Tu es rentrée chez vous quelques jours plus tôt et tu pouvais encore sentir sa présence dans l’air. Son odeur t’avait étouffée quand tu avais retrouvé votre lit. Tu as dormis dedans comme s’il était là, comme s’il ne t’avait jamais quitté. Lorsque tu t’es réveillée tu avais presque oublié qu’il n’y aurait personne à l’autre bout du matelas, maintenant glacial de son côté habituel. Tu ranges ses affaires dans des cartons toute la journée, pleurant de temps en temps quand ton cerveau décide de t’envoyer des flashbacks plus réels que ce triste monde dans lequel tu vis. Votre bébé donne souvent des coups de pieds quand tu regardes une photo de lui, est-ce qu’un jour tu cesseras d’être aussi triste ? La bonne vient souvent te demander si tu as besoin d’aide, tu n’as besoin de rien, seulement lui. Le manque est si profond que tu as besoin d’un retour en arrière, de faire comme si tout n’était pas fini entre lui et toi. Cacher tes cernes et tes yeux gonflés est devenu ton quotidien, pour le reste du monde tu es ce mur impassible et incapable de sentiments. Tu enfiles une robe de maternité faite par un créateur, il faut bien mettre en valeur ce qui n’a pas grossi durant les derniers mois et l’argent n’est pas un problème quand il est question de rester belle en tout circonstances. Tu continues à ne pas vouloir le décevoir, même maintenant.
Tu pousses la porte du bar et quelqu’un se précipite pour la tirer. Tout le monde veut aider les femmes enceintes, tu as l’impression d’être devenue handicapée ou âgée. Tu vas t’asseoir à la table pour deux où vous avez passé votre premier rendez-vous. Tu commandes un cocktail sans alcool et regrettes déjà d’être venue. Il n’est pas là et tu l’es. Tu sirotes ton verre, pensive et ton regard se perd sur une personne de dos. Yaël ? Les battements de ton cœur accélèrent, tu es sure que c’est lui. L’homme se retourne, seul son visage marque une différence avec celui de ton défunt mari mais tes yeux ne peuvent le quitter pour autant. Il a quelque chose de lui.

Tu te dis que la vie dans cette ambiance "américaine" n'est peut-être pas si mal. Tu aurais sans doute préféré revenir dans ton pays, mais d'après les autres, ce n'est pas vraiment une bonne idée, car la police ukrainienne a incarcéré un membre de ton gang, ce serait donc vraiment bête de revenir, vu que ce con a sûrement dû leur divulguer quelques précieuses informations sur toi. Tu préfères donc garder profil bas à SF, le temps que tout ceci se calme un peu. Tu restes tout de même un anti-américain, et un vrai pro-russe. Tu as eu le plaisir de croiser certains de tes compatriotes dans le coin, tu t'es senti un peu comme chez toi, sauf pour la nourriture, tu as toujours du mal à trouver un bon endroit où manger vegan.

Ton frère ne s'est pas montré depuis deux jours, c'est assez commun, mais tu t'inquiète un peu quand même. Tu décides, d'aller à l'un des bars qu'il fréquente apparemment, en espérant qu'il daigne montrer le bout de son nez. Tu prends place, en face du bar, tu sirotes le verre que tu as commandé, et tu regardes un peu partout, cherchant Ozge du regard, tu remarques de façon furtive cette jeune femme blonde qui te regarde, tu détournes ton regard, fixant ton verre, avant de le reporter un peu par pur reflex vers elle. Tu la surprends, toujours entrain de te regarder, elle semble confuse, comme si elle te connaissait. Tout ceci te trouble, tu décides d'aller simplement la voir, le verre en main. Il serait aimable d'arrêter de me fixer de cette manière, car je doute que nous nous connaissions. Tu lui adresses un sourire bref et glacial. Le fait qu'elle semble aussi troublée.. te trouble. C'est assez étrange.

