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Anonymous
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Dim 13 Juil - 2:56

Cette vacuité, ce néant, causé par cette négligence que je m'acharnais à garder. Je me suis laissée emporter par les méandres de ma pensée, je me suis mise dans ce labyrinthe émotionnel auquel je ne pouvais plus échapper. Je m'emprisonnais, m'affligeant ces dégâts de plus en plus importants, un mal auquel je m'habituais aisément, un mal qui devenait un plaisir, peut-être faisais-je tout simplement preuve d'un masochisme insoupçonné, ou peut-être était-ce l'insouciance ou la culpabilité qui me rongeaient sans que je n'en ai conscience. Je ne comprenais plus rien à ce ventricule qui semblait s'extasier, s'exciter, pour deux personnes. Je ne cherchais pas à comprendre, je suivais mes instincts, jusqu'à commencer à leur faire subir cette même agonie dans laquelle je m'étais mise. J'étais seule coupable de leurs souffrance, et probablement la seule à être capable de stopper tout cela. Alors, j'ai décidé de devenir un peu plus forte, un peu moins passive, de diriger ma vie. J'ai quitté Noah. Je suis arrivée à le faire, à prendre une décision aussi radicale, et je me devais de ne pas revenir en arrière. Depuis l'incident avec Svet, je n'avais pas eu l'occasion de lui reparler, de la revoir, de m'assurer de mes propres yeux, qu'elle allait mieux. Je m'étais oubliée dans ce bonheur dans lequel je baignais avec Noah, frustrant intensivement cette obsession que je dirigeais vers Svet, mais tout me revint d'un coup, le jour où j'ai décidé de rompre. Je ne voulais plus me mentir à moi-même, je n'allais probablement jamais arriver à l'oublier, peu importe mes efforts, chaque partie de mon corps s'était imprégnée de son odeur, de cette chaire que je me plaisais à toucher. Elle me manquait, indéniablement, mais je ne pouvais me résoudre à partir la voir, lui annonçant avec gaieté la rupture de mes fiançailles avec Noah. Je ne pouvais pas lui faire ça, mon attachement à lui, ne me le permettait pas. Alors je m'étais cloisonnée dans cet atelier, je me maudissais, je m'étais même mutilée une ou deux fois aux avants bras, puis je me suis obligée à arrêter, à chasser ces démons. Cette douleur a permis à mon âme de s'exprimer, de créer, j'ai pu combler toute ces frustrations grâce à l'art.

Mes mains, mes vêtements, mon visage, presque tout était tâché de peinture. Je venais de prendre une petite dose d'ecstasy, et mon inspiration était à son maximum, je me sentais en pleine forme, je me déhanchais au rythme de la musique, je ne voyais plus l'heure passer, une euphorie intense venait de me submerger, j'en frissonnerais, ma tête se balançait, tout était plus claire, tout. Alors je peignais, je ne faisais que ça, jusqu'à ce que j'entende cette sonnerie, qui retentissait presque une centaine de fois dans mon cerveau. Je me hâtai tout en dansant, vers la porte, pour l'ouvrir. Découvrant ce visage, cette tête qui ne m'était absolument pas inconnue. Svet. C'était bien elle. Ma tête continuait de se balancer, même si je sentais que mon esprit lui, restait stoïque. Tu... tu veux entrer?
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Anonymous
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Dim 13 Juil - 21:36

La notion du temps s'était brisée sur l'autel de mes angoisses. Les jours s'entremêlaient, à l'image de mes émotions. Je dormais pratiquement tout le jour, pour n'ouvrir mes paupières qu'au crépuscule. Après mon agression, l'exil m'a ouvert les bras et j'ai couru, aussi vite que j'ai pu, me nicher dans un endroit où personne n'oserait venir me chercher. Autrement dit, chez Salazar, mon fiancé. Une torpeur silencieuse a figé mes os dans le malaise et dans la peur lancinante de ne pas être suffisante, une fracture datant de l'enfance que Gaïa n'avait fait qu'amplifier. Les souvenirs intoxiqués de mes maux occultes m'étouffaient et le peu d'air que j'arrive à obtenir m'est offert par la protection incompréhensible que Salazar me donne au quotidien sans jamais demander de retour. Pourtant mes pensées ne cessaient de tourner jusqu'à m'en donner la nausée ; il fallait que je parle à Gaïa. Que l'on s'explique, que la vérité sorte enfin de son écrin d'acier. J'aurais voulu hurler jusqu'à en perdre ma respiration mais mes cordes vocales restaient étrangement censurées. Totalement pétrifiées par une tristesse soudée à ma peau, devenue tellement habituelle que ma personnalité avait disparue avec les confusions automatiques de la fadeur de mes iris. J'ai perdu mon éclat.

