Jeudi 14 juillet. Ce fameux jour était arrivé. Ce fameux jour où Andreas allait –enfin- pouvoir revoir sa petite amie, après pratiquement deux semaines sans nouvelles. Après deux semaines, depuis l’accident. Accident qu’il avait malheureusement rêvé implicitement, deux jours après le drame. Avec du recul, le jeune homme pensait qu’il serait capable de maîtriser ce don et pouvoir s’en servir correctement. Il lui manquait juste de l’envie et la motivation. Ce don de pouvoir voir des choses plus ou moins réelles dans ses rêves l’affectait, surtout quand il s’agissait de comprendre que sa petite amie l’avait rendu cocu ou s’était faite violée.

De toute façon, il n’était pas l’heure pour culpabiliser, Andreas l’avait déjà fait avec quelques bouteilles auparavant comme lui avait déconseillé de faire son ancien ami Ole. Qu’il aille se faire foutre lui ! OK, il avait retrouvé son Imogen, elle était en sécurité avec lui –bien que tout de même, en connaissant Ole coureur de jupons, le suédois ne pouvait s’empêcher de grimacer – c’était un mec bien, mais qui l’avait incendié, insulté, le jour où il n’avait pas décidé le suivre pour faire renaître Architects, et ça il s’en souvenait et ça bouillait en lui. Pourtant malgré la rancœur qu’il avait contre ce petit blond au minois d’ange, il y allait à son concert, son foutu concert avec son putain de groupe This Century, qu’il jalousait depuis un moment. TC n’était pas le style de musique qu’il serait capable d’écouter en boucle dans son iPod, mais il appréciait. Puis, l’essentiel, c’est que le Karjalainen avait un groupe, et vivait pleinement sa passion !

Lorsque le Sjunesson s’adossa à un mur de la salle du spectacle, il se demanda encore ce qu’il fichait là. Voir ta petite amie, voyons, et peut-être repartir avec elle. Cela était une autre affaire, car il ne savait pas du tout comment il réagirait quand il la verrait. Andreas n’avait jamais eu de relations qui s’étaient faites agressées, il ne savait pas vraiment ce qu’il allait lui dire, donc ça promettait d’être intéressant les retrouvailles. Quant à Ole… Il allait juste le voir prendre son pied sur scène et se dandiner. Franchement, à la rigueur Erwin aurait mille fois préféré venir après le concert juste pour la voir, et ne pas à subir cette torture mentale et visuelle, qu’était ce concert !

Cet à cet instant qu’une jeune femme entra en contact avec le corps du blond « Ole ?! » lui cria-t-elle dans l’oreille. Le visage fermé, Andreas se tourna vers elle et la contempla. Tiens une groupie qui s’était trompé de blond, comment était-ce possible franchement ? (ironie) « Non, moi c’est Personne, ton chouchou est juste là. » Il pointa du doigt la scène au moment où son ancien ami apparut sur scène et un torrent de cris – féminins- retentirent. Ouais, Ole avait toujours cet effet là. Le jeune homme leva les yeux au ciel fasse à cette excitation féminine. Les groupies étaient ce qu’il y avait de plus chiant après les paparazzis, pourtant ça donne toujours de la classe d’avoir une troupe de filles qui veulent ton tee-shirt et qui sont prêtes à tout. Pauvres pré pubères. Andreas s’avança dans la foule, se faisant sa place sous son 1m85. Le public était quand même bien différent du public d’Architects, cela manquait de rockeurs, de metalleux, mais en même temps… Est-ce qu’Ole était en train de faire du metal ? Non, sûrement pas. Il se trouva un endroit, entre des fans moins excités, mais où il pouvait quand même bien voir la scène sur la droite. Il n’avait rien à faire dans la foule s’il ne bougeait pas sous le rythme de la musique, donc il avait préféré s’isoler dans un coin. Pendant tout le concert, ses yeux ne cessaient de contempler tous les musiciens sur scène, ainsi que de temps en temps le public. L’allure d’Ole était assez… Particulière. On aurait dit un môme qui montait sur scène pour la première fois et qui avait la peur aux tripes, ou bien un gamin qui se retenait pour ne pas se faire dessus tellement il était stressé. Amusant, alors que notre deuxième blond gardait une expression sans sentiments sur le visage.




