« Oui... oui, bien sûr, je passe dans une heure, t'inquiètes pas. » Je levais les yeux au plafond, puis fis quelques pas pour me rapprocher de la table au fond de la pièce. « Je suis juste un peu occupé, là, j'ai une opération. » Après avoir allumé le haut-parleur et posé mon téléphone portable sur le caisson où j'avais mes ustensiles, je vérifiais que tout était à sa place, puis attendis patiemment que la personne allongée ouvre gentiment les yeux en reprenant pleinement conscience. La voix au bout du fil me décrocha un rire à peu près à ce moment là et je repris le fil de la conversation aussitôt. « Non, je vais pas implanter des seins, je tente un nouveau truc. (...) Mais non, je vais pas essayer de ... mec ! Ta gueule, okay ? » Je soupirais, puis me tournais à nouveau vers l'homme qui commençait peu à peu à s'agiter... encore heureux que je lui aie fermé la bouche avec du ruban adhésif. « Bon, je vais devoir te laisser, y'a quelqu'un qui commence à s'impatienter. Tu demanderas à ta fille ce qu'elle veut comme gateau ? (...) Ouais voila, un sms... si tu sais les utiliser, hehehe. » Je raccrochais enfin et rangeais le portable dans ma poche avant de me tourner vers mon patient. Sans doute ne comprenait-il pas tout à fait ce qu'il fichait ici, mais j'allais me faire un plaisir de lui rappeler que le Karma nous rattrapait tous un jour ou l'autre.
Un grand sourire s'afficha sur mon visage.
« Je suis vraiment désolé, l'anesthésiste n'a pas pu venir, il paraît que vous l'avez tuée y'a deux semaines. »
Après avoir allumé la radio que j'avais prise avec moi pour avoir un peu de musique en accompagnement, j'attrapais le premier scalpel qui me passa sous la main et commençais à dessiner un grand rectangle sur toute la longueur du corps de Mr. Simons.
« On va avoir beaucoup de trucs à enlever, Peter, c'est vraiment pourri là-dedans, mais ça va aller, vous en faites pas ! »
Malheureusement pour ce pauvre bougre, je savais très bien à quoi je touchais et donc comment le garder conscient et en vie pendant près d'une demi-heure de souffrance, tout en trafiquant dans sa chair. Franchement, si j'avais su que ça pouvait être aussi amusant d'enlever un rein à vif, j'aurais commencé ce genre de pratiques depuis plusieurs années déjà, c'était beaucoup plus ludique que les couteaux pour moi et bien plus punitif pour les victimes. Le seul problème... c'est que j'avais un peu envie de recommencer au plus vite pour faire d'autres tests, or, l'empressement était contraire à mon étique de travail. Ce qui l'étais déjà plus, par contre, c'était de prendre des photos souvenir, pour plus tard – pas pour les montrer à mon fils, certes.