Lassée, brisée, blasée mais pourtant toujours aussi inquiète pour Noah. Déjà trois semaines sans nouvelles de lui, je suis restée à Los Angeles, à me torturer l'esprit, à peindre, peindre et encore peindre, mes tableaux se vendaient bien, alors j'en profitais. C'était bien la seule chose que je savais faire, je me suis débrouillée pour prendre un billet pour San Francisco, pour venir le voir, et m'assurer qu'il était bien en vie, qu'il allait bien. Une fois arrivée à l'aéroport de San Francisco, je suis directement partie chez Frankie pour déposer mes affaires, avant d'aller voir Noah. Je sentais à nouveau cette organe qui m'était devenu étranger, cogner fortement contre ma cage thoracique. Je me sentais revivre en quelque sorte, plus j'approchais de sa maison, et plus ce sentiments s'intensifiait. Une fois arrivée devant la porte, je toquai, suffisamment fort, pour qu'on m'entende. Les mains flageolantes, je ne savais pas réellement comment j'allais m'y prendre, si c'était lui qui allait m'ouvrir ou sa colocataire. J'espérais qu'il soit là, sinon je me contenterai de demander de ses nouvelles à Sian. Je n'avais pas d'autre choix.

Trois semaines depuis qu'elle était partie. Depuis qu'elle m'avait laissé. J'avais passé presque une semaine hors de chez moi. Puis Magda était venue me voir, et j'avais décidé de rester à l'appartement. Mais je n'en faisais pas plus. Je sortais souvent, je me droguais quasiment tous les soirs puis je me battais. Ca me défoulait, ça me faisait penser à autre chose qu'à elle. Parce que c'était tout ce que j'attendais, arrêter cette douleur cuisante qui m'envahissait chaque matin quand je me réveillais, en me disant que je n'étais plus avec Gaia. Cette réalité trop dure à assumer. Alors ouais, je faisais de la merde pour compenser. C'était sûrement un comportement con, mais j'en avais rien à faire. Ca me changeait les idées. Les jours passaient et se ressemblaient. Je venais de rentrer il y avait à peine vingt minutes lorsqu'on toqua à la porte. Sian était sortie, j'étais obligé d'aller ouvrir. Je laissais ma bière de côté, je passais rapidement ma main sur ma bouche pour enlever les restes de mousse et j'allais ouvrir. Mon ventre ne se fit pas prier pour effectuer un salto arrière. Elle était là. Devant moi. Mon visage traduisait sûrement la surprise qui m'habitait. Je comprenais pas. Ma main toujours sur la porte, je la fixai, sans savoir quoi dire, quoi faire.

Après quelques secondes d'attentes, quelqu'un a enfin pu m'ouvrir. Je restais dans une inertie totale, à cause de cette vue, de ce Noah que je ne reconnaissais plus. J'étais tout de même soulagée de le voir se tenir debout devant moi, même s'il semblait fatigué, usé, et sans énergie. Il a sûrement dû se négliger depuis plusieurs jours, comme j'avais fais. C'était tout aussi dur pour moi aussi, mais je ne pouvais me permettre de me plaindre, j'avais pris cette décision après tout. J'étais l'unique responsable de ce qui m'arrivait, et de ce qui lui arrivait aussi. Je sentais cette brûlure en moi, bien présente, cette culpabilité qui me consumait, me rongeait de jour en jour, lorsque je pensais à lui. J'avais décidé de devenir plus dure, de sombrer, et de me foutre de tout le monde, j'avais en quelque sorte, saccagé la pièce qui me servait de chambre, je me sentais mieux ainsi, j'en avais affreusement besoin. Je m'étais plongée de ces abysses que j'avais frustré depuis si longtemps, je me sentais libre, de faire de ma vie ce que je voulais. De m'auto-détruire à ma guise. Personne n'allait s'inquiéter pour moi si je continuais à agir comme une garce, mais je ne pouvais pas l'être totalement avec Noah. Je.. désolée de te déranger. Je suis venue voir si tu allais bien, tu ne donnes plus de nouvelles à personne.

