L'autre soir, Arnora m'a avoué une chose qui m'a rendue complètement dingue, même si j'essayais de canaliser ma haine au travers de ma discussion avec elle sur Facebook. J'comprenais pas, j'comprenais vraiment rien de ce qui se passait à cet instant là. Elle avait un crush pour Sidoine. Sid Vicious, putain. J'ai cherché à comprendre d'où ca venait, pourquoi, comment, mais toutes les explications demeuraient floues dans mon cerveau. J'suis passée par plusieurs états, quand elle m'a avoué cela. L'incompréhension, la recherche de réponses, la haine, l'hystérie interpersonnelle, je "je m'en branle" et la remise en question sur ma façon d'être avec elle. Et j'pense avoir compris d'où venait sa remise en question. Je n'étais pas assez démonstrative sur mes sentiments. J'ai toujours été comme ca, mais j'pensais pas que cela allait peut-être me jouer des tours, pas avec elle. Et pourtant.

J'ai par la suite décidé de prendre les choses en main et d'affronter le démon en personne. Affronter celui qui aurait pu m'faire perdre celle qui m'a redonné confiance aux relations amoureuses, celle que j'aime et que je ne veux en aucun cas perdre, et certainement pas dans ces conditions là. J'avoue que l'idée de le tuer m'a traversé l'esprit un instant, mais j'voulais pas gagner cette bataille pour perdre la raison de la guerre, ca n'en valait pas la peine. Et faut croire que j'fais peur aux gens, vu la façon dont il semblait mielleux envers moi sur le réseau social. Pauvre petit oiseau égaré. On s'était donné rendez-vous dans un café pour midi. Il voulait un lieu public pour s'assurer que je ne l'abatte pas au détour d'une ruelle, surement. J'me pointais au lieu de rendez-vous, sans arme, sans rien, seuls mes mots pour attaque et défense...quoi que j'pourrais toujours lui balancer le verre dans la tronche. J'parle bien du contenant, pas du contenu. J'm'installais en terrasse, bien en vue et m'allumais une clope pour tenter de faire descendre la pression. Sid Vicious, j'vais pas te rater, sale enfoiré de séducteur.

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Au petit matin, j'avais rencontré Sveta, qui l'avait quelque peu aidée à calmer mes idées noires et mes pensées meurtrières. Autant dire que Sidoine avait de la chance que je la croise après deux nuits sans sommeil, vraiment. Mes nerfs étaient un peu moins à fleur de peau et j'essayais de relativiser les choses, jusqu'à que j'le vois arriver tout sourire en me faisant signe de la main. Okay, j'crois qu'il a pas compris que j'étais pas sa pote, il m'exaspère un peu plus qu'au travers de facebook, c'est plutôt drôle. Il s'installait alors face à moi et commençait à me taper la discut' comme si on s'connaissait super bien. Salut. J'te retourne la question sans y répondre, m'en veux pas. Il avait pas intérêt à m'en vouloir, sinon il va avoir mal au cul. Il semblait être impressionné par les prix fixés par le café, ce qui me fit soupirer. J'te paie ton soda si on peut avoir une conversation entre adultes, même si t'es un jeune abruti de première classe. J'tirais sur ma clope comme un pompier, c'est pas comme si j'avais fumé quatre paquets en deux jours après tout. J'vais commencer d'ailleurs. C'est quoi ton délire à faire le serial lover avec des meufs en couple, sérieux ? C'est comme si le jour où tu arrêtes de jouer avec les meufs, j'débarque en mode toi et essaies de t'la piquer, c'est pas réglo mec. Alors maintenant, j'écoutes ce que t'as à m'dire. J'terminais ma clope et l'écrasais avec une haine dissimulée, avant de croiser les bras pour le fixer. S'il perd ses moyens, j'sens que ca va être drôle.

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