C'matin, du moins cet après-midi, du moins fin d'après-midi vu la soirée que j'ai passé hier et dont j'me souviens presque pas de la fin, j'me suis réveillée avec une envie, autre que l'envie de pisser. Ouais, j'avais envie d'aller faire chier ma best mate et ce cher Tim. Ouais bon, déjà faut que j'me lève, ca peut être plutôt cool. Parce qu'en plus, j'ai super envie d'pisser, sa mère. J'me lève, j'passe aux chiottes la tête dans l'cul, j'me prépare un café pour m'réveiller un peu, j'mets l'beurre dans le toaster...merde, j'ai foutu l'beurre dans le toaster. Faut que j'arrête d'me déchirer la gueule, putain. J'fous finalement le pain à griller, j'mange un bout, j'vais m'laver et m'faire un ravalement de façade pour cacher les dégats d'ma débauche de la veille, j'me fringue, j'vais regarder si j'ai encore Jack. Jack est mort, faut que j'en rachète. J'vais acheter un nouveau Jack, des clopes, voir mon dealer pour de la fumette et un peu d'coke, j'trace vers Sunset. J'ai même pas prévenu que j'débarquais, mais j'ai pas les mains vides, ca passera bien. J'me pointe devant la porte, Jack me tient compagnie, Marie-Jeanne et Coquette aussi, bref, j'suis bien entourée. J'cogne trois coups sur la lourde et j'attends qu'un des deux ne daigne pointer sa gueule. Parce que j'vais pas gueuler comme un putois ni entrer comme si c'était chez moi, wesh. Flemme d'le faire.
Visiblement la bonniche de service et l'intendante de la maison, Arn' était en train de faire les courses. Et oui, elle adorait Tim de tout son coeur mais on ne pouvait pas dire qu'il était très enclin à entretenir une maison. Sous ses airs d'artiste, il était probablement phobique. Les gens, ça devait pas être son truc. Heureusement pour lui, Arnóra ne pouvait pas vivre sans manger, bien que son menu physique puisse laisser penser le contraire. En revanche, tant pis pour lui s'il ne trouve pas son compte dans le frigo. Ca devrait pas poser de soucis, il ne se nourrit que de sushis. Oh bah tiens, en voilà emballés sous vide. Ca devrait lui faire plaisir. La jeune femme prit deux barquettes de ces délicieux mets et continua sa route vers les fruits et légumes. Et bah quoi ? Ca s'entretient une ligne pareille ! Elle n'en délaissa pas moins les chips et l'alcool. Cette maison sans alcool ce serait un blasphème total. Aucun des deux colocataires ne pourrait vivre avec cette idée dérangeante que le mini bar était vide. Il se transformerait soudain en boîte à Dibbouk, leur infligeant de terribles supplices nocturnes. Vodka, bières, tequila, whisky et rhum. Ce serait suffisant pour cette fois.
Une fois la caisse passée, elle reprit le chemin inverse, maudissant Tim de toute son âme pour pas avoir daigné bouger son cul, ne serait-ce que pour porter les paquets avec elle. Mais bon, ce serait vite oublié.... comme d'hab. En montant les escaliers, elle sentit un parfum connu. Bien connu même. Elle avait pour habitude de s'enivrer avec, de le garder sur ses vêtements les lendemains de veilles. Et les autres jours aussi. Gayle ?
- Gayle ? Qu'est-ce tu fous là ? Demanda la jeune tatouée lorsqu'elle vit sa meilleure amie tambouriner à leur porte.
Tu te demandes si c'est une bête féroce ou bien un saint. Si c'est l'amour de ta vie, ou simplement le gars qui te fera descendre aux enfers bien plus vite que ce que l'on croit. Celui qui te provoque. Celui qui t'aime. L'exigeant. L'amant parfait. Le violent. L'imbu de lui même. Le snob. L'amour. Tout simplement, l'amour.
Fin d'après midi de ce putain de trente mai. J'sais pas pourquoi j'm'entête à penser que j'vais toujours être heureux avec Hell, parce que c'est pas vrai. Parce que c'est Hell. Parce qu'on est trop différents l'un de l'autre. J'appréhende sa réaction. J'hésite à repartir en tournée avec Saul pour deux ou trois dates, mais j'sais qu'il va péter un câble si j'lui annonce ça. Il est jaloux de Saul. Jaloux d'un truc qui a duré quelques heures, y'a des centaines de millier d'années. J'comprends pas. Alors en gros, j'ai le choix entre le perdre, et prendre mon pied avec un de mes meilleurs potes à travers le Royaume-Uni, ou rester là, à faire le toutou. Désespérant.