Je voudrai me pincer. Voir si c'était pas un cauchemar, ou plutôt un rêve. Oui, avec Gaia, tout était différent. Je savais depuis le début que c'était elle et personne d'autre. Sauf qu'elle en avait voulu autrement. Et j'avais été incapable de la garder pour moi. Et là, rien qu'à la regarder, je ressentais ce sentiment si fort qui confirmait à quel point j'en étais amoureux. Même après tout ça. Ses grands yeux bleus m'avaient manqués. Ces sensations me prennent même jusqu'aux tripes. Je pourrai m'avancer, la prendre dans mes bras, lui dire combien elle me manque. Mais je pouvais pas. Elle ne voulait pas. On n'était plus ensemble. Je ne pouvais plus faire ce genre de choses. Caresser son visage, dégager une de ses mèches brunes, l'embrasser doucement... Rien. Alors je la regardai juste, devinant qu'elle devait me trouver changé. Normal, tout le monde le pensait. Je.. désolée de te déranger. Je suis venue voir si tu allais bien, tu ne donnes plus de nouvelles à personne. Je fronce un peu mes sourcils. Tu es venue de Los Angeles juste pour ça ? Je demande, surpris.

Je ne savais pas si c'était une bonne idée de venir lui rendre visite, je ne savais pas non plus dans quel état j'allais le trouver, je planais dans l'incertitude avec lui. Je n'espérais pas qu'on soit ensemble, ou qu'il veuille me reprendre, parce que je savais qu'avec un peu de temps, il se sentirait nettement mieux, et pourrait aller de l'avant. C'était ce que je m'étais persuadée à penser. Tu es venue de Los Angeles juste pour ça ? Je baissais mon regard, je repensais à la façon dont je l'avais quitté. Au courage que ça m'avait demandé de faire une telle chose, de prendre une telle décision, qui me paraissait tout bonnement impossible, la veille. Mes iris se dirigèrent ensuite vers son visage, chose qui me lancinait de l'intérieur. J'étais responsable de cet état dans lequel il s'était mis, alors je me devais de m'assurer qu'il allait bien. Bien que j'essaie de meurtrir ma conscience, je n'y parvenais pas avec Noah. Sa voix m'avait manqué, et l'écouter me faisait un bien fou. Oui, je t'ai appelé mais tu ne répondais pas, alors je me suis débrouillée pour venir jusqu'ici.

En apparence, je reste stoïque, plutôt calme. Le tourbillon d'émotions et de sentiments qui s'agitent à l'intérieur de moi ne dépasse pas la barrière de la peau. J'essaye de masquer un maximum. Parce que si je m'écoutais, je serai déjà auprès d'elle. Sauf qu'il y a cette distance là, entre elle et moi, chose que je déteste. J'ai l'impression qu'on se parle comme si on était des étrangers, l'un envers l'autre. Alors que c'est pas ça du tout. Mes yeux sont toujours attirés par ses traits. Ils ont l'air plus fins que la dernière fois qu'on s'est vus. Mine de rien, je m'inquiète pour elle aussi. Elle reste ma Gaia. Je sais pas ce qu'elle est devenue. Elle est peut être avec Svetlana finalement. Je n'ai même pas envie de savoir. Je reste planté là. Oui, je t'ai appelé mais tu ne répondais pas, alors je me suis débrouillée pour venir jusqu'ici. C'est vrai que j'avais vu son appel. J'avais ignoré. J'avais eu du mal, mais je l'avais fait. Tu n'aurais pas dû. Je vais bien.

Etre en sa présence, le voir dans un tel état, me rendait mal, je n'aimais pas du tout cette ambiance, dans laquelle on était. Un peu comme si l'on n'avait jamais eu une histoire ensemble, comme si je ne l'aimais pas toujours autant. Tu n'aurais pas dû. Je vais bien. J'aurais aimé le croire, mais je voyais bien que ce n'était pas le cas, rien que son aspect physique et son look, ont énormément changé, par rapport au Noah, plein de vie et de gaieté que je connaissais. J'avais envie de le prendre dans mes bras pour m'excuser, mais une telle réaction aurait sûrement été déplacée, et il aurait fini par me rejeter. Il y avait cette espèce de muraille invisible entre nous, que j'avais créé et que je ne pourrai plus démolir. Je soupirai, ne sachant pas quoi répondre. Je ne voulais pas non plus en rajouter ou l'énerver alors j'étais heureuse de le voir en vie déjà. Lektra a eu le don de me faire angoisser encore plus, alors j'y avais constamment pensé, cette idée avait hanté mon esprit durant trois bonnes semaines, il fallait que j'y mette fin en venant. D'accord, je vais te laisser alors. Repose toi bien.

