31 août. J'avais atterrit il y a quelques heures à l'aéroport de San Francisco, de retour de vacances à la base en amoureux qui s'étaient transformés en une sorte de grosse murge avec mon meilleur ami Matty, mon frère, et sa copine, qui elle, ne se murgeait pas. J'avais écoulé pas mal de came que j'avais reçu durant ces vingt jours. Histoire de faire passer le fait que je m'étais fait larguer comme une merde, avec une simple lettre. J'en voulais à Yaël, et à l'heure actuelle, je n'avais plus envie d'entendre parler de lui. Il avait été tellement lâche de faire ça comme ça. J'avais décidé de passer à autre chose, j'avais été trop tenu en laisse cette dernière année, et il était temps de changer. Fini le petit ami soumis juste bon à ouvrir les fesses quand son mec décide de quitter le domicile conjugal, j'avais envie de moi aussi, profiter des femmes, des hommes, des corps des autres en général. J'avais pas mal parlé à Elektra sur Facebook lorsque j'étais sur le bateau. Je la connaissais depuis quelques mois, sous ses airs de femme sexy se cachait la meilleure dealeuse que je connaisse et j'avais vite fait parti de sa clientèle fidèle. Je me rendais en cette fin d'après midi dans le coin où elle traînait habituellement, lui acheter quelques trucs, alors que j'avais déjà tout ce qu'il fallait, juste pour la voir un peu, tâter le terrain. Il faut dire qu'elle ne m'était pas indifférente, bien que manquant cruellement de blondeur. Une capuche sur la tête et des lunettes sur les yeux, je parcourais les quelques rues avant de me planter devant elle avec un franc sourire. " Bonjour, la plus belle. "

A moitié avachie sur le mur de ma rue, je jouais avec mes petits sachets en plastoc. Mes objets à vendre. Mon blé en échange. Quelques textos, et les clients passaient. Les uns après les autres. Je faisais mes affaires comme une grande, j'avais trop l'habitude maintenant. Mon patron me faisait confiance. Puis je gagnais plus de 50% de la part ramenée. Autant dire que je vivais plutôt facilement avec toute cette merde. Rangeant mes petits sachets dans la poche arrière de mon froc, je regardai aux alentours. C'était le genre de rue pas tellement connue, que la plupart des gens évitaient. Ma rue. Maîtresse des lieux, c'était tout comme. Je me décollai légèrement du mur en briques, quand je vis quelqu'un débarquer plus loin. Foutant mes mains dans mes poches, je plissais les yeux. La même dégaine, c'était lui. On était le 31. Ça ne pouvait être que lui. Je restai stoïque jusqu'à qu'il s'arrête devant moi. Il se la raclait avec son accoutrement sérieux. Bonjour, la plus belle. J'eus un léger rictus, avant de passer ma main dans mes cheveux. Tiens, Jésus le romantoc, le retour. Je dis avant de croiser les bras sur ma poitrine. Tsais tu peux enlever ton déguisement, y'a que toi et moi là.

Je la regardais de haut en bas, elle eu un léger rictus à ma phrase et je pouvais pas m'empêcher de laisser échapper un petit rire. Il faut dire qu'elle l'avait chercher tout ça. " C'est toi qui voulait entendre ceci. " Nous avions passer quelques temps à "débattre" sur le fait qu'elle était ou non la plus belle. Je continuais de penser qu'une bonne décoloration ne ferait qu'amplifier sa beauté, elle continuait à penser qu'un bon rendez-vous chez le coiffeur ne me ferait pas de mal à moi non plus. J'aime trop mes cheveux. Et elle aime pas le blond platine. Dommage. De toute façon, c'est le genre de nana de qui on ne peut rien attendre. Ça tombe particulièrement bien, car en ce moment, je n'attends rien. Je n'ai aucune envie de me poser ou quoi que ce soit, je veux juste m'amuser et profiter. Ce que je n'ai pas l'impression d'avoir fait en 28 ans de vie. J'en ai assez de Jésus, de toute cette supercherie sur le bon petit Blake polie, bien éduqué, qui fait la morale aux gens incertains. Je suis un incertain, je ne sais où je vais, surement droit dans le mur. Et alors ? J'ai passé le club des 27, on verra pour celui des 33. À ces mots, je retire ma capuche et mes lunettes. J'enlève mon sweat, il fait une chaleur horrible à San Francisco, la Corse me manque déjà. " On sait jamais, t'as bien insinué que tu pouvais me dénoncer à la presse. "

