais rien à foutre. Est-ce que ses personnes avaient vécus tout ce que j’avais dû vivre dans ma vie ? C’est vrai, j’avais vingt-trois ans et j’avais déjà vécu beaucoup de choses pour un garçon de mon âge. Je n’avais jamais connu mes parents et j’avais grandi dans un orphelinat loin de ma petite sœur. J’étais malade, je souffrais d’une déformation cardiaque qui ne me rendait pas la vie facile : j’avais dû apprendre à faire du sport pour muscler ce petit cœur, mais pas trop si je ne voulais pas faire un malaise. Apprendre à bien manger équilibrer et croyez-moi, dans un orphelinat où on ne mange que de la merde, ça n’est pas si facile. Affronter tous les mois le rendez-vous mensuel chez le cardiologue, seul puisque les éducateurs avaient finis, au bout de dix ans, de me laisser aller à l’hôpital tout seul tous les mois. Est-ce que seulement ils savaient, ce que ça faisait, de penser à la mort alors qu’on a même pas quinze ans ? Penser à sa propre mort ? Désirer, sa propre mort ? C’était tellement dur…

Alors oui, j’étais fier de présenter ma famille à Denver. Elle m’avait dit qu’elle n’était pas trop « enfants », mais personne ne pouvait résister à mes enfants, sans vouloir me venter. Nina était tout simplement extraordinaire, elle était vraiment très maligne pour son âge et elle était aussi très protectrice envers son frère, Micah qui était malade tout comme je l’étais. C’était difficile, de le voir malade comme ça. Le voir s’essouffler aussi vite, comme moi à une époque. Rien que de savoir qu’on allait déjà devoir l’inscrire sur la liste des patients à greffer…ça me faisait peur, et MJ recommençait à pleurer. Il y a quelques années, elle pleurait à cause de ma maladie, et maintenant, c’était pour Micah qu’elle pleurait. Comme une mère pouvait pleurer en ayant peur pour son fils, d’ailleurs. Moi aussi j’avais peur, je voyais bien que la greffe n’était pas la solution définitive puisqu’il pouvait y avoir des complications derrière, ce que j’avais vécu puisque j’avais une infection maintenant et qu’il fallait que je la soigne correctement sinon, j’allais devoir me refaire greffer.

Bref, tout ce passa plutôt bien, les jumeaux s’étaient assis de chaque côté de Denver, Micah était un peu fatigué et il s’était même un peu endormi alors que Nina demandait sans cesse à la jeune femme si elle voulait encore du gâteau qu’elle avait préparée. Le courant avait l’air de passer plutôt bien entre MJ et Denver, tant mieux, autant clarifier les choses maintenant entres les deux car MJ avait tendance à vite être jalouse. Il faisait plutôt beau dehors et ça m’avait étonné que Micah veuilles nous accompagner, mais bon, ça lui ferait du bien de se dégourdir un peu les jambes. Le petit garçon me tenait la main, nous ne marchions pas trop vite, je n’avais pas envie de l’essouffler et qu’il se mette à pleurer parce qu’il n’arrivait pas à respirer. « Ça va super bien! Donc j’espère que ça va durer. » Je lui souris, c’est vrai qu’elle avait l’air en forme et assez heureuse. Tant mieux, tout le monde avait son lot de drame dans la vie, et passer quelques instants de bonheur, c’était le principal. Je l’ai très vite taquinée avec cette histoire d’enfants, j’étais comme ça, j’adorais taquiner les gens. Et puis, beaucoup de gens disaient ne pas être « trop enfants », mais quand ils rencontrent la bonne personne, soudainement, ils changent d’avis.. Je ne regrettais pas d’avoir eu les jumeaux aussi tôt avec MJ, la preuve, celle-ci était enceinte et nous allions avoir un nouveau bébé d’ici peu de temps. J’avais vraiment hâte.