Mon coeur bat à fond dans ma poitrine. J'ai l'impression d'être retenu par une force invisible. Puis Gaia n'a pas l'air de vouloir tenter autre chose de toute façon. Je me sentirai con si je fais quelque chose et qu'elle m'arrête dans ma lancée. C'est pour ça que je ne faisais rien. Je ne savais pas comment elle pourrait réagir. Alors je reste là, à répondre le strict minimum, sans chercher à faire plus. La seule chose que je continue de faire : fixer ses beaux iris. Ce truc, son regard, a le pouvoir de me calmer. Et ça me fait plaisir en quelques sortes qu'elle ait fait le déplacement juste pour voir si j'allais bien. Certes, j'aurai préféré qu'elle ne le fasse pas. Ou que je me rase, que je me fasse un brin de toilette juste avant qu'elle n'arrive. Je continuais à ne pas vouloir l'inquiéter. Même après tout ça. D'accord, je vais te laisser alors. Repose toi bien. Ses paroles me glacent le sang. J'ai l'impression d'avoir avalé ma langue tant je ne sais pas quoi dire ni faire. Elle est prête à se barrer, et je fous rien. Putain Noah. Je perds son regard et juste le temps qu'elle se retourne, que je fais un pas pour attraper doucement son bras, ma main glissant ensuite le long pour presque rejoindre la sienne. Je ne dis rien. Je retrouve juste son regard, et le fait de la toucher m'apaise.

J'étais prête à partir, et le laisser une nouvelle fois. Je me disais que c'était pour son bien, même si je m'inquiétais au fond, de savoir s'il allait bientôt se remettre de tout ça. De notre histoire. Même si moi-même, je ne m'en étais pas encore remise. J'avais gardé nos photos collées au mur, comme pour me punir de le faire souffrir à cause de moi, je portais aussi toujours notre bague de fiançailles. Je ne voulais pas oublier tous ces souvenirs apaisants, alors je gardais tout. A peine avais-je fais quelques pas, pour m'éloigner de lui, je sentis sa main se poser sur mon bras, il ne semblait avoir de force pour rien. Sa main glissa ensuite, jusqu'à rejoindre la mienne. Je frissonnai malgré moi, à ce contact, auquel j'avais l'impression de ne pas avoir droit depuis une éternité. Je me tournai vers lui, mon plongeant dans ces yeux cernées et fatiguées. Je laissai planer un long silence, je ne savais pas comment réagir à ça. J'avais pourtant bien compris ce que cela voulait dire. Il ne voulait pas que je parte, et je me sentais faiblir de plus en plus. Je m'approchai de lui, pour le prendre dans mes bras. J'en avais cruellement besoin, on en avait tous les deux besoin à ce moment là. Une intense mélancolie me submergeait, parce que je savais qu'il ne fallait pas qu'on se remette ensemble. Je me détachai ensuite de lui, pour le regarder à nouveau, caressant son visage. ça va aller. Je suis là.

C'était indéniable. Bien sûr que je voulais qu'elle reste. La voir partir signifiait un autre supplice pour moi. Alors je ne m'étais pas contrôlé, c'est vrai, j'avais pas réfléchi à mes mouvements. Puis je lui avais pris la main. De toute façon, c'était ce que je voulais, alors je ne pouvais pas m'en vouloir. Sentir sa main dans la mienne me faisait déjà un bien fou. Et je restai là, à la regarder. Je voyais aussi qu'elle ne savait pas quoi faire. Je le devinais dans son regard. Mais je ne la lâchais pas. Je voulais pas. Jusqu'à qu'elle s'approche et que je sente ses bras m'emprisonner. J'en fermais automatiquement mes yeux, la serrant contre moi. Bordel, ça faisait du bien. Mon nez dans ses cheveux, je sentais à nouveau son odeur, sa chaleur contre moi me détendait. Elle se détache de moi, je recroise son regard alors que je sens sa main sur mon visage, ça va aller. Je suis là. Je la regarde, longuement. J'ai une terrible envie de l'embrasser. Mais j'ose toujours pas. Alors je caresse ses cheveux, mes doigts retrouvant le contact avec sa joue, puis ses lèvres où je passe doucement dessus avec mon pouce. Puis je me rends compte qu'on est toujours sur le seuil de ma porte. Tu veux rentrer ? Je demande, ne la lâchant pas du regard.