J'étais contente de le voir là ? Mouais. C'était déjà mieux que de lui causer sur Facebook. Au moins là, j'pouvais clairement distinguer ses émotions. Puis il m'avait sortit que j'étais la plus belle. Sans blague. Je continuais de le fixer, avec mon air un peu trop supérieur qui agaçait les gens. Je kiffais agacer les gens, ma passion. Je baissais mes yeux sans dissimuler pour autant, sur son torse caché qui venait de se révéler un peu mieux sans son sweat. Je me rappelais de la photo qu'il m'avait envoyée, avec sa soit disant musculature. On sait jamais, t'as bien insinué que tu pouvais me dénoncer à la presse. J'haussais les épaules avant de relever mon regard pénétrant sur lui. Ouais, je disais trop de choses. Mais ça voulait pas dire que j'étais pas capable de le faire. J'étais capable de tout. Et j'avais peur de rien. La meuf qui n'a aucune limite. Ca va' tu files droit pour l'instant. Je lui lance en lui faisant un clin d'œil. Ma main sur mon arrière train, je sors sa commande habituelle, je prends sa main, puis je lui fous tout dans sa paume. Voilà, comme d'hab.

" Pour l'instant ... Comment je ferais pour pas filer droit ? " Je la regardais avec un léger sourire avant de tendre la main pour qu'elle mette le pochon à l'intérieur. C'était toujours comme ça que ça se passait, depuis des mois. " Mmmh, c'est cool, merci. " Je fouille dans la poche arrière de mon jean pour lui filer l'argent que je lui dois dans le creux de sa main. J'étais déjà bien entamé. Il faut dire que je carburais pas mal ces derniers jours. Peut être pour pas jouer ma drama et me morfondre d'avoir perdu Yaël pour une simple photo postée sur mon mur. J'aurai bien pu trouver cette photo sur internet et ne l'avoir jamais vu en vrai, juste pour faire chier les journaux à scandale ou quoi ? Enfin bref. J'avais pas envie de penser à Yaël à ce moment là. " Et sinon, tu m'avais dit que t'ouvrirai ta robe de chambre. Tu es bien trop habillée aujourd'hui. "

Je ne répondais rien à sa remarque. J'avais toujours l'arme fatale de pouvoir balancer ce que je voulais à la presse à scandales. C'était cool de refiler de la came à un mec connu. Ça avait ces avantages. Attrapant le fric qu'il me donne en échange, je refermai mon poing sur la liasse billets. Quittant des yeux monsieur Jésus, je posais mon regard sur mon nouveau fric, avant de compter un a un la thune. Quoi, j'kiffe bien faire ça. Et sinon, tu m'avais dit que t'ouvrirai ta robe de chambre. Tu es bien trop habillée aujourd'hui. Mes doigts arrêtèrent de trier les dollars et ma tête se releva vers le hippie. Un léger rire passa entre mes lèvres alors que je rentrais mon fric dans la poche arrière de mon froc. Alors c'est ça ta manière romantique pour me pécho ? Je demande en haussant un sourcil. Essaye un autre truc mec. Je dis, continuant de le fixer.