« Je dirais que les enfants ne sont pas tellement mon truc. Mais que les tiens font exception à la règle! Ils sont adorables. » J’éclatais de rire alors que Micah me lâchait la main pour aller jouer sur une aire de jeu. Je le laissais faire en gardant quand même un œil sur lui alors qu’il sympathisait déjà avec un petit garçon du même âge ou peut-être un peu plus vieux. Un petit silence s’était installé lorsque je sentais la demoiselle me donner un léger coup d’épaule, « Tu as une belle famille, tu as de la chance.… ». Je tournais mon regard vers elle et je lui lançais un sourire. Je ne connaissais pas tellement son passé, et je n’étais pas voyant, mais j’étais sûr qu’elle finirait par en avoir une à son tour, comme la plupart des gens d’ailleurs. J’allais vers un banc pour m’asseoir et j’attendais qu’elle me rejoigne, toujours en gardant un œil sur Micah qui s’amusait un peu plus loin. « J’suis sûr que tu finiras par connaître ça… ». J’haussais les épaules et je la regardais, « Peut-être avec Domenico, qui sait ? ». Je ne connaissais pas la nature exacte de leur relation, mais si j’avais bien compris sur facebook, ils étaient ensemble. C’était peut-être le début de quelque chose pour elle, quelque chose qui durerait longtemps et qui lui donnerait la possibilité d’avoir elle aussi, une belle petite famille ?

La famille c’était toujours quelque chose qui était restée ancrée dans mon cœur, bien malgré moi. En effet, je n’ai pas eu une famille que je désirais vraiment. Mes parents étaient des artistes qu’on pouvait bien qualifier de marginaux. Pour eux, il ne fallait pas s’incérer dans la société américaine. Depuis que j’étais toute petite, je savais que j’étais différente d’eux, je ne me sentais pas à ma place. Limite si je croyais qu’ils m’avaient adoptée. J’étais souvent en constante dispute avec eux et je n’avais qu’une envie : partir loin. Mais quand on n’est pas encore majeure et qu’on n’a aucun diplôme en poche, c’est un peu difficile d’entreprendre une telle chose. Heureusement, ma sœur Victoria, elle, me comprenait. C’était mon unique amie à l’époque, et je lui en dois beaucoup. Grâce à elle, je continuais dans ma lancée et je pouvais rester près de ma famille en même temps. Alors que j’obtenais mon diplôme de fin d’année haut la main, j’enchaînais rapidement sur une fac de droit. Sans me vanter, j’avais un potentiel énorme pour ce genre de choses. Mon rêve, c’était devenir avocate et j’y étais parvenue. Mon deuxième rêve, c’était d’abandonner Philadelphie, m’éloigner de mes parents et m’installer dans un bon cabinet de jeunes avocats. J’étais majeure de ma promotion et sans aucun doute, j’obtenu mon diplôme avec les félicitations du jury. Je n’eus même pas à m’ennuyer pour chercher du travail. C’est une boîte, à San Francisco qui me recruta. Je fis mes bagages, bien contente de disparaître de la vie de mes parents et je partis vers la Californie avec pour seul regret : laisser Victoria.

C’est pour ça que quand je voyais Maël, MJ et ses enfants, ça me faisait presque chaud au cœur. J’aurais tant aimé avoir une famille comme ça. Peut-être qu’au fond de moi, je désirais construire ce que je n’avais jamais eu. Mais là, me dire que moi, Denver, voulait une famille? Ca relevait de l’impossible. Moi qui suis toujours vue comme la fille sans cœur, ça en ferait bien marrer des gens de me voir avec un mari et des gosses. J’avais donc avoué à Maël qu’il avait de la chance. Et c’était vrai que sur ce point, je l’enviais. Je le suivis ensuite sur un banc, alors que j’observais Micah jouer avec un autre enfant qu’il venait de connaître. Ca aussi, ça me faisait sourire. Micah avait cette facilité de nouer un lien avec d’autres personnes complètement inconnues. Ce que je ne ferais jamais, moi. En tout cas, Maël me tira de mes pensées pour me dire que un jour, j’aurai également la chance d’en avoir une. Je souris doucement, baissant les yeux par terre. Il avait de l’espoir mon ami. Bien que je ne sois pas pessimiste à fond, j’avais tout de même des doutes. Maël finit par me ramener sur le sujet de Domenico. Je levais mes yeux vers lui. Mon sourire se faisait amusé. Domenico et moi? Une famille? Alors là.