Ça fait maintenant cinq jours que Arno et moi, on s'est mis en coloc. Arno, c'est la femme de ma vie, la meuf en qui j'ai le plus confiance sur Terre, celle qui sait tout de moi, le bon, comme le mauvais. Surtout le mauvais enfaite. J'envisageais pas quelqu'un d'autre avec qui vivre de toute façon, même pas Hell, surtout pas Hell. Elle est tellement parfaite qu'elle cède à tous mes caprices, et j'prends un malin plaisir à profiter de sa gentillesse. C'est mal, je sais, mais elle m'aime, alors elle peut bien aller m'acheter des pastèques.
Fin d'après midi de ce putain de trente mai. J'renoue avec mes démons. En l'occurrence, cette incarnation du diable en format liquide qui coule dans mes veines après avoir était transportée par une jolie petite seringue que j'aurai presque envie de décoré avec des paillettes après les shoots. J'suis un putain de camé. C'est pas nouveau. Tout le monde le sait. Enfin, mes amis en tout cas. Ça m'aide à être ... Plus productif, on va dire. Alors, allongé sur mon lit torse nu, le casque sur les oreilles, j'suis en train de filmer le plafond. Dans ma tête, c'est merveilleux, la scène parfaite. J'pense pas que le rendu soit similaire.
Ca fait deux putain de minutes que j'suis là comme une clocharde, avec ma bouteille en main, et personne pour répondre. Dafuck ? Ils sont pas là ou bien ils ont rien entendu ? Me dis pas que Tim est en train de baiser, j'veux pas entendre ca, encore moins voir ca. J'retape sur la porte, toujours rien. Les minutes tournent, j'commence à m'faire chier d'vant la porte, là. Jack m'appelle pour que j'l'ouvre, mais je tiens à attendre qu'on soit tous les trois, ou quatre, si jamais le mec de Tim est là. Mec ou sex toy ? J'en sais rien, en fait, il fait ce qu'il veut de son petit cul de licorne, ca m'regarde pas. J'm'asseois un peu, parce que bon, un quart d'heure à attendre devant une putain de porte qui s'ouvre pas, c'est fatiguant. J'm'allume une clope, j'trouverai bien de quoi faire un cendrier dans le bordel que contient mon sac. J'trouve un paquet de clopes vide, ca fera l'affaire. Vingt minutes, toujours rien. Rien ? Non. Des bruits de pas qui montent les escaliers. Un p'tit vieux qui rentre chez lui ? Non. C'est des pas que j'connais, des pas de fille, les pas d'Arnora. Sa voix, qui demande ce que j'fous là, alors que j'me relève, tout sourire, montrant fièrement ma bouteille de Jack.
- Visite surprise, baby ! Et apparemment Tim est pas là, ou il m'a pas entendue, ca fait vingt minutes que j'suis devant la porte, comme une clodo...
Je lui adressais un sourire avant de la prendre dans mes bras. Pourquoi j'fais ca ? J'sais pas, j'ai encore trop de vapeurs, puis c'est Arno, j'suis toujours tactile avec Arno. Et pas que.
Gayle prend le corps frêle d'Arno' dans ses bras. Merde. Merde. Rester calme. Comment dire que ces deux là ne peuvent pas se trouver dans la même pièce sans se tourner autour ? Comment dire que tout ça était bien plus que physique, bien plus que toutes ces conneries qu'on voit à la télé sur ce qu'est soi-disant l'amour ? Oh non, tout ça était bien plus profond.
- Oh. Ouais ok, pas de problème. Nan il est sûrement un peu trop défoncé et il a pas entendu. Il bouge pas beaucoup si ce n'est pour faire lit, divan, frigo.
