T’es assis dans ta voiture, écoutant distraitement la musique qui résonne dans l’habitacle. Tu penses pas à ce qu’il y a autour de toi, tu penses à elle. A quoi tu pourrais penser d’autre de toute façon ? Ton cerveau à pas l’air de vouloir l’effacer de ta mémoire, t’as tout essayé. La détester, la rejeter, l’insulter mais tu peux toujours pas l’oublier. Ça te fait vraiment mal de te dire que t’es stressé, tu tapes nerveusement du pied en tirant une nouvelle latte sur ton joint. Hier soir t’as bien fait la fête pour oublier l’idée que t’allais la voir le lendemain. Tu t’es mis la tête à l’enfer, t’as fait tout ce que t’as pu pour pas y penser. Même la fille avec qui t’as passé la nuit t’as pas aidé, tu pouvais penser qu’à sa gueule pendant que tu prenais l’autre par derrière. Résultat ? T’as eu une gueule de bois monstre toute la journée et un mal de crane qui t’as donné envie de massacrer tous tes employés qui ont passé leur temps à te taper sur le système. Par chance, dans l’après-midi t’avais prévu de te faire un connard qui essayait de te voler une partie de ton secteur, maintenant tous ce qu’il peut voler c’est les poissons au fond de l’océan. Tu commences tout juste à te sentir mieux que tu vas retourner dans un endroit où la musique est forte et où l’alcool t’attends. Tu sors de ta voiture de luxe et tu jettes ton mégot par terre, prêt à affronter le diable, les yeux dans les yeux. Tu rentres dans l’endroit où elle t’as donné rendez-vous, un endroit publique.. ça allait être plus compliqué que la dernière fois. Tu sais très bien que tu devras rester calme et ne pas partir dans tes élans de violence habituels. Tu vas t’accouder au bar quelques instants en attendant que le barman te serve ta commande, un whisky comme toujours. Tu sais pas si ça va aggraver ton cas au te faire aller mieux, au pire, t’as besoin de prendre des forces avant qu’elle te tombe dessus. Tu vas t’asseoir à une table dans un coin, pas près de la musique puisque vous êtes censés parler. Enfin, t’es censé rembourser ce que t’as cassé à son travail ridicule, t’as vraiment pas l’intention de lui donner un centime. Si elle est si indépendante qu’elle le prétend elle peut se les repayer elle-même, mais tu sais bien que là-dessous c’est pas une histoire d’argent mais de fierté. Comme toujours entre vous deux. Tu la vois passer la porte d’entrée et tu attends bien sagement qu’elle se dirige dans ta direction, tu comptes pas faire un seul pas dans sa direction. Mais déjà quand tes yeux se posent sur elle tu sens ton cœur rater un battement et ce qui se trouve sous ta ceinture se demande encore une fois pourquoi tu l’as pas gardée celle-là.

ça va, pas de quoi en faire tout un drame Carmen. Des boules de cristal de ce genre là, t'en as au moins trois dans ton stock. Pourquoi le faire venir jusqu'à l'Elbo pour une autre rencontre? Peut-être parce qu'au fond, t'as juste envie de le revoir et t'as aussi une fierté, qui a été complètement bafouée lors de sa dernière visite. Il s'est cru chez lui, dans ton propre bureau. Faisant tomber ta table, briser ton outil le plus important de travail, alors tu veux le punir. T'es bien décidée à le faire. Tu veux le torturer mentalement, t'as une haine incroyable envers lui, parce que sa foutue fierté te fait un mal de chien au fond, et que t'as envie qu'il regrette, même si tu sais que c'est impossible pour Isiah de ressentir ça. Tu tenteras quand même, tant pis. Tu t'inspectes dans le miroir, te tournant pour voir si cette robe moulante met bien en valeur ton cul. T'es plutôt satisfaite du résultat. Coiffure, make up, le reste est nickel. T'as plus qu'à repartir voir si Camélia dort, parler à Appo et Sid pour qu'ils la surveillent, et enfin prendre ta voiture pour partir. T'as bien sûr, la tête de ce con dans ton esprit durant tout le trajet, tu le verrais bien baver discrètement devant ta tenue. Tu ris intérieurement en l'imaginant. Tu sais qu'il aime les formes, et qu'il te résistera pas de ce côté là, mais tu sais aussi que pour lui, t'es bonne qu'à baiser, que ça changera pas, et ça, ça te fait moins rire. Bref, t'iras juste pour te faire rembourser et puis voilà. Il peut rêver s'il espère te toucher encore une fois.. même si lors de la dernière visite, c'était plutôt toi qui lui avait sauté dessus.

