Tu sais pas comment t'en es arrivé là. Alcatraz, putain. T'as merdé Heath. T'aurais dû être plus vigilent, rester sur ta première impression. C'était louche cette meuf, qui débarque de nulle part et qui veut que tu lui vendes quelques paquets. T'aurais dû te douter que y avait anguille sous roches, on trouve pas ton numéro de fournisseur dans l'annuaire bordel. Tu te disais bien qu'elle avait pas l'air net quand elle venue te chercher la marchandise, t'avais mis ça sur le fait qu'elle devait certainement être en manque, ou stresser. Ou un peu des deux. Putain, t'aurais du refuser d'aller la voir. T'aurais du arrêter en fait, tout, depuis un bon moment. Mais nan, ça t'apprendra à avoir les yeux plus gros que le ventre, t'en a jamais assez et maintenant tu te retrouves derrière les barreaux. Tu sais même pas pendant combien de temps tu vas rester là, tu sais même pas si tu vas sortir en fait, du moins, pas si tôt. Tu détestes cet environnement, même pas 24 heures que t'as quitté ton luxe et t'es déjà à la limite de perdre la boule. Le temps passent lentement et t'as l'impression de tourner en rond, du moins quand t'es pas au téléphone avec ton avocat. On vient te chercher dans ta cellule, t'as de la visite. Tu stresses un peu de savoir qui est venu. De toute façon, c'est soit elle, soit ton avocat. T'as mis personne d'autre au courant, par fierté peut-être. T'imagines déjà ton gamin de frère se foutre de ta gueule, puis ta mère... Ta mère, tu veux lui éviter une crise. Elle a toujours pensé que t'étais clean, tu vas pas casser ton image de fils parfait maintenant. Mais tu stresses quand même, t'es pas à l'abri de voir quelqu'un que t'attends pas. On te passe les menottes pour la deuxième fois, ça fait un mal de chien. Mais paraît que c'est pour "leur sécurité", pour éviter que tu te rebelles. Et pour le coup, ils ont bien raison. T'as le poing qui te démange et t'aimerais bien leur en foutre une. Mais t'es déjà assez dans la merde comme ça, tu serres les dents et tu dis rien. C'est ce que tu te répètes sans arrêt. T'arrives dans la salle de visite, tu reconnais rapidement la blonde assise derrière une vitre. Les menottes enlevés, tu prends place face à elle, décrochant le téléphone pour pouvoir lui parler. Pourtant, t'arrives à rien dire, t'as trop honte de te retrouver dans cette situation, surtout en ce moment. La dernière fois que tu l'as vu, vous vous êtes pas quitté en bon termes et voilà que tu la fais venir ici. T'es quand même content de la voir, ouais, tu pensais pas qu'elle serait venue. Tu te racles la gorge avant de détourner ton regard d'elle, « On a pas longtemps... ».

Ils lui avaient demandé de s’installer là et d’attendre qu’ils aillent le chercher. Et durant son attente, elle se demandait bien ce qu’elle faisait ici. Elle ne voyait pas l’intérêt de l’impliquer dans cette histoire puisqu’elle avait décidé que plus rien ne la liait à Heathcliff si ce n’était ce mariage qu’elle tentait par tous les moyens aujourd’hui d’effacer. Mais le mari ne voulait nullement rien entendre, se braquant sans cesse et alors qu’elle faisait des démarches de son côté afin de savoir quelle était la marche à suivre, ils ne s’étaient plus jamais revus. Elle l’évitait cordialement, bien destiné à le chasser de son esprit et de sa vie, mais non, il avait fallu qu’il donne son numéro à son avocat pour une raison qui lui échappait et pire, qu’elle se ramène ici. Rien e l’y obligeait bien sûr, d’ailleurs la manière dont elle avait raccroché au nez de l’avocat laissait penser qu’elle ne se mêlerait pas de cette histoire, mais la voici, à attendre. Elle poussa un soupir, décidément elle n’apprenait jamais, mais l’idée séduisante dans tout ce bordel était qu’elle pouvait se servir des charges retenues contre lui pour obtenir ce qu’elle voulait, à savoir le divorce. Mais rien n’était sûr, les méthodes étaient trop tordues pour elle, quoique, le préjudice qu’elle avait subi ne serait qu’un juste retour des choses non ? L’idée était à méditer et il lui faudrait voir avec son avocat la marche à suivre si jamais il devenait utile d’utiliser cette information, après tout, il ne voulait pas lui accorder ce qu’elle demandait, la mettant donc ainsi au pied du mur aussi, elle avait le droit d’utiliser toutes les solutions qu’elle possédait. Puis, Strauss apparut et elle se composa une expression neutre pour l’accueillir comme il se devait. Elle prit le téléphone en même temps que lui et promena son regard sur lui, il avait quelque chose de changé. Il n’y avait rien de surprenant à cela, n’est-ce pas ? On parle de taule. « J’imagine que ton avocat t’a dit qu’il était possible d’avoir la liberté sous caution » dit-elle simplement, ils n’avaient pas beaucoup de temps et elle n’avait aucune envie de s’éterniser. « Et apparemment je dois m’occuper de l’aspect financier, il faudrait tes numéros de compte et codes » Elle sortit de son sac un carnet et un stylo afin de noter ce qu’il lui dicterait « Il faudrait un assez haut plafond puisque tu es considéré comme ayant assez de moyens pour fuir le pays »

