Avec la grande approche des examens finaux, tu passais beaucoup de temps à la bibliothèque. C’était normal après tout. Tu n’étais pas ici pour t’amuser, mais pour apprendre et tes parents ne t’avaient pas laissé partir pour que tu foutes ton avenir en l’air. Tu voulais diversifier ton horizon et tes connaissances, et tu faisais des études de journalisme pour cela, et tu apprenais des choses tous les jours en cours et pendant tes révisions. C’était comme avec ta caméra, quand tu regardais par l’objective. A chaque prise, que cela soit le même paysage ou la même personne, tu voyais toujours un nouveau détail que tu n’avais peut-être pas aperçu au paravent. Il était tôt le matin et la bibliothèque allait ouvrir dans quelques minutes. Tu décidais de faire le trajet entre ton appartement et la faculté en skate, vu qu’il faisait beau et tu aimais bien avoir ton petit rituel du matin. La bibliothèque était relativement vide, ce qui t’arrangeait pas mal, tu aimais cela, avoir ton calme. Cherchant alors une place, tu vis un visage connue. Lynli, la petite chinoise qui était une classe en dessous de toi. Si tes parents savaient que tu étais ami avec elle, ils te demanderaient surement de rentrer directement, mais ils ne savaient pas donc il n’y avait pas de problèmes. Parfois, cela te choquait à quel point, les traditions pouvaient avoir le contrôle sur eux, malgré leurs nouveautés. Tu pouvais les comprendre, mais ce n’était pas une raison. Tu décidais d’aller lui parler, il n’y avait pas de mal à cela. « Coucou, j’peux me joindre à toi, ou tu attends quelqu’un ? » Lui demandais-tu alors d’un petit anglais.
Les examens finaux approchaient à grand pas, et bien sûr, je devais les réussir haut la main. Depuis 2 semaines déjà que je passais mon temps à la bibliothèque, et je ne pouvais rien me permettre d'autre, si ce n'est étudier, encore et encore. Ça ne me dérangeait pas, j'y étais habituée. Et puis, je voulais que mes parents soient fiers de moi, que leur décision de m'envoyer étudier loin de mon pays natal fut bonne. J'y mettais tout mon coeur, peut-être même un peu trop. Non, rien n'était trop pour mes parents. Ils m'avaient quand même mis au monde, ils m'avaient élevé du mieux qu'ils pouvaient malgré leur travail très chargé. Enfin, ma mère ne travaillait pas mais... Je savais que mon éducation lui suffisait. Et rien que pour elle, je ferais tout. Je lui en vaudrais toute ma vie. Et réussir à obtenir ce diplôme à l'étranger, c'était ma manière de la remercier et lui montrer qu'elle m'avait bien élevée.
« Coucou, j’peux me joindre à toi, ou tu attends quelqu’un ? » Sursautant, je relevais rapidement la tête de mes feuilles et mes énormes bouquins. Mes yeux se posèrent alors sur ce japonais, Ren. Je ne l'avais pas entendu arriver. C'était bon signe, ça voulait dire que j'étais totalement dans mon travail. Du coup, je ne savais pas quoi répondre. Si je disais oui, je risquerais d'être distraite, et mes parents seraient tellement déçus, voir en colère, si jamais ils apprennent que je fréquente un japonais. Mais d'un autre côté, je ne voulais pas lui dire non, ou même lui mentir, ce n'était pas dans ma nature. Et surtout, très impoli. Finalement, je ne fis qu'acquiescer en rougissant, répondant dans un doux murmure. « Tu peux t'asseoir, je t'attends personne. » Je remarquais alors les livres sous ses bras. « Tu viens aussi pour étudier? » Question stupide. Bien sûr, sinon, pourquoi il serait là, hein? Je rougis à nouveau. « Désolé, c'était une question stupide. » Et je replongeais mon nez dans mon livre, pour éviter qu'il ne remarque mes joues un peu trop rosies. Ce que tu peux être bête parfois, Lynli.
Si tes parents savaient que tu ne trainais pas qu’avec des japonais, il y aurait surement une crise qui éclaterait. Ils avaient un certain sens de la communauté et tu ne nieras pas que toi aussi. Tu aimais ton pays, ta culture, ta vie, ton peuple, mais tu avais aussi besoin d’une certaine ouverte et de dispersion de la culture. C’était peut-être bien une des choses qui te différenciait de tes parents. Ils étaient vieux, pas dans le sens de leur âge parce qu’ils t’avaient eu relativement jeune, ta mère avait 23 ans. Seulement, ils avaient une conception du monde assez noir, assez restreinte et cela te dérangeait un peu. C’est pour cela que tu profitais un peu de ton temps à San Francisco, aussi restreint soit-il pour découvrir un nouveau monde, apprendre à connaître des gens qui ne pensent peut-être pas forcément comme toi. C’est peut-être ça qui te poussait vers le journalisme, de chercher, découvrir, voire d’un autre œil. Mais bon, pour le moment, tu devais réviser et montrer à tes parents que tu pouvais encore continuer à San Francisco. Tu savais que si tu n’étais pas dans les premiers voire le premier, tu serais de retour à Tokyo dans le premier que tu pourrais avoir. Limite, ils seraient capable de t’envoyer un jet privé tellement ils attendraient ton retour avec impatience. Lynli semblait surprise de ta venue, comme si tu l’avais distraite, surprise dans des méfaits. Or par la pile de livres et de feuilles que tu voyais, tu pouvais être certains qu’elle faisait ce que ton bon asiatique ferait réviser. « Tu peux t'asseoir, je t'attends personne. » Tu souris, tirant alors la chaise pour t’y asseoir déposant tes livres et ton sac. « Tu viens aussi pour étudier? » Tu ne comprenais pas trop sa réponse mais elle te faisait rire. Lynli semblait comme distraite autre part d’un coup. Tu ne faisais pas un effet extraordinaire sur autrui, tu préférais ta simplicité et ta réserve. « Désolé, c'était une question stupide. » A nouveau, tu souris, sortant tes affaires pour commencer à étudier. « Oui, j’viens tous les jours. » Dis-tu en fonçant alors ta tête dans tes notes de cours, lançant parfois des regards à la jeune chinoise. A vrai dire, tu ne savais pas si tu devais lui parler ou non. Surement pas, après tout vous étiez ici pour travailler et pas parler.
