Non, je ne vais pas pleurer, pas cette fois encore. Je ne suis pas une faible, on m'a toujours délaissé après tout. Elles me donnent de l'espoir, et prennent toutes un malin plaisir à le déchiqueter, alors il y'a toujours eu cette espèce de bombe à retardement en moi, que je calme grâce à la peinture. Cette fois-ci, c'est différent. Je pensais qu'avec Noah, jamais je ne ressentirai ça une fois de plus. De l'abandon. De ne plus rien valoir, oh mais que suis-je entrain de dire, je n'ai jamais eu de valeur pour qui que ce soit. Après une conversation tumultueuse sur le réseau social, j'ai senti qu'il fallait que j'arrête, que j'aille prendre un peu d'air. Je suis alors sorti de l'appartement, prenant place sur le bas de la porte, fixant d'un regard las, les passants, et fumant ma dernière cigarette de la journée, mes joues ainsi que mes paupières, imbibés de larmes. Mon exposition a été une vraie réussite, mais je n'arrive pas à m'en réjouir. Cette amertume s'est niché au fond de moi, et ne semble plus vouloir me quitter. Je me rends compte que je porte le t-shirt de Noah, et ce sentiment s'accentue. J'en ai marre. Je devrais peut-être aller me préparer, pour partir chez Roman moi.

Je partais de chez moi comme une véritable furie. C’était pas possible. Pas possible que ma Gaïa puisse croire des choses pareilles. Que je veuille la quitter ? Non. Je n’y avais jamais pensé. Vraiment. J’avais du mal m’exprimer lors de ma conversation ou je ne sais pas. Mais en aucun cas je ne pouvais me séparer de cette fille. Elle m’avait trop envoûté. Là, je ne savais pas si elle avait envie de me voir ou quoi que ce soit. Alors il fallait mieux que je fasse profil bas pour l’instant. Mais j'étais bien partie pour aller la voir. Je ne pouvais pas laisser cette conversation comme ça, je savais que je m'en voudrais. De toute façon, je m'en voulais déjà. Qu'elle réagisse de cette façon... ça me rendait malade. Je me garai un peu plus loin, laissant ma voiture sur un côté, enfouissant mes clés dans ma veste en cuir, avant de me diriger d'un pas décidé vers l'immeuble de ma copine. En avançant, je remarque une silhouette familière assise sur le rebord de la porte d'entrée... C'est elle. C'est sa silhouette. Je souffle un peu, continuant de marcher, mais je ralentis la cadence jusqu'à arriver en face d'elle, Gaïa… je dis doucement. Puis je vois son visage. Ses yeux embués de larmes, ses joues rosies. Ca me crispe le ventre. Je passe une main dans mes cheveux courts, soupirant, avant de m'accroupir à sa hauteur, Je suis désolé... désolé de quoi ? J'en sais rien. De tout, de rien. Qu'elle soit dans cet état là à cause de moi. Alors que c'était pas voulu. Je me pince les lèvres, alors que je tente timidement une approche, tendant ma main vers son visage pour passer mon pouce sur sa joue et sous son oeil, histoire d'enlever un peu de larmes.

Embrumé, tout est embrumé autour de moi. Je soupire chaque deux secondes, pour me vider de ces pensées, ces visions qui se mélangent dans ma têtes, ce chagrin arrive à me faire voyager dans un passé que j'ai toujours haï, un passé qui me répugne de moi-même. Alors je réfléchis, à ce que j'étais, à ce que je suis devenue, une lâche probablement. Quelqu'un dont on se lasserait facilement, quelqu'un de chiant. Je mérite bien ce qui m'arrive, il faut que je me fasse une raison. Je souris ironiquement, avant d'entendre sa voix.  Gaïa… Je n'ose pas le regarder, je n'en ai pas envie, ce serait trop me demander. Il se baisse, son visage à présent, juste en face du mien, mes yeux n'osent toujours pas se poser sur lui. J'écrase ma cigarette avec mon pieds, sentant ensuite la main de Noah se poser sur ma joue, pour l'essuyer de mes larmes. Je le fixe assez brutalement, avant de tourner ma tête, pour l'éloigner de sa main, de ses doigts, de ce contact, qui arrive aisément à me distraire. tu es venu jusqu'ici pour soulager ta conscience? fallait pas te donner autant de peine, j'ai saisi Noah