Elle enchaine ses phrases, ses questions. T'as l'impression de parler à ton avocat, elle t'accorde à peine un regard, ne se soucis pas ton état mentale. Elle s'en fiche, en gros, de ce que tu vis. T'essayes de la comprendre, tu te dis qu'elle a ses raisons. Raisons que tu as toi même provoqué avec ta tromperie. Mais tu t'attendais à un peu plus d'attention à ton égard vu la circonstance des choses. Tu risques gros, quand même. Elle, elle reste là. Avec son bloc note et son stylo, prête à écrire le moindre chiffre que tu lui citeras. T'as l'impression qu'elle veut simplement se casser, en finir avec tout ça, avec toi également. Et étrangement, son indifférence te blesse. Toi qui en a pourtant rien à foutre en temps normale de l'importance qu'elle t'accorde ou non. Aujourd'hui, t'aurais aimé qu'elle s'informe. Qu'elle te demande si tu vas bien. Si c'est pas trop horrible, comme n'importe qui le ferait. Mais rien. Et ça te fais chier, mine de rien. La femme que t'es censée aimer en a plus rien à foute de toi. Et tu peux t'en prendre qu'à toi même. C'est vraiment de la merde, tout ce qui se passe dans ta vie en ce moment. Tu la regardes, t'essayes de décrypter la moindre émotion. Mais rien. Toi, t'arrives même pas à masquer tes émotions, tant la situation te dépasse. T'es là, avec ta tête de dépité. Putain, t'es triste et t'arrives même pas à passer au outre. T'aimerais bien te reprendre, comme tout le temps. Mais dans cette endroit, t'y arrives pas. L'espace restreint te réduit à néant. T'as l'impression d'être dans une cage à poule. « Les numéros et tout les codes sont à l'appart. T'as juste à leur demander de prendre mes affaires, pour les clés. Fin, je pense qu'il vont te laisser. T'as juste à leur dire que... » Tu t'arrêtes là, automatiquement. Tu repenses soudainement au papier de divorce que t'as reçu y a quelques jours, à la conversation qui a suivit. La qualifier de "ta femme" ne lui plaira pas, tu le sens. « Que t'es ma femme, ils te laisseront tout prendre à ce que j'ai compris. » Tu redeviens aussitôt silencieux, t'es là, à la dévisager et tu te demandes à quelle moment elle va en avoir marre. Mais tu te lasses pas. Tu sais pas si c'est le fait d'être enfermer et de voir que elle, comme visage familier, qui te rends comme ça. Ou si c'est simplement parce que ça fait un moment que tu l'as pas vu. « Je suis désolé de te faire venir ici. », tu dis ça sincèrement. Vraiment, t'aurais jamais imaginé la ramener dans un endroit pareil. En fait, tu te serais jamais imaginé dans un endroit pareil, pour faire court.