Tu voudrais pouvoir oublier jusqu’au plus simple détail qui caractérisait Yaël, tu aimerais ne plus te souvenir de ses habitudes, de ses manies, de lui ou de ce qu’il était. Toi qui commençais à l’aimer sincèrement, tu aurais peut-être fini par vivre ce mariage plus agréablement que ce que tu prévoyais à la base. Est-ce que tu es blessée parce qu’il t’a abandonnée avec le bébé ou parce que son acte démontre clairement qu’il n’éprouvait rien pour toi ? Tu aurais pu lui pardonner sa mort s’il n’y avait pas eu le bébé. Lui est surement mieux où il est et toi tu es la veuve d’un mariage arrangé qui se retrouve avec l’enfant de l’union sans amour. La facilité aurait été de le rejoindre dans les jours suivant son suicide mais tu n’en étais tout simplement pas capable. Cet enfant, la seule trace que ton mari a laissé derrière lui, tu ne pouvais pas lui faire ça. Il méritait de vivre tout comme tu méritais d’avoir un peu de bonheur. Et cette petite chose encore informe à l’intérieur de toi t’aidait à surmonter toute cette histoire. Tu fixes toujours l’inconnu sans pouvoir y remédier, il te fait beaucoup trop penser à lui pour que tu fasses comme si de rien n’était. Son regard atterrit sur toi et ton trop plein d’hormones créer un frisson te parcourant des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Il ne te lâche pas, tu pourrais jurer qu’ils ont les mêmes yeux tous les deux. Ou tout du moins cette même intensité dans le regard qui t’avait tout de suite déstabilisé chez Yaël. Embarrassée puisqu’il t’a bel et bien vue, tu baisses la tête pour boire une gorgée de ton cocktail. Mais quand tu jettes un coup d’œil furtif dans sa direction il est en fait déjà devant toi. « Il serait aimable d'arrêter de me fixer de cette manière, car je doute que nous nous connaissions. » Cette façon de parler, cette intonation et ce sourire glacial pour finir le tout. Tu restes bouche bée devant cette ressemblance un instant, oubliant complètement ce qu’il venait de te dire. Tu essayes de te reprendre rapidement mais le bébé a commencé à donner des coups de pieds lorsqu’il a ouvert la bouche. « Je suis désolée, ce n’est pas dans mes habitudes. » Ta voix est faible mais tu réussis à garder un visage assez neutre. « Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre.. » Tu passes une main dans tes cheveux et détournes le regard, il te met mal à l’aise.

Tu n'as pas tout de suite eu le temps de remarquer le ventre ballonné de la jeune femme, et tu te surprends à le fixer durant un court lapse de temps. Enceinte, cela peut expliquer certaines choses à tes yeux. Elles sont assez bizarres quelque fois, à vouloir se goinfrer et à tenir autant à cette créature non encore bien formée qui vit dans leur ventre, qui aspire à feu doux leur énergie. Tu te demandes tout de même ce qu'elle peut bien faire ici toute seule. Elle te réponds, tu sens de l'embarras dans ses paroles et le ton de sa voix. « je suis désolée, ce n'est pas dans mes habitudes. » Ses traits fins, fatigués, t'inspirent de la pitié, même si tu n'en éprouve actuellement aucune. « Je vous ai pris pour quelqu'un d'autre. » arquant un sourcil, tu souris brièvement avant de répliquer. « Permettez moi de vous dire que vous n'êtes pas en mesure de draguer des inconnus, vu l'état dans lequel vous êtes... Les femmes américaines sont vraiment étranges. » Tu soupires avant de prendre le verre de la jeune femme pour le sentir, histoire de voir si la boisson est alcoolique ou non. Tu reposes ensuite le verre. « Quelle utilité d'aller à un bar sans boire d'alcool? »

Tu as du mal à comprendre comment cette situation a pu arriver. Tu n’es d’habitude pas du genre à être impressionner par les autres, jamais tu n’as été aussi troublé par un inconnu. Surtout pas par un male en plus du reste. Tu sais très bien que tout ça arrive parce que tu n’arrives pas à te sortir Yaël de la tête. Encore maintenant il guide tes faits et gestes. Son sourire te provoque un lourd pincement au cœur. « Permettez-moi de vous dire que vous n'êtes pas en mesure de draguer des inconnus, vu l'état dans lequel vous êtes... Les femmes américaines sont vraiment étranges. » Il avait remarqué ta condition un peu tard. Il ne te laisse pas le temps de te défendre et attrape ton verre pour le sentir, apparemment à la recherche d’autre chose que du jus de fruits. « Quelle utilité d'aller à un bar sans boire d'alcool? » Tu bois une gorgée lorsqu’il te le rend, la gorge un peu sèche en le regardant les yeux brillants. « Sans vouloir vous vexer, je ne vous draguais pas et je sais très bien ce que je fais par rapport à mon « état ». » Tu as réussi à reprendre un visage complètement neutre avant de parler. « J’avais besoin de venir ici, c’est tout. » Ta voix se veut plus froide dans l’espoir qu'il ne pose pas plus de questions. Tu ne comptes pas lui donner plus de détails, raconter ta vie à la première personne qui passe n’a jamais été dans tes habitudes. Tu décroches un instant les yeux de lui, ayant du mal à accepter la ressemblance. « Mais si je ne me trompe pas c’est vous qui êtes en train d’essayer de me charmer. » Ton regard à nouveau dans le siens, tu essayes de reprendre confiance en toi et ne pas paraitre stupide.

