J'avais erré dans la ville de San Francisco pendant 4 longs jours. On était vendredi soir. Cet appel de Gaïa m'avait tellement détruit que j'avais décidé de couper court à tout. J'avais appelé un pote pour qu'il me remplace au shop, histoire de ne pas arrêter de faire tourner la baraque et c'est tout. J'avais attrapé un sac à dos, une bouteille d'eau, mon porte monnaie, une pomme et j'avais ramassé mon portable complètement explosé au sol et j'étais parti. J'avais claqué la porte de l'appart, laissant un mot à Sian pour ne pas qu'elle s'inquiète. A partir de ce jour là, je ne donnais plus aucune nouvelle. Je me promenais dans les rues de San Francisco, j'allais dans des bars, tous les jours. Dans les coins des rues, pour acheter de la drogue. Je m'étais même mis aux seringues. Pour oublier ce putain de trucs qui ressemblaient à un poignard et qui me transperçait le coeur et tous mes autres organes. Je me souviens du premier soir, lundi, où j'essayais de trouver un coin où me poser. J'avais réussi à remettre en route mon portable et je repassais en boucle les photos de Gaia. Quelques larmes étaient sorties de mes yeux. Ce qui est pas mal pour moi, je masque trop souvent ses émotions. Mais j'étais seul et je pouvais pas m'en empêcher. Puis j'avais tout supprimé. Absolument tout. J'avais remis mon portable dans ma poche et j'avais continué mon périple. Je me lavais comme je pouvais, dans les toilettes des bars. Je voulais pas rentrer. Et je continuais. Trois ou quatre fois je me surpris en train de me battre pour que dalle. Ca me défoulait, ça me faisait du bien. Même si je pensais toujours à elle. Je me demandais comment j'allais pouvoir l'oublier. Je m'étais désactiver de Facebook pour ne plus avoir à croiser son visage, ses photos ou tout souvenir entre nous deux.

J'arrivais plus vraiment à manger. C'était rare que je me fasse deux repas par jour. Première fois de ma vie que je commençais à avoir un peu de barbe aussi. Ca pousse vite en presque cinq jours n'empêche. J'avais pas le moral. Tout ce qui m'apaisait c'était cette drogue qui passait dans mes veines ou dans mon œsophage. Vendredi soir, je tournais mes clés entre mes doigts et je décidai de passer un coup rapide à l'appart. J'entrais dans l'immeuble, prenant l'ascenseur. Une des voisines me dévisagea et manqua de me confondre avec un clochard. Entrant dans l'ascenseur, je me regardais dans le miroir. En même temps, je faisais peur à voir. J'étais presque sale, j'avais des égratignures de partout, un oeil gonflé, et super mal rasé. Je passais une main sur mon visage, avant de sortir pour me rendre vers ma porte d'entrée. Une fois ouverte, je me faufilais à l'intérieur, discrètement. Sans poser mon sac à dos, je marchais jusqu'à mon salon... Mag ? Elle était là, sur le canapé.

magda était donc restée à los angeles une journée, lundi. elle était arrivée à san francisco le mardi matin. elle avait profité de son séjour à los angeles pour aller voir quelques amis, notamment gaïa rapidement. elle avait fait de la pub pour le salon, les gens étaient parfois prêt à faire des kilomètres pour se faire tatouer correctement. elle était certaine qu’au moins pour ça, elle n’avait pas fait le déplacement pour rien. arrivée à san francisco le mardi matin, elle n’avait rien dit à personne. rien publié sur facebook. d’ailleurs elle se faisait très discrère sur les réseaux sociaux depuis son retour. camil ne devait pas savoir qu’elle était rentrée. elle était encore en colère contre lui. et puis visiblement ils avaient rompu, en apparence du moins, alors elle ne lui devait rien, pas même l’information de son retour. elle n’était pas rentrée chez elle, parce qu’elle se disait que camil aurait pu débarquer à n’importe quel moment. elle était allée directement chez noah. après avoir sonné pendant presqu’une heure, magda avait du se résoudre à l’évidence, il n’était pas là. mais elle avait attendu. sa colocataire avait fini par arriver. magda lui avait rapidement fait un topo sur la situation et la coloc l’avait laissé entrer. dès le mercredi, magda avait compris que celle-ci passait plus de temps à l’extérieur qu’à l’appartement. elle s’était finalement retrouvée seule avec ses pensées macabres sur son fiancé et ses inquiétudes pour noah. suivant les dires de sa coloc, elle ne l’avait pas vu depuis lundi soir. il avait disparu littéralement, au sens propre du terme. personne ne savait où il pouvait être. magda avait eu envie de sortir pour le chercher, mais elle avait fini par se dire qu’à un moment où un autre, il finirait par repasser par son appartement, le mieux était donc de l’attendre ici. ça lui permettait également de rester cachée.
au bout du quatrième jour, magda commençait vraiment à être inquiète. elle s’était endormie sur le canapé de noah, prête à bondir si son téléphone sonnait ou si quelqu’un débarquait à l’appartement. ce soir là justement, elle entendit des clefs dans la serrure. dans un sommeil semi-profond, elle ne se réveillait pas tout de suite, partagée entre rêve et réalité. « mag ? » magda ouvrit les yeux. elle se redressa et découvrit noah devant elle. il était dans un état déplorable. elle se leva en sursaut et s’aventura vers lui. « ça fait quatre jours que je t’attends. » elle dit tout simplement, en le regardant. « assieds-toi, je vais te faire un truc à manger. » elle ajouta.

