Dix neuf ans, Mexico.

CHAPITRE UN. ☁ « HIJO DE PUTA ». Mon frère vient de rentrer, claquant la porte de notre appartement miteux dans un des quartiers les plus pauvres de Mexico. Il semble en colère, crie à tout va, et ça devient une habitude. Je suis loin d’avoir l’adolescence que j’imaginais, pauvreté, violence, drogue, tout s’enchaîne pour moi. L’image de la petite fille sage et pieuse que j’étais encore il y a quelques années s’est lentement consumée pour laisser place à une petite catin, en tout cas c’est ce qu’on dit de moi ici dans notre communauté, les hommes me regardent comme si je n’étais qu’un morceau de cher à baiser et les femmes me montrent du doigt quand je sors de chez moi. L’avis des autres m’importe peu, je n’ai jamais voulu être quelqu’un de droit et de brave pour leur plaire, la débauche est rapidement devenue un mode de vie pour me faire oublier la violence de mon père qui se reportait sur mon frère, au fur et à mesure. Little bad girl. Ma mère encaisse les coups, et moi les coups de reins pour oublier et me libérer de toute cette colère qui me bouffe les tripes. Mon père m’a battu à plusieurs reprises en apprenant que je m’étais tapée des amis à lui et ou des mecs malfamés de certains gangs de la ville, et alors ? Les coups ne m’ont pas empêché de continuer bien au contraire. Pourquoi me priver ? Je sais ce que je suis capable de faire, mais je sais aussi que mon physique n’a jamais laissé quelqu’un de marbre. J’aime en jouer, j’aime attiser le plaisir des mecs du quartier en me baladant avec une jupe un brin trop courte sans petite culotte en dessous en prenant soin de me baisser pour ramasser mon stylo qui se serait malheureusement égaré sur le sol. Folie démesurée de ma part d’agir ainsi, surtout ici dans ce pays, dans cette communauté où on est tous censés se serrer les coudes, pourtant je m’y démarque de plus en plus, essayant même de partir, de quitter tout ça, cette vie ne me convient plus, la catin doit bouger, la catin doit partir à la rencontre du vrai monde, celui où la luxure n’est pas considérée comme un crime contre l’humanité. Je sors de ma chambre, vêtue d’une petite robe échancrée sur les côtés, partant chercher une dose de coke pour me faire tenir a soirée. Mon frère est là, debout dans le couloir, je l’ignore presque, mais son bras vient violemment se claquer contre la porte d’entrée me bloquant le passage. « Casses-toi ». Je lui dis cela, comme un ordre, je sais que je m’expose à des coups encore, mais peu importe, il me lance un regard noir avant d’empoigner rapidement mon poignet me plaquant contre le mur en m’empêchant de partir, posant chacune de ses mains de part et d’autre du mur. « T’iras nul part, tu retournes dans ta chambre, et arrêtes de mettre l’image de la famille en cause comme tu le fais en allant trémousser des reins devant tous ces connards ». Je ricane en le fixant, il doit vivre dans un monde réellement utopique pour me dire ça. Je lui ordonne de me laisser passer une seconde fois mais rien n’y fait. Mon genou se cogne alors brusquement dans son entre-jambe et ce connard se tord de douleur. « L’image de la famille ? Elle est salie depuis que Papa bat maman, depuis que tes nerfs passent sur moi et mon joli minois, on est plus une famille, on n’est plus rien, alors arrêtes de faire les caïds, t’as même pas ce qu’il faut entre les jambes pour le faire ». Il se redresse tant bien que mal alors que sa main vient m’assigner une violente gifle contre ma joue droite, je le fixe, en reculant passant le bout de mes doigts sur mon visage endolori. « QUE TE JODAS ». Je lui crache cela au visage avant de me barrer dans ma chambre, je vais me tirer, quitter cette ville, ces gens qui m’ennuient de plus en plus, pour une autre ville là où je pourrais renifler doucement de la poudre blanche pour partir planer ailleurs, et me prendre des coups entre les reins à m’en faire oublier qui je suis, sans devoir avoir à me soucier des représailles.

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Vingt-trois ans, San Francisco.