Elle acquiesçait doucement, jouant distraitement avec son stylo sur lequel elle préférerait se concentrer plutôt sur la personne face à elle. Elle ne le voulait, elle fuyait son regard et son visage, arborant une expression neutre, voire froide même si pas mal de questions se bousculaient dans son esprit et qu’elle avait une envie folle de lui foutre une claque, mais heureusement pour eux deux, une vitre les séparait. Cela lui évitait ainsi de s’emporter et laisser tomber le masque. Elle ne voulait plus de tout ça, elle considérait que cela ne la concernait plus, elle avait assez donné dans leur histoire et se retrouvait à chaque fois seule pour ramasser les pots cassés. Elle avait pris une décision et elle ne pouvait plus revenir dessus, au risque de se décevoir elle-même…bon peut-être pas autant mais l’idée demeurait identique. « Vu que la procédure de divorce est en cours, ils me laisseront quand même faire ? » C’était une manière de corriger ses propos, elle ne considérait plus comme sa femme, elle n’était même pas sûre de l’avoir jamais été. Tout cela n’était qu’une farce, ou peut-être même un accident comme il en existait des centaines à Végas, sauf que eux avaient quelque peu innovés. A cet instant présent son regard rencontra pourtant le sien et elle eut comme un pincement au cœur, quelque chose s’en rapprochant, elle batailla cependant pour contenir tout ce qu’elle pouvait bien ressentir, là, maintenant, ses prunelles dans les siennes et son rythme cardiaque prenant des allures de courses folles. « Puisque je suis là, tu as besoin d’autre chose ? » Elle était égale à elle-même, du moins, au premier abord mais le désarroi de Heathcliff la touchait puisqu’elle ne l’aurait cru ou même voulu. Il ne semblait pas lui-même, à des années lumières du Strauss qu’elle connaissait et d’une certaine façon cela lui était douloureux.

Touché, coulé. Si elle a pour but de te foutre plus bas que terre, elle a trouvé la bonne occasion, au bout moment. Bordel ce que ça fait mal, t'aimerais bien compenser la douleur avec une clope. Mais t'en a pas, touché à vif. « Ouais, surement. Je donnerais mon accord, au pire. », puis de nouveau, le silence. T'as plus rien à dire. Rien à lui dire. Tu voulais un peu de soutien, mais tu te rends compte que c'est pas avec elle que tu en auras, elle est là par obligation et elle ne s'empêche pas de t'écraser quand l'occasion se présente à elle. Tu regrettes subitement de l'avoir appelé elle et pas quelqu'un d'autre, heureusement qu'il te reste un minimum de fierté pour ne pas craquer, mais t'as bien envie de tout claquer tant ça te saoule, tout ça. Tu prends ton visage en mains, soupirant longuement. T'essayes de te calmer, de garder la tête sur les épaules. T'as un bon avocat, tu vas sortir. Vu le fric que tu vas verser, il a tout intérêt de gérer de toute façon. Tu payes pas pour les chiens. T'arrives toujours pas à te rendre compte de toute l'argent que tu vas devoir débourser pour pouvoir sortir de cette merde. Des mois de travail foutu dans une caution. T'as les nerfs à bloc tout en étant déphasé. Tu reposes tes mains sur la table avant de reprendre le téléphone en mains quand tu l'entends te parler. Si t'as besoin de quelques choses ? Un bon paquet de clope ouais, puis une bouteille de whisky, tu serais pas contre non plus. Mais c'est pas le genre de chose qu'on laisse entrer en taule, et les clopes, t'as déjà essayé de t'en fournir. Pas moyens. T'es censée attendre jusqu'à mercredi, même pas capable de te refiler le paquet que tu avais pendant ta fouille. « Pas que je sache, non. », tu préfères rien lui demander d'autre. Elle a déjà l'air assez saoulée comme ça, manquerait plus que tu lui fasses une liste de course. Nan, tu préfères la laisser tranquille. T'as déjà l'impression de trop lui en demander. « Évite de parler de la situation à qui que ce soit, c'est tout ce que je te demande. », non pas que tu es honte. Fallait bien que ça arrive un jour, t'allais pas passer ta vie à vendre sans te faire gauler. Mais t'as pas envie qu'on te fasse chier avec ça une fois que tu seras sorti. Et tu sais que c'est le genre de scoop qui en réjouirait pas mal.