(c) [K] & Hailee :v

Les seconds, les minutes, et l’heure et quart passa. Andreas n’avait pas bronché pendant le concert, toute son attention s’était alors posé sur le blond qui chantait toujours aussi bien. Il voulait que son concert se termine, qu’il ne soit plus obligé d’affronter son ancien ami qui s’amusait sur scène au fil du temps. Son comportement de garçon coincé avait laissé place au garçon amusant, plaisant et jovial qu’était Ole. Il faisait ce qu’il lui plaisait, ce qu’il aimait, tandis qu’Andreas broyait noir. Il voulait revoir Imogen, elle lui manquait affreusement, il voulait la sentir près de lui, la toucher, l’enlacer, qu’il la voit enfin en chair et en os, plutôt que de savoir « qu’elle allait bien » au travers de la voix du finlandais. Il voulait rassurer sa petite-amie, lui dire que tout ira bien et que plus personne lui fera du mal. Il était déjà en train de redouter leur rencontre. Allait-elle avoir au moins le courage de venir le voir ? Si cela se trouve, Ole lui avait dit qu’il la verrait, mais Imogen ne souhaitera peut-être pas se montrer ? Un viol, une agression, ne s’oublient pas en un claquement de doigt, et Andreas savait pertinemment que tout ne sera jamais plus comme avant. D’ailleurs en parlant d’elle, le blond balaya la salle du regard. Il la reconnaitrait entre mille, mais c’était trop simple pour qu’elle se trouve là à regarder le spectacle.

Guitare en mains, Alexis devait se sentir dans son élément, il avait toujours été doué en guitare, qu’elle soit folk ou électrique. Quand à Andreas, il n’était pas un de ses musiciens qui savaient jouer tous les instruments que peut comporter un groupe. Il avait uniquement appris à jouer de la batterie plus jeune, et il chantait, braillait, crier tout ce que vous voulez.

La dernière note sonna.

Ole s’était installé sur le bord avec sa guitare, une cigarette entre ses doigts et il tentait de faire taire ce brouhaha collectif. Quel courage ! Vraiment, c’était une vraie galère et ça l’avait toujours été pour faire taire un public excité. Alors qu’il demandait de se calmer, Andreas remarqua un groupe d’adolescentes poussé encore des cris plus aigus. Oh pitié, faites les taire. Heureusement, le souhait du blond se réalisa lorsque le blond de la scène augmente le son de l’ampli qui lâcha un son perçant, si fort à vous faire percer les tympans. Sjunesson fronça les sourcils et regarda ce qu’il allait se passer par la suite. Tiens il avait une copine, ça le rassurait un peu, au moins il n’aurait pas touché Imogen… Quoique en le connaissant il aurait été quand même capable de lui faire des avances. Non, n’y pense pas, pensait le garçon, il n’aurait pas fait ça, surtout pas des conditions comme celles-ci. Hop, une petite phrase qu’à chaque concert tu sors au public, les spectateurs sont flattés et font à nouveau du bruit.

Ole se positionna au milieu de la scène, en proposant au public de venir s’il connaissait la nouvelle chanson qu’il allait interpréter. C’est à ce moment-là que son regard gris croisa celui du même ton qu’Andreas. Ce dernier toisa ses yeux, sans un mot, sans un sourire, le visage vide de toute émotion. Et il commença à faire sonner les cordes de sa guitare…

…

Non, mais il était sérieux ?!

Le public ne comprenait pas, et ne connaissait pas la chanson. Cette ancienne chanson sortit de nulle part, des oubliettes du groupe Architects. Andreas était tout autant surpris que les jeunes qui se trouvaient avec lui. Pourquoi, il chantait ça ? Devant lui, en plus. Faire remonter les démons du passé était une très mauvaise idée. Etait-ce une invitation ? Erwin était le seul à connaitre les paroles, sans compter Ole. Ce dernier voulait-il que son ancien ami monte sur scène ? Quoiqu’il en soit, même si c’était dans ces intentions, il ne le fera pas. C’était beaucoup trop facile. Futile, malin, mais trop facile. On ne pouvait pas dire que cette chanson inachevée laissait de marbre le suédois. Il sentait sa gorge se nouer, et les souvenirs lui rappelèrent comme il aimait son groupe, son bébé. Alors dans un murmure, il se mit à continuer les paroles, que personne n’entendra et qu’il voulait que personne n’entende.

« My so called friend
My so called friend
When will we see you again... »

Il n’avait pas le droit de la chanter, voulait-il faire culpabiliser Andreas de son choix de tout laisser tomber, après le passage de cette pétasse ? Ou … Peut-être se faire pardonner ?