« J’ai envie de te dire : ce n’est pas encore dans nos plans. C’en est même trèèèèèèèèès loin. » dis-je en appuyant bien sur le très.

Et c’était bien la première fois que je pensais à ça. Je n’arrivais même pas à m’imaginer Domenico rentrer à la maison, notre fille lui sautant dessus. Oula non, ça relevait du bizarre ça. Je passais une main dans mes cheveux puis j’ajoutai sur la foulée :

« Tu sais, on est juste en union libre. En fait, on essaye de voir ce que ça donne. On verra bien… »

A l’instant, je n’avais aucune idée de comment ça allait marcher entre nous. Pour ce qui est de ma part, c’était mon premier copain si on pouvait appeler ça comme ça. Je n’avais pas d’expérience donc je ne savais pas trop comment m’y prendre.

« C’était comment pour MJ et toi? »

« J’ai envie de te dire : ce n’est pas encore dans nos plans. C’en est même trèèèèèèèèès loin. »

J’éclatais de rire en la regardant, c’est vrai que je n’étais pas tellement un expert des relations amoureuses. Je dirais même, qu’il ne valait mieux pas me demander conseil là-dessus. J’étais même pitoyable, à ce niveau-là. Mais bon, je savais ce que c’était, de ne pas me projeter dans l’avenir avec quelqu’un. Quand j’étais parti faire mes études de musique à New-York, j’avais eu une petite amie et jamais, ô grand jamais je ne m’étais imaginé avoir une famille avec elle alors que j’avais toujours voulu avoir une famille. Enfin, je pouvais comprendre, que ça ne soit pas encore dans leurs plans, et encore heureux vu que leur relation était vraiment naissante.

«Tu sais, on est juste en union libre. En fait, on essaye de voir ce que ça donne. On verra bien… », dit-elle alors que je déviais mon regard vers Micah qui se rapprochait de moi. Une union libre ? Qu’est-ce que ça voulait dire exactement ? Je me le demandais bien… est-ce que ça voulait dire qu’elle pouvait aller voir ailleurs, et lui aussi ? Parfois, les gens étaient vraiment compliqués, car ça n’était pas comme ça qu’ils pourraient voir si ça marche ou pas entre eux. Ce genre de chose, on le voit quand on est amis, ou au début d’une relation, non ? Enfin…je n’allais certainement pas la juger, car mon passé amoureux n’était pas fameux ! Micah s’était rapproché à notre hauteur et il tendait les bras pour venir s’asseoir sur mes genoux, il avait l’air un peu essoufflé et il avait les joues toutes rouges. Je portais mon fils sur mes genoux et il posa sa tête sur mon épaule en me serrant très fort. Je caressais sa joue, je sentais son petit cœur battre très fort alors que la jeune femme reprit la parole, « C’était comment pour MJ et toi ? »

Je ris légèrement en continuant de bercer Micah qui suçait son pouce. C’était assez compliqué, MJ et moi et ça remontait à l’enfance. Nous n’avions pas toujours été un couple, elle avait été ma meilleure amie, comme une sœur pour moi jusqu’à ce que tout se complique. « Oula… », murmurais-je en riant à nouveau tout en regardant mon amie. Je pris une grande inspiration alors que Micah caressait mon visage. Je souris et j’embrassais mon fils avant de regarder à nouveau Denver en plissant les yeux puisque le soleil m’éblouissait. « J’ai rencontré MJ quand j’avais six ans, des garçons l’embêtaient dans la cours de récréation et j’l’ai défendue. Ensuite…on s’est plus quitté d’une semelle, j’passais mes week end chez elle au lieu de l’orphelinat… ». Je souris et Micah quitta mes bras pour retourner jouer. Je m’asseyais un peu mieux sur le banc pour ne plus être éblouit, « Et c’que je savais pas, c’est qu’elle était amoureuse de moi depuis longtemps et..bah à dix-huit ans, j’ai dû partir à NY faire mes études, on a fait une fête d’au revoir et…on a couché ensemble. Et comme un con, j’lui ai fait croire que j’me souvenais plus de la nuit qu’on avait passé…comme c’était sa première fois, elle a eu honte et elle a plus voulu me parler…pendant trois ans, on a été séparés, c’était vraiment horrible… ». Je soupirais et je lui lançais un petit sourire. « Bref, je suis revenu y’a un an et demi, on s’est mis ensemble et…c’était une évidence, que c’était elle et personne d’autre… Au départ, MJ voulait qu’on fasse un bébé parce que d’après les médecins, si j’avais pas de greffe, j’avais plus que cinq ans à vivre… et elle voulait que j’vive tout c’que j’avais toujours voulu vivre… et au final c’était des jumeaux…parfois j’me dis que j’lui ai p’t’être gâché sa « jeunesse », mais j’peux pas regretter de les avoir eu…». Je ris légèrement, ça faisait bizarre d’en parler, de parler de mon histoire avec quelqu’un d’extérieur. « Et toi avec Domenico… ? »