" C'est pas vraiment romantiques. " Je la regardais avec un sourire en coin. Si j'avais été romantique, je l'aurai probablement emmené dans un restaurant hors de prix, avec un jolie bouquet de fleurs cueillis dans mon jardin de hippie à l'abandon parce que Jake l'a pas arrosé. Ce type a vraiment pas la main verte de toute façon. Ou alors pas quand il s'agit d'hibiscus. Je la défiais du regard alors qu'elle haussait un sourcil en me fixant. " Enfaite, t'as clairement envie d'un truc à la Hurricane. " Je ris légèrement. Si ça se trouve, elle n'avait jamais vu le clip, ce qui serait fort probable. Puis j'étais pas du genre à attacher les filles comme ça. J'ai jamais attaché de filles. À part dans le clip de hurricane. On avait même embauché une actrice porno pour ça. Matty avait bien aimé. Sa copine beaucoup moins. À l'époque j'étais clairement ce petit gars coincé. Mais est ce que je le suis encore ? Sous les pulsions, je me rapprochais rapidement d'elle en la plaquant contre le mur. " Mmh ... J'ai envie de te prendre. C'est mieux, comme approche pour te "pécho" ? "

Enfaite, t'as clairement envie d'un truc à la Hurricane. J'avais jamais vu ce truc. Je savais même pas si j'avais déjà écouté la musique même. Peut être, sûrement c'était passé sur les ondes radios. Fallait que j'aille voir ce que c'est. Même si je me doutais que c'était du truc du genre SM. Laissez moi rire. Jésus faire du SM. Ça c'était le truc du siècle. Je ne répondais rien, je continuais juste de le fixer. Jusqu'à que brusquement, il s'approche de moi pour me plaquer contre le mur sur lequel j'étais avachie tout à l'heure. Mmh ... J'ai envie de te prendre. C'est mieux, comme approche pour te "pécho" ? Je lâche un petit rire, mes yeux ne lâchant pas les siens. Sérieux, là c'était trop drôle. Bah alors, t'es plus coincé du cul ? Ouais là, il devait avoir pris un truc avant de venir ou alors il s'était tapé la tête.

J'avais à peine posé un pied dans ma maison, seul, que je m'étais dirigé vers ma chambre, laissant mes valises sur le sol. J'avais eu besoin de réconfort en voyant que plus aucune des affaires de Yaël n'était là, que c'était bien fini cette fois, et que je ne pourrai rien y changer. Je m'étais envoyé quelques rails, j'avais bu quelques verres, comme ça, en solitaires, comme un bon vieux fou qui n'aurait plus d'espoir. Je garde toujours espoir, même quand on m'avait annoncé qu'il n'y en avait plus pour mon frère, je savais qu'il s'en sortirait. Mais aujourd'hui, j'avais besoin d'un d'être désespéré. Elektra se mit à rire à mon approche, il faut dire que tout le monde me connaissait comme le Jésus coincé et que ça devait faire bizarre aux gens de me voir ainsi. Si entreprenant. " Ça te dérange ? J'peux le redevenir si tu le souhaites. "

Cette situation. Même comme ça je pouvais toujours me foutre de sa gueule. J'arrivais même pas à penser à Dante dans ces moments là. Quoi, même lui m'avait dit qu'il pouvait aller voir ailleurs. Ça m'avait vraiment énervée. Le mec me kiffe mais nan, sa queue doit aller visiter d'autres trous. Alors tant pis, merde. Même s'il faisait des efforts, ça m'avait fait chier qu'il me dise ça. Et que cette autre meuf aille le voir comme ça. Putain. Ça te dérange ? J'peux le redevenir si tu le souhaites. Chassant ces idées de ma tête, je me reconcentre sur le Saint Esprit. Mec, je m'en tape de ça. Même si c'est mieux que t'ai plus de balais dans l'cul. Je dis en me mordant légèrement la lèvre inférieure alors que ma main droite remonte vers ses cheveux que je commence a tripoter.