J'ai longuement hésité, pesé le pour et le contre. J'ai tourné en rond. J'ai perdu le fil pour le retrouver mais finalement l'abandonner. Je me suis battue contre moi-même, tiraillant mes entailles avec un océan d'angoisses si mélancolique que je m'y suis noyée. Notre éphémère retentissant lourdement dans mon ventre ne m'a pas laissé d'autre choix que de celui d'accepter cette fatalité affreuse. Pourtant, je suis garée face à son immeuble. Coincée dans l'habitacle de ma voiture depuis au moins un bon quart d'heure, absolument incapable d'en sortir, le regard embrumé par des larmes que je ravale pour cause d'une trop grande fierté. Sa rupture avec Noah était censée me faire du bien, me redonner un autre souffle et nourrir de nouveaux espoirs mais je me sentais simplement vide. Atrocement vide et coincée dans un entre-deux que je n'ai jamais désiré. À cet instant, j'aurais donné tout ce que je possède pour n'être qu'une petite idiote, pleine de naïveté candide et de sentiments plastifiés. Sans aucune profondeur. Mais ce n'était pas le cas. J'étais horriblement consciente, terriblement réaliste et mon cœur ne cessait de vomir depuis que les choses s'étaient assemblées dans mon esprit. De l'espoir ? Je n'en avais plus et je n'en désirais plus. La sensibilité si précieuse que j'avais caché durant des années derrière une muraille infranchissable éclatait au grand jour. J'entretenais les illusions, je me protégeais avec les mensonges en tentant de garder la tête haute.

La Svetlana pleine d'assurance et d'insensibilité me semblait si loin aujourd'hui. L'image d'une petite fille cherchant l'amour de son père me revenait en plein visage, comme des gifles consécutives qui ne cessaient de hurler l'ampleur de mon échec. La petite fille n'est pas assez. Elle ne le sera sans doute jamais et certainement pas pour Gaïa. J'ai fini par sortir pour me diriger vers sa porte d'entrée. Les jambes en coton et les mains tremblantes. J'ai sonné en retenant ma respiration et en retenant cette pulsion carnivore de partir en courant. La musique était forte. Plus encore lorsqu'elle m'ouvrait finalement la porte. Sa tête bougeait en rythme avec ce qu'elle écoutait et la peinture que je voyais sur ses vêtements m'indiquait qu'elle était en train de peindre. Sa lucidité sûrement troublée par des hallucinogènes. Je suis restée silencieuse un moment, détournant mon regard, toujours hésitante quant à ma présence ici. Mais il fallait vraiment que l'on parle. J'en avais besoin. Je hochais positivement de la tête, préférant me taire pour l'instant et entrer dans son nouvel appartement. Mon regard scrutait les alentours, à la recherche d'un quelconque repère mais je finissais par effacer cette idée stupide de mon esprit avant de goûter à nouveau à la mitraille de ce que l'amour pouvait engendrer en moi. Je me calais dans un coin de son canapé et me raclais la gorge plusieurs fois avant d'oser faire confiance à ma voix. Tu peux m'expliquer ? Car je ne comprenais plus rien.
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Anonymous
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Lun 14 Juil - 20:35