Noah m'apaisait, il arrivait à faire de moi une Gaïa plus sereine, moins tourmentée, et beaucoup plus saine d'esprit. Une Gaïa dont je n'avais jamais soupçonné l'existence. Je me surprenais à ses côtés, et c'était sûrement pour cette raison, que j'avais choisi d'être avec lui, malgré les sentiments intenses que je vouais à Svetlana, et cette fascination sans limite qu'elle m'inspirait. Seulement, je ne pouvais pas laisser Noah dans cet état, et je restais malgré tout dépendante de l'ataraxie que je ressentais en sa présence. Il caresse mon visage après notre étreinte, passant son pouce sur mes lèvres, je le laissais faire, mes iris fixés sur les siens, j'avais envie de l'embrasser, mais il fallait que je résiste. Ma pompe cardiaque attisée à son maximum désormais, je me sentais bien avec lui, mais au fond, je savais aussi pourquoi j'avais pris une telle décision. Tu veux rentrer ? Fallait-il que je rentre? Je n'en savais rien, j'étais juste venue pour m'assurer qu'il allait bien, mais je ne pouvais rien lui refuser non plus, j'en étais incapable. Hm.. Je baisse mon regard, beaucoup trop intimidée par le sien, avant de le fixer à nouveau. D'accord, mais est ce que tu es sûr que c'est une bonne idée?

Je n'allais pas la laisser sur le seuil de la porte. Puis les voisins sont bien trop curieux pour suivre n'importe quelle conversation qui ne leur concernait pas. Alors je préférai continuer à l'intérieur. Je continuais de la regarder ma main ayant glissé jusqu'à son menton. J'arrive toujours pas a croire qu'elle est devant moi. J'avais tellement cru que je l'avais perdu pour toujours que ça me donne un peu d'énergie de la voir là, de la toucher, de lui parler. Hm... Elle en a peut être pas envie, elle baisse la tête. J'ai presque envie de la lui relever pour... Non mais elle la relève toute seule. Je croise une nouvelle fois son regard. D'accord, mais est ce que tu es sûr que c'est une bonne idée? Je ne sais pas. J'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que je m'en voudrai si je la laisse filer. Tu vas pas rester sur le seuil de la porte après avoir fait des kilomètres. Allez viens. Je la prends par la main puis la laisse entrer, fermant la porte derrière elle. Tu veux boire un truc peut être ? Ou manger... Je demande, l'accompagnant jusqu'au salon.

Peut-être que j'allais juste le faire souffrir d'avantage avec ma venue, mais je n'avais pas vraiment le choix, il fallait que je m'assure de mes propres yeux, qu'il était bien là et qu'il allait bien, malgré notre rupture si soudaine. Tu vas pas rester sur le seuil de la porte après avoir fait des kilomètres. Allez viens. Je restais étonnée, de voir qu'il ne m'en voulait absolument pas, du moins, il ne semblait pas m'en vouloir, prenant ma main pour m'entraîner avec lui à l'intérieur de la maison. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi clément à mon égard, je m'attendais à ce qu'il me rejette, m'insulte ou ne veuille pas m'ouvrir. Tu veux boire un truc peut être ? Ou manger... On marchaient tous les deux jusqu'au salon, et des flashbacks de tous nos aventures dans cette pièce me revinrent à l'esprit, pourtant ça ne datait pas de si longtemps, mais j'avais l'impression que ça faisait parti d'une époque désormais révolue. Non, ça ira. Je m’asseyais sur le sofa, un peu mal à l'aise, je sentais qu'il ne fallait pas que je vienne. Tu vas bien Noah? Demandais-je sincèrement. C'était après tout la raison de ma venue.

Elle re-rentrait chez moi. Mais avec une ambiance plus fermée, plus glacée. Et j'aimais pas ça. J'ai jamais été comme ça avec elle. Et ça avait le don de me mettre mal a l'aise. Mais j'étais refait qu'elle soit là. C'est vrai, j'allais pas mentir. Sa présence me faisait du bien. Non, ça ira. Très bien. Je n'insistais pas pour autant. Je la laissais s'asseoir sur le canapé et je la rejoignais, m'asseyant à ses côtés. Tu vas bien Noah? Encore cette question. Je lâchais son regard pour me concentrer sur mes mains qui s'étaient jointes. Je regardais mes tatouages sur mes mains et poignets sans vraiment y prêter attention. J'avais l'air d'un faiblard sans elle. Mais c'était ce que j'étais de toute façon. J'étais rien sans elle. Tu sais très bien que je ne peux pas aller bien sans toi. Je réponds sincèrement, fixant toujours mes mains que je serre et desserre juste histoire de faire un truc, évitant son regard.