Le silence se fit. Il n’y avait plus rien à ajouter. Il n’avait plus rien à dire et elle, elle ne savait pas. Elle ne l’aidait, elle en avait conscience, elle était toujours fâchée contre lui, elle lui en voulait toujours énormément et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de fondre face à cette nouvelle facette que la prison avait apporté à sa personne. Elle ne voulait pas partir, non, pas du tout même. Elle voulait rester là, à l’observer bien qu’elle ne pourrait rien faire de plus et bien qu’elle faisait preuve de peu de volonté. Elle ne voulait pas bouger, ce fut son corps qui le lui apprit puisqu’il ne répondait plus, demeurant inlassablement immobile. Maintenant quoi ? Elle ne savait pas non plus. Elle savait qu’elle avait l’air conne à rester alors qu’elle fait preuve de peu de volonté depuis qu’elle était arrivée, elle s’était dit qu’elle venait, prendrait les informations qu’il fallait et repartirait aussitôt. Mais la voici, incapable d’esquisser le moindre mouvement de départ, il devait certainement se demander ce qu’elle était entrain de foutre, elle la première. Elle n’avait même pas répondu à ce qu’il avait demandé, remarque y avait-il quelque chose à dire ? Il n’attendait pas de réponse, seulement qu’elle se lève et se casse, mais à nouveau, rien. « Je suis enceinte » lâcha-t-elle au bout d’un moment, surprise elle aussi par ce qu’elle venait de sortir. Cela lui avait échappé, il lui fallait une raison valable à sa présence et il fallait reconnaitre que celle-là l’était sacrément.

Enceinte, Lera, enceinte. Ton cerveau a du mal à faire une connexion entre les différentes informations. Tu te demandais bien pourquoi elle restait là, à faire le piquet en te regardant pendant de longues minutes, alors que vous étiez censé avoir finit de discuter. Que jusqu'à là, elle n'avait montré aucun signe d'intérêt à ton égard, mais elle était toujours là. Bon, ça te dérange pas vraiment d'être face à elle, ça t'évite d'être seul dans ta cellule qui plus petite que ta salle de bain. Mais tu trouvais ça louche et le silence pesant. T'as la réponse à ta question, elle est enceinte. Tu dis rien, tu restes choqué. T'essayes de réfléchir, tu te racles la gorge. Faut toujours que tout te tombe dessus en même temps toi. Tu t'attendais pas à ça, vraiment pas, encore moins que ton incarcération. Tu sais pas si tu dois te réjouir ou pleurer, vu la tournure des choses. Toi t'es en taule et elle, elle demande le divorce. Et puis, tu te rappelles que la dernière fois qu'elle était enceinte, c'était qu'un tissu de mensonge. Elle t'avait berné pendant un long moment. Presque instinctivement, t'as envie de lui demander si t'es le père. Mais t'as le temps de réfléchir juste à temps et donc de la fermer. Si tu le serais pas, elle ne serait pas là, à te le dire. Et puis, vu la crise qu'elle t'avait fait pour ton infidélité, ce serait assez mal vu qu'elle ne soit pas aussi blanche qu'elle ne le prétende. Puis t'as aussi envie de lui demander des preuves, un truc, un broutille qui te prouve que cette fois-ci, elle te prend pas pour un con. Putain, pour une surprise, ça l'est. « Tu le sais depuis combien de temps ? », tu veux savoir si elle était déjà au courant en revenant de Lituanie. Où si elle l'a apprit récemment. Dans ce cas là, t'es presque sûr et certain que tu n'aurais pas été mis au courant. Tu le devines en tout cas. « T'es a quel stade ? Et puis... tu vas faire quoi ? », ouais parce que dans un sens, si elle veut vraiment tout arrêter avec toi, tu comprendrais qu'elle veuille également avorter. Même si l'idée en elle même ne te réjouis pas, mais vraiment pas.