Une autre monde, un autre univers, une autre galaxie. Mon être tout entier était propulsé vers cet antre qu'il connaissait si bien désormais. Une espèce de seconde maison, beaucoup plus accueillante, plus réconfortante, qui arrivait à me faire sourire, me faire danser, me faire chantonner. J'étais bien, bercée par ces belles hallucinations, vivant dans une autre dimension, créée de toute pièce par mon imagination. Je haïssais ma réalité, ce que je devenais, ce que j'avais toujours été. Un mal être abyssal me broyait l'esprit, je me sentais brimée, et je n'en pouvais plus, alors mon seul remède était cette gélule d'ecstasy, elle avait un effet apaisant sur ma conscience, toutes ces pensées affligeantes s'égaraient quelque part dans ma tête, dans un coin, où je ne pourrais plus les retrouver. Ma vision s'altérait, et je me laissais aller à toutes ces sensations, ces frissons, et ce pouls qui s'accélérait, une excitation qui arrivait à me faire tout oublier. Après avoir demandé à Svet si elle voulait entrer, j'eus droit à un hochement de tête, elle ne semblait pas de bonne humeur, et moi, je m'efforçais d'arrêter de bouger au rythme de la musique, même si c'était plus fort que moi. Je voyais flou de temps en temps, mais ça me faisait un bien fou. Je ne réalisais probablement pas encore, qu'elle était réellement là, je la regardais s'installer sur un coin du sofa, un sourire béat sur les lèvres, il fallait que je me roule un joint pour me calmer un peu. Je m'exécutais sur la table du salon, prenant place par terre en face d'elle, concentrée dans ma tâche. J'avais l'impression que les objets s'éloignaient, mais ça ne durait que quelques secondes. Tu peux m'expliquer ? Sa voix m'emporta tout d'un coup, me berçant dans nos souvenirs, je la fixais un long moment, tentant de dissiper cette espèce de brume sur mes yeux. Je me levai d'un coup, m'approchant d'elle, ne la quittant pas du regard, pour la toucher, et m'assurer qu'elle était bien là, bien vivante, qu'elle était bien venue pour moi, pour me voir. Je venais de prendre place juste à côté, je fermais simultanément mes paupières, rapprochant un peu plus mon visage, toujours plus, jusqu'à frôler ses lèvres, sentir son souffle, et je l'embrassai. Un geste spontané, mais je cherchais à avoir une preuve bien palpable de sa présence. Je n'avais aucune idée de ce que sa réaction pourrait être ni de ce que je vais de faire, et je ne m'en souciais pas, pas le moindre du monde. J'étais heureuse d'avoir enfin pu le faire, j'en avais bien souvent rêvé, un peu trop. Je caressai son visage, continuant de la contempler, laissant échapper un petit rire. Tu es là. Tu es bien là.
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Anonymous
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Mer 16 Juil - 23:04

La combustion de mes nerfs m'a rendue chancelante et les tremblements de mes mains me rappelaient que j'avais bel et bien perdu mon sang-froid. Le poids de notre histoire m'avait complètement déchiré de l'intérieur et nos allégresses brûlantes se sont évanouies dans l'océan de mes inquiétudes. Entre nous, des torrents hurlaient et des orages gémissaient. Il était question de notre calamité dans toute sa splendeur ; pleine d'entailles et de douleur. En me calant un peu plus dans son sofa, je tentais de me détendre au maximum ; mettant, par la même occasion, mes démons de côté. Il ne m'avait fallu que quelques minutes pour comprendre que Gaïa n'était pas vraiment présente, qu'elle était bien loin ; perdue dans les illusions de ce que les psychotropes pouvaient lui offrir et face à sa dérive, je ne pouvais que soupirer. Les sons de la musique s'enchaînaient à l'intérieur de ma boîte crânienne et mon assurance revenait tendrement me faire respirer avec plus d'aisance. Ma panique ne semblait avoir été que temporaire, un peu à l'image d'un coup de tonnerre. Elle s'était assise, face à moi et à même le sol, souriant de façon hallucinée. Silencieuse, mes prunelles parcouraient son corps, son visage et sa chevelure. Tout son être.  Comme lorsque je l'ai découvert la première fois. Comme si le passé revenait me hanter à nouveau. Je savais qu'en passant le seuil de sa porte, quelque chose allait être différent et même si je n'arrivais pas à poser de mots sur ce sentiment, je ne pouvais pas l'ignorer. À ma question, je n'ai eu aucune réponse. Elle s'est simplement levée pour venir s'assoir à mes côtés et s'approcher à chaque seconde de plus en plus jusqu'à laisser nos lèvres se caresser. Ses paupières closes et mes pupilles certainement dilatées par ce qu'elle provoquait en moi en agissant de cette façon, je restais paralysée par une incompréhension nouvelle et l'impression étrange que tout ceci n'est qu'un mirage de plus.

