" Si Dieu existe, je veux qu'il me demande pardon pour tout, absolument tout. Que de sa lumière supposée divine il m'illumine. Si Dieu existe, qu'il regarde ce que l'Homme peut faire de mal en son nom. Si Dieu existe, qu'il m'aide un temps soit peu."
Je me souviens de ces paroles. Je les avais prononcées un soir de ma 17eme année précisément, alors que je croupissais littéralement au couvent jésuite de San Rafael, une ville au nord de San Francisco. Alors que nous faisions voeux de silence, je jurais en silence, blasphèment l'endroit psychiquement à chacun de mes pas. Je n'avais rien à faire ici, et j'y suis restée presque trois longues années. Au moins, j'ai un passé plutôt original, n'est-ce pas ? Il est cependant impossible d'en rire, et presque autant d'en parler.
Je suis née le 10 octobre 1975 à Dublin en Irlande du Sud d'un père boutiquier et d'une mère institutrice, tous les deux très croyants. Le rythme était simple: bénédicité avant chaque repas, messe matinale du dimanche et confessoir tous les premiers du mois. Dans la jolie campagne Irlandaise où j'ai grandis tout m'ennuyait mais mon éducation me replia sur moi même. Le seul écart que mes parents trouvaient charmants était les cours de danse classique que je pratiquais de trois à quatre heures par semaine. Ainsi donc j'étais la jolie et brillante Eva Wells, fille unique d'un couple fondu dans la masse catholique des campagnes de l'époque. 15 ans. L'adolescence vint et mon joli minois de brunette mystérieuse était du goût des garçons. Mais à cette époque, je restais une jeune fille sage, impénétrable. Même si je n'adhérais pas aux croyances de mes parents je me devais de les écouter, étant leur unique fille. Mais malgré mes efforts, l'irréparable se fit. Mon charme froide et intriguant déjà présent à l'époque n'avait pas échappé à cet étudiant de deux ans mon aîné, Mark. Il était beau, divin même. Blond et populaire. Charismatique et diabolique, je le savais... mais ma méfiance ne le retint pas. C'est après une journée de cours en hiver, alors que le soleil était déjà couché qu'il me proposa de me racompagner chez moi. Comment dire non ? Il était si beau... alors je cédai sur le ton le plus neutre possible, car outre sa beauté, je me devais de respecter la conduite que mes parents m'avaient ordonnée d'appliquer. Il me viola. Sans transition, je vous le dis. Je me souviens encore de ses mains chaudes sur mon visage, et de mon corps frêle quasi-brutalisé... il me parraissait gigantesque.
Quoi qu'il en était, mon mensonge ne tint pas plus d'un mois face à mes parents: j'étais enceinte. Tout changea. Leur regard était dur, comme si j'étais la fautive. La fautive, moi, la victime ! Nous déménageames à San Francisco afin d'épurer loin de notre terre natale l'immondice que j'étais à leurs yeux. J'accouchai sous X d'un garçon aux quelques mèches blondes... et fut envoyée ni une ni deux au couvent San Rafael. J'y restai jusqu'à mes 18 ans, et le jour même de ma majorité, je partis. La religion ne m'avait apportée que des malheurs et avait plongé mon adolescence dans une maturité si rapidement que mon esprit en saigne encore parfois. Ils m'avaient enfermée avec des religieuses pour m'épurer, mes propres parents ! Mais dans l'ombre des crucifixs, je jurais, oui, je jurais !
Vint alors Las Vegas, échappatoir provisoire. Ville du vice... je passais donc d'un extrême à un autre, et c'est à ce moment que mes talents de danseuses me firent trouver une place dans des clubs de streaptise chics. Je gagnais ma vie, je vivais loin de mes parents et je m'éclatais comme pas possible. C'était ma revenche sur la vie... et vint Nikolaï S. Viatcheslav. A l'époque, j'avais 25 ans et étais responsable du personnel au sein d'un grand casino. Je savais ce que je voulais et m'étais forgée. Entre Nikolaï et moi, le feeling passa tout de suite. Business, communication, fric, on savait y faire et la combinaison de nos deux personnalités rendait le cocktail divint. Couple d'associés ? Couple marié. Nous n'étions pas amoureux mais la confiance régnait et nous avions biens des buts en commun... il n'en fallut pas plus pour concquérir San Francisco où nous emménagiâmes, alors que mes parents l'avaient quittée trois ans au paravant.
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