Hésitant quelques secondes en voyant le nom "Lektra" affiché sur l'écran du téléphone, je décroche enfin, fronçant les sourcils et prenant un air las "Ouais ?"

Ce n'était pas ma plus grande joie d'appeler Caleb. Mais j'étais obligée. Vraiment obligée. J'entends qu'il décroche et le son de sa voix me fait tressaillir. Ouais, mh, c'est moi... je sais tellement pas comment lui dire cette merde, j'en tremble déjà. Faut que je te dise un truc... important.

Me dire un truc ? Je m'attendais au pire. Mais bon, autant la laisser parler, même si je n'en avais pas spécialement l'envie. Je dis alors simplement "Je t'écoute"

Je soupire. J'peux pas tellement y aller par quatre chemins alors bon... Je suis enceinte. Voilà, la bombe est lâchée.

Enceinte. Je ne percutais pas tout de suite. Enceinte. WTF ? Merde, non. Mon estomac se nouait, je commençais à réaliser l'ampleur de la chose. Bordel, c'est moi le père. Mon ex est enceinte de moi. Putain. Je ne disais rien, bien trop choqué par la nouvelle. Au bout de quelques secondes, je parvins à glisser un petit "T'es sûre ? Ca fait combien de temps ?"

Je me pince les lèvres, franchement je suis en flippe total. Oui, le test est positif, j'ai pris rendez vous avec le doc, et j'ai fait une prise de sang. J'aurai les résultats demain. Je marque une pause, m'asseyant en tailleur sur le canapé, le regard vide, J'avais un retard d'une bonne semaine. Je sais pas à combien j'en suis, sûrement un mois.

Il était forcément de moi le bambin, si ça ne faisait qu'un mois. Je savais très bien qu'elle n'allait pas voir ailleurs pendant qu'elle était avec moi. Je m'assois sur mon lit et réfléchis rapidement. Elle ne pouvait pas le garder. On n'était même plus ensemble... Et elle est encore beaucoup trop jeune. Mais ça doit être son choix. Mais, si elle le garde... Putain de capote de merde. Je repris, d'un air calme "Ok. Tu vas faire quoi alors ?"

Qu'est ce que tu veux que je fasse Caleb ? Je dis un peu sur le ton du reproche. Je suis toute seule. Je peux pas et j'ai pas envie d'élever un gosse. Je vais avorter... Je flippe putain de merde.

Soupir. Je savais que ça allait être difficile pour elle d'avorter. Je devrais la soutenir et l'accompagner. Mais je n'arrivais pas à lui proposer mon aide. Sur le coup, je n'en avais pas vraiment envie. Je ne voulais pas d'un gosse moi. On s'est protégé, j'ai veillé à mettre des capotes, j'ai pensé à ne pas la féconder, mais non, ça m'est quand même tombé dessus. "Ok." Je n'allais pas la blâmer, c'était déjà assez compliqué comme ça. "Dis-moi quand tu l'auras fait." Keynes, ce vrai connard.

Je reste con sur le coup, qu'il me réponde ça. Putain, un connard du début à la fin. Ouais t'as raison, laisse moi seule dans cette merde. Va baiser l'autre et oublie que je vais devoir prendre des trucs pour éjecter ce putain de fœtus qui est à moi autant qu'à toi ! Je beugle, sentant ma gorge se nouer pour le coup.

Elle avait raison. Mais je m'enfoutais. De toute façon, elle non plus ne voulait pas du gosse, donc bon, on était d'accord sur ce point. "Quoi ? Tu voudrais que je te dise que je vais t'accompagner ?" Je tentais de ne pas m'énerver alors que toute cette situation commençait à me gonfler. Elle était vraiment chiante cette fille. "Tu fais chier à tomber enceinte."

Ouais, au fond, je voulais qu'il m'accompagne. Mais je l'avouerai jamais. J'étais trop fière. Et surtout trop énervée pour lui faire ce plaisir. Je te rappelle qu'il faut être deux pour ça ! Me remets pas toute la faute sur moi ! Je dis d'un air menaçant. Putain, s'il continue, je vais fondre en larme tellement il m'exaspère et tellement je flippe en même temps. T'es vraiment qu'un connard...

Connard. Venant d'elle, ça ne devait pas me toucher, et pourtant. Je soupirai à nouveau. Bon. Je fermais les yeux quelques secondes pour cesser de m'énerver. C'est vrai que ce n'était pas que de sa faute. Et on devrait coopérer, ça serait bien plus simple. "Je sais." Je marquais une pause. "Je te rappellerai." Ouais, je le ferai quand je me serai fait à la nouvelle, bonne idée. Là, il fallait digérer le tout.

Ma gorge est toujours serrée, je reste ratatinée sur mon fauteuil. Ouais, c'est ça. Dis pas des choses que tu feras pas. Je lâche.

J'eus un petit rire. Je répondis ensuite d'un air très sérieux "Laisse-moi te surprendre."

Il rigole. Ca me fait de la chair de poule. J'en ai ras le cul qu'il se foute de moi. Ouais, ciao. Je dis, en raccrochant. Lançant mon portable un peu plus loin, laissant une larme couler le long de ma joue.

FIN DE L'APPEL