Ils te demandent encore une fois si t'es certaine de ne pas vouloir porter plainte. Tu réponds encore une fois un non catégorique. Tu vas même jusqu'à le défendre, tu l'as cherché. Et puis, c'était pas si grave que ça n'y paraît, que tu leur dis. Ils soupirent, tu sens bien qu'ils sont blasé et tu les comprends. Si tu aurais été face à une fille dans ta situation, t'aurais insisté pour qu'elle agisse, qu'elle porte plainte. Mais toi, tu t'écrases et tu le sors de sa merde. Tu te fais vachement pitié pour le coup, t'oses même pas trop réfléchir à ce que tu fais, tu te décevrais trop. Tu pars t'installer sur une chaise dans la salle d'attente, tu fixes les murs, pensive. Tu repenses à hier soir et tu te demandes comment ça à pu avoir une fin si... Brutale. Tu savais bien qu'il allait pas rire à ce que t'as fait, mais pas autant que ça. Ça avait dépassé ce que tu avais pu imaginer et tu revois encore et encore la scène. T'as pas dormi cette nuit, t'as des cernes de malade alors t'as du foncer sur le fond de teint, mais pas qu'à cause des cernes. T'as toujours trouvé que tu marquais vite et encore aujourd'hui, t'as pu le constater en voyant la tâche bleuté sous ton oeil droit ce matin. Et malgré la couche épaisse de fond de teint, tu t'es retrouvé à porter des lunettes en hiver. T'as l'impression qu'on voit que ça, qu'on te fixe à cette endroit. T'es sortie de tes pensées quand tu le vois apparaître dans ton champs de vision. Tu te lèves automatiquement en attrapant ton sac. Tu lui adresses pas un mot, t'attends qu'il prenne la parole. Qu'il te dise quelque chose.

Je sais toujours pas comment j’ai fini ici. Je pousse un soupir et lève les yeux au ciel, à cette allure je vais y rester jusqu’à la fin des temps. Les choses auraient pas dû dégénérées comme ça mais elle m’a cherché, encore et toujours. Elle a un don pour me foutre en rogne, à sans cesse me provoquer pour finalement me pousser à bout et après elle s’étonne que je réagisse. Mes fringues, faut être complètement stupide et suicidaire pour s’en prendre à mes précieuses fringues, il y a rien de plus important dans ma vie que mes fringues, peut-être ma caisse. Et ma fille, bien sûr, mais ca le fait pas de la comparer. Et Adaya le sait très bien que je tiens à mes habits, il a fallu que je me casse le cul au travail pour pouvoir me les acheter et elle vient se la jouer je sais pas trop quoi et y fout le feu, elle a cru que c’était la fête, ça y est. Je pousse un autre soupir et laisse ma tête retomber contre le mur. Je risque gros pour le coup si elle porte plainte contre moi et je tiens pas tellement à finir ma vie en taule, déjà y a pas de meufs baisables dans le lot, la bouffe est dégueu il parait et vu ma gueule, je risque grave de finir en trou pour toutes les queues du coin. Je sais me défendre, ok, mais j’ai assez vu de docu sur les prisons pour savoir ce que risquent les mecs dans mon genre. Finalement, y a une flic qui vient me voir pour m’annoncer que je suis libre, je vois dans son regard que je la dégoûte mais meuf si tu savais comme j’en ai rien à foutre, autant que des confettis dans le cul d’un éléphant ça sert à rien. En gros con qui se respecte je lui souris en la remerciant avant de dégager de là. Elle m’attend, silencieuse, un peu soumise, un peu comme un chien à qui on vient de donner un coup et qui revient vers toi gratter de l’affection, c’est attendrissant. « Viens, on s’casse d’ici » Je lui ouvre la voie après je la suis, je regrette un peu comment ça s’est terminé toutes ces conneries, ouais, ça se fait pas de lever la main sur une nana, je suis d’accord avec le mec qui a dit sur le principe mais bordel ça se voit qu’il connaissait pas Adaya. « Merci d’être venue » de m’avoir sorti de là, la totale quoi.

Tu sors dès qu'il te le suggère, tu fais pas ta forte tête à ne pas vouloir obéir, à vouloir sortir que quand tu le décides, t'as compris pour le coup que t'avais déjà assez cherché la merde. Et à quoi bon faire la meuf fière alors que tu te rabaisses déjà comme tu sais pas quoi en venant le chercher en garde à vue. M'enfin, tu devais quand même venir de toute façon, faire une déposition. Porter plainte, ou non. Alors autant faire d'une pierre deux coups nan ? Enfin, ça, ce sera ton excuse si on vient à apprendre ta connerie. Tu prépares déjà le terrain. J'étais déjà sur place, me remercie pas., tu dis alors qu'il te remercie d'être venue le chercher. Tu t'en fiches un peu de savoir qu'il est un temps soit peu reconnaissant en fait, t'as juste fait ce que tu devais faire. Du moins, ce que toi t'estimes devoir faire après hier, après l'avoir autant cherché. Parce que faut pas se mentir, si tu n'aurais pas foutu ton pied chez lui ou tout simplement feux à ses fringues vous en serez pas là. Lui à avoir frôler la taule et toi, à avoir des courbatures comme jamais. À croire que t'as dormi sur un banc en béton, les risques de chercher la merde à un ancien boxeur. T'apprendras jamais tes erreurs faut croire. Tu plonges tes mains dans tes poches de manteau alors que tu t'arrêtes une fois arrivé à l'arrêt de bus du poste. J'ai tes clefs au fait., tu les a récupérés quand il s'est fait embarquer, fallait bien que quelqu'un verrouille sa maison. Tu sors ses clefs d'une de tes poches avant de les lui tendre. T'inquiète, j'y ai pas mis feux., tu lances pour détendre l'atmosphère. Bon, pas sûr que le petit lien avec l'altercation d'hier le fasse sourire, mais tu t'en fiche, au point où vous en êtes.