Tu sais très bien que je ne peux pas aller bien sans toi. Je ne saurais réellement décrire ce sentiment, mais il me vidait de toute mon énergie, ou du moins du très peu qu'il m'en restait. Je me trahissais en venant le voir, en rentrant chez lui, tout ce que je lui avais dis trois semaines auparavant ne paraissait plus aussi crédible, pourtant ce n'était que pure vérité. Je ne souhaitais pas ça pour lui. Qu'il soit épris d'une personne qui pourrait à tout moment le tromper avec quelqu'un d'autre. Svet était un spectre qui allait probablement me poursuivre toute ma vie, je m'étais imprégnée d'elle, bien avant que je ne rencontre Noah, et je me sentais impuissante à cette idée. Je soupirai suite à sa phrase, mordillant la lèvre inférieure de ma bouche, j'allais probablement finir par pleurer, je le sentais. Je ne savais faire que ça de toute façon. Je sentais mes paupières se chauffer. Je suis sûre que..que tu finiras par aller mieux, si tu fais des efforts. Je lui adressai ensuite un regard assez furtif, posant ma main sur la sienne, tout en la serrant un peu. Ne te laisse pas aller comme tu fais Noah... je t'en prie.. J'eus assez de courage cette fois-ci, me noyant dans ses iris, cherchant absolument à le convaincre d'arrêter.

Je ne savais pas quoi faire, comment réagir. Ni si c'était une bonne idée la voir à mes côtés. J'avais répondu avec franchise. Je ne pouvais pas aller mieux, pas tant qu'elle serait loin de moi. J'étais dépendant d'elle, et c'était quand même effrayant à quel point je l'aimais. Je savais au plus profond de moi, que ça ne passerait jamais. Que ce sentiment horrible allait me poursuivre toujours, que je me sentirai toujours mal de ne pas être avec elle. Même si j'avance, même si peut être un jour je trouverai quelqu'un d'autre. Il y aurait toujours Gaia dans mon coeur. Et ça, personne ne pourrait le changer, même pas moi. J'étais comme prisonnier. Je suis sûre que..que tu finiras par aller mieux, si tu fais des efforts. Je la fixe toujours, cherchant son regard quand elle fuit le mien. Elle a l'air triste de me voir comme ça. Mais j'y peux rien. Je secoue doucement ma tête. Même si je fais des efforts, j'y parviendrai pas. Je le sais. Ne te laisse pas aller comme tu fais Noah... je t'en prie.. Je croise son regard qui revient vers moi. J'ai un soupir. Puis je fixe sa main qui serre la mienne. Mon pouce passe sur le dos de sa main à plusieurs reprises. Je peux pas faire autrement. Ca m'aide en quelques sortes. Je réponds, relevant ma tête vers elle. Je peux pas t'oublier, c'est impossible. Même avec les plus beaux efforts du monde. Crois moi.

Piégée, je me sentais emprisonnée au milieu de toutes ces émotions qui m'envahissaient. Je ne savais pas pourquoi il était si amoureux de moi, je ne méritais pas autant, pas venant de quelqu'un comme lui. Je ne voulais pas l'abandonner ainsi, dans cet état, sans pouvoir faire quoique ce soit pour soulager sa peine. Je peux pas faire autrement. Ca m'aide en quelques sortes. Je ne comprenais pas vraiment en quoi ça pouvait l'aider, d'aimer quelqu'un comme moi. Je regardais son pouce caresser ma main, j'avais toujours cette mine triste au visage, un peu dépassée par les événements. Ses yeux me transperçaient, j'avais envie de l'embrasser et qu'on enterre tout, qu'on soit ensemble comme avant, mais je savais qu'il allait souffrir d'avantage par rapport à ma situation avec Svetlana. Je peux pas t'oublier, c'est impossible. Même avec les plus beaux efforts du monde. Crois moi. Plus je le regardais, et plus je me rapprochai de lui, sans pouvoir me contrôler, jusqu'à frôler ses lèvres, l'intensité de mon rythme cardiaque augmentant de plus en plus, je m'enivrais de son souffle, je me sentais bien.. Je me retins ensuite, ce n'était sûrement pas une bonne idée. Je m'éloignai un peu brusquement, sans savoir comment réagir. Je.. hm.. je ferai mieux de partir je crois. Ma présence ne servira qu'à te faire souffrir d'avantage Noah. Je suis désolée.