Je me sens mal. Ça me brise de la voir dans cet état. Et le pire c'est que c'est à cause de moi. Et j'ai peur que malgré que je fasse tout pour la rassurer.. elle s'en foute. J'arrive à enlever quelques larmes sous ses yeux mouillés quand je la vois relever le regard vers moi. Elle ne m'a jamais regardé de cette manière là. Ça me bloque instantanément alors qu'elle tourne la tête pour éviter mon toucher. Je laisse tomber ma main, alors que je soupire, Tu es venu jusqu'ici pour soulager ta conscience? fallait pas te donner autant de peine, j'ai saisi Noah... Je reste complètement stupéfait par ce qu'elle me dit. Elle est vraiment mal. Et je m'en veux. Gaia... je murmure, passant une main sur mon visage, avant de m'asseoir finalement à côté d'elle sur le rebord de la porte, me tournant pour lui faire face un maximum. Je m'excuse si je t'ai fait du mal. Vraiment. Ça n'a jamais été mon but. je commence, posant mes avants bras sur les genoux, Et puis je vais pas te laisser. Je t'abandonnerai jamais, tu entends ? j'ajoute, l'observant sérieusement. J'hésite un instant, mais je peux pas m'en empêcher. Je suis comme ça, tactile, et encore plus avec ma copine. Ma main passe dans une de ses mèches qui tombe sur le devant de son visage, et je la coince doucement derrière son oreille.

Je n'arrive pas à réfléchir clairement, toutes ces émotions rendent les choses encore plus floues qu'elle ne le sont déjà. Je n'ai pas envie de paraître si vulnérable, mais c'est plus fort que moi. Il y'a cette espace de brume épaisse, venue s'installer au dessus de ma tête, décidée à ne plus partir. Je suis déprimée, l'idée de me retrouver seule, me terrorisait, et j'en ai conscience à présent, plus qu'à n'importe quel autre moment de ma vie. Gaia... Je ne comprends pas pourquoi il est toujours là, je reste persuadée, qu'il en a tout simplement marre de moi, d'être avec moi. Je m'excuse si je t'ai fait du mal. Vraiment. Ça n'a jamais été mon but. Ses excuses me rappellent cette conversation, qui me heurte, m'assomme, jamais je n'aurais pensé être autant affectée par les paroles d'un garçon. Assis près de moi, je ne faisais qu'ignorer son regard. Tentant de me contrôler. Et puis je vais pas te laisser. Je t'abandonnerai jamais, tu entends ? Je baisse ma tête, ayant encore envie de pleurer, mais je me retiens. Jamais? est ce que tu sais ce que 'jamais' veut dire? Je me redresse, mon regard désormais, plongé dans le sien, avant de soupirer et de regarder ailleurs. Tu y as pensé Noah. Si tu l'as dis, c'est que tu y as pensé.. et c'est ça qui me blesse

Je me sens vraiment con. Je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression que quoi je fasse, ça ne servira à rien. Et c'est ça le pire. J'ai pas envie de la perdre, loin de moi cette idée. Et pourtant c'est ce que j'ai l'impression qu'il se passe. Ses yeux embués de larmes, ses joues rosies et mouillées... Ca me rend mal. Très mal. Mes paroles étaient plus que sincères. Je ne pouvais pas faire mieux. Enfin si, j'allais le faire. Pour elle. Pour Gaïa. Jamais? est ce que tu sais ce que 'jamais' veut dire? je déglutis. Oui je sais. Et je pourrai jurer sur ma tête que je ne l'abandonnerai jamais. Mais je reste silencieux, car son regard croise le mien. Ca me rend muet pour le coup. J'en prends encore un coup. Je donnerai n'importe quoi pour effacer tout ça. Mais c'était malheureusement impossible. Et je me devais de réparer tout ça. Son regard m'échappe une nouvelle fois. Tu y as pensé Noah. Si tu l'as dis, c'est que tu y as pensé.. et c'est ça qui me blesse... Je ferme les yeux un instant, passant une main sur mon visage. Non non non... je dis entre mes mains, sentant mon souffle sur mes paumes. Je termine par les enlever, tournant à nouveau mes yeux sur la brune, S'il te plaît Gaïa, oublie... c'est pas du tout ce que j'ai voulu dire... vraiment pas... j'ajoute en la fixant, alors que je vois qu'elle évite toujours de me regarder, Regarde moi, je t'en prie. je dis doucement, d'un ton qui se veut rassurant. Je prends doucement son visage dans ma main, pour le tourner vers moi, Loin de moi l'intention de te quitter, crois moi.