Posant un sachet par terre, la tatoueuse ouvrit enfin la porte à son invitée. Certes, Gayle n'avait pas vraiment été invitée mais elle était toujours la bienvenue ici. Après tout, Eliott passait le plus clair de son temps dans cet appartement alors pourquoi pas elle ? Disons qu'Arnóra appréciait davantage sa compagnie. C'était un peu lassant de voir les deux hommes se papouiller, se sauter dessus et paradoxalement, s'engueuler à tout bout de champs. Ca foutait le cafard, ça donnait envie de se tirer de là parfois. Il lui arrivait même de regretter son choix mais... Mais non. Tim était son best mate ever. Maintenant, elle serait incapable de l'abandonner. L'imaginer tout seul ici en train de se piquer quand son mec lui fait des misères, impossible. Insupportable. Elle agissait ici en tant que protectrice, en tant qu'ange gardien de ce petit bonhomme un peu trop fragile. Leurs destins n'était qu'un et l'un ne tomberait pas sans l'autre.
En entrant, Arn' se contenta de poser les courses sur la table, filant tout droit dans la chambre de son ami. Il lui arrivait d'avoir peur. Oui, peur de le trouver dans un état lamentable ou en overdose. Mais elle n'était plus seule. Gayle était là et la rassurait sans même s'en rendre compte. Elle se sentait en sécurité à ses côtés. Elle était également la première femme à être capable d'une telle chose. En effet, Arnóra n'avait pas vraiment eu la chance de connaître cette présence maternelle bienveillante.
- Tim, bouge toi, Gayle est arrivée et elle a ramené Jack. Pis je t'ai pris des sushis, dit-elle en retirant le casque des oreilles du beau brun.
A son retour dans la cuisine, bien déterminée à sortir tout son attirail -sous-entendu l'alcool- elle ne put s'empêcher de glisser une main dans le creux des reins de Gayle. Elle n'avait pas eu la chance de la serrer dans ses bras tout à l'heure alors elle comptait bien se rattraper durant toute la soirée.
Le plafond reste immobile, moi aussi par la même occasion. Tout est vraiment trop beau, trop vide. Vide. Vidé. Dénué de courage ou quoi que ce soit qui y soit apparenté. C'est vrai que ces temps ci, j'ai tendance à sortir uniquement pour aller courir, une à deux fois par jours. Ça me permet d'évacuer toute la colère, toute la rage. J'ai toujours aimé courir. J'ai toujours eu la rage. Elle ne s'est jamais éteinte. Elle n'a fait qu'amplifier. Quand j'ai quitté Paris, en particulier. Trop de mauvais souvenirs, trop de mauvaises ondes. J'me suis senti sale, parce que j'étais pas ce qu'il attendait de moi, et que je le serai probablement jamais. J'suis homosexuel, et j'pense pas que ça change dans les années à venir. Pas que le corps d'une femme me dégoute, au contraire, je le trouve beau. Toutes ces courbes sont divines. Mais c'est pas pour moi, c'est pas ce que j'attends de mes amants. J'ai besoin de leur sécurité, de leur force.
Arno vient casser mon délire en enlevant mon casque. Dommage, j'adore cette chanson. Je lui souris avant qu'elle quitte la pièce et peine à me lever. Fermant ma caméra, je m'étire doucement avant d'attraper une veste et sortir de ma chambre, les yeux défoncé par tout ce que j'ai prit ce soir. Et quelque chose me dit que ça ne va pas se terminer là. Elles ont amener de quoi bien fêter la situation. Mais y'a quoi à fêter ? Mon manque cruel de courage ou la relation vouée à l'échec que j'essaie de faire marcher avec celui comme j'vois comme l'amour de ma vie. Je soupire avant de me diriger vers les deux femmes et de coller deux baisers sur les joues de Gayle, comme on salut les gens en France. Je pose mon cul sur une chaise et regarde avec envie la bouteille de Jack. J'ai besoin de me mettre la tête à l'envers, ce soir.
J'adore sentir les formes d'Arno contre moi, j'sais pas, c'est une habitude, c'est plus fort que moi, car même si elle est frêle, son corps s'harmonise parfaitement au mien, et j'trouve ca cool. J'trouve ca cool parce que j'ai l'impression de la protéger rien qu'en la serrant contre moi, et c'est mignon. Faut que j'arrête de trouver les trucs mignons, j'vais péter des paillettes avec mes yeux.
- - Ouais, j'vois l'délire. J'espère que Jack va l'faire un peu bouger, au moins. Même si ca sera toujours lit-salon, ca sera mieux que rien.
