" Une brume épaisse m'empêche de me voir, me voir tel que j'étais. Tel que je suis. Je ne suis jamais arrivée à bien me repérer, me connaître. Mes émotions, et.. et cette impulsivité. Je ne me comprends pas. Je me hais, je me déteste au fond. Je le sais. Un sentiment intense, profond me ronge de l'intérieur, une effervescence que je ne saurais contrôler, annihilée, tourmentée mais loin d'être dépressive. Non. Je ressens constamment ce vide, peut-être que je suis troublée mentalement. Oui peut-être. Mais ce ne sera sûrement pas à cause d'elle. De cette "mère" saoule à longueur de journée, creusée, exténuée, sans même avoir fourni aucun effort. Elle ne représentait à mes yeux, plus qu'un amas de chaire et de sang.

" Au revoir. " Sans une étreinte, ou n'importe quel autre geste d'affection qu'une mère pourrait accorder à sa fille. Je n'avais droit qu'à ce regard désempli d'amour, débordant de tristesse et de regrets. D'un passé qu'on aurait aimé toutes les deux changer. Je savais que ce n'était pas de sa faute, ni de la mienne. Juste ' le destin ' comme le dirait ces gens qui cherchent un moyen de calmer leur frustration. Ma mère a été jugée 'inapte' à m'éduquer, après m'avoir violemment frappé et blessé. J'avais quatorze ans, et c'est ma tante qui a décidé de prendre la relève. Je suis partie à Dubaï pour vivre avec elle, son mari et leur fils adoptif Aksel. Un changement total d'environnement, mais la diversité culturelle présente dans cette ville, m'intriguait. Je suis arrivée à me faire des amis de nationalités différentes.

Ma sexualité étant complètement chaotique, j'arrivais à compenser en devenant une saoularde comme ma génitrice. Je régulais un peu en fumant de la marijuana et autres substances. Je ne dormais pas beaucoup. Trois à quatre heures chaque nuit. Ne me sentant pas en sécurité auprès des hommes, je les quittais souvent sans raison. Oui, j'ai viré de bord maintenant. Devenant complètement lesbienne. Les filles ont moins tendance à tout lâcher au dernier moment que ces mâles, ne cherchant tous qu'à assouvir leur besoin sexuel. Elles sont plus douces, moins agressives, elles me comprennent, ça ne m'empêchait pas pour autant de me sentir blasée. Je me disputais souvent avec mes différentes petites amies, je ne me sentais que très rarement liée à elles, émotionnellement. Etant toujours sur mes gardes, j'évite à tout prix de m'attacher à qui que ce soit.

Vers l'âge de dix-huit ans, après avoir eu mon diplôme. J'ai décidé de revenir à San Francisco, prétextant que j'allais "finir mes études". Je ne me suis même pas inscrite à l'université. Je suis venue la revoir. "▲ STORY