Elle ignorait comment il allait le prendre, sincèrement et sûrement se souvenir de la mauvaise blague qu’elle lui avait joué quelques mois auparavant. Et sans doute se demandait-il s’il était vraiment le père, selon toute logique du cheminement de pensée du jeune homme. « Oui c’est toi le père et non ce n’est pas une blague je n’ai pas autant libre qu’avant » assura-t-elle avant qu’il eût le temps de poser la question. Elle ne voulait pas l’entendre de sa bouche, sans doute se serait-elle emportée et elle était trop effrayée par tout ça pour se permettre du temps là-dessus. Oui, elle avait peur, beaucoup, on parlait de Heathcliff après tout. La preuve étant que dès qu’elle était rentrée, elle avait eu la joie de le trouver au lit avec une autre. Oui, elle avait peur de ce genre de chose et aurait souhaité construire quelque chose, quelque chose de stable pour ses deux enfants car elle avait plus qu’assez de vivre de manière si peu construite, ce n’était pas un environnement sain pour élever des enfants. « Un petit moment » répondit-elle simplement à sa question. Elle avait déjà quelques doutes en étant en Russie, quelque chose clochait au niveau de son appétit, de ses matins et de ses sautes d’humeur qui s’étaient d’ailleurs manifester par sa crise d’hystérie et de larmes chez Heathcliff. « Toi, qu’est-ce que tu veux faire ? » Elle ne lâchait plus son regard, il était temps de décidé une fois et pour toute. « Il est encore temps d’avorter »

Tu souris en coin, amuser lorsqu'elle répond aux questions que tu te posais il y a quelques minutes dans ta tête. Première fois que tu souris depuis le début de la visite d'ailleurs. Puis elle te demande ton avis, ce que toi tu veux vraiment, l'avortement restant une option. Option que tu n'imagines même pas prendre. Du moins, pas cette fois ci. La première fois, durant la fausse grossesse, t'as insisté des jours et des jours pour qu'elle avorte avant de te faire à l'idée que t'allais bientôt être papa. Tu veux pas refaire le même coup cette fois ci, tu te dis que t'as bientôt vingt huit ans, qu'il serait temps de penser à construire quelques choses. Une famille. C'est le genre de discours que tes parents te tiennent à chaque fois que tu vas les voir. Mais t'as quand même du mal à vraiment te voir dans la peau d'un père de famille. Parce que ça voudrait dire faire des concessions, dire adieu à ta liberté, ta seule raison de vivre. Ouais, c'est pas une décision que tu dois prendre à la légère. Généralement, c'est réfléchis un gosse. Le moment est choisit, calculé. Vous, ça vous tombe dessus, comme ça, sans que vous ne vous y attendiez. « Garde le. Mais je te force à rien. Si tu veux pas, avec le divorce etc... », tu détestes toujours autant cette idée de divorce. C'est complètement nul d'ailleurs et contre ta volonté, et avoir un enfant dans ce genre de condition, c'est le pompon. « J'apprends que t'es enceinte alors que je suis derrière les barreaux, c'est fun nan ? », le sarcasme, voilà qu'il se manifeste. Tu soupires, sans pour autant détourner le regard de la blonde. T'es encore plus blasé qu'à ton arrivé.

Elle était quelque peu surprise par sa réponse, beaucoup en fait. Elle s’était attendue à des vagues de protestations mais il n’en fut rien, il allait plutôt dans ce sens, de quoi la rassurer et l’encourager un peu dans ce sens. De toute façon, sa décision avait longtemps été prise, elle ne pouvait tuer un enfant, c’était contre ses principes et même s’il ne l’avait pas voulu, elle l’aurait tout de même gardé, avec beaucoup plus d’appréhensions sûrement. Ce n’était pas rien un enfant, et elle allait se retrouver avec un second, en bas âge, encore moins de temps pour elle mais elle étai prête à se lancer là-dedans, de toute façon, ses enfants étaient les seules qu’elle ne réussirait jamais, les meilleures  choses dans sa vie, elle en était certaine. « Tu ne me forces pas, c’était ce que je comptais faire à vrai dire » dit-elle finalement avec un petit sourire, c’était la première fois depuis leur entrevue qu’elle quittait sa neutralité. L’ambiance semblait tout à coup s’être un peu apaisé pour la plus grande joie de son esprit qui pouvait enfin jouir d’une certaine tranquillité. « Mais au moins je suis rassurée que tu seras pour elle ou pour lui, un enfant a besoin de son père » Elle venait d’une certaine manière de sous-entendre qu’ils ne se remettraient pas en semble, qu’il n’y aurait pas de ‘nous’ car elle considérait qu’elle avait pris sa décision, il lui était impossible de revenir dessus. « Tu as toujours su faire les choses bien comme il fallait » répliqua-t-elle sur ton qui n’avait rien d’agressif, une simple constatation accompagné d’un autre sourire, craquant jugeraient certains. « D’ailleurs, mh, comment ca va ? » Pourquoi était-elle soudain embarrassée ?