Ses lèvres contre les miennes me firent frissonner longuement et je n'ai pas su m'empêcher de répondre à leur contact car tous ces mois censurés m'avaient asséché et que l'absence de sa peau contre la mienne avait eu le goût du poison. Elle caressait finalement mon visage alors que je laissais son regard céruléen me dévorer lentement. Sa douceur spontanée me serrait le cœur sans que je ne sache vraiment pourquoi. Tout ceci me semblait irréel et absurde. Pourtant, c'était bien réel. Cela venait bien de se passer. Le tintement de son rire s'est faufilé dans mes oreilles alors que mes yeux ne cessaient de la détailler. Stoïque, mes muscles semblaient morts. Bloqués dans la frénésie de mes questionnements incessants et de la vérité qui m'écorchait les lèvres. Sa confirmation sur ma présence ne faisait qu'amplifier mon impression. La lucidité de Gaïa était alternée et j'aurais aimé qu'elle soit sobre pour la conversation dont je devais lui faire part. Tout devait lui sembler abstrait et merveilleux, comme dans ce conte si psychédélique qu'est Alice aux pays des merveilles. Je l'ai longuement fixé, avec cet air sérieux dont je ne parvenais définitivement pas à me défaire. J'étais partagée entre l'envie de partir et de tout déballer sans réfléchir.

Oui, je suis là mais toi, non. Peut-être qu'on devrait en parler une autre fois. Je ne sais pas. Le malaise s'était pourtant dissipé et ce nœud infernal qui torturait mon estomac semblait n'avoir jamais existé. Mon regard s'est perdu quelque peu avant de revenir caresser le visage de la jeune femme. Il est peu probable qu'elle se souvienne de cette conversation, peu probable que les échos restent continus dans son esprit puisque tout était flou. Comme les sentiments qui m'ont entraîné dans leur tourbillon. J'attrapais ses mains, laissant nos phalanges s'entremêler alors que mes prunelles ne quittaient pas sa peau. Pourquoi tu as quitté Noah ? Je trouvais que c'était de la folie et peut-être que c'en était au fond.
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Anonymous
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Jeu 17 Juil - 2:23