Tu entres dans l'Elbo, après avoir garé ta voiture. Tu salues quelques gens que tu connais, posant ta main sur le cul de certains. Tu repères rapidement Isiah, à croire que t'as un radar spécial, pour le détecter au milieu de la foule. Tu vois bien qu'il attend que tu viennes, mais tu décides de le faire languir, en papotant avec une connaissance, ton postérieur bien mis en évidence devant Isiah, bien sûr. Tu vas vers lui après quelques minutes. Tu fais pitié sans tes putes à côté Finalement, tu peux pas t'empêcher d'être méchante quand tu le vois. Tu finis par t'installer à côté de lui, va falloir que tu évites de boire de l'alcool, sinon tu lui sauteras dessus. Tu te connais assez.

Tu la vois enfin entrer dans la pièce, fallait qu’elle s’habille bien en plus. T’es sur qu’elle le fait exprès, de toute façon t’es sur que tous ses gestes sont calculés quand il s’agit de toi. T’es pas con, tu sais qu’elle a qu’une seule envie : t’en faire baver. T’as joué au con avec elle, tu lui as donné de jolis espoirs pour mieux la décevoir par la suite. Tu sais même pas pourquoi t’es venu, enfin si, tu sais très bien pourquoi t’es venu. T’as juste pas envie d’y penser, surtout pas quand elle est dans la même pièce que toi, c’est pas le genre de choses qui te décourageraient de lui sauter dessus. Elle t’as vu, tu le sais, mais elle prend son temps à discuter avec un gars. Son magnifique postérieur bien dressé dans ta direction, tu bois une bonne gorgée de whisky. Ton point faible, elle a pas le droit de faire ça, c’est déloyal putain. T’aurais pas dû venir, c’est ce que tu te dis depuis que t’attends comme un con à cette table. Sur ta gueule on pourrait croire que t’en as rien à foutre mais plus t’attends plus t’as les nerfs. T’es pas une personne qu’on peut faire attendre, Carmen ou pas Carmen. Elle se dirige enfin dans ta direction, il lui en a fallu du temps pour faire cinq putain de mètres. T’as déjà envie de lui mettre une baffe pour t’avoir pris pour un pigeon. Tu prends sur toi, tu te calmes doucement en la regardant s’avancer. Mais fallait qu’elle te les brise comme toujours. « Tu fais pitié sans tes putes à côté. » Tu soupires, ça commence bien tout ça. Tu t’en fous de ses petits pics, ils se font plus rire qu’autre chose. C’est pas comme si elle disait des trucs vraiment blessants. Elle s’assoit à coté de toi, tu regardes l’espace entre vous deux : trop court. Tu te décales pour t’éloigner un peu plus d’elle, mesure de précaution. « Bonsoir, oui je vais très bien et toi ? » tu dis avec un grand sourire sarcastique. Tu bois une autre gorgée de ton verre, tu sens qu’il va se finir beaucoup plus vite que prévu. Tu sais que tu vas avoir du mal à lui résister, parce que c’est elle et que son corps t’appelle comme il l’a toujours fait.