Impossible. C'était le mot. Impossible de l'oublier. Je savais pas comment elle avait fait. Elle n'avait même rien fait. C'était moi qui m'étais attachée à elle sans vraiment le contrôler, sans vraiment le vouloir. A force de faire semblant, on était arrivé à quelque chose de concret, de réel, de beau selon moi. Et je ne voulais pas le perdre. Je me perdais dans ses iris magnifiques, elle s'approchait, je ne bougeais pas. J'avais mon coeur qui s'affolait, mais je n'avais même pas envie de le faire taire. Je voyais juste ses lèvres se rapprocher et je me disais que c'était bon, qu'on allait pouvoir repartir à nouveau. J'étais trop naïf pour le coup. Trop bon, trop con. Je sentis ses lèvres effleurer les miennes une demi-secondes puis... plus rien. Elle s'en allait, trop vite, trop brusquement, comme quand elle m'avait laissé. Je relève mes yeux vers elle et mon espoir s'envole avec. Je.. hm.. je ferai mieux de partir je crois. Ma présence ne servira qu'à te faire souffrir d'avantage Noah. Je suis désolée. Non, elle comprend pas. Sa présente me rassure, merde. Je peux pas la laisser filer comme ça. Non attends... J'attrape doucement son visage entre mes doigts, je m'approche d'elle et je finis par l'embrasser.

Je n'aurais pas dû faire ça, je voyais bien que ça n'allait provoquer qu'encore plus de douleurs entre nous, et que j'allais avoir plus de mal à le quitter après. Je ne cherchais pas à lui faire de mal, au contraire, je voulais le protéger, mais je ne savais pas comment m'y prendre correctement, alors je me perdais dans mes propres émotions, et mes réflexes qui allaient finir par me faire plonger là où je ne tenais pas à être. On s'était séparé, et je savais que j'avais pris cette décision, pour lui éviter d'avantage d'agonie, comme l'état où je me trouvais à cet instant, même si je tentais de ne pas le montrer. Après m'être excusée, je m'apprêtais à partir, quitter cette pièce, ces souvenirs, et arriver peut-être à disparaître complètement de sa vie, mais il emprisonna mon visage, le prenant entre ses mains, pour m'embrasser. Un baiser d'une douceur que seul Noah était capable de m'offrir. Je me laissais faire, fermant les yeux, attendant la fin, pour m'éloigner un peu et le regarder. J'ai..j'ai l'impression de jouer avec toi, en agissant ainsi, et.. et c'est pas ce que je veux. Tu n'as pas besoin de ça Noah, je ne mérite pas que tu fasses ça ! Je t'ai fais du mal, et j'en ferai toujours, parce qu'il y'a quelqu'un d'autre. Alors je t'en supplie, fais un effort.. J'ai envie de te voir heureux.

L'embrasser. Je re-goûte ses lèvres. Je m'enivre de son parfum depuis qu'il a disparu il y a trop longtemps. Trois semaines c'est trop pour moi. Trop de temps s'est écoulé depuis qu'elle est partie. Et là voilà revenue. Je ne peux pas m'empêcher. Elle est une drogue pour moi. Une drogue magnifique dont je ne serai jamais rassasié. Dont je ne voudrai jamais me séparer. Et je la goûtais une nouvelle fois. Je me sentais mieux, moins en manque d'elle. Elle était là... Je rouvre mes yeux, me séparant doucement d'elle, alors que mes yeux rejoignent les siens. J'ai..j'ai l'impression de jouer avec toi, en agissant ainsi, et.. et c'est pas ce que je veux. Tu n'as pas besoin de ça Noah, je ne mérite pas que tu fasses ça ! Je t'ai fais du mal, et j'en ferai toujours, parce qu'il y'a quelqu'un d'autre. Alors je t'en supplie, fais un effort.. J'ai envie de te voir heureux. Je la regarde un moment. Terminant par souffler et baisser les yeux. Mon regard rencontre sa main où je vois un petit bijou scintiller. Mes doigts passent dessus... c'est la bague de fiançailles. Notre bague. Elle ne l'a pas enlevée. Je joue légèrement avec, me remémorant de cette soirée a Hawaii. Je veux pas te laisser partir Gaia. Je réponds simplement d'une voix grave et catégorique. Et si tu n'as pas enlevé la bague, c'est que tu ne le souhaites pas non plus. Pas vrai ?