CHAPITRE DEUX. ☁ Adieu le Mexique, Adieu les emmerdes, j’ai posé mes valises à San Francisco, histoire de prendre un peu du rêve américain, fameux mythe dont on entend parler dans les comédies romantiques niaises et sans réels intérêt. Je suis partie en pleine nuit, sans me soucier de ce que mon père ou mon frère penserait. Une lettre écrite, des mots se noyant dans du papier usé pour expliquer à ma mère que je ne pouvais plus continuer, que cette vie était peut-être la sienne mais ne sera pas la mienne en tout cas. J’ai réussi à me trouver un travail dans le club de strip tease de la ville, de toute manière qu’est ce que je pourrais faire d’autres, les études n’ont jamais été ma priorité. Puis ce mec, Spencer mon patron m’a vu alors que je zonais dans une ruelle sombre un soir à la recherche d’un shoot d’héroïne, il m’a pris sous son aile, me propulsant sur scène pour remuer mon cul devant des clients plus salaces et demandeurs les uns que les autres. Exhiber mon corps ne me dérange pas, bien au contraire, je le fais tellement souvent en baisant un mec ici, un mec par là alors si en plus je peux gagner de l’argent avec ça pourquoi me priver. Je suis dans les coulisses si je peux dire, enfilant mes bas avant de les accrocher à mes porte-jarretelles. Je me regarde dans le miroir ébouriffant mes cheveux au possible, terminant le maquillage qui va avec l’attitude de traînée. Ma poitrine est comprimée par un bustier rouge et noir, la couleur de la passion, celle de la mort, une liaison charnelle entre les deux. Ce soir, j’ai été appelée pour un show privé, je connais le client, c’est mon dealer depuis que je suis là. Je l’ai vu d’abord ici dans le club à maintes reprises, me demandant bien ce qu’un mec comme lui faisait entourés d’hommes aussi grotesques que ce que l’on voit ici. Grand, fort, un charisme à vous en faire frissonner, il avait rapidement réussi à capter mon attention, au détour d’une conversation entre les filles derrière le rideau, j’avais eu vent qu’il vendait de la drogue parfois, je m’étais pas priée pour aller lui en demander, pour le payer ce fût la carte nature qui prima, et ainsi je crois qu’une certaine relation charnelle c’est installée entre nous. Ses coups de reins laissent souvent des empreintes douloureuses en moi le lendemain, mais je continue d’en réclamer, masochisme peut-être, amour de la chaire sûrement. Je ressens encore sa trique au fond de moi, cognant, butant, en réclamant toujours plus. Il est froid, violent, cynique, un vrai connard, il me baise en m’en interdire de marcher parfois, la haine se mélange souvent au plaisir, quelle douce sensation en soi. J’arrive dans la petite salle, lumières tamisées, il est là assis dans le fauteuil de velours rouge, je le regarde à peine montant sur la petite scène avant de tourner autour de la barre centrale, finissant par coller mon dos à celle-ci, mon visage se détournant vers le sien. Il ne sourit pas, sa froideur pourrait me glacer sur place, mais le voir réchauffe subitement mon entre cuisse. Je commence le show ; dansant sensuellement autour de cette barre, ma jambe se collant contre remontant et descendant, alors que mon corps tout entier bascule en arrière, ma longue chevelure brune comparable à celle d’une sirène échouée sur une plage, virevolte légèrement dans les airs. La musique résonne, le bruit des talons qui claquent contre le parquet de la scène aussi. Mon poitrine vient alors buter contre la barre d’acier alors que je fixe le russe, dé-zippant l’empreinte de mes porte-jarretelles sur mes bas. Une légère mimique sur ses lèvres, me fait sourire alors que je passe le bout de mes doigts sur mes hanches en remuant mon bassin. Il me fait signe du doigt d’approcher. Je m’exécute, c’est le client, je suis la catin. Je marche doucement vers lui avant de me placer à califourchon sur lui, ses mains se plaquant contre mon fessier, alors que mon souffle vient lentement prendre possession de ses lèvres et de sa bouche. Je le regarde, l’observe, mon index vient ripper contre ses lèvres alors qu’il m’arrache subitement mon bustier libérant ma poitrine voluptueuse. Une bouffée d’oxygène monte en moi, réveillant tous mes sens, le toucher quand mes mains viennent se caler contre la peau du russe, l’odorat quand je m’enivre de son odeur, comme pour m’en imprégner, le goût quand ma langue vient lentement suçoter son lobe d’oreille, l’ouïe en l’entendant soupirer quelques fois et enfin la vue en voyant sa trique monter à vu d’œil. Il me fait basculer à même le sol, arrachant mes bas, les déchirants touts entiers avec ses doigts, je le laisse faire, une main s’enfonçant contre sa nuque, alors que je me cambre, l’incendie se déclenchant entre mes cuisses. Sa langue prend possession de ma poitrine gonflée de désir et de pensées impures, avant de filer sur mon ventre qui se contracte instantanément. Sans détour, ses doigts filent contre mon intimité, entrant, sortant, butant contre les parois de celle-ci. Je gémis doucement, il pose violamment sa main sur ma bouche pour empêcher mes cris de se propager jusqu’à l’oreille du patron. Je le fixe alors sans le contredire, sa bouche de temps à autre dévore lentement la mienne comme une gourmandise sucrée à souhait. Ses doigts sont vite remplacés par sa trique qui s’emboîte en moi comme un aimant attiré par un morceau de fer. Mes doigts filent le long de son dos, mes ongles griffent sa peau, l’irritant, l’allumant, alors que ma bouche se dépose contre son épaule, la mordant au rythme de ses coups de reins. Il me relève quelque peu, mes jambes encerclent son bassin, ses mains se serrent légèrement autour de mon coup alors que ses coups de butoir prennent de plus en plus d’intensité, ma tête bascule en arrière, je soupire, expire, le supplie de continuer alors que le nirvana se profile devant moi, mes mains serrent ses cheveux alors que mon corps se tend, se soulève, se crispe, ma voix se saccade, se brise. Plaisir, oh quand tu viens. Je souffle lentement, restant contre lui, une seconde, deux peut-être alors qu’il se relève en me fixant, me balançant un petit sachet à terre, une délicieuse poudre blanche, je souris, il se casse. Je prends ma dose, file dans ma loge, déposant une lignée blanche sur un petit morceau de carton, avant de la prendre tout entière. Tapotant un doigt contre mon nez, je renifle. Je devrais me sentir mal, salie, répugnante, mais c’est tout le contraire, à chaque dose, à chaque partie de baise avec lui je me sens moi-même, revivre, l’oxygène coule à nouveau dans mes veines. Cette vie n’est sûrement pas celle qu’une fille équilibrée voudrait vivre, débauche, douleur, violence, haine, drogue, tant de mots qu’on devrait rayer d’une vie, des mots qui blessent et usent souvent. Le rêve américain est loin.