Elle te sourit, enfin. Et mine de rien, sans qu'elle ne le sache, ça te remet un peu en forme. C'est ce dont tu avais besoin, ce que tu attendais d'elle en la faisant venir ici, qu'elle réussisse à faire en sorte que tu te sentes mieux. Elle arrive quand même à te lancer quelques petites piques, involontaire ou non, tu sais pas. Elle te fait clairement comprendre qu'elle ne veut plus rien avoir à faire avec toi, mis à part cet enfant. Pour elle, s'est finit. Et elle n'a pas l'air de vouloir faire une marche arrière sur sa décision. T'essayes de pas trop t'attarder sur ça, de toute façon tu peux rien faire d'ici. Mais t'en a pas envie et ça recasse ton morale d'un seul coup. T'es quand même rassuré de savoir qu'elle veut garder l'enfant, malgré tout. Même si tu aurais compris qu'elle veuille avorter étant donné les circonstances. Cet enfant, tu le veux depuis un moment, depuis la fausse grossesse en fait. T'es surtout censé l'avoir déjà, si tout ça n'aurait pas été une mascarade. Tu te dis que maintenant, t'as plus qu'à sortir, et rapidement. Faut que tu te remettes à bosser et surtout que t'arrêtes ce trafic. Tu peux pas te permettre de te faire prendre une seconde fois, une caution ne suffira plus, et avec un gosse qui arrive ça serait inconscient de ta part. « Si ça va ? », t'arrives pas à répondre à sa question. Tu sais pas quoi lui dire, si lui dire que t'es mal comme un chien est une bonne idée ou non. Mais le fait qu'elle s'intéresse à ton état, ça te réjouis presque. Elle qui depuis le début était froide, à la limite du glacial. « Bof. On fait avec. », tu veux quand même lui montrer que tu tiens le coup, mais ton attitude négligé prend le dessus sur tes paroles. C'est trop vif pour toi pour que tu agisses comme si c'était rien. Et puis, la taule, c'est vraiment pas comme on l'imagine. C'est pire et t'as tiré cette conclusion en même pas une semaine, tu sais pas ce que ce sera au fil des jours. Mais ça, tu préfères pas lui dire.

Elle était sûrement embarrassée car elle savait sa question stupide. Nous parlions tout de même de prison et d’accusations graves qui auraient pu lui valoir une très lourde condamnation, merci l’avocat qui avait bien voulu la mettre au courant des risques que Heath courrait. Tout comme il lui avait assuré pouvoir trouver une solution à cela très rapidement, ce dont elle n’était pas tout à fait convaincu mais qui était-elle pour juger ? Elle n’y connaissait rien en droit et ne parvenait même pas à différencier le pénal du reste mais elle ne pouvait que croire cet homme qui semblait maîtriser son sujet, elle devait donc lui faire confiance, mais cela n’avait jamais été son fort donc elle attendait de voir ce qu’il en serait vraiment. « Tiens le coup, tu seras bientôt dehors » dit-elle pour le rassurer, elle ne pouvait que supposer qu’il avait plus que hâte d’être dehors et que les jours lui paraissaient interminables, il n’appartenait pas à ce genre de lieux, sa liberté lui avait été toujours très précieuse donc elle comprenait que cela lui soit insupportable. « Bon je crois que je vais y aller, on en a fini je pense » elle rangea son carnet dans son sac, lentement cependant « à moins que tu aies quelque chose à rajouter ? » Elle leva cette fois son regard vers lui « A propos, tu devrais peut-être prévenir ta mère avant qu’elle ne l’apprenne par TMZ ou un autre torchon du genre »