Alors que la jeune femme posait un sac pour ouvrir la porte, je ne pouvais m'empêcher de la contempler. J'y peux rien, c'est mes yeux, ils partent tous seuls vers elle ! J'récupère cependant le sac qu'elle a abandonné à terre histoire de dire que j'viens pas juste pour foutre mon bordel et une fois la soirée terminée, me casser complètement bourrée au volant de ma caisse, même si j'sais que si j'suis trop stone, elle m'laissera pas partir en voiture. En entrant dans l'appart', Arno posait tout sur la table et fonçait dans la chambre de Tim. J'cherchais pas à comprendre et j'posais mon petit bronx à mon tour, commençant à déballer quelques courses, avant qu'elle ne revienne. Et en revenant, elle glissait sa main au creux de mes reins, ce qui m'arrachait un sourire. Tim pointa alors le bout de son nez, me claquant la bise à la française, avant de poser son cul sur une chaise, en mode feignasse.
- On fête...Jack et l'apéro magique. Et j'ai ramené quelques autres trucs, pour passer une bonne soirée ! dis-je en sortant les pochons de coke et de Marie-Jeanne de mes poches, avant de les balancer nonchalamment vers lui. J'tournais mon regard vers la belle demoiselle à côté d'moi. T'as besoin d'un coup de main ?
- C'est gentil, ma belle. Dit Arno' d'un ton sincère.
Gayle ne venait jamais les mains vides, elle avait une éducation, elle connaissait les bonnes manières bien qu'elle vive dans un univers décalé et plutôt hardcore. La tatoueuse adorait cette facette de la personnalité de la belle brune. Elle avait en horreur les parvenus, les gens mal élevés qui pensaient que tout leur était du sous tel ou tel prétexte. Gayle ne s'imposait jamais, Gayle n'arrivait jamais en mode star même si on la remarquait forcément, toujours haut perchée sur des talons.
- Non, merci. Ne te tracasse pas avec ça, profite plutôt et sers nous un verre ! Ce sera un shot de tequila pour moi, avec le citron et le sel que voici.
Arnóra sortit les condiments des sachets et se mit à ranger les autres commissions, tantôt au frigo, tantôt dans les armoires. Cette soirée était organisée pour Tim, pour lui changer les idées, pour le faire rire un peu, peut-être. Ce serait un véritable défi à relever puisque la jeune femme ne l'avait plus vu rire depuis... Depuis bien trop longtemps. Elle ne voulait pas se restreindre à dire que c'était de la faute d'Eliott. Mais bon... Bizarrement, tout était lié. Trop bien élevée pour être mauvaise envers l'un d'eux, elle mesurait ses mots à chaque intervention dans leur couple. Elle souffrait de voir son Tim se mettre dans des états pareils pour un seul mec.
- On fête rien. On fête tout. On fête que la vie est belle et que tu filmes des plafonds immobiles, on fête que je suis avec mes deux meilleurs potes et qu'on a pas besoin de raisons pour se déjeter !
Une fois les courses rangées, Arno' se saisit de son verre de tequila. Dans la tradition, elle devait lécher le sel en premier lieu avant de boire le liquide, terminant par le citron. Pressée de commencer les festivités, elle prit l'initiative de poser du sel dans le creux de la clavicule de Gayle.
- Bouge pas. Dit-elle à voix basse.
D'un geste long et sensuel, elle passa la langue sur les quelques perles blanches, prenant soin de bien presser la peau tatouée de Gayle, avant tout. De plus, elle adorait l'effet du sel sur sa langue. Mais était-ce le sel ou simplement la chaire tendre de sa bien-aimée qui la mettait en émoi ? Rapidement, elle avala son shot et fourra un quartier de citron entre ses dents, les yeux plissés en raison de l'acide.
- Wouuuuhouuu ! Le prochain je le fais sur ton ventre bébé !
L'excuse bidon pour toucher, lécher, regarder le corps parfait de Gayle. Mais bon, il fallait bien un début à tout.
Je me levais pour aller fouiller le frigo à la recherche de quoi accompagner un bon verre. A peine eu je le temps de voir apparaitre dans mon champ de vision une boite de sushi qu'un grand sourire s'installa sur mes lèvres. Arnora était vraiment la meilleure colocataire que je puisse avoir. Elle avait toujours ce genre de petites attention qui me rendait complètement gaga d'elle. Peu de gens pourraient me supporter avec mon caractère bien chiant de déprimé que j'ai depuis le retour d'Hell. Mais elle n'en tient pas rigueur. Je me pose sur la table basse et commence à manger en répondant avec un sourire.