Tu n'es pas là pour les beaux yeux d'Isiah, ni pour son sourire scintillant, ce foutu sourire qui veut dire qu'il a le dessus sur toi, et que tu n'arriveras jamais à le déstabiliser. Tu es juste venu pour sauver ta fierté, parce qu'elle a pris un sacré coup la dernière fois. Tu n'as pas envie que ça se répète. Même si tu serais pas contre une bonne baise avec lui, mais sans qu'il se rappelle de rien, parce que tu sais, qu'il se sentira encore plus fort, et qu'il abusera sûrement de ce pouvoir que tu ne veux surtout pas lui octroyer. Assise à côté, il se décale de toi, et tu sens presque tout de suite un petit pincement au cœur. Il le fait sûrement pour t'énerver, comme si ce n'est pas déjà assez facile comme ça. « Bonsoir, oui je vais très bien et toi ? » Manquerait plus qu'il t'apprenne les bonnes manières ce con. Tu lui lances un regard désintéressé, tu décides de l'ignorer, il t'énerve beaucoup trop, et tu sais que ta réponse sera encore plus agressive, tu perds un peu trop ton sang froid en sa présence. Merde, vaut mieux que tu te commandes un verre, histoire de lâcher prise un peu. Chose que tu fais immédiatement, tu ne vas pas appeler un serveur non. T'as décidé de bouger ton cul pour aller au bar et prendre un whisky. Tu souffles un peu. Tu prends le temps de te calmer, en attendant ta boisson alcoolisée. Tu te demandes comment tu vas faire pour survivre durant toute la soirée, parce que tu sais qu'il lâchera pas le fric aussi facilement.. ou peut-être pas du tout. Alors pourquoi est ce que tu es venue Carmen? Quelle est la vraie raison? Tu la connais, mais tu ne veux pas l'avouer, tu ne l'avoueras pas. Tu trouves si injuste le fait de ressentir encore la même chose pour ce con, d'être amoureuse de lui, que l'effet qu'il te fasse soit aussi semblable à celui d'antan, si ce n'est encore plus intense. Tu le hais mais tu sais qu'au fond, tu l'aimes. Tu reviens vers lui, ton verre en main, et tu t'installes, brisant la distance qu'il avait initié entre vous. T'en fais pas, j'vais pas te manger mon chou Tu anticipes, avant qu'il décide de s'éloigner encore. Tu portes le verre à tes lèvres et en boit une bonne gorgée, le posant ensuite un peu violemment sur sur la table. Bon, j'suis pas là pour me taper la causette avec toi. J'veux juste être remboursée. T'aurais bien aimée lui parler, bavarder avec lui, non en fait, t'aurais aimé rester avec lui, mais il faut que tu paraisses dure et impassible. Sinon, tu risquerais de le regretter.

T’avais envoyé Carmen au tapis la dernière fois, c’était magnifiquement bien exécuté et t’étais putain de fier de toi. Surtout parce que t’avais assez bien résisté quand elle s’était jetée sur toi t’aurais très bien pu la prendre sur le champ mais tu l’avais pas fait. Le self-control ça te connait. A peine arrivée à coté de toi qu’elle part déjà, comme si elle cherchait à t’éviter. C’est elle qui t’as dit de venir pour cette foutue histoire d’objets cassés, tu serais tranquillement dans ton lit avec une ou deux bitches si elle t’avait pas demandé de venir. Carmen se rendait surement pas compte de ce que t’avais manqué pour la voir, parce que ouais si t’étais là c’était bien pour elle et pas seulement pour la faire chier. Bon, faut avouer que t’avais franchement envie de lui foutre les nerfs comme toujours, c’était ton jeu préféré pas vrai ? Jouons à détruire la vie de Carmen, Kate, peu importe. Si c’était un sport tu serais champion du monde. T’attends sagement qu’elle revienne, tu te fais vraiment pitié et tu lâches un soupir. Des fois tu regrettes de l’avoir cherchée pendant toutes ses années, d’avoir attendu de trouver sa trace quelque part. T’aurais pas dû venir à San Francisco, c’est ce que tu te dis souvent. T’es vraiment con, tu t’es jeté dans la gueule du loup après un triple salto. Mais bon, c’est ton truc de te foutre dans la merde, c’est le genre de choses que tu sais faire à ta façon. Carmen revient avec son verre, tu fais genre que t’es en train de mater une fille en train de danser parce qu’en fait t’as pas décroché ton regard d’elle en attendant. Elle s’assoit à coté de toi, à nouveau, mais beaucoup plus proche que la première fois. Tu déglutis, discrètement. T’es pas un puceau mais c’est elle, ça fait tellement longtemps que t’as pas été aussi près de son corps que t’as l’impression que tu vas exploser d’une seconde à l’autre. « T'en fais pas, j'vais pas te manger mon chou. » Tu la regarde de haut en bas, comme si elle avait dit quelque chose qui n’avait aucun sens. Tu siffles entre tes dents et laisse ton regard balayer la pièce pour ne pas trop rester fixé sur elle. Tu sursaute presque quand elle pose son verre. « Bon, j'suis pas là pour me taper la causette avec toi. J'veux juste être remboursée. » Tu souris en regardant ton verre, le portant ensuite à tes lèvres pour boire une grosse gorgée qui te brule la gorge alors que tu lui souris déjà. Tu lâches un soupir exagéré. « Sérieux, pourquoi est-ce que tu me prends la tête pour un truc qui doit même pas couter 20$ ? T’es aussi pauvre que ça maintenant ? » Et tu te fous de sa gueule comme toujours.