Il ne semble plus aussi sûr de lui, je viens de mettre en doute ses paroles. 'Jamais', quel beau mot, si infini, et impossible à concrétiser. Non non non... Je le regarde brièvement, avant de reporter mon attention vers la rue, les passants, les voitures.. je n'ose pas le regarder, lui. S'il te plaît Gaïa, oublie... c'est pas du tout ce que j'ai voulu dire... vraiment pas... Devrais-je le croire? Toutes ces pensées se confondent dans ma tête, et m'emporte dans cette espèce d'imbroglio. Regarde moi, je t'en prie. Mon visage se tourne vers lui, sa main posée sur ma joue. Je m'exécute, et le regarde, comme il a voulu.  Loin de moi l'intention de te quitter, crois moi. Je laisse cette fichue larme couler, posant ma main sur la sienne. Tu n'en as pas marre de moi? Je passe une main sur mes cheveux, me plongeant dans ce souvenir qui m'effraie. Des différents rejets que j'ai dû subir. Je soupire encore, retirant sa main de ma joue, je n'ai pas envie de me séparer de lui, mais je me sens toujours blessée, par ces paroles qu'on a échangé plus tôt. Est ce que tu pensais ce 'jamais' ? ne me mens pas Noah

J'ai jamais peur. Franchement, j'ai rarement peur des choses. J'essaye de relativiser tout le temps. Mais là, ouais, ça me fait flipper. Flipper d'avoir l'impression de la perdre et à cause d'une connerie que j'ai pu dire alors que je pensais pas du tout à ça. Si je la perdais, je m'en voudrais. Vraiment. Elle me regarde. Ses beaux yeux bleus que j'adorai regarder quand on était proche. Quand elle se réveillait le matin. Quand je pouvais encore m'approcher d'elle sans qu'elle ne détourne le regard ou qu'elle repousse mes caresses. Tu n'en as pas marre de moi? Je fronce les sourcils, stupéfait par sa question. Sérieux, c'est quoi cette question ? Je secoue la tête, Non, bien sûr que non ! je réponds sans comprendre. Comment je peux en avoir marre. C'est impossible ! Elle retire ma main, encore. Elle ne veut vraiment plus de mon contact. Et c'est dur à encaisser. Est ce que tu pensais ce 'jamais' ? ne me mens pas Noah. Je la fixe un moment, mon visage est sérieux, Oui. Oui j'y pensais, et je le pense toujours. Je ne te mens pas Gaïa. je réponds simplement. C'est la stricte vérité. Il n'allait pas y avoir mon nez qui allait s'allonger subitement. Je ne pouvais pas être plus honnête que ça. De toute façon, les mensonges, ça n'avait jamais été mon fort. Je continue de la regarder, Je t'aime Gaïa.

Il semble étonné d'entendre une telle question de ma part, je ne comprends pas pourquoi il l'est. Non, bien sûr que non ! Mes yeux s'écarquillent légèrement, c'est peut-être bête, mais j'étais convaincue du contraire. Il répond ensuite à mon autre question, celle que j'appréhende le plus. Oui. Oui j'y pensais, et je le pense toujours. Je ne te mens pas Gaïa. Je me met inconsciemment à mordiller la lèvre inférieure de ma bouche. Mille et une questions dans ma tête, peut-être qu'il dit la vérité, il semble tellement crédible.. il l'est. Il doit sûrement l'être. Il ne m'a jamais menti, alors je devrais le croire, même si c'est dur. Je t'aime Gaïa Je reste inerte pendant quelques secondes, ces mots résonnant dans ma tête, il m'aime alors. Il m'aime vraiment. Je ne veux pas l'inquiéter d'avantage, alors j'effleure son cou avec ma main, avant de la poser, pour l'embrasser. Je noie mon chagrin grâce à ce baiser, qui doit représenter une réponse positive à ses propos. Je ne sais pas comment m'exprimer autrement. J'y met fin, avant de coller mon front au sien, le souffle saccadé. Je veux vraiment te croire, Noah. Vraiment.