"Un jour, j'aurai un oscar pour ce film de plafond invisible. Ou alors un César, ou alors la palme d'or carrément. Vous viendrez à Canne avec moi ? On montera les marches tous les trois, vous aurez des robes Dior et Chanel, et moi un costume Marc Jaccobs. On ira faire la fête sur le bateau de Georges Lucas, et je finirai ma nuit à lui montrer mon sabre laser."
Un par un, les sushis disparaissaient assez rapidement. Je pense que l'essentiel de mon alimentation est basé sur ce truc. Je mange des sushis au moins deux fois par semaines. Mais j'peux en manger à tous les repas. En claire, si vous voulez un Tim heureux, donnez lui des sushis, et des clopes. Et peu être un peu de came aussi. Et Hell. Enfin, un Hell gentil. Comme celui de Paris. Comme celui que j'ai connu, aimé. Pas l'mec connard qu'il est actuellement.
J'adressais un sourire à Arnora alors qu'elle m'disait que c'était gentil, bien que j'comprenais pas vraiment pourquoi. Pour moi, ce que j'fais est tout à fait naturel, surtout quand j'peux me rendre utile. J'suis peut-être née avec une petite cuillère en argent dans la bouche -ou dans le cul- mais j'ai pas été élevée de cette manière, par ma mère en tout cas. Et même si mon père m'file pas mal de pognon tout l'temps, que ce soit pour ma came, mes fringues ou autre, j'reste la fille rebelle qui s'fout de combien elle claque pour ses potes, et ca sera la même le jour où il me coupera les vivres en m'disant d'me démerder par moi-même. D'ailleurs, j'comprends toujours pas pourquoi il l'a toujours pas fait. Il m'paye mon appart', m'laisse squatter chez lui quand j'veux...il a surement un truc à cacher, le fourbe.
Par la suite, Tim traina sa carcasse vers le frigo alors que j'préparais le shot de tequila de la belle islandaise, le temps qu'elle range les courses qu'elle avait faites. J'savais pas vraiment ce que j'allais boire, trop de choix pour ma pauvre personne encore embrumée de la veille. Pourquoi s'casser la tête ? J'me prends un shot aussi, tiens.
- Tim, tu veux quoi pour accompagner tes sushis ? dis-je, en préparant les deux shots, tout en gardant la bouteille de tequila ouverte sur le comptoir, découpant les lamelles de citron après avoir ouvert la boîte de sel toute neuve.
J'écoutais ensuite leurs petits discours, cette histoire de plafond immobile, de césars, palmes d'or, Cannes, robes Dior, Chanel et costume Marc Jacobs...et sabre laser. C'était assez bizarre vu comme ca, mais j'en ai rien à foutre, on est bien entre potes, putain.
- J'préfère Lagarfield ou Alexander McQueen à la limite, quoi que Jimmy Choo c'est pas mal aussi. Dior et Chanel, c'est trop classe pour moi. Mais comment refuser d'imaginer notre trio sur l'red carpet ?
J'lançais un sourire amusé alors qu'Arno déposait les cristaux de sodium sur ma peau, me murmurant de n'pas bouger. Et comme j'ai pas eu le temps de réagir, la voilà en train de m'agripper et de lécher sensuellement ma peau. Ah, la garce, c'est méchant d'me faire ca, à moi. J'entre-ouvrais la bouche, mais rien n'en sortait. Alors j'l'ai refermée, alors qu'elle mordait dans le citron.
- Tu veux m'foutre à poil à la fin de la soirée, en fait, chérie. dis-je avant de rire légèrement. Je déposais ensuite du sel sur ma main droite, attrapais un quartier de citron en souriant à Arnora. Tu peux le tenir entre tes lèvres ?
Comment ca, j'suis une connasse ? Tout le monde sait que la femme parfaite est une connasse, de toute façon. Ou bien c'est une excuse bidon pour me venger assez rapidement du fait qu'elle me lèche sans préavis. Pauvre Tim, qui s'retrouve devant le jeu de séduction de deux meufs.