Pourquoi tentais-je à chaque fois d'échapper à cette réalité? M'éloignant de plus en plus de ce que j'étais réellement. De la crainte, du ressentiment, et ce tiraillement féroce que je ne pourrais endurer sans m'immiscer dans ce nirvana que je me plaisais à construire, à bâtir, pour me protéger de moi-même. Une affliction qui me charmait, m'attirant dans ses filets sans aucune difficulté. Peut-être n'étais-je qu'entrain de prouver ma faiblesse, mais j'étais à bout, de tout. Usée par mes propres jeux, je me défiais sans cesse, tentant de dépasser mes limites, j'ai toujours haï ces barrières, mais peut-être que je me complaisais à ces plaintes incessantes, peut-être y avais-je trouvé un certain confort, un confort qui s’éclipsait, lorsque Svet apparaissait. Qui s'intensifiait lorsque Noah était là. J'ai décidé d'affronter mes peurs, de me sortir de ce confort, de me découvrir à nouveau. Svet était probablement la seule à permettre une telle chose, il ne fallait plus que j'aie peur, que je me laisse dévorer par mes propres tourments. Il fallait que toutes ces inhibitions s’effondrent. Je ne cessais de caresser son visage, puis sa chevelure blonde, elle était probablement une drogue, car j'avais l'impression que les effets de ce stupéfiant s'intensifiaient en sa présence. Elle gardait toujours cette expression sérieuse sur son visage, je ne le remarquais pas, bien trop obnubilée par son regard, et ses lèvres, auxquelles je pouvais me permettre de goûter quand bon me semblait. Je me suis privée de tout ceci, du jour au lendemain, sans aucune explication à Svet. Je venais aussi de quitter Noah dans l'incompréhension totale de ma muse. Mes agissement étaient sans fondement, je ne faisais que suivre mes sentiments, mes émotions, et leur incohérence. Mon insouciance la faisait probablement souffrir. Oui, je suis là mais toi, non. Peut-être qu'on devrait en parler une autre fois. Je ne sais pas. Je paniquai instantanément, toutes les émotions qui me submergeaient allait probablement être démultiplié. Je serrai sa main, mon visage toujours aussi proche du sien, je faisais une mine triste, presque enfantine. Non, non, n.. Je fus interrompu par sa question. Pourquoi tu as quitté Noah ? Une collision brutale se fit sentir dans ma cage thoracique. Je ne tenais pas à en parler, je voulais juste danser à ce moment là. J'allais probablement me noyer dans cette mélancolie à laquelle je tentais lâchement d'échapper. Je laissai tomber ma tête, éloignant ma main de la sienne et fixant le plafond un long moment. J'avais l'impression que mon cerveau dansait, que le temps venait de s'arrêter. J'ai la tête qui tourne encore plus quand tu es là. Je me tournai vers elle, le regard absent, mais mes iris profondément encrés dans les siens, je ne souriais plus, j'avais plutôt envie de sangloter. Parce que je n'en pouvais plus.. je n'en pouvais plus de devoir tout frustrer.. frustrer ces sentiments, qui ne faisaient que survenir avec plus de violence.. j'avais peur de le tromper, et je n'en pouvais plus de..de te voir souffrir. Je me levai, vers le joint que j'étais entrain de préparer, à l'autre bout de la table. Il fallait que je me calme d'une certaine façon, mes pensées tourbillonnaient à l'intérieur de mon cerveau et je ne pouvais plus les arrêter. Je l'allumai avec beaucoup de difficulté, avant de tirer ma première latte, mes yeux ne quittant désormais plus Svet, je retournai vers elle, sans que je n'en ai conscience. Nous étions comme deux aimants, et il m'étais impossible de résister à ce magnétisme.
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Anonymous
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Lun 28 Juil - 12:56

Les esquisses de l'histoire que j'étais en train de créer avec Salazar restaient censurées. Pour elles, ma protection est devenue grandissante et mon silence renforçait le mur d'acier que j'avais crée pour nous. Ma vie à San Francisco semblait disparaître avec lenteur. Je ne ressentais plus le besoin d'y penser, plus le besoin de me perdre au creux de ses méandres. Les effluves de mon passé me laissaient enfin passer et pour la première fois depuis des années, j'arrive à avancer de façon concrète. Ma fébrilité était devenue trop corrosive. Mes maux trop bruyants et j'avais enfin ouvert les paupières après ce long coma azimuté. Elle serrait ma main plus fort alors et m'offrait cette expression attendrissante qui me rappelait nos premiers jours à la lumière d'une utopie qui était bien morte à présent. Mon regard ne pouvait que se fondre dans la profondeur du sien. J'aurais aimé la serrer dans mes bras, lui dire que j'étais là, un peu comme l'aurait fait une mère avec son enfant mais je ne pouvais pas et tout au fond de moi, je ne voulais pas. J'étais venue pour lui faire comprendre. Pour élargir notre plaie, déjà béante et noyée de notre sang. J'étais venue pour lui dire qu'ici, nous n'existerons jamais et son incompréhension brouillée, la perdition affreuse que je trouvais dans ses prunelles ne faisaient que confirmer les tumeurs de ma réflexion.