Tout ceci, ce n'était pas moi. J'étais habituellement le gars qui s'était tapé juste trop personnes dans sa vie, Luna pendant cinq ans, Gayle à cause de l'alcool, et Yaël jusqu'à présent. Il n'y avait eu qu'eux, autant dire que j'étais pas du genre à aller à droite à gauche que j'en avais la possibilité. J'étais surtout centré sur le travail, les conneries du genre. Beaucoup sur ma famille, et sur la guérison de mon frère aussi les deux dernières années. Certes actuellement, j'avais encore plus de travail qu'habituellement, ayant monté ma maison de disques avec mon frère, mais j'avais décidé que le travail ne serait plus une priorité, j'avais eu envie de profité aussi de Yaël, à l'époque. D'où ces vacances. Je chassais son image de ma tête à nouveau. Il n'avait pas à être là, il n'avait plus à être là. Je n'avais plus envie que ça recommence, tout ce jeu de mensonges et de secrets. J'en avais par dessus la tête. " J'suis venu sans aujourd'hui, c'est mieux. " Je la regardais toucher mes cheveux sans un mot de plus. Je parcourais ses yeux ses lèvres son cou puis me posais un instant sur son buste avant de revenir sur ses yeux. " Je peux te faire prendre une pause ou t'as beaucoup trop de travail pour te prouver que je suis pas fin partout ? "

J'suis venu sans aujourd'hui, c'est mieux. Ouais, putain, ouais. Parce que je m'en rappelle encore de nos conversations où le mec limite c'est un philosophe. Au moins, ça m'faisait marrer. Mais si il avait cette attitude à au pieu, putain, j'voulais pas imaginer comment ça pourrait être chiant. C'était p'tete pour que qu'il était plus avec son mec, il en avait eu marre de faire toujours la même chose. C'est sûr, ça doit être bien chiant. Mes doigts continuaient de joueur avec les cheveux de Dieu, sérieux, faudrait qu'il se les coupe. Limite si je pouvais emmêler ma main dedans. J'pourrai avoir l'impression de baiser une fille. Je peux te faire prendre une pause ou t'as beaucoup trop de travail pour te prouver que je suis pas fin partout ? Il me fait rire. Encore une fois. Ca se voyait dans ses yeux qu'il était pas clean. Ma main termine par rejoindre l'autre, derrière sa nuque, Qu'est-ce que t'en as à foutre si j'ai trop de travail... Je lui souffle en le défiant du regard.

Mes pupilles dilatées se fixaient droit dans les siennes, j'avais du mal à garder mon sérieux. Aucune cohérence avec l'homme que je suis habituellement, aucune ressemblance. " Ouais c'est vrai, j'en ai rien à foutre enfaite. " Lui répondais-je d'une voix presque hautaine. Je sentais ses mains passer derrière ma nuque alors que les miennes se décollaient du mur pour venir se poser sur les hanches fines. Je plantais mes iris bleus dans ses yeux avant de reprendre. " Tu sais j'habite pas loin, genre vraiment pas loin, tu veux boire un coup et plus si affinité. J'suis sur qu'il va y avoir de l'affinité. "

Ouais c'est vrai, j'en ai rien à foutre enfaite. Je m'en doutais. Le coin de mes lèvres s'étirent en un léger sourire. Je sais que je devrais pas. Que Dante m'attendait sûrement. Mais là je m'en foutais tellement. Tellement à cause de ses absences répétées, ça m'énervait. Ouais putain ça m'énervait. Alors j'en avais rien à foutre. Je sens les mains de Blake venir sur mes hanches alors que je resserre un peu ma poigne autour de sa nuque. Tu sais j'habite pas loin, genre vraiment pas loin, tu veux boire un coup et plus si affinité. J'suis sur qu'il va y avoir de l'affinité. Je souffle un peu, levant les yeux au ciel, avant de les reposer sur lui. T'as l'air bien sur de toi. Je réponds avant d'avancer mon visage vers le sien, m'arrêtant à la dernière seconde, Bon, t'attends quoi alors ?