Fallait-il vraiment qu'il souffre ainsi à cause de mes conneries? Je trouvais ça injuste, pour lui, pour nous et pour Svet. Pourtant, jamais je ne regretterai le fait d'avoir vécu tous ces beaux moments avec lui, il m'a fait découvrir un côté de moi-même, que j'avais longtemps ignoré, que je ne voulais pas montrer, j'ai vécu un amour purement réciproque avec lui, contrairement aux autres relations, où j'étais pratiquement la seule à aimer, la seule à donner et aussi la seule à souffrir à la fin. Avec Noah, tout a été fait au bon moment, tout a été si.. parfait. Alors je voulais garder ces bons souvenirs en mémoire, et parce que je tenais à lui et que je l'aimais, je ne voulais pas lui faire subir d'avantage d'agonie. Je ne voulais pas qu'il se sente aussi mal à chaque fois que je parlerais de Svet, ou que cette culpabilité refasse surface, à chaque fois que la blonde traverserait mes pensées. Je voulais lui laisser l’opportunité de trouver quelqu'un d'autre, avant qu'il ne soit trop tard, avant que les choses deviennent encore plus difficiles entre nous. Ses mains palpaient notre bague de fiançailles que je portais toujours. Je le regardais faire avec un sentiment amer et cette espèce de nœud à la gorge que je sentais de plus en plus. Je veux pas te laisser partir Gaia. Je soupirai, je n'avais pas envie de partir moi non plus, mais il le fallait. Et si tu n'as pas enlevé la bague, c'est que tu ne le souhaites pas non plus. Pas vrai ? Je contemplais cette bague, avec un léger sourire, elle représentait notre promesse, une promesse que j'ai choisi de briser. Les larmes coulaient ensuite, je les avais assez retenu. Noah.. Je..je serai toujours près de toi et je..je vais toujours m'assurer que tu ailles bien, je ne compte pas disparaître de ta vie. Je ne serai juste.. plus ta fiancée. Je caressai son visage, avec un regard rassurant, jamais je ne pourrai le laisser tomber. Jamais.

Je ne la laisserai pas partir. Je ne voulais pas, je ne pouvais pas surtout. C'était comme si une partie de moi se détachait quand elle partait. C'était insupportable. J'avais testé une fois, je ne voulais pas testé une nouvelle fois. La vie semblait impossible sans elle. Je ne voulais pas goûter à cette absence, perdre une nouvelle fois son odeur, ne plus toucher sa peau, ne plus sentir ses lèvres. Non. Ce manque se traduisait physiquement. Je ressentais de la douleur, elle allait jusque dans mes os, au plus profond de mes organes. Intenable. La drogue que je prenais, m'aidait à y faire face. Même si une fois la substance envolée, les maux revenaient au galop. Et je ne pouvais pas arrêter de penser à elle. A ses iris m'observant, à son sourire. A elle. Alors ouais, je vais faire l'égoïste, mais j'ai pas envie qu'elle passe cette porte pour ne plus jamais revenir. Mes yeux remontent jusqu'aux siens lorsque je vois qu'ils sont rapidement remplis de larmes qui commencent à s'échapper sur ses joues rosies. Noah.. Je..je serai toujours près de toi et je..je vais toujours m'assurer que tu ailles bien, je ne compte pas disparaître de ta vie. Je ne serai juste.. plus ta fiancée. Je sens mon coeur se serrer. Écrasé, piétiné, ça serait la même chose. J'inspire lentement, terminant par lâcher sa main où je caressais notre bague de fiançailles. Sans la regarder, je me lève, direction la cuisine, où ma bière m'attend toujours. J'ai la gorge serrée. J'en bois une longue gorgée, essayant de faire dissiper cette douleur. Mais au lieu de ça, je sens mes yeux piquer. Je pourrai balancer le verre là. Je pose mes mains sur le plan de travail, voulant me calmer. Sans le vouloir, une larme tombe sur la table, je passe rapidement ma main sur mes yeux pour enlever toute trace.