Oui j'aime Gaïa. Et je me rends compte encore plus maintenant. Maintenant alors qu'on est presque en train de se déchirer, maintenant que je la fais pleurer sans la vouloir... Oui, je suis tombé amoureux de cette fille. Alors que rien nous prédestinait pour. On était juste sortis ensemble histoire de délirer, j'avais toujours cru qu'elle n'était attirée que par les femmes. Puis elle m'avait dit qu'elle m'aimait. Et j'avais commencé à ressentir des choses pour être, à éprouver de la jalousie des fois. J'étais content qu'elle soit à moi, que je sois son copain. J'étais content d'être avec elle. Je ne lâche pas son regard. Ma déclaration a l'air d'avoir changé quelque chose. J'espère. Je reste silencieux, l'observant, alors que je sens sa main se poser sur moi avant qu'elle ne se rapproche et qu'elle m'embrasse. Je réponds à son baiser avec soulagement. Je pose une main sur son visage, l'attrapant doucement, comme si je ne voulais pas qu'elle parte. Notre baiser terminé, son front se pose contre le mien, je rouvre mes yeux, Je veux vraiment te croire, Noah. Vraiment. Ma main toujours sur son visage, je caresse sa joue grâce à mon pouce, Alors crois moi. Je serai toujours là pour toi. Si je me voyais de loin, je rirais tellement je me trouverai niais. Mais je n'avais pas honte. Pas honte de l'être pour Gaïa. Parce qu'elle le méritait, tout simplement. Mon autre main rejoint son visage et je commence à sécher ses larmes.

Jamais je n'aurais pensé être sérieusement en couple avec un garçon, depuis que j'ai décidé d'assumer mon attirance envers les filles. Je suis toujours tombée amoureuse des blondes généralement, grandes de tailles, et mystérieuses. Le type de filles que mon cœur choisit, un peu malgré moi. Cette histoire avec Noah, n'a été que du délire au départ, pour m'aider avec Svet, et lui peut-être avec Magda. Seulement on s'est tous les deux retrouvés piégés maintenant, on a fini par s'attacher l'un à l'autre, je lui ai dis que je l'aimais, et là, maintenant, c'est lui qui le fait. Cette proximité dans laquelle je me trouve avec lui, en ce moment, me rassure. Je ferme les yeux, j'en profite, comme je peux. Alors crois moi. Je serai toujours là pour toi. Je soulève ma tête, éloignant son front du mien, posant mon autre main sur sa nuque. Ce regard perçant m'envoûte. Je veux m'y perdre, et je sais que je le crois, que j'ai déjà bu chacune de ses paroles. Je te crois Je lui souris ensuite, avant de le prendre dans mes bras, posant ma tête sur son épaule. Je te crois, Noah. Je ne douterai plus.

On allait dans le bon sens non ? J'avais l'impression que tout allait mieux. Enfin, qu'on était dans le bon chemin. Je ne pouvais pas être plus sincère. J'espérai qu'elle le remarque et surtout, qu'elle me croit. Je continue de sécher ses joues, les laissant moins brillantes qu'avant, tout en la regardant. Je te crois. je lui souris, continuant de caresser son visage doucement, avant qu'elle ne me prenne dans ses bras. Je lâche son visage pour l'entourer et la serrer contre moi. Son odeur me rassure. Ca me rassure qu'elle soit dans mes bras. Je te crois, Noah. Je ne douterai plus. Je souris pour moi-même. Tant mieux. Je serai presque capable de souffler de soulagement. Mes mains passent dans son dos, la caressant un peu. Je reste un moment comme ça, la serrant contre moi, avant de remonter mes mains sur sa tête, me décollant un peu d'elle, pour la regarder, Je t'aurai bien invitée à dîner là... mais t'es toujours prise, non ? je demande.

Lektra n'aurait sûrement pas voulu que je cède aussi facilement, mais c'est Noah, et j'ai l'impression de le connaître mieux que quiconque. Ce côté sensible qu'il a, sa douceur, je sens bien qu'il a peur, je l'ai senti dans son regard, sa façon de me toucher, ce besoin constant d'être en contact avec moi. J'ai peur aussi, qu'il me laisse, de me retrouver à nouveau seule avec mes démons. Etre aussi dépendante de lui, avoir sans cesse besoin d'être rassurée, doit me rendre si faible aux yeux de Noah, mais je me fiche bien de lui montrer tous mes points faibles, car j'estime que je lui appartiens désormais. Alors j'ai décidé de le croire, parce qu'il ne m'a jamais menti et parce que je l'aime oui. Je t'aurai bien invitée à dîner là... mais t'es toujours prise, non ? J'aurais bien aimé rester encore un peu avec lui, mais j'ai déjà promis à Roman que j'allais passer à son appart. Oui, je vais voir Roman, je reste une semaine chez lui ! Il faut bien que Noah sache où je serai, tout comme je me dois d'être complètement honnête. Je suis désolée.. mais on se voit demain?