Maintenant que Maël m’avait mis dans la tête l’histoire de famille avec Domenico, je ne pouvais m’empêcher d’avoir des images qui venaient dans ma tête. Parce qu’aussi, je savais que Domenico souhaitait une famille. Il me l’avait vaguement dit, mais j’avais bien cerné ses désirs. Hé, on est avocate ou on ne l’est pas! Alors que je pensais à ces choses étranges, j’observais le petit Micah qui était venu près de son père. Ca me fait chaud au cœur de les voir comme ça tous les deux. C’était carrément l’amour qui m’avait manqué entre mes parents et moi. Mais je n’étais pas à plaindre. Je savais que Maël avait eu une enfance beaucoup plus dure que la mienne. Je n’avais donc pas le droit d’évoquer ce genre de sujet avec lui, ça ne se fait pas. Je maintenais donc ma bouche bien scellée et ma langue bien gardée, ce qui relativement dur pour moi. Hors, je sais faire la part des choses et blesser Maël n’était pas dans mes attentions. Puis, je lui demandais comment ça s’était passé pour MJ et lui. C’était tellement un couple presque parfait que j’avais envie de savoir quelle était leur histoire. J’étais curieuse, c’est vrai. Mais après tout, Maël était mon ami.

Il me raconta donc toute l’histoire depuis le tout début. Je restais attentive, le fixant et souriant ou hochant la tête quelque fois. J’avais eu raison : une bien belle histoire. Avec des hauts et des bas certes, mais un vrai couple était né. Puis son histoire vira sur celle de ses enfants, en particulier de Micah et de sa maladie génétique. Je lui fis un petit sourire, l’air désolée, et je lui touchais doucement la main en signe de compassion. J’avais de la chance de ne pas être malade. A chaque fois que je croisais quelqu’un qui l’était, je pensais instinctivement à Maël. Ca me touchait vraiment son histoire, c’est pour ça que je ne préférais pas parler de la mienne avec mes parents qui ne me comprenaient pas du tout. C’était rien par rapport à lui. C’est alors que mon ami me demanda la même chose, sauf avec Domenico bien entendu. Je devais m’y attendre à cette question. Je retirais ma main qui était sur la sienne, puis je soupirais. Je devais faire un effort : il m’avait raconté son histoire avec MJ, maintenant c’était à mon tour!

« Alors le début n’est pas aussi…cool que ton histoire. » commençai-je en levant les yeux au ciel, « En fait, j’avais enchaîné les verres dans un bar jusqu’à être dans un état pas possible. Ensuite, j’avais décidé d’aller emmerder quelqu’un avec mon histoire et il fallut que ça tombe sur Domenico. Le pauvre, je l’avais forcé à rester pour m’écouter jusqu’à la fin. Après, j’ai eu un énorme trou noir et je m’étais réveillée chez lui. Sur le coup, je m’étais énervée puis j’étais partie, jusqu’à que je prenne conscience de son geste et que je le rappelle pour m’excuser. Enfin, m’excuser, tu me connais… moi et mon orgueil… »

J’eus un léger rire en haussant les épaules. C’était la première fois que je parlais de mon histoire avec Domenico à quelqu’un. Et c’était plaisant en fait. Toujours sur ma lancée, je continuais :

« Ensuite, on a commencé à se voir. On a même passé un week-end à Vancouver ensemble! Et puis, il y a à peine une semaine, je l’ai rencontré au Wal-Mart et on s’est plus ou moins avoué certaines choses, je l’ai raccompagné chez lui et…voilà. » terminai-je avec un léger sourire.