Je n'aurais pas dû. Rompre, pour revenir vers lui et le laisser une nouvelle fois. J'avais l'impression d'être un monstre. Il ne semblait pas enclin à me laisser partir, et j'avais peur de le laisser seul. Je ne savais pas comment il gérait notre séparation, mais à en juger son état, je devinais que cette rupture ne faisait que nuire à Noah, pourtant j'avais espoir que les choses changent. Au bout de quelques mois, tout ceci ne serait que de l'histoire ancienne et il pourrait reprendre sa vie normale, il pourrait rencontrer quelqu'un et avoir cette vie qu'il a toujours mérité. Je voyais sa main s'éloigner de la mienne, il s'éloignait de moi, quittant le salon. Il ne semblait pas bien, après ce que je venais de lui dire, pourtant je voulais le rassurer en quelque sorte. Je me levai à mon tour, pour le suivre. Il était dans la cuisine, je ne parvenais pas à voir son visage, je restai silencieuse, le regardant boire une gorgée de sa bouteille de bière. Je m'approchai ensuite, un peu hésitante, avant de me retrouver près de lui. Je repérai rapidement, cette larme qui coulait et qu'il sécha d'un coup sec. Je n'avais jamais vu Noah pleurer avant. Je me rapprochai un peu plus de lui, je ne voulais pas le voir comme ça, surtout pas à cause de moi. Je soupirai, cette cuisine me rappelait également énormément de souvenirs, je séchais mes larmes à mon tour, prenant sa main. Je suis désolée.. pour tout.

C'était littéralement un cauchemar. J'y avais toujours cru moi, avec elle, à cette fin "heureuse". Mais non, j'étais carrément tombé dans le trou, j'étais trop à côté de la plaque. Elle ne me voulait plus. On n'était plus rien. Il n'y avait plus de Gaia et Noah. Il y avait juste... Noah. Fallait que je me fasse à l'évidence que c'était terminé. Mais bordel, c'était trop dur. Je pouvais pas non plus la forcer de rester avec moi. J'étais pas comme ça. Sauf que j'avais l'impression qu'elle me quittait sans vraiment vouloir le faire. Et c'est ça qui me rendait hors de moi. Je m'en foutais de souffrir tant que j'étais avec elle. J'étais sûrement sado-maso, mais c'était comme ça que je voyais les choses et uniquement comme ça. Sans elle, j'étais rien. Je sèche rapidement cette goutte qui tombe de mon oeil alors que je sens Gaia à côté. Je ne la regarde pas, je regarde toujours le plan de travail. Mes yeux sont rivés sur lui. Du coin de l'oeil, je vois sa main rejoindre la mienne. Ca me triture l'estomac. Je suis désolée.. pour tout. Je reste immobile. Mon corps commence à trembler. Brusquement j'écarte la main de Gaia pour attraper ma bouteille en verre et la balancer de l'autre côté, la laissant s'éclater en milles morceaux contre le mur d'en face. Fait chier. Je lance à voix basse, alors que je vais ramasser les petits bouts de verre au sol.

Je n'avais pu prendre sa main, qu'un bref instant, avant qu'il ne décide de l'enlever assez brusquement. Il évitait mon contact, et j'arrivais à comprendre cette réaction. Cette colère en lui, que j'étais incapable d'apaiser, malgré tous mes efforts. Je sentais Noah trembler, j'avais l'impression qu'il était prêt à exploser d'une minute à l'autre, et c'était cette bouteille qui en avait payé les frais. Il venait de la jeter sur le mur, je sursautai à ce son et à cette vue, mes mains se crispant. Je le regardai ramasser les morceaux de verres. Je voulais être celle qui devait en payer les frais, j'étais responsable de sa douleur, et cette colère, cette rage, devrait être dirigée vers la bonne personne. Je baissai ma tête, je n'avais jamais cherché à le mettre dans un tel état. Frappe moi plutôt. Je suis sérieuse Noah. Fais le. C'est à cause de moi si tu es comme ça. Je suis l'unique responsable, alors défoule toi sur moi. La culpabilité me rongeait à ce point oui. Je voulais qu'il s'attaque à moi, je l'espérais si fort au fond de moi. Si fort. Pour faire taire cette putain de voix dans ma tête.