J'aurai nettement préféré ne croiser personne. Même pas Sian. J'étais pas beau à voir et je le savais, j'en étais conscient. Je voulais pas qu'on s'inquiète pour moi, je savais ce que je faisais. Ou pas. Voir Magda à moitié endormie sur le canapé me fit mal au bide. J'sais pas. Je m'attendais pas à la trouver elle ici, chez moi. Je fronce un peu les sourcils, la regardant alors qu'elle semble se lever plus vite que la normale quand elle s'aperçoit que c'est moi. Je reste sans bouger, la laissant venir à moi, la fixant toujours, ça fait quatre jours que je t’attends. Je fronce un peu plus les sourcils. Comment ça elle m'attendait ? Pourquoi elle est pas chez elle, ou à LA, ou autre part qu'ici dans mon appartement ? assieds-toi, je vais te faire un truc à manger. Je secoue ma tête rapidement. J'ai pas faim. Je réponds d'un ton catégorique. C'est vrai que de manger de moins en moins, on en perd l'appétit. Quelques semaines de plus et j'en perdrais mes muscles sûrement. Je me gratte la tête, l'observant, toujours aussi petite à mes yeux. Rentre chez toi Mag. J'ajoute, lui lançant un dernier regard, avant de la contourner, me dirigeant vers le canapé pour poser mon sac à dos. J'en sors ma bouteille d'eau, qui ne contient plus vraiment d'eau, mais un autre liquide plus fort, j'en bois deux longues gorgées, tournant toujours le dos à Magda.

magda avait un peu été lâche sur ce coup, oui. elle avait préféré rester cacher pendant quatre jours chez noah, sans que personne ne sache qu’elle était revenue à san francisco, plutôt que d’affronter camil. elle était encore trop énervée contre lui pour réussi à rester sereinement face à lui. et puis il y avait eu l’article de gossip girl. et ce putain de gala. qui avait foutu la merde. et cette conne de denver qui s’affichait. cette nana n’avait aucune fierté. elle n’arrivait pas à comprendre comment une fille pouvait agir aussi connement qu’elle. mais c’était plus ses oignons désormais.
magda avait été réveillée par le retour de noah. « j'ai pas faim. » elle n’écouta pas et se dirigea vers la cuisine pour faire bouillir de l’eau. « rentre chez toi mag. » elle retourna lui faire face en attendant que l’eau soit prête. « je peux pas. » elle dit. c’était un peu vrai dans le fond. elle ne pouvait pas rentrer chez elle. surtout, elle ne voulait pas. « tu devrais prendre une douche, ça te ferait du bien. » elle se retourna pour aller surveiller l’eau. elle jetta un dernier coup d’œil à noah avant de retourner dans la cuisine. « je reste là. » dit-elle catégorique.

Le liquide brûlant traverse mon œsophage. Je sens le chemin qu'il prend jusqu'à mon estomac. Je grimace légèrement, avalant la dernière gorgée, avant de reposer ma bouteille sur le canapé. je peux pas. Je fronce mes sourcils, alors que je me retourne pour l'observer. Je comprends pas tellement. tu devrais prendre une douche, ça te ferait du bien. Je baisse mon regard sur mes pauvres vêtements que je porte depuis le début de mon voyage dans les rues de San Francisco. J'hausse les épaules. Ouais, peut être. je reste là. Je soupire, la voyant repartir dans la cuisine. Je connais Magda, elle est aussi têtue qu'une mule. Alors je la laisse pour l'instant, je prends mon sac, puis je vais direction la salle de bain. Elle a raison, la douche fait du bien. Je me décrasse, j'enfile des nouveaux vêtements, mais je laisse ma barbe de côté pour l'instant. Je retourne dans la cuisine, elle est toujours là, à s'occuper de la bouffe. Je m'approche en silence, déposant un baiser sur sa tempe, avant de m'appuyer sur la table d'à côté. Pourquoi tu peux pas rentrer chez toi ? Je demande en l'observant. J'ai pas envie de parler de moi, alors autant parler d'elle.