Ah. Isiah, Isiah, Isiah ! Tu pourrais le tuer de tes propres mains, tu te sens assez en colère contre lui pour faire ça. Tu sais aussi que quelque chose au fond, t'empêcheras, parce que t'as beau nier ces putains de sentiments de toutes tes forces, c'est jamais suffisant pour qu'ils disparaissent. De tous les mecs, il aurait fallu que ça tombe sur ce genre de connard. Le pire, c'est que ça fait plusieurs années que ça dure, plusieurs années que tu te fais tout un tas de mecs, mais rien ne change. C'est toujours sa gueule qui te revient à chaque fois. T'as beau t'énerver comme tu veux et peux, rien ne change, toujours ce sourire qu'il te sert, comme si t'avais jamais disparu, et que tu lui appartenais toujours, comme si le monde lui appartenait, à ce pauvre con. Tu sais pas ce que tu fous exactement à l'Elbo, c'était une mauvaise idée, cette rencontre, dès que vous vous voyez, vous finissez par vous sauter dessus, et tu sens que tu pourras pas résister très longtemps, même si t'es décidée à ne pas te faire avoir par tes pulsions qui surgissent toujours en présence d'Isiah, ton démon personnel. « Sérieux, pourquoi est-ce que tu me prends la tête pour un truc qui doit même pas couter 20$ ? T’es aussi pauvre que ça maintenant ? » T'as l'impression qu'il existe pour te pourrir la vie, pour la rendre plus compliquée. Quelques gorgées encore, et tu finis assez rapidement ton verre. T'arques un sourcil, t'as envie de le buter du regard. Si tu penses ça, pourquoi ce rendez-vous alors? J'ramène pas mon cul pour rien, tu l'sais. Tu soupires, faisant signe au serveur, pour qu'il ramène un autre verre. Non tu ne comptes pas te saouler. Tu te mets ensuite à sourire toi aussi. Rêve pas, tu m'baiseras pas ce soir, ni un autre d'ailleurs. J'veux que tu répares ce que t'as cassé Peut-être que tu ne parlais pas seulement de ta boule, mais aussi de cette pompe cardiaque qu'il a brisé, il y'a plusieurs années, et qui ne veut toujours pas se recoller.

Quand est-ce que tu vas te la sortir de la tête Isiah ? Comme si t’avais pas assez souffert à cause d’elle, hein. A croire que t’aimes rester bloqué sur elle et arriver à penser à aucune autre. T’arrives à les baiser mais des fois t’as même pas l’air convaincu, et c’est encore pire depuis qu’elle a refait surface. Pas voir sa gueule ça t’aidais, pas voir ses photos sur facebook aussi. T’avais que des souvenir pour te prendre la tête, t’avais pas toute sa vie étalée devant ta gueule et surtout pas tous les gars à qui elle donne généreusement son cul. C’est à toi qu’il devrait être ce cul, tu le sais et au fond t’en veux pas. Parce que si t’as son cul, t’auras surement le reste. Tout ce que tu peux ressentir pour elle – de l’amour à la haine – sera encore plus fort, t’es assez intelligent pour savoir ça. Et pourtant ce soir t’as qu’une envie : finir entre ses cuisses. « Si tu penses ça, pourquoi ce rendez-vous alors? J'ramène pas mon cul pour rien, tu l'sais. » Parce que t’avais envie de la voir, c’est ça la vérité, elle peut toujours crever si elle croit que ça va sortir de ta bouche. Carmen demande un autre verre au serveur d’un signe, à croire qu’elle veut finir à terre. Ça te dérangerais pas, loin de là, ça te ferrait beaucoup marrer même. Tu sais pas si elle fait ça parce que t’es là où si c’est juste qu’elle boit plus qu’avant, tu te poses pas ce genre de questions. T’en as pas grand-chose à foutre, tu sais que t’es plus rien à ses yeux. Elle veut se faire ton frère, elle l’a peut-être déjà fait, t’as envie de vomir comme jamais. « Rêve pas, tu m'baiseras pas ce soir, ni un autre d'ailleurs. J'veux que tu répares ce que t'as cassé. » Tu tournes la tete vers elle, t’es déjà à moitié mort de rire. « Tu croyais vraiment que j’allais vouloir te toucher ? J’mange pas les restes de mon frère. » T’es plutôt fier de ta vanne même si tu rendrais bien ton repas sur la table. Tu bois une grosse gorgée de ton verre qui se vide trop vite pour toi, t’aurais dû prendre une bouteille en fait. Tu te laisses ton dos sur la banquette jetant un petit coup d’œil discret à Carmen. Et tu soupires intérieurement parce qu’elle te fait vraiment trop d’effet. « Tu savais très bien que j’allais pas te filer de thune, la question c’est plutôt pourquoi toi t’es venue. »