J’avais résumé, mais il fallait avouer que ma fin semblait presque suspecte. Je passais ma main dans mes cheveux puis j’observais Micah s’amuser à monter et descendre du toboggan. Sans me tourner vers Maël, j’ajoutais :

« Ce n’est pas encore une vraie histoire comme MJ et toi… »

Je l’écoutais parler avec attention, ça faisait du bien, d’avoir une amie, une vraie. En ce moment, ça n’était pas franchement le bonheur niveau amitié, même si en fait…ça n’avait jamais été vraiment le bonheur niveau amitié. Il y avait déjà Dehlila, que je connaissais depuis que j’étais assez jeune mais en ce moment, elle ne savait que me reprocher les conneries que j’avais pu faire dans ma relation avec Mary Jude. J’avais déjà du mal à me le pardonner moi-même, alors mes amis devaient-il vraiment me le rappeler sans cesse ? Surtout que de la manière dont elle me parlait, j’avais juste l’impression qu’elle aurait conseillée sans hésiter à MJ de ne pas se remettre avec moi… Je ne savais pas si Denver savait tout de mon historie avec MJ, enfin, surtout de la cause de notre rupture mais j’avais l’impression qu’elle ne me jugerait pas. De toute façon, tout n’était pas si beau et si rose, entre MJ et moi. C’est vrai que notre histoire ressemblait un peu à un films, deux amis d’enfance qui tombent amoureux, sont séparés pendant trois ans et se retrouvent et fondent une famille. Oui, c’était beau de l’extérieur, mais il y avait eu tellement de drames…

Quand MJ m’a laissée tombé, quelques semaines après nos retrouvailles tellement elle était jalouse de mon ex-petite amie, Emma qui était de retour à San Francisco. La fois où MJ m’avait – encore une fois – quitté, je ne me souvenais même plus pourquoi et que j’étais parti à Los Angeles avec les enfants qui étaient encore très petits à l’époque. Nous nous étions quittés tellement de fois, et à chaque fois, ça faisait encore plus mal. Et cette dernière rupture avait été la pire de toutes, puisque ça avait été jusqu’au divorce, et elle en avait aimé un autre…c’était le pire, qui puisse arriver. Je la voyais avec Robbyn, et ça m’avait rendu tellement malade… alors oui, notre histoire avait de beaux côtés, comme le fait que MJ ne soit pas partie alors que j’étais malade comme un chien et qu’elle était là quand j’ai eu ma greffe du cœur.

Enfin bref…Je souris en entendant Denver me raconter sa rencontre avec Domenico, je la regardais attentivement, ça avait l’air assez confus, surtout vers la fin avec son « je l’ai raccompagné chez lui et…voilà ». Je ris légèrement même, je ne savais même pas comment ils en étaient arrivés là au final. Mais bon, si elle ne voulait pas en parler…à moins qu’elle ne savait même pas aller même comment ils en étaient arrivés là. Parfois, les relations amoureuses, les sentiments et même l’amitié, c’est vraiment compliqué, trop compliqué même. Je tournais mon regard vers Micah qui était sur le toboggan, « Ce n’est pas encore une vraie histoire comme MJ et toi…». J’éclatais de rire et je me redressais sur le banc alors que Micah courrait vers moi en riant pour me tendre sa tétine qui avait l’air de le gêner pour parler avec les autres enfants. Je lui pris la tétine et je caressais ses joues en lui demandant de ne pas aller trop vite sinon il allait avoir mal au cœur et il pleurerait encore jusqu’à ce qu’il n’ait plus mal.

