❝ Et alors, il s'est passé quelque chose. La voiture dérappe le long de la chaussée, ton coeur s'endurcie, l'impact chasse les peurs et l'espoir. Rien ne dure, tout est éphèmère. Cependant tu restes là, à sept ans, les yeux secs de n'avoir rien vu. La voiture s'écrase contre un arbre, explosant en éclat. Pas une larme, mais le bonheur s'échappe dans l'accident. Il part loin, très loin, désertant ta vie. Tu ne l'as toujours pas revu depuis. Rien n'est plus beau. Rien n'est beau. Tu te laisses aller, dans un total oublie d'eux, de toi-même. Tu apprends la vérité, ils sont partis. Pour toujours, seul sur cette Terre, sans famille... Le solitaire. Du passé et du futur. Les secondes s'éternisent alors que ton enfance s'écoule avec le sang des tes parents sur le trottoir. Le béton rougit par la vie, par leurs vies. Le soleil le sèchera bientôt, on l'oubliera. Tu perds espoir, ils pouvaient pas se casser. Pas comme ça. Il ne te reste plus que ta peine, ta peine et la vie. Elle n'a pas voulu t'abandonner, elle. Plus rien n'a plus d'importance, tu le sais. Tu t'enfonces dans le malheur, ca te colle à la peau. De foyer en foyer, tu vis de misère, cherchant à t'enfuir. Rien n'y fais, rien ne remplacera ta vie, tes souvenirs. Avec le temps, on se berce d'illusion, on croit oublier... On laisse faire, mais tout persiste. Rien ne s'efface, ça laisse une sale cicatrice sur ton coeur, dans ton esprit. Et tu vies avec ça. Comme tout le monde. Tu traines dans les bars, rapidement, trop rapidement. Tu mens, tout va bien, ton deuil est déjà loin... Tu n'oublies rien. Parfois une larmes coule derrière le masque. Sur la scène ? Un même décors, les lieux se ressemblent tous, leurs visages dansent parmis les fantômes. tu improvises ta vie, la foutant en l'air. Pas d'école, pas d'études. Un boulot minable. Rien. La solitude t'enserre, t'étouffant. Il n'y a plus rien à faire. Alors tu prends ton bagage, rassemblant si peu d'affaires. Tellement peu d'affaires. Tu voyages un peu, et un jour tu tombes dessus. Sur ça. La lumière des maudits, l'ultime crie de grâce. La littérature. Puis sur l'art, en général, la peinture, la photographie... Quelques livres, quelques écrits... La littérature t'a gardé en vie, malgré toi. Il faut bien passer le temps. Heureusement, l'art t'a permis de ne pas te déchirer... La Tamise t'a tant tenté. La vie te guide parmis les précipices sans jamais t'y pousser. Jamais. Alors tu es parti, San Fransisco. Pourquoi ? Tu ne sais pas. Comme ça, pour voir. Pour fuir, pour oublier. Pour être un autre. Ton coeur si abimé ne merite-t-il pas de s'embraser une seule fois ? Loin, à l'autre bout du monde, l'horizon est peut-être plus beau. Les pages noires font place à des pages blanches qu'il ne reste plus qu'à écrire.