Je ne savais pas trop si je devais lui parler ou pas. Je veux dire, j'avais remarqué ses petits regards, moi aussi je lui en lançais parfois. Et à chaque fois que je voulais ouvrir ma bouche pour lui dire quelque chose, je la refermais tout aussi rapidement, prise d'un soudain accès de timidité. Et puis, nous nous trouvions dans un bibliothèque, ce serait très malvenu de rompre le silence. Déjà que ce n'était peut-être pas une bonne idée d'avoir accepté qu'il prenne place juste en face. Je veux dire, maintenant, je ne suis plus aussi concentrée qu'avant sa venue. Mais d'un autre côté, une présence me faisait toujours du bien, même si elle venait de la part d'un japonais. Oh mon dieu, si quelqu'un nous voyait! Je ne suis censée fréquenter que des chinois! D'ailleurs, je fais parti du club asiatique et je ne sortais qu'avec des compatriotes. Si quelqu'un me voyait, j'avais peur qu'il le dise à mes parents. Oh et puis, Ren aussi est asiatique... Sauf qu'entre chinois, on se connait tous. Zut alors. Qu'est-ce que je devais faire? Je ne pouvais pas m'en aller, et surtout, je ne pouvais pas lui demander de changer de place. Mon dieu mon dieu mon dieu! Oh et puis tant pis. De toute façon, mes parents n'auraient jamais accepté que je fasse preuve d'impolitesse. Finalement, je me secouais la tête pour replonger dans ma lecture. Mais impossible. Au bout de quelques minutes, je relevais à nouveau mon regard. C'est alors que ses yeux croisèrent les miens. Je rougis violemment avant de retourner, le nez dans mon encyclopédie. Nooon, il venait de remarquer que je le regardais! La hoooonte! Je fais quoi maintenant? Hein? HEIN?! J'inspirais profondément. Arrête de rougir Lynli... Une nouvelle fois, je relevais mon visage. « Je... Hum... Tu étudies quoi? » Wow, bravo Lynli...
Peut-être que cela n'avait pas été une bonne idée que tu viens t'asseoir près de la jeune fille. Si quelqu'un vous voyait ensemble, tu savais qu'il y aurait des rumeurs qui circuleraient mais qu'est-ce que cela pourrait t'importer? Tes parents n'en seraient pas courant. Ils ne suivent pas moindres fait et geste et tu ne leur dis que ce que tu as envi de leur dire. Tu ne mentais jamais. Cela ne rentrait pas dans tes principes. Seulement, parfois, tu ne leur disais telles ou telles choses parce que tu ouvrais que cela ne les regardait pas. Ils n'avaient pas à savoir que tu te mélangeais un peu avec d'autres cultures, avec des chinois. La plus part du temps, c'était seulement pour aider les nouveaux à mieux s'intégrer dans l'université grâce au club asiatique. Toute fois, avec Lynli, il y avait ce petit truc qui te fascinait, que te donnait envie d'apprendre à la connaître d'avantage. Tu avais un certain don de reconnaître quand un personne daignait avoir ton attention, et tu ne t'attardais jamais sur ceux qui n'en valait pas la peine. Assis en face de la jeune chinois, tu avais ton nez fourré dans tes notes de droits de journalisme. Tu avais déjà étudié ce cours maintes fois, mais avec l'approche des examens, il te fallait le connaître du bout des doigts. Tu n'acceptais pas les échecs, pas en matière de scolarité et comme tout les ans, tu allais finir premier de ta classe. Cependant, tu sentais un regard sur toi alors tu décidais de lever les yeux une nouvelle fois et accidentellement tu croisais le regard de la jeune fille. Tu ne comprenais pas pourquoi elle rougit et se cachait à nouveau dans son bouquin. Tu continuais de la regarder, intrigué par sa manière d'agir. Elle relevait le visage. Tu continuais de la fixer, rigolant un peu à sa question. "Est-ce que je te déstabilise?" Lui demandais-tu d'une voix douce. "J'fais des études de journalisme et de droit. Et toi?" Elle semblait pas le genre de fille à faire quelque chose de littéraire alors tu étais curieux, elle avait réussi à piquer ta curiosité.