Bientôt ? Plus les jours passent et plus tu perds espoirs. T'étais censé sortir assez rapidement, deux jours, ou trois mais pas plus, c'est ce que ton avocat t'avait dit quand tu avais fait appel à lui. C'est qu'une histoire d'argent après tout, nan ? Sauf que, non seulement tu peux pas gérer tes comptes depuis ta cellule, mais en plus de ça, les flics devaient finir leur petite enquête sur toi. Le genre de truc qui peut bien prendre deux mois. Putain, deux mois en taule, t'oses même imaginer. Faut même pas que t'imagines en fait, tu risques de piquer du nez. « Ouais, j'espère. », puis elle commence à ramasser ses affaires en t’annonçant qu'elle va partir. Et là, t'as vraiment pas envie. Tu préfèrerais qu'elle reste là, tout le temps. Qu'elle te parle ou non, juste être avec elle. Tu peux plus supporter ta situation, et Lera, c'est la seule chose qui te ramène à ta vrai vie. Mais tu dis rien, parce que le temps passent et bientôt, vous serez obliger de repartir chacun de votre coté. Mieux vaut que ça vienne de vous. « Ah, ouais, ma mère... », tu veux pas appeler, tu veux pas qu'elle sache où tu es. Tu préfères qu'elle ne s'inquiète pas de ton cas, qu'elle reste dans son coin. C'est pas la première fois qu'elle passera quelques temps sans avoir de tes nouvelles, elle s'inquiétera pas. Mais tu veux lui éviter de l'apprendre par quelqu'un d'autre, complètement inconnu au bataillon. « Je préfère pas le faire moi. Si tu pourrais aller la prévenir. Fin, si tu t'en sens pas capable, laisse tomber. », tu tiens quand même à préciser. T'as mère est très... excessive sentimentalement parlant. C'est une mère après tout, puis quand ça te touche toi, c'est pire. Mais tu sais pas si Lera sera gérer ça, donc tu prendras les reines, tu seras bien obligé.

« Je vais aller la voir demain alors » dit-elle simplement. Le courant était étrangement bien passé entre Maman Strauss et Lera, cette dernière n’ayant plus sa mère avait été ravie de trouver ce côté maternel qui avait manqué à sa vie dans cette femme qu’elle ne connaissait pourtant pas. Ce n’était pourtant pas le genre de caractère avec qui cela se passait bien habituellement, mais là, ce fut le cas et elle en était toujours surprise d’ailleurs. Mais bon, il n’tait pas lieu de se poser de questions sur le pourquoi du comment, l’essentiel étant que les deux femmes s’entendent très bien. Cette dernière lui avait même assuré que si un jour elle n’était plus avec Heathcliff qu’elle pourrait toujours l’appeler, passer la voir ou autre chose dans le même genre, ce qui l’avait légèrement fait rire à l’époque. « Je vais y aller cette fois, j’ai un rendez-vous dans… » Elle regarda brièvement sa montre « Dans quinze minutes » Elle aurait bien voulu rester mais elle doutait être d’une grande utilité et ne voulait pas plus l’accabler qu’il ne l’était déjà, tout comme elle ne pouvait pas faire attendre Cameron, certes était-il patient avec elle mais elle ne pouvait en abuser. « Du coup je me charge des transactions financières avec l’avocat et il reviendra sûrement te voir d’ici peu, enfin j’imagine »

T’acquisse d'un signe de tête. « Tu me diras quoi. » Tu sais pas quand tu vas la revoir, si tu vas la revoir avant de sortir. Mais peut-être qu'elle te passera un coup de fil, tu sais pas. Le plus important, c'est qu'elle va y aller et ça t'enlève un poids sur les épaules. Sa visite touche à sa fin puisqu'elle te fait savoir qu'elle a un rendez-vous. Tu vas pas la faire traîner, même si ça te rend pas plus heureux que ça de te retrouver à nouveau seul. Mais t'es pas du genre chiant, du moins pas ici. C'est pas parce que ta vie est en pause que tu vas faire la même chose avec la chose avec la sienne. « Merci encore. », tu lui adresses un sourire polit puis, lentement, tu finis par raccrocher le téléphone. Ils attendent même pas trente secondes avant de revenir te foutre les menottes pour te raccompagner dans ta cellule. Tu gardes la tête haute malgré tout. Et tu te répètes encore une fois "serre les dents et ferme la" avant de quitter la pièce.