A vrai dire, étant etranger et nouveau dans cette ville, tu te dis que tu devrais songer à te divertir, rencontrer des personnes différentes, même si ce n'est pas réellement dans tes habitudes. Tu as simplement l'impression de troubler cette femme, pour une raison que tu ignores complètement. « Sans vouloir vous vexer, je ne vous draguais pas et je sais très bien ce que je fais par rapport à mon « état ». Même si sa réponse semble sincère, tu ne peux t'empêcher de penser qu'elle cache quelque chose. « J'avais besoin de venir ici, c'est tout. ». Un long silence plane, tu te dis que tu devrais sans doute regagner ta place, que ton frère ne tarderait pas à arriver. Elle s'adresse à toi, à nouveau, tu la fixes du regard. « Mais si je ne me trompe pas c'est vous qui êtes entrain de me charmer. » Tu arques un sourcil, avant de lâcher un rire bref et assez ironique. « Plutôt inhabituel pour une femme enceinte d'oser penser à une telle éventualité, à moins que vous ne soyez célibataire et probablement désespérée. » Tu réfléchis deux minutes avant de t'adresser à elle une nouvelle fois. « Gagné, je vous charme. Je songeais d'ailleurs à une vie de couple idyllique avec vous et votre joli ventre. » Tu te remets à rire, buvant une bonne gorgée de ton verre. Cette scène t'amuse au plus haut point.

Tu te sens de plus en plus ridicules, tu n’es pas à ta place ici et tu devrais sans doute partir. Une femme enceinte seule avec son verre de cocktail sans alcool, tu t’imagines de l’extérieur et te dis que tu aurais sans doute dû choisir un autre endroit pour te flageller mentalement avec des souvenirs de ton mari. Quelque part où il n’y aurait personne et où tu pourrais te mettre à pleurer silencieusement comme tu le fais si souvent depuis sa perte. Mais maintenant c’est tout autre chose qui te retient dans ce bar, cet inconnu te donnerait presque envie de sourire. Tu as l’impression que l’on t’a offert un clone de ton amour passé, juste pour toi. Surement ton cerveau qui part encore en vrille par sa faute. « Plutôt inhabituel pour une femme enceinte d'oser penser à une telle éventualité, à moins que vous ne soyez célibataire et probablement désespérée. » Tu soupires et baisses les yeux, dois-tu comprendre que tu n’es plus aussi belle qu’avant ? Que ton état t’a rendue inapprochable ? Il était bien là, en train de parler malgré tout cette graisse qui s’était fait une place autour de ton corps parfait. Une seconde passe avant qu’il ne vienne couvrir le blanc entre vous de sa voix qui te donne la chair de poule une fois encore. Même ton, même intonation, même expression faciale. « Gagné, je vous charme. Je songeais d'ailleurs à une vie de couple idyllique avec vous et votre joli ventre. » Tu arrives à lâcher un petit rire pour la première fois en plusieurs moi et tu n’arrives pas à savoir si ça te fait du bien ou le contraire. Tu te sens toujours coupable d’aller un petit peu mieux, par rapport à lui. « Je ne suis pas désespérée, simplement veuve. » Tu ne veux pas qu’il s’apitoie sur ton sort alors tu enchaines vite. « Mais merci pour le compliment sur mon excroissance. » Tu souris légèrement en posant par pur réflexe une main sur la dites partie. « Si vous êtes décidé à me tenir compagnie vous devriez vous asseoir. » Tu lances un petit signe de tête vers la chaise vide devant toi.

Draguer une femme enceinte, quelle idée. Je me permet de la mieux la contempler, son regard me semble assez aguicheur, mais ce n'est peut être qu'une impression. Hormis tout cela, je me dois d'avouer que sa plastique est irréprochable si l'on oublie le ballon qu'elle porte. « Je ne suis pas désespérée, simplement veuve. » Une femme veuve, ce qui fait d'elle une futur maman célibataire, comme c'est mignon. Elle me rappelle un peu ma génitrice, je commencerais presque à ressentir une certaine compassion. Elle enchaîne assez rapidement, je devine bien qu'elle n'a nullement besoin de ma pitié, je n'en ai pas de toute façon. « Mais merci pour le compliment sur mon excroissance. » Je lui souris, acquiesçant du regard. « Si vous êtes décidé à me tenir compagnie vous devriez vous asseoir. » Je reste pensif un court instant avant de m'installer sur la chaise libre en face. Je devine que vous êtes une femme facile dans ce cas. J'élargis mon sourire avant de prendre une longue gorgée de mon verre et de le poser sur la table. Je la provoque simplement, je trouve cela étrangement amusant. Vous passez donc votre période de deuil dans les bars?

Il accepte de s’asseoir à ta table et tu en es plutôt étonnée. Tu recules tout de même tes jambes sous ta chaise dans la peur qu’elles ne frôlent les siennes. Il dit qu’il ne te drague pas mais tu peux constater qu’il n’est toujours pas partit. Tu commences à te dire que la façon que tu avais de le regarder devait vraiment être étrange pour qu’il décide de venir te parler puis de prendre place en face de toi. Néanmoins, tu ne diras rien. Sa présence t’apaise un peu, cette conversation est surement la moins déprimante que tu ais eu depuis des mois. « Je devine que vous êtes une femme facile dans ce cas. » Tu fronces les sourcils, il vient vraiment de te dire ça ? Tu restes un instant immobile, incertaine d’avoir compris ses mots. Et il sourit, tu te racles la gorge et tourne les yeux. « Vous passez donc votre période de deuil dans les bars ? » Tu aurais préféré qu’il oublie totalement que tu es veuve mais il ne semble pas décidé à éluder le sujet. « Vous devinez très mal, je ne suis en aucun cas ici pour trouver un remplaçant. » Tu bois une gorgée de ton cocktail et soupire en te laissant aller contre ton dossier. « C’est la première fois que je sors toute seule, n’enfoncez pas le couteau dans la plaie. » Tu te sentais idiote mais tu ne voyais aucune raison de lui mentir, tu souris un peu malgré toi.

Je me trouve drôle par moments. Etant sans aucun doute conscient de la particularité de mon humour, si peu partagé. Je discerne dans son regard, son ton, l'expression de son visage suite à cette phrase : « Vous devinez très mal, je ne suis en aucun cas ici pour trouver un remplaçant. » un certain agacement, dont je suis la cause. Je me surprends à ressentir un certain plaisir, presque inavoué, en voyant cette femme quelque peu contrariée. « C’est la première fois que je sors toute seule, n’enfoncez pas le couteau dans la plaie. ». Je n'ai jamais ressenti de la haine pour les femmes, c'est ce que l'on pourrait s'amuser à penser, à déduire, lorsque l'on découvre que je suis un asexué. Je ne vois simplement aucune utilité au fait de se foutre en l'air avec quelqu'un. Je me sens la plupart du temps neutre, face aux deux sexes. Je sais bien entendu, apprécier la beauté, comme celle de la jeune femme qui se trouve en face de moi. Je l'observe, ses traits, des traits russes je dirais, peut-être que nous partageons les mêmes origines, ou peut-être que je me trompe complètement. Je bois une autre gorgée de mon verre, avant de lâcher un soupir. « Je vois. Vous deviez donc vraiment tenir à votre mari. Toutes mes condoléances. » Je me lève ensuite. « J'ai finis mon verre. Merci pour le divertissement, même si ce fut assez bref. » Je finis par me pencher lentement, jusqu'à ce que mon souffle bouscule gentiment son oreille, pour lui chuchoter en russe. « Je suis sûr que nous allons nous revoir. »

Tu essayes de rester neutre par rapport à toute cette situation et cet inconnu. La vérité étant que beaucoup trop de choses t’empêchent de le faire. Il te regarde presque comme Yaël le faisait, impossible de déchiffrer ce qui se passe dans sa tête à ton propos. Tu arrives à sentir que tu ne lui es pas indifférente, quoi que cela puisse vouloir dire. Tu le vois par moment décortiquer les traits de ton visage, tes expressions et chaque petit détail qui te caractérise. Encore une fois, la similitude avec le mort t’ébranle. Il soupire, tu attends la suite. « Je vois. Vous deviez donc vraiment tenir à votre mari. Toutes mes condoléances. » Tu lâches un rire bref et doux, la naïveté de ceux qui ne connaissent rien à ce toi et ton mari étiez. L’amour n’existait que de ton coté du premier au dernier jour, le fait qu’il t’abandonne a prouvé une fois de plus que tu ne représentais rien à ses yeux. Il pose son verre vide proche du tiens, qui ne l’est pas encore. « J'ai finis mon verre. Merci pour le divertissement, même si ce fut assez bref. » Tu lèves les yeux vers lui, minuscule assise sur ta chaise alors qu’il vient de se lever. Tu es un peu étonnée qu’il abrège votre conversation, surtout vexée. Il se penche doucement vers toi pour te souffler quelques mots à l’oreille. « Je suis sûr que nous allons nous revoir. » Sa voix en russe ressemble encore plus à celle de Yaël et ta main agrippe son poignet, comme un reste d’habitudes. Tu sais que ta main le serre fort, incontrôlable, tu n’y peux plus rien et tes mots sortent tous seuls dans ce qui est surement sa langue maternelle. « Ne me laissez pas comme ça, s’il vous plait. » Ton accent est mauvais et tes yeux déjà embués fuient par-dessus tout son visage.

Le sourcil arqué, la bouche faiblement entrouverte. Cette femme m'étonne. Elle semblait si fière il y'a quelques secondes, pourtant sa main s'agrippe si fort à mon poignet. Me suppliant de ne pas la laisser. « Ne me laissez pas comme ça, s’il vous plait. » Je finis par esquisser un sourire en coin assez discret. A vrai dire, je ne m'attendais pas à une telle réaction. A cet accent russe maladroit, sorti d'une voix aussi tremblante. Je pose ma main sur la sienne, froidement, mais dans le seul but de la rassurer. Je ne sais pas vraiment y faire de toute façon. Je ferme les yeux un instant, lâchant un rire ironique très bref avant de me rasseoir en face d'elle. Je ne le fais pas par pitié, non. Je le fais parce qu'elle a su attiser ma curiosité. Il y'a quelque chose qui m'incite à vouloir en savoir plus sur elle. A la connaître. De plus, il faudrait bien être soudé avec ses compatriotes. J'éloigne ensuite ma main, légèrement déstabilisé par ce contact, n'y étant aucunement habitué. J'enchaîne en russe, étant bien plus à l'aise à parler dans ma langue maternelle. « Vous m'intriguez. Vous semblez forte, mais vous ne l'êtes pas. » J'essaie simplement de comprendre, de la comprendre.

Tu as envie de disparaitre, qu’est-ce qu’il te prend ? Toi qui déteste tous les hommes sur cette terre, tu l’avais touché sans hésiter. Presque sans ressentir de dégout. Yaël t’avait fait changer par rapport à ce blocage, il avait réussi à vivre au jour le jour avec toi et à te satisfaire sur le plan sexuel. Plus que n’importe quel homme que tu ais connu, en ne comptant pas Utz. Mais c’était une autre histoire. Tu évites son regard alors qu’il accepte de s’asseoir à nouveau en face de toi. Tu ne veux même pas savoir pourquoi il n’est pas partit, il aurait dû le faire. Tu aurais pu rentrer chez toi en vitesse et retourner pleurer dans ton lit, oublier cette soirée qui ne s’était pas du tout déroulée comme tu l’avais prévu. Il se défait de ta main, tu avais presque oublié que tu t’accrochais à lui tant tu étais perturbée. Tu ranges tes deux mains sous la table, plus de bêtises, promis. « Vous m'intriguez. Vous semblez forte, mais vous ne l'êtes pas. » Toujours en russe, sa voix lance une nouvelle vague de frisson de ton échine jusqu’au bas de ton dos. Tu étais forte, tu l’avais été toute ta vie jusqu’à Yaël. C’est lui qui t’avait affaiblie à coup de sentiments refoulés et de manque d’attention. Tu oses enfin relever les yeux vers lui, un peu plus calme. Tu sais que ton accent était horrible mais tu avais apprit la langue pour faire plaisir aux Rockfeller. « Pardonnez mon comportement déplacé. » Tu étais sincère, tu voulais qu’il sache que tu n’étais pas comme ça en temps normal. Le besoin de te justifier devint trop fort. « Vous lui ressemblez beaucoup. »

Son accent russe me paraît acceptable. Je reconnais toujours une femme de ma région lorsque j'en aperçois une. Cette blonde en face de moi ne fait pas exception. Mes yeux la fixent, je reste calme, posant mon menton sur la paume de ma main, mon regard soutenant toujours le sien. « Pardonnez mon comportement déplacé. »   Je me demande bien ce qui doit se tramer dans sa tête. Ce qui semble autant la troubler, la rendre aussi vulnérable. « Vous lui ressemblez beaucoup. » Ressembler à un homme mort? Un homme que je ne connais pas, que je ne connaîtrais jamais. Qu'est ce que cela peut bien me faire? Qu'est ce que cela pourrait changer à mon existence? Rien du tout. Je lui adresse un regard désintéressé. Je ne suis nullement touché par ses propos. Je peine à la croire. Je retire mon coude de la table, pour me redresser. Lâchant un fin soupir avant de finalement rétorquer froidement. « Je m'attendais à une justification qui soit plus.. palpitante. » Mon verre est vide, je me contente de le regarder avant d'enchaîner. « Votre mari, me ressemble donc. Vous deviez sans doute fantasmer sur moi depuis toute à l'heure. » J'esquisse un sourire malicieux, poursuivant. « Est ce que.. je vous trouble? Qu'est ce qui vous fait penser à lui? Je vous écoute. »

« Je m'attendais à une justification qui soit plus.. palpitante. » Tu pinces les lèvres, décollant ton regard de son visage. Il ne se rend pas compte de l’effet que cela peut avoir sur toi, cette ressemblance avec le mort. Tu ne comptes de toute façon pas lui en dire plus, lui expliquer les détails serait beaucoup trop douloureux à tes yeux. « Votre mari, me ressemble donc. Vous deviez sans doute fantasmer sur moi depuis toute à l'heure. » Tu fronces les sourcils, offusquée par une telle affirmation. Il ne comprend pas et ne peut de toute façon surement pas. Son assurance te déstabilise, croit-il que tu es en état de le désirer ? Oui, tes hormones bouillonnent depuis quelques mois déjà mais tu n’es tout simplement pas prête à être touchée par un autre homme. Les femmes sont une autre histoire dont il n’a même pas conscience. Tu doutes qu’il pourrait deviner sur ton visage que tu te considères presque comme lesbienne et que la plupart des hommes te répugnent à un point effrayant. Mais pas lui ? Un peu si, ton cerveau s’enlise dans tant de réflexions. Il sourit, il s’amuse. « Est ce que.. je vous trouble? Qu'est ce qui vous fait penser à lui? Je vous écoute. » Tu lâches un soupire et fini ton verre. « Vous n’avez aucune gêne à me poser ce genre de questions ? » Tu ne sais même plus quoi lui dire, complètement perdue. « Vous êtes proches physiquement, mais vous vous comportez surtout de la même façon. » Tu soupire. « Aussi exaspérant. » Tu dis avec un léger sourire en coin, essayant de retourner le sujet. C’était vrai, mais pas totalement.

Décidément, le moins que l'on puisse dire c'est que je ne m'attendais pas à faire une rencontre aussi étrange et intéressante dans un tel endroit. Ce sourire en coin qui s'esquisse presque inconsciemment sur mon visage en dit long sur l'amusement que je ressens à provoquer cette jeune femme en face de moi. Il faut dire que c'est assez drôle de ressembler à quelqu'un de mort, qui plus est, semble avoir eu un très grand impact dans la vie de cette blonde qui est tout à fait plaisante à regarder, malgré le fait qu'elle porte un être en elle. « Vous n’avez aucune gêne à me poser ce genre de questions ? » J'arque un sourcil lorsqu'elle me pose cette question, je lui adresse un regard malicieux, je me délecterais presque d'un tel moment. « Vous êtes proches physiquement, mais vous vous comportez surtout de la même façon. » Une rencontre avec son défunt mari aurait sans doute été intéressante dans ce cas. A croire ses paroles, j'aurai probablement l'impression de m'adresser à moi-même. « Aussi exaspérant. » Je ne peux m'empêcher d'élargir mon sourire. Cette femme est rempli de paradoxes, c'est sans doute cela qui suscite autant d'intérêt chez ma personne. « Exaspérant.. C'est donc pour cette raison que vous m'avez retenu? Je pense que votre mari vous manque.. affreusement.  » Je marque une pause, scrutant son regard. « Vous voulez que je reste parce que vous avez l'impression qu'il est toujours là. C'est assez malsain comme attitude. Vous ne trouvez pas? »

Il se délecte de ton trouble, ta frustration. Il s’amuse avec tes réactions et tout ce que tu lui renvois. Tu détestes ce genre de choses, tu les as toujours détestés même quand le joueur en face de toi étais Yaël. Après ton cinéma avec les larmes, lui avoir demandé de rester, tu ne peux pas tourner les talons et disparaitre. Ou serait-ce parce que tu es beaucoup trop faible pour te détacher de la seule chose qui pourrait te sauver de tes pensées ? Le voir, l’entendre, te rassure et te détends. Beaucoup plus que tu ne voudrais l’avouer. S’il n’était pas apparu tu serais déjà rentrée pour t’enfermer dans ta chambre et passer une fois de plus en revue les photos de ton mari et toi. Vos photos de mariage, toujours les plus douloureuses. « Exaspérant.. C'est donc pour cette raison que vous m'avez retenu? Je pense que votre mari vous manque.. affreusement. » Tu le regardes dans les yeux, il est bien décidé à te faire craquer. Il n’avait pas fini sa phrase. « Vous voulez que je reste parce que vous avez l'impression qu'il est toujours là. C'est assez malsain comme attitude. Vous ne trouvez pas? » Tu attrapes ton verre et lui lance au visage ce qu’il reste au fond. Calmement, tu croises tes jambes et ne le quitte pas du regard. « Si votre but dans cette conversation est que je vous haïsse, vous vous en approchez rapidement. » Les hormones te font faire des choses stupides depuis que tu es enceinte, tant pis pour lui. « Vous l'êtes beaucoup plus. Renvoyer sa peine en plein visage à une jeune veuve ? Personne ne fait ça. » Tu lui tends un mouchoir que tu sors de ton sac pour qu’il s’essuie, même si tu ne comptes pas t’excuser. Tu le regarde faire, avec un petit sourire satisfait.

Une humiliation. C'est ce qu'elle tente de me faire subir en jetant le contenu de son verre presque vide sur mon visage. Je remarque que c'est surtout elle qui doit se sentir humiliée, honteuse.. faible en d'autre terme. Je remarque de la colère dans son regard, probablement du mépris aussi, elle doit se sentir noyée dans son propre désespoir. Devrais-je me sentir outré? Sans doute, mais je n'y parviens pas, je ne vais pas me forcer. « Si votre but dans cette conversation est que je vous haïsse, vous vous en approchez rapidement. » Je ne peux m'empêcher de rire. Oui je ris, encore plus fort lorsqu'elle me tend un mouchoir. « Vous l'êtes beaucoup plus. Renvoyer sa peine en plein visage à une jeune veuve ? Personne ne fait ça. » Que de contradictions qui font d'elle une personne digne d'intérêt. Je m'essuie le visage, continuant de rire, avant de m'arrêter au bout de quelques minutes. « Quel sacré numéro. » Je pose le mouchoir lorsque je termine. Mes iris se posent sur elle, la scrutant toujours de la même façon. Je me délecte en effet de ce spectacle. « Épargnez moi donc tout ce méli-mélo émotionnel. Je dois tout de même avouer que c'était assez drôle. » Un sourire ne quittant pas mon visage, je continue. « J'essaie simplement de vous comprendre. Ne le prenez pas aussi mal. » Ma tête se penche très légèrement, l'air faussement dépité.

Il rit. Ce n’était pas la réaction que tu attendais, tu voulais qu’il s’énerve, qu’il te montre quelque chose d’autre que cette façade qu’il garde depuis tout à l’heure. Ça avait toujours été ton but avec ton époux, tu te dis que tu n’y arriveras pas avec lui non plus. Quoi que tu puisses faire ils sont toujours plus fort que toi, tu es la faible quoi qu’il puisse se passer. Tu te désespère. Il s’essuie le visage avec le mouchoir que tu lui as tendu, par pure politesse, et s’arrête enfin de rire. « Quel sacré numéro. » Tu préfères ne pas relever, tu t’es ridiculisée toute seule, il vaudrait mieux te taire. « Epargnez moi donc tout ce méli-mélo émotionnel. Je dois tout de même avouer que c’était assez drôle. » Ca tu l’avais compris, il n’avait pas besoin d’en rajouter une couche. Tu crois les bras sur ton ventre, fatiguée de ne pouvoir fuir cette situation ou en prendre le dessus. Il sourit toujours, tu essayes de ne pas y faire attention pour ne pas te troubler d’avantage. « J’essaie simplement de vous comprendre. Ne le prenez pas aussi mal. » Tu souffles du nez, incapable de rire à cause de tes nerfs à vif. Il fait une tete de chien battu, tu n’y crois pas une seule seconde. « Maintenant vous voulez me comprendre ? Je pensais que vous vouliez de me descendre plus bas que terre. » Tu dis avec un sourire pincé, complètement hypocrite. « J’aimais mon mari, vous lui ressemblez beaucoup. Peut-on passer à autre chose où voulez-vous que je vous raconte le moment où je l’ai trouvé inanimé ? » Tu es en colère à cause de sa simple existence, parce qu’il te fait revivre toute cette histoire rien qu’en se tenant devant toi.

Jouer avec les nerfs d'une femme enceinte n'est probablement pas l'idée du siècle, mais je m'amuse, étrangement. J'y prends un certain plaisir, presque malsain mais qu'importe. Mon regard malicieux, au bord du sadisme, parcoure ses traits fins, ces traits russes qui ont baigné mon enfance. Je devine bien que son mécontentement a atteint un point culminant, je trouve cela fort divertissant. « Maintenant vous voulez me comprendre ? Je pensais que vous vouliez de me descendre plus bas que terre. » Une pincée d'irritation dans ce sourire qui se veut hypocrite et qu'elle me sert sur un plateau d'argent. Je pose le mouchoir sur la table, la détaillant toujours du regard, doté d'un calme presque déconcertant, à la limite de la provocation. « J’aimais mon mari, vous lui ressemblez beaucoup. Peut-on passer à autre chose où voulez-vous que je vous raconte le moment où je l’ai trouvé inanimé ? » Je fronce légèrement mon sourcil avant d'esquisser un faible sourire en coin. Je pose ma main sur la sienne faisant disparaître toute trace de joie ou d'amusement sur mon visage. « Navré d'apprendre cela. » Je retire ma main, fermant mes yeux un court instant avant de la fixer, retrouvant mon sourire. Mes aptitudes dans la comédie étant assez limitées, je ne peux dépasser quelques secondes pour montrer ma fausse compassion. « Mais, je vous en prie, racontez moi. Je suis curieux » Je me redresse, mon coude posé sur la table, la paume de ma main soutenant mon menton, je suis prêt à l'écouter, ne ressentant aucune gêne face à une telle situation.

Il pose sa main sur la tienne, qui se transforme en poing puis s’échappe de son contact. Un frisson remonte automatiquement de ton poignet jusqu’à ton épaule. Tu ranges tes mains sous la table, loin des siennes, tu ne peux supporter ce genre de gestes venant d’un homme si tu ne l’as pas invité à le faire. Surtout pas de celui-ci. Il s’arrête de sourire subitement. « Navré d’apprendre cela. » Il ne l’était pas, tu pouvais le lire sur son visage mais tu n’en avais pas grand-chose à faire. Tu ne comptes plus le nombre de personnes t’ayant sorti ce genre de phrases par politesse, ou bien pire encore, par pitié. « Mais, je vous en prie, racontez-moi. Je suis curieux. » Il change de position, comme un enfant qui se prépare à entendre une jolie histoire. Tu fronces les sourcils, reculant ton buste de quelques centimètres, choquée. Ce genre de choses ne se font pas, ce genre de choses ne sont pas normales, il ne l’est donc probablement pas. « Je ne compte pas dire un mot de plus sur toute cette histoire. » Tu es sèche, froide. Son attitude de heurte, comme s’il essayait d’entrer dans le recoin le plus privé de ta vie. « Je ne suis en aucun cas ici pour vous distraire, vous et votre curiosité. » Tu enfiles ton manteau qui se trouvait sur ta chaise et glisse de l’argent sur la table pour régler ton verre. « Vous avez une dernière question inappropriée avant que je m’en aille ? »

« Je ne compte pas dire un mot de plus sur toute cette histoire. » Un ton sec, froid, je l'entendrais presque rugir de rage, de colère, au delà de ce regard qu'elle me réserve. Je ne comprends pas comment elle peut se montrer aussi forte en apparence, le genre de femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, alors que je peux facilement deviner à quel point elle peut être vulnérable. J'en ai même eu un petit aperçu, lorsqu'elle m'a supplié de rester.  « Je ne suis en aucun cas ici pour vous distraire, vous et votre curiosité. » Je hausse simplement un sourcil, désintéressé. Tout ceci n'est que du blabla pour moi. Des paroles vides. Je remarque qu'elle vient de se lever, posant son argent pour régler son verre. Je soupire, à la vue de ce spectacle, plutôt désespérant. « Vous avez une dernière question inappropriée avant que je m’en aille ? » Je souris. Mon sourire en coin habituel, lorsque j'ai une petite idée derrière la tête. « Est ce qu'il vous battait? Votre défunt mari. » Peut-être que je suis entrain de toucher une corde sensible? Tant pis, j'aime aller jusqu'au bout des choses. Son agressivité, son anxiété, sa façon d'être. Je devine aisément qu'elle est le genre de femmes, avides de sensations fortes. De la douleur par exemple.

Tu gardes la tête haute quoi qu’il puisse se passer depuis toujours et tu n’as pas baissé les bras ces derniers mois non plus. Pourtant, le voir si désintéressé par tes paroles ou tes actions t’hérissait. Même en te montrant forte il réussit à prendre le dessus sans aucun effort. Cette situation t’épuises de plus en plus, sans parler de cette attirance implacable qui te liait à lui. Tu ne pouvais tout simplement pas faire autrement, tu sentais qu’au plus profond de lui il était comme Yaël. Ce dont tu avais besoin. Tu lui laisse une dernière chance de s’exprimer, tu ne t’attends pas à quelque chose qui pourra changer ton départ. Il ne tient pas à ce que tu restes et tu es déterminée à partir. Mais ce qu’il te dit arrive pourtant à te figer sur place. « Est ce qu'il vous battait? Votre défunt mari. » Tes paumes deviennent moites, cette expression sur son visage. Ta main claque contre sa joue dans un bruit qui fait tourner toutes les têtes alentour. Tu restes là quelques secondes sans rien faire, tremblant légèrement. Les gens diront que les hormones ont commandé tes gestes, que tu agissais sans réfléchir. Mais vous, vous savez qu’il a deviné ce que tu caches au monde entier depuis des années. Tu voudrais lui briser la mâchoire, la trace de ta main apparait en rouge sur sa peau pale. « J’éspère ne plus jamais vous revoir. » Tu dis, toujours en russe puisque tout le monde vous regarde maintenant. Mâchoire serrée tu attrapes la bandoulière de ton sac et t’en vas sans rien ajouter. Par la suite, tu es allée pleurer dans ta voiture pendant presque vingt mintues.

Il semblerait que lorsque l'on cache quelque chose, au plus profond de soi, qu'on la protège ainsi aussi sauvagement.. l'on devient très agressif si quelqu'un arrive à la dévoiler sans grand effort comme je viens de le faire. De la violence, sa seule et unique réponse à ma question. Une gifle assez bruyante, représentant bien son malaise, son désespoir, son désarroi surtout, face à mes réactions. Je la regarde, froidement, mais surtout avec cette même assurance que j'ai eu durant toute la soirée. Ce n'est pas une gifle, aussi puissante soit-elle qui va changer quoique ce soit à mon opinion sur Eve. Elle vient au contraire de confirmer mes soupçons. Une femme aussi fragile, aussi sensible, mais qui semble pourtant être attirée par la douleur. Comme c'est paradoxale. Elle est remplie de paradoxes, que j'arrive à entrevoir très clairement dans ses gestes, ses réactions surtout. « J’éspère ne plus jamais vous revoir. » Du russe, exprimé assez maladroitement. Je souris, avant de la voir partir. Je me commande un verre de vodka, que je prends le temps de boire tranquillement avant de sortir. Quittant ce lieu, ayant été suffisamment diverti par cette femme enceinte.