Elle me dit que sa tête tourne d'avantage à cause de ma présence et l'inquiétude me gangrène la chair mais je ne savais pas quoi lui répondre. Les torpilles bourdonnaient dans mon estomac et les nausées enserraient ma gorge. Les tensions qui nous reliaient n'étaient pourtant pas assez fortes pour nous éloigner, pour nous donner le courage de couper les ponts. Autant elle que moi, étions prisonnières de quelque chose qu'on ne comprendra sûrement jamais. Mes pupilles ne parviennent pas à se détacher d'elle. Je regrettais presque d'être venue, d'avoir enclenché à nouveau ce tourbillon d'émotions, ces vagues immenses qui me dévoreront toujours. Je regrettais nos douleurs avec autant de force que je les adulais et c'était malsain, atrocement malsain mais c'était bien plus fort que ma raison. Ses explications étaient comme des échos, qui ne cessaient de se répéter comme un disque rayé que le temps ne fait qu'abîmer un peu plus. Alors qu'elle revient à mes côtés, je souris légèrement. Comme pour la rassurer, l'empêcher de s'empoisonner plus qu'elle ne le fait déjà. Être la cause de sa fin me donnait des frissons, j'aurais voulu disparaître et ne plus jamais interférer dans son existence. Mais dans ce cas, qu'est-ce que je faisais là ?

Souffrir est pour moi un plaisir anormal, presque un besoin vital qui obstrue les artères de mon cœur malade et ce plaisir grandissait aux côtés de cette femme, qui est certainement la femme de ma vie. Personne ne m'avait jamais autant touché, personne n'avait brisé mes murs avec une douceur enfantine que j'avais parfois du mal à saisir. Personne, Ô grand jamais, n'a su m'atteindre comme elle a réussi à le faire. Elle resterait mon mirage, tout comme je resterais le sien. Pour notre survie, pour que l'on puisse profiter de cette vie toutes les deux, nous devions nous protéger et nous protéger, c'était restreindre notre amour que personne ne pourrait jamais comprendre. Gaïa, les choses deviennent sérieuses avec Salazar. Parce qu'il fallait que je lui dise, que la vérité soit entendue. Il arrive à m'apaiser sans que je ne comprenne comment. Il m'a sauvé de ce qu'il se passait car je pense, sans exagérer, que j'aurais pu... Je décidais de ne pas finir ma phrase car je savais qu'elle comprendrait, qu'elle savait pertinemment que j'aurais fini par y laisser ma peau. Et mes sentiments pour lui sont présents, quoi que je puisse en dire ou en faire. Nous avions besoin de nous raccrocher à l'espoir, aux lueurs inattendues qui se présentaient à nous et je savais que je n'avais rien de lumineux. Moi, j'avais la couleur de la nuit et son impétuosité. Ses tourments et ses délices illicites. Je ne suis qu'une ombre, comme Gaïa est la mienne. Je te parle de ça car je sais que tu peux être heureuse aux côtés de Noah, comme je le suis aux côtés de Salazar. On possède le moyen de rendre nos existences meilleures et j'ai toujours voulu le meilleur pour toi. Je ne cesserais jamais de le vouloir alors s'il faut nous sacrifier pour que tu restes bien vivante et que tu sois heureuse, alors je nous sacrifie sans hésitation. Le silence revenait à nouveau nous étreindre sans qu'aucune de nous ne pose d'objection. Il fallait qu'elle soit heureuse et elle ne le sera jamais à mes côtés. Je n'étais pas suffisante pour cela et il n'y avait rien d'autre à dire. L'attendre pour toujours aurait été anéantir la vie et j'ai besoin de récupérer mon souffle.

Mon avenir reste incertain, troublé par des fissures impertinentes qui décorent la toile de mon existence. Mes mots ne seraient sûrement pas suffisants à nous détruire ; de ça, j'en ai pleinement conscience. Mais c'était la meilleure solution. Du moins, pour moi. On connaît toutes les deux la vérité et je ne sais pas si cette vérité changera mais je veux te laisser une chance de vivre. La sincérité à son état le plus pur peut-être. Juste mes mots qui dérivent avec franchise et l'impossibilité d'agir autrement. Et je pense que je veux vivre, moi aussi.
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