Micah hocha la tête et il partit assez rapidement comme s’il ne m’avait pas écouté. Je soupirais et je donnais un léger coup d’épaule à la jeune fille en lui souriant, « Tu sais, notre histoire est pas aussi parfaite qu’elle parait… ». J’haussais les épaules et je continuais en jetant parfois des regards vers Micah un peu plus loin, « J’vois pas en quoi votre histoire est pas…une « vraie histoire », et même si c’est un peu confus ou compliqué, ça pourrait très vite se transformer en quelque chose de beau.. ». Je tournais mon regard vers elle, « Ça s’appelle l’amour…tu ressens quoi pour lui exactement Denver ? »

Je n’allais presque pas dire que Maël et MJ avaient une histoire parfaite, mais c’était une vraie histoire. Certes avec ses hauts et se bas, mais ils étaient toujours ensembles malgré tout ça. C’est pour ça que je voyais un eux, un couple presque modèle. Malgré des disputes, des séparations, des tromperies et autres, ils avaient réussis à passer à côté de tout ça et rester ensemble. C’était des choses que j’admirais presque parce que moi qui était de nature très rancunière, je pouvais très difficilement pardonner à quelqu’un. Je n’avais pas encore eu de vraie dispute avec Domenico et pour l’instant, tant mieux. Car je savais que si un jour ou l’autre, on commençait à hausser la voix vis-à-vis de l’autre, ça irait plutôt mal vu nos deux caractères respectifs. C’est un peu ce que je craignais pour notre relation. Certes, l’union libre disait en gros qu’on n’était pas un vrai couple, mais on testait nos limites. De toute façon, je savais que tôt ou tard on devrait passer sur ce terrain glissant : tous les couples y passaient. Mais pour l’instant, je n’essayais de pas trop y penser.

J’avais donc dit à Maël que MJ et lui avait en quelques sortes une vraie histoire. Ce qui n’était pas pareil avec Domenico et moi. Et apparemment tout cela le fit rire. Tant mieux, il fallait mieux en rire qu’en pleurer. Le fait qu’il éclate de rire m’arracha un sourire aussi, même si je ne voyais pas où était la blague. Par la suite, il commença à m’expliquer que leur histoire n’était pas aussi parfaite. Je voulais bien le croire. Je tournais mon regard vers Micah qui partait en courant jouer avec ses nouveaux copains : il respirait la joie de vivre ce petit, je commençais à l’apprécier. Pendant ce temps, Maël rajouta que mon histoire avec Domenico pouvait se transformer en quelque chose de beau. Sur ses paroles, je baissais les yeux par terre avec un léger sourire au coin des lèvres. Je ne rajoutais rien, mais je demeurais silencieuse, méditant sur ses paroles. C’est vrai que notre relation était bien toute fraîche, je ne pouvais pas en voir l’avenir. D’un côté, j’espérai que mon ami ait raison. Alors que je jouais frénétiquement avec mes pieds frottant le sol, Maël m’annonça que c’était l’amour. A ce mot, je tournais mes yeux vers lui. L’amour… Jamais je n’avais été amoureuse. Je ne savais même pas ce que c’était, je ne l’avais jamais ressentit. Alors que je le fixais, il me demanda ce que je ressentais pour Domenico. Alors là, c’était la question qui tue. Je baissais momentanément le regard, puis le lançait une nouvelle fois sur Micah plus loin. Je laissais planer un petit moment le doute, laissant un blanc. En fait, je réfléchissais sur ce que je pouvais répondre à Maël. Je tournais ensuite mon regard sur ce dernier puis je répondais :

« Quelque chose de fort. Je ne saurais t’en dire plus. »

Je soupirais légèrement puis je me redressais sur le banc, croisant mes jambes au passage. C’est vrai qu’avec Domenico, je n’avais jamais ressentis une telle chose. J’étais toujours contente de le voir, de lui parler. Je m’étonnais même parfois en pensant à lui. Je n’avais pas peur de lui dire des choses, je lui faisais carrément confiance. Rien qu’en pensant à tout ça, je souriais comme une idiote. Je l’enlevais rapidement de mon visage, puis je regardais une nouvelle fois Maël :

« T’en penses quoi toi? »

Je marquais une petite pause puis j’enchaînais, me tournant légèrement vers lui de façon à être mieux assise :

« D’ailleurs faudrait que je te le présente! »