Pourquoi tout ce que j’entreprends semble voué à l’échec ? Pourquoi j’ai l’impression que toute relation que j’entreprends est vouée à l’échec ? J’aime Hell. Et ce, depuis le premier jour. Depuis la première fois que j’ai eu le malheur de me réveiller à ses côtés. Comme addict. Comme sous l’emprise d’une drogue qu’il m’aurait administré. Voué à l’échec. J’suis incapable de vivre sans lui. Pourtant j’me sens incapable de vivre avec lui. À chacun de mes pas, j’ai l’impression de faire quelque chose de mal. Je redoute. Je le redoute. Comme si le moindre geste que je ferai serait mal perçu. Comme si j’allais me prendre des baignes. J’pourrai jamais cesser de l’aimer. J’pourrai jamais ignorer ce sentiment. J’pourrai jamais cesser d’en avoir peur. Eliott est le premier mec avec qui je suis réellement en couple. Le premier qui m’a fait oser affirmer mon orientation sexuelle. Le premier pour qui j’aurai tout donné et pour qui d’ailleurs, j’ai tout donné.

Alors ce soir, j'ai envie de vivre comme si j'n'étais plus ce mec addict à l'enfer, ce mec qui souffre comme un malade parce que son petit ami passe son temps à faire en sorte qu'il comprenne qu'il n'est qu'à lui. Je suis libre. À personne. Après une brève conversation sur sa probable future non paternité, je commence à me montrer un peu aguicheur envers un ami que j'affectionne particulièrement, Camil. Ce gars est magnifique, le style de gars pour qui on serait prêt à tout donner, lui aussi. Question de mauvais karma, ou de mauvais timing, il a décidé de se ranger avec une meuf et de se fiancer avec. J'trouve que c'est une belle connerie, mais ils sont aveuglés par leur amour mutuel, probablement. Camil et moi n’habitons pas loin l’un de l’autre. Alors après une rapide douche et un petit rail pour la route, je m’empresse de m’habiller et de partir à sa rencontre. Timidement, une cigarette entre les lèvres, j’arrive en bas de son immeuble que je connais bien. Montant quatre à quatre les marches jusqu'au deuxième étage, je me place devant sa porte, puis, soufflant un bon coup, tape deux coups timides. Un large sourire s’installe sur mes lèvres alors que le jeune homme ouvre la porte. Mon coeur s’empresse de me faire comprendre que j’suis pas vraiment en face d’une personne qui me laisse indifférente.

« Bon alors Papa, tu m’offres à boire ? »