❝ C'est ce réveil, c'est ce moment où tu ne comprends plus rien. Où es-tu, que fais-tu, pourquoi, comment ? Ce sont ces questions qui restent sans réponses. C'est des murs blancs, des tubes de partout, une aiguille dans ton bras. T'es déjà en train de suffoquer. Le moniteur s'emballe, ton coeur aussi. Tu voudrais hurler mais aucun son ne parvient à sortir. C'est à la fois doux et brutal. Les lumières réchauffent ton corps froid, mais tu sens un trou énorme dans ta poitrine. Tu t'agites, sûrement un peu trop, sûrement trop brutalement. Tu rechutes dans les ténèbres. Et puis tu te sens vide, complètement dénuée de tout, tu n'es plus qu'un corps sans vie, sans âme. Les yeux à nouveau ouverts, ils te regardent tous. Tu comprends rien, tu comprends pas ce que tu fais là, comment peux-tu comprendre quand tu ne te rappelles même pas de ton propre prénom ? Quand t'as l'impression que ton cerveau n'est plus connecté à tes membres. T'es quoi au juste ? Un légume. Alors ils te posent des questions, ils te demandent comment tu te sens. Connard. Il t'avoue que ta présence ici n'est pas anodine, que t'as été gravement blessée. Une balle, juste une. Et ça avait été suffisant pour tout effacer. Ils disent que c'est normal, que les souvenirs reviendront avec le temps. Foutaises. Ton nom, ils venaient juste de te le réapprendre. Anastasia Leonov. Mais ça ne t'évoque rien, juste du vide, un immense vide. Alors ils sont là, ils t'entourent, ils t'encouragent. Tu dois tout reprendre depuis le début. Comme un nouveau départ, le début d'une nouvelle vie. Mais peut-on être capable d'avancer quand on ne sait pas d'où on vient ? Parler, juste aligner trois mots, t'en étais plus capable Anastasia. Ils t'ont aidé. Ils t'ont guider chaque jours pour te remettre en route. C'était long. Mais tu avais l'espoir. Tu l'as toujours eu. Parfois, il y a ces odeurs qui te rappellent un lieu.
Et puis, il y a eu cette infirmière, Lesia, elle t'a transpercé de part en part. Elle portait ce prénom qui n'était pas anodin pour toi. Tu passais tes mains sur ton ventre. Lentement, ça revenait. Ton bébé, tu avais pensé à ce prénom en premier si ça avait été une fille. Tu te sentais hors de toi lorsqu'ils t'ont dit qu'il n'avait pas survécu. Ils t'ont rassuré en te disant que c'était encore simplement un foetus, mais tu te sentais détruite de l'intérieur. Tu ne comprenais plus et dès fois, tu souhaitais même ne plus rien te rappeler. C'était douloureux. Trop. Mais tu sentais que c'était là, pas loin. Peu à peu, ça te revenait. Pour t'aider, on t'avait donné tes affaires personnelles... Celles que tu portais sur toi ce fameux soir, celui où un coup de feu à tout fait basculer. Les marques de sang avait été atténuées mais elles étaient toujours présentes. Tu voyais une photo, celle d'une ombre. Et c'était là, ça te submergeait. Il aura fallu plus d'un an pour ça fasse le tour, pour que ça te revienne. Ils te voulaient morte.
Tu cherches Ana, tu tentes de retrouver sa trace. Sasha... Mais rien, c'était comme si lui avait été rayé du monde. Tu priais pour qu'il soit loin, loin et en vie. Mais dans ton monde, dans votre monde, tu savais que c'était impossible. Tu avais eu de la chance Ana, ça n'arriverait pas deux fois. Alors tu cherches, tu cherches quiconque pourrait t'aider, quelqu'un du passé. Elise. Elle n'est plus dans le coin, alors tu te rappelles de son père. Las Vegas.
Aujourd'hui, t'es là comme une conne. Dans cette ville qui ne ressemble en rien à tout ce que tu as pu connaître. Tu cherches encore, tu cherches parce que c'est aujourd'hui